Recherches statistiques sur l’aliénation mentale faites à l’hospice de Bicêtre/I/IV

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CHAPITRE IV.

MALADIES INCIDENTES.

Les aliénés, indépendamment de l’affection cérébrale, sont comme les autres individus exposés à des maladies intercurrentes. Les heureuses améliorations apportées dans leur hygiène, les conditions plus favorables dans lesquelles ils se trouvent placés chaque jour, ont singulièrement diminué le nombre et la gravité des affections qui sévissaient autrefois contre eux. Beaucoup d’entre elles, suivant qu’elles frappent sur des individus vigoureux ou épuisés, ont provoqué une modification favorable ou hâté le terme fatal. Nous verrons plus tard celles qui ont déterminé la mort dans les différentes formes de l’aliénation mentale. Nous nous contenterons de donner ici un aperçu général de celles qui ont prédominé cette année.

Dans la manie, les complications de ce genre ont été peu fréquentes. Les affections de la poitrine, la pneumonie en particulier, ont été le plus souvent observées. Celles du cerveau ont été plus rares. Une fois une hémorragie cérébrale, une fois le ramollissement du cerveau. Il en a été de même de celles de l’intestin. Nous signalerons encore l’érysipèle de la tête, un cas d’abcès au foie.

Dans la monomanie, la mélancolie, l’épilepsie, nous n’avons point remarqué la prédominance des maladies d’un organe sur celle d’un autre organe. Les chutes auxquelles sont exposés les épileptiques sont souvent cause de plaies plus ou moins graves dont cependant aucune n’a été funeste. Nous citerons à ce sujet un des malades qui en tombant se dénuda presque entièrement le crâne. La réunion faite immédiatement amena une rapide guérison.

C’est dans la démence surtout que les maladies viennent fondre en grand nombre sur ces malheureux, et presque toujours d’une manière fatale. Nous avons, à propos des causes, signalé la fréquence de la congestion cérébrale ; c’est une des affections que nous avons le plus fréquemment notées. Même remarque pour les convulsions épileptiformes et l’état comateux passager qu’ils nous ont souvent offert. La pneumonie latente, due dans beaucoup de cas à la position que gardent forcément les malades gâteux, a prédominé.

La phthisie n’est point une maladie très commune ; à peine compte-t-on 7 ou 8 malades qui aient succombé à cette affection.

L’entérite se trouve presque sur le même rang que la pneumonie. Il faut cependant distinguer l’entérite bien caractérisée par des lésions anatomiques, de celle qu’on serait porté à admettre en voyant la diarrhée qu’ont souvent les malades arrivés au dernier degré de la démence avec paralysie générale. Elle est plutôt dépendante de la paralysie de l’intestin que d’une inflammation de la muqueuse intestinale. Il n’est pas rare de trouver dans ces cas de diarrhée opiniâtre des scybales que l’intestin n’a point eu la force d’expulser.

Le scorbut n’a sévi que d’une manière très modérée, et presque toujours chez les déments et les maniaques à l’état chronique. Quelquefois très grave, il n’a été cause de mort que dans un seul cas.

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