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Recherches statistiques sur l’aliénation mentale faites à l’hospice de Bicêtre/II/C

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C.Déments.
169.
État civil.
Célibataires, 88
Mariés, 66
Veufs, 15
Total. 169
Âge.
Avant 20 ans, 1
De 21 à 30, 10
De 31 à 40, 60
De 41 à 50, 40
De 51 à 60, 20
De 61 à 70, 19
De 71 à 80, 17
Après 80 ans, 2
Total. 169
Durée de séjour.
Depuis 43 ans.
1
Depuis 9 ans.
1
Depuis 28 ans.
1
Depuis 8 ans.
4
Depuis 22 ans.
1
Depuis 7 ans.
4
Depuis 20 ans.
3
Depuis 6 ans.
3
Depuis 18 ans.
1
Depuis 5 ans.
4
Depuis 17 ans.
1
Depuis 4 ans.
8
Depuis 14 ans.
2
Depuis 3 ans.
9
Depuis 13 ans.
4
Depuis 2 ans.
3
Depuis 12 ans.
2
Depuis 1 an.
25
Depuis 11 ans.
2
De l’année.
87
Depuis 10 ans.
3
Total.
169
Causes.
Abus des alcooliques.
11
Émanations saturnines.
1
Chagrins.
8
Jalousie.
1
Apoplexie.
6
Perte d’argent.
1
Misère.
4
Politique.
1
Mauvaises affaires.
3
Chute sur la tête.
1
Congestion cérébrale.
2
Érysipèle.
1
Excès vénériens.
1
Hérédité.
1
Total.
42

Les déments tiennent le milieu pour le nombre entre les maniaques et les monomaniaques. Il y a presque autant d’individus mariés que de célibataires, et les deux chiffres sont à peu près égaux si l’on assimile les veufs aux hommes mariés.

L’âge a toujours son maximum entre 31 et 50 ans ; mais la première moitié de cette période renferme un plus grand nombre d’individus que celle de 41 à 50 ans.

Pour la durée de séjour, on trouve une circonstance bien importante à faire remarquer : c’est que la moitié et plus des malades sont entrés cette année, tandis que pour la monomanie nous n’en avions qu’un tiers, et à peine un quart pour la manie. Ce fait ne dépend pas d’une cause fortuite, il est lié nécessairement à la mortalité, bien plus forte dans la démence que dans les autres genres d’aliénation, surtout dans la démence paralytique, qui est l’expression d’une détérioration profonde et l’annonce d’une fâcheuse et prompte terminaison. Le dément, en effet, ne vit pas longtemps ; ceux qui, dans notre recensement, dépassent un âge très avancé, sont pour la plupart des vieillards dont l’intelligence n’est qu’affaiblie ; ce sont des déments sans paralysie, et ceux qui comptent plusieurs années de séjour appartiennent presque tous à cette catégorie de malades, au nombre de 59, que l’on a placés dans d’autres divisions de l’hospice, et qui n’offrent qu’un très léger affaiblissement intellectuel.

Mais si la mortalité est précoce dans la démence, et fait que dans les maisons d’aliénés le séjour des individus qui en sont atteints est ordinairement de courte durée, elle l’est davantage pour la démence paralytique ; déjà nous en avons une preuve par le petit nombre de paralytiques qui subsistent dans la section des incurables. Nous les avons visités à cet effet avec le plus grand soin, et sur la masse totale de cette portion de l’hospice, nous avons trouvé à peine 22 aliénés chez lesquels la paralysie fût bien évidente. Parmi ces paralytiques, 9 sont entrés cette année, 8 l’année dernière, 2 en 1836, un autre en 1833, et le dernier enfin date de 1830. Cette proportion si petite de paralytiques est tout à fait en opposition avec le nombre que fournissent les admissions annuelles. Ce qui nous prouve deux choses : d’une part, qu’il ne faudrait pas juger de la fréquence de la paralysie calculée seulement sur les aliénés incurables ; d’autre part, que cette complication de la folie est une des plus graves, et celle qui amène inévitablement la mort, puisque, sur le nombre très considérable de paralytiques admis cette année dans l’hôpital, il n’en reste plus que quelques-uns après un certain temps, et pas un seul après une dixaine d’années. Nous avons dit à propos des maniaques qu’il existait dans les hospices une foule de causes qui hâtaient le moment fatal. Ces mêmes causes se rencontrent ici ; elles ont d’autant plus d’influence qu’elles agissent sur des individus très affaiblis. M. Ferrus a si bien senti cette vérité, que nous l’avons entendu plusieurs fois réclamer la fondation de quelques salles qui seraient destinées à ce genre de malades, et où ils recevraient des soins hygiéniques tout différents de ceux qu’exigent les autres aliénés. Les paralytiques que nous conservons au traitement se maintiennent bien plus longtemps que les autres ; ils sont mieux nourris, mieux chauffés, leur constitution résiste, et on ne les voit s’affaiblir que par les progrès de la maladie. Cette considération, bien que ces malades soient en général incurables dès leur entrée, empêche souvent M. Ferrus de les envoyer dans les autres sections ; mais lorsqu’il s’y détermine, faute d’emplacement, nous ne tardons pas à les voir revenir, quelque temps après, extrêmement affaiblis : la paralysie a fait des progrès, les fonctions digestives s’exécutent mal ; ils ont de la diarrhée, et toute leur économie est dans le plus fâcheux état. Quelquefois un bon régime les rétablit, mais ils meurent le plus souvent ; et nul doute que le défaut de soins dans une section où toutes les variétés de folie sont confondues, n’ait contribué à amener ce funeste résultat.

Nous avons peu de chose à dire sur les causes que nous avons signalées. Parmi elles se trouvent au premier rang les boissons alcooliques, dont l’abus amène nécessairement un affaiblissement graduel. L’apoplexie a été signalée dans plusieurs cas ; tout le monde connaît son influence sur l’intellect et la forme de démence à laquelle elle donne lieu.