Recherches sur les substances radioactives/1904/Chapitre 4

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Gauthier-Villars (p. 111-147).

CHAPITRE IV.

LA RADIOACTIVITÉ INDUITE.


Communication de la radioactivité à des substances primitivement inactives. — Au cours de nos recherches sur les substances radioactives, nous avons remarqué, M. Curie et moi, que toute substance qui séjourne pendant quelque temps au voisinage d’un sel radifère devient elle-même radioactive[1]. Dans notre première publication à ce sujet, nous nous sommes attachés à prouver que la radioactivité, ainsi acquise par des substances primitivement inactives, n’est pas due à un transport de poussières radioactives qui seraient venues se poser à la surface de ces substances. Ce fait, actuellement certain, est prouvé en toute évidence par l’ensemble des expériences qui seront décrites ici, et notamment par les lois suivant lesquelles la radioactivité provoquée dans les substances naturellement inactives disparaît quand on soustrait ces substances à l’action du radium.

Nous avons donné au phénomène nouveau ainsi découvert le nom de radioactivité induite.

Dans la même publication, nous avons indiqué les caractères essentiels de la radioactivité induite. Nous axons activé des lames de substances diverses, en les plaçant au voisinage de sels radifères solides et nous avons étudié la radioactivité de ces lames par la méthode électrique. Nous avons observé ainsi les faits suivants :

1° L’activité d’une lame exposée à l’action du radium augmente avec le temps de l’exposition en se rapprochant d’une certaine limite, suivant une loi asymptotique.

2° L’activité d’une lame qui a été activée par l’action du radium et qui a été ensuite soustraite à cette action disparaît en quelques jours. Cette activité induite tend vers zéro en fonction du temps, suivant une loi asymptotique.

3° Toutes conditions égales d’ailleurs, la radioactivité induite par un même produit radifère sur diverses lames est indépendante de la nature de la lame. Le verre, le papier, les métaux s’activent avec la même intensité.

4° La radioactivité induite sur une même lame par divers produits radifères a une valeur limite d’autant plus élevée que le produit est plus actif.

Peu de temps après, M. Rutherford publia un travail, duquel il résulte que les composés du thorium sont capables de produire le phénomène de la radioactivité induite[2]. M. Rutherford trouva pour ce phénomène les mêmes lois que celles qui viennent d’être exposées, et il découvrit en plus ce fait important, que les corps chargés d’électricité négative s’activent plus énergiquement que les autres. M. Rutherford observa d’ailleurs que l’air qui a passé sur de l’oxyde de thorium conserve pendant 10 minutes environ une conductibilité notable. L’air qui est dans cet état communique la radioactivité induite à des substances inactives, surtout à celles chargées négativement. M. Rutherford interprète ses expériences en admettant que les composés du thorium, et surtout l’oxyde, émettent une émanation radioactive particulière, susceptible d’être entraînée par les courants d’air et chargée d’électricité positive. Cette émanation serait la cause de la radioactivité induite. M. Dorn a reproduit, avec les sels de baryum radifères, les expériences que M. Rutherford avait faites avec de l’oxyde de thorium[3].

M. Debierne a montré que l’actinium provoque, d’une façon extrêmement intense, l’activité induite des corps placés dans son voisinage. De même que pour le thorium, il se produit un entraînement considérable de l’activité par les courants d’air[4].

La radioactivité induite se présente sous des aspects très variés, et quand on produit l’activation d’une substance au voisinage du radium à l’air libre, on obtient des résultats irréguliers. MM. Curie et Debierne ont remarqué que le phénomène est, au contraire, très régulier quand on opère en vase clos ; ils ont donc étudié l’activation en enceinte fermée[5].


Activation en enceinte fermée. — La radioactivité induite est à la fois plus intense et plus régulière quand on opère en vase clos. La matière active est placée dans une petite ampoule en verre a ouverte en o (fig. 11) au milieu d’une enceinte close. Diverses plaques, A, B, C, D, E, placées dans l’enceinte deviennent radioactives au bout d’un jour d’exposition. L’activité est la même, quelle que soit la nature de la plaque, à dimensions égales (plomb, cuivre, aluminium, verre, ébonite, cire, carton, paraffine). L’activité d’une face de l’une des lames est d’autant plus grande, que l’espace libre en regard de cette face est plus grand.

Si l’on répète l’expérience précédente avec l’ampoule a complètement fermée, on n’obtient aucune activité induite.

Le rayonnement du radium n’intervient pas directement dans la production de la radioactivité induite. C’est ainsi que, dans l’expérience précédente, la lame D, protégée d’un rayonnement par l’écran en plomb épais PP, est activée autant que B et E.

Fig. 12.

La radioactivité se transmet par l’air de proche en proche depuis la matière radiante jusqu’au corps à activer. Elle peut même se transmettre au loin par des tubes capillaires très étroits.

La radioactivité induite est à la fois plus intense et plus régulière, si l’on remplace le sel radifère activant solide par sa dissolution aqueuse.

Les liquides sont susceptibles d’acquérir la radioactivité induite. On peut, par exemple, rendre radioactive l’eau pure, en la plaçant dans un vase à l’intérieur d’une enceinte close qui renferme également une solution d’un sel radifère.

Certaines substances deviennent lumineuses, quand on les place dans une enceinte activante (corps phosphorescents et fluorescents, verre, papier, coton, eau, solutions salines). Le sulfure de zinc phosphorescent est particulièrement brillant dans ces conditions. La radioactivité de ces corps lumineux est cependant la même que celle d’un morceau de métal ou autre corps qui s’active dans les mêmes conditions sans devenir lumineux.

Quelle que soit la substance que l’on active en vase clos, cette substance prend une activité qui augmente avec le temps et finit par atteindre une valeur limite, toujours la même, quand on opère avec la même matière activante et le même dispositif expérimental.

La radioactivité induite limite est indépendante de la nature et de la pression du gaz qui se trouve dans l’enceinte activante (air, hydrogène, acide carbonique).

La radioactivité induite limite dans une même enceinte dépend seulement de la quantité de radium qui s’y trouve à l’état de solution, et semble lui être proportionnelle.


Rôle des gaz dans les phénomènes de radioactivité induite. Émanation. — Les gaz présents dans une enceinte qui renferme un sel solide ou une solution de sel de radium sont radioactifs. Cette radioactivité persiste si l’on aspire les gaz avec une trompe et qu’on les recueille dans une éprouvette. Les parois de l’éprouvette deviennent alors elles-mêmes radioactives, et le verre de l’éprouvette est lumineux dans l’obscurité. L’activité et la luminosité de l’éprouvette disparaissent ensuite complètement, mais fort lentement, et l’on peut au bout d’un mois constater encore la radioactivité.

Dès le début de nos recherches, nous avons, M. Curie et moi, extrait en chauffant la pechblende un gaz fortement radioactif, mais, comme dans l’expérience précédente, l’activité de ce gaz avait fini par disparaître complètement[6].

Ainsi, pour le thorium, le radium, l’actinium, la radioactivité induite se propage de proche en proche à travers les gaz, depuis le corps actif jusqu’aux parois de l’enceinte qui le renferme, et la propriété activante est entraînée avec le gaz lui-même, quand on extrait celui-ci de l’enceinte.

Quand on mesure la radioactivité de matières radifères par la méthode électrique au moyen de l’appareil (fig. 1), l’air entre les plateaux devient également radioactif ; cependant, en envoyant un courant d’air entre les plateaux, on n’observe pas de baisse notable dans l’intensité du courant, ce qui prouve que la radioactivité répandue dans l’espace entre les plateaux est peu importante par rapport à celle du radium lui-même à l’état solide.

Il en est tout autrement dans le cas du thorium. Les irrégularités que j’avais observées en mesurant la radioactivité des composés du thorium provenaient du fait qu’à cette époque je travaillais avec un condensateur ouvert à l’air ; or le moindre courant d’air produit un changement considérable dans l’intensité du courant, parce que la radioactivité répandue dans l’espace au voisinage du thorium est importante par rapport à la radioactivité de la substance.

Cet effet est encore bien plus marqué pour l’actinium. Un composé très actif d’actinium paraît beaucoup moins actif quand on envoie un courant d’air sur la substance.

L’énergie radioactive est donc renfermée dans les gaz sous une forme spéciale. M. Rutherford suppose que certains corps radioactifs dégagent constamment un gaz matériel radioactif qu’il appelle émanation. C’est ce gaz qui aurait la propriété de rendre radioactifs les corps qui se trouvent dans l’espace où il est répandu. Les corps qui émettent de l’émanation sont le radium, le thorium et l’actinium.


Désactivation à l’air libre des corps solides activés. — Un corps solide, qui a été activé par le radium dans une enceinte activante pendant un temps suffisant, et qui a été ensuite retiré de l’enceinte, se désactive à l’air libre suivant une loi d’allure exponentielle qui est la même pour tous les corps et qui est représentée par la formule suivante[7] :


I0 étant l’intensité initiale du rayonnement au moment où l’on retire la lame de l’enceinte, I l’intensité au temps t ; a est un coefficient numérique a = 4,20 ; Θ1 et Θ2 sont des constantes de temps Θ1 = 2420 secondes, Θ2 = 1860 secondes. Au bout de 2 ou 3 heures cette loi se réduit sensiblement à une exponentielle simple : l’influence de la seconde exponentielle sur la valeur de I ne se fait plus sentir. La loi de désactivation est alors telle que l’intensité du rayonnement baisse de la moitié de sa valeur en 28 minutes. Cette loi finale peut être considérée comme caractéristique de la désactivation à l’air libre des corps solides activés par le radium.

Les corps solides activés par l’actinium se désactivent à l’air libre suivant une loi exponentielle voisine de la précédente. Mais cependant la désactivation est un peu plus lente[8].

Les corps solides activés par le thorium se désactivent beaucoup plus lentement ; l’intensité du rayonnement baisse de moitié en 11 heures[9].


Désactivation en enceinte close. Vitesse de destruction de l’émanation[10]. — Une enceinte fermée activée par le radium et soustraite ensuite à son action, se désactive suivant une loi beaucoup moins rapide que celle de la désactivation à l’air libre. On peut, par exemple, faire l’expérience avec un tube en verre que l’on active intérieurement, en le mettant pendant un certain temps en communication avec une solution d’un sel de radium. On scelle ensuite le tube à la lampe, et l’on mesure l’intensité du rayonnement émis à l’extérieur par les parois du tube, pendant que la désactivation se produit.

La loi de désactivation est une loi exponentielle. Elle est donnée avec une grande exactitude par la formule


I0 intensité du rayonnement initial ;
I, intensité du rayonnement au temps t ;
Θ, une constante de temps Θ = 4,970 × 103 secondes.

L’intensité du rayonnement diminue de moitié en 4 jours.

Cette loi de désactivation est absolument invariable, quelles que soient les conditions de l’expérience (dimensions de l’enceinte, nature des parois, nature du gaz dans l’enceinte, durée de l’activation, etc.). La loi de désactivation reste la même, quelle que soit la température entre −180° et +450°. Cette loi de désactivation est donc tout à fait caractéristique et pourrait servir à définir un étalon de temps absolument indépendant.

Dans ces expériences, c’est l’énergie radioactive accumulée dans le gaz qui entretient l’activité des parois. Si, en effet, on supprime le gaz en faisant le vide dans l’enceinte, on constate que les parois se désactivent ensuite suivant le mode rapide de désactivation, l’intensité du rayonnement diminuant de moitié en 28 minutes. Ce même résultat est obtenu en substituant dans l’enceinte de l’air ordinaire à l’air activé.

La loi de désactivation avec baisse de moitié en 4 jours est donc caractéristique de la disparition de l’énergie radioactive accumulée dans le gaz. Si l’on se sert de l’expression adoptée par M. Rutherford, on peut dire que l’émanation du radium disparaît spontanément en fonction du temps avec baisse de la moitié en 4 jours.

L’émanation du thorium est d’une autre nature et disparaît beaucoup plus rapidement. Le pouvoir d’activation diminue de moitié en 1 minute 10 secondes environ.

L’émanation de l’actinium disparaît encore plus rapidement ; la baisse de moitié a lieu en quelques secondes.

MM. Elster et Geitel ont montré qu’il existe toujours dans l’air atmosphérique, en très faible proportion, une émanation radioactive analogue à celles émises par les corps radioactifs. Des fils métalliques tendus dans l’air et maintenus à un potentiel négatif s’activent sous l’influence de cette émanation. L’air que l’on aspire au moyen d’un tube enfoncé dans le sol est particulièrement chargé d’émanation[11]. L’origine de cette émanation est encore inconnue.

L’air extrait de certaines eaux minérales contient de l’émanation tandis que l’air contenu dans l’eau de la mer et des rivières en est à peu près exempt.


Nature des émanations. — Suivant M. Rutherford l’émanation d’un corps radioactif est un gaz matériel radioactif qui s’échappe de ce corps. En effet, à bien des points de vue, l’émanation du radium se comporte comme un gaz ordinaire.

Quand on met en communication deux réservoirs en verre dont l’un contient de l’émanation tandis que l’autre n’en contient pas, l’émanation passe en se diffusant dans le deuxième réservoir, et quand l’équilibre est établi, on constate que l’émanation s’est partagée entre les deux réservoirs comme le ferait un gaz ordinaire : si les deux réservoirs sont à la même température, l’émanation se partage entre eux dans le rapport de leurs volumes ; s’ils sont à des températures différentes, elle se partage entre eux comme un gaz parfait obéissant aux lois de Mariotte et de Gay-Lussac. Pour établir ce résultat il suffit de mesurer le rayonnement du premier réservoir avant et après le partage ; ce rayonnement est proportionnel à la quantité d’émanation contenue dans le réservoir. Mais, comme la diffusion de l’émanation demande un certain temps jusqu’à ce que l’équilibre soit établi, il est nécessaire, pour l’exactitude du calcul relatif à l’expérience, de tenir compte de la destruction spontanée de l’émanation avec le temps[12].

L’émanation du radium se diffuse le long d’un tube étroit suivant les lois de la diffusion des gaz, et son coefficient de diffusion est comparable à celui de l’acide carbonique[13].

MM. Rutherford et Soddy ont montré que les émanations du radium et du thorium se condensent à la température de l’air liquide, comme le feraient des gaz qui seraient liquéfiables à cette température. Un courant d’air chargé d’émanation perd ses propriétés radioactives en traversant un serpentin qui plonge dans l’air liquide ; l’émanation reste condensée dans le serpentin, et elle se retrouve à l’état gazeux quand on réchauffe celui-ci. L’émanation du radium se condense à −150°, celle du thorium à une température comprise entre −100° et −150°[14]. On peut faire l’expérience suivante : deux réservoirs de verre fermés, l’un grand, l’autre petit, communiquent ensemble par un tube court muni d’un robinet ; ils sont remplis de gaz activé par le radium et sont par suite tous les deux lumineux. On plonge le petit réservoir dans l’air liquide, toute l’émanation s’y condense ; au bout d’un certain temps on sépare les deux réservoirs l’un de l’autre en fermant le robinet, et l’on retire ensuite le petit réservoir de l’air liquide. On constate que c’est le petit réservoir qui contient toute l’activité. Pour s’en assurer il suffit d’observer la phosphorescence du verre des deux réservoirs. Le grand réservoir n’est plus lumineux, tandis que le petit est plus lumineux qu’au début de l’expérience. L’expérience est particulièrement brillante si l’on a eu soin d’enduire les parois des deux réservoirs de sulfure de zinc phosphorescent.

Toutefois, si l’émanation du radium est tout à fait comparable à un gaz liquéfiable, la température de condensation par refroidissement devrait être fonction de la quantité d’émanation contenue dans un certain volume d’air ; ce qui n’a pas été signalé.

On doit aussi faire remarquer que l’émanation passe avec une grande facilité à travers les trous ou les fissures les plus ténues des corps solides, dans des conditions où les gaz matériels ordinaires ne peuvent circuler qu’avec une lenteur extrême.

Enfin, l’émanation du radium se distingue d’un gaz matériel ordinaire en ce qu’elle se détruit spontanément quand elle est enfermée en tube de verre scellé ; tout au moins observe-t-on, dans ces conditions, la disparition de la propriété radioactive. Cette propriété radioactive est d’ailleurs encore actuellement la seule qui caractérise l’émanation à notre connaissance, car jusqu’à présent on n’a encore établi avec certitude ni l’existence d’un spectre caractéristique de l’émanation, ni une pression due à l’émanation.

Toutefois tout récemment MM. Ramsay et Soddy ont observé, dans le spectre des gaz extraits du radium, des raies nouvelles qui pourraient, à leur avis, appartenir à l’émanation du radium. Ils ont aussi constaté que les gaz extraits du radium contiennent de l’hélium, et que ce dernier gaz se forme spontanément en présence de l’émanation du radium[15]. Si ces résultats, dont l’importance est considérable, se confirment, on pourra être amené à considérer l’émanation comme un gaz matériel instable, et l’hélium serait peut-être un des produits de la désagrégation de ce gaz.

Les émanations du radium et du thorium ne semblent pas être altérées par divers agents chimiques très énergiques, et pour cette raison MM. Rutherford et Soddy les assimilent à des gaz de la famille de l’argon[16].


Variation de l’activité des liquides activés et des solutions radifères. — Un liquide quelconque devient radioactif lorsqu’il est placé dans un vase dans une enceinte activante. Si l’on retire le liquide de l’enceinte et qu’on le laisse à l’air libre, il se désactive rapidement en transmettant son activité aux gaz et aux corps solides qui l’entourent. Si l’on enferme un liquide activé dans un flacon fermé, il se désactive bien plus lentement et l’activité baisse alors de moitié en 4 jours, comme cela arriverait pour un gaz activé enfermé dans un vase clos. On peut expliquer ce fait en admettant que l’énergie radioactive est emmagasinée dans les liquides sous une forme identique à celle sous laquelle elle est emmagasinée dans un gaz (sous forme d’émanation).

Une dissolution d’un sel radifère se comporte en partie d’une façon analogue. Tout d’abord, il est fort remarquable que la solution d’un sel de radium, qui est placée depuis quelque temps dans une enceinte close, n’est pas plus active que de l’eau pure placée dans un vase contenu dans la même enceinte, lorsque l’équilibre d’activité s’est établi. Si l’on retire de l’enceinte la solution radifère et qu’on la laisse à l’air dans un vase largement ouvert, l’activité se répand dans l’espace, et la solution devient à peu près inactive, bien qu’elle contienne toujours le radium. Si alors on enferme cette solution désactivée dans un flacon fermé, elle reprend peu à peu, en une quinzaine de jours, une activité limite qui peut être considérable. Au contraire, un liquide activé qui ne renferme pas de radium et qui a été désactivé à l’air libre, ne reprend pas son activité quand on le met dans un flacon fermé.


Théorie de la radioactivité. — Voici, d’après MM. Curie et Debierne, une théorie très générale qui permet de coordonner les résultats de l’étude de la radioactivité induite, résultats que je viens d’exposer et qui constituent des faits indépendants de toute hypothèse[17].

On peut admettre que chaque atome de radium fonctionne comme une source continue et constante d’énergie, sans qu’il soit, d’ailleurs, nécessaire de préciser d’où vient cette énergie. L’énergie radioactive qui s’accumule dans le radium tend à se dissiper de deux façons différentes : 1° par rayonnement (rayons chargés et non chargés d’électricité) ; 2° par conduction, c’est-à-dire par transmission de proche en proche aux corps environnants, par l’intermédiaire des gaz et des liquides (dégagement d’émanation et transformation en radioactivité induite).

La perte d’énergie radioactive, tant par rayonnement que par conduction, croit avec la quantité d’énergie accumulée dans le corps radioactif. Un équilibre de régime doit s’établir nécessairement quand, la double perte, dont je viens de parler, compense l’apport continu fait par le radium. Cette manière de voir est analogue à celle qui est en usage dans les phénomènes calorifiques. Si, dans l’intérieur d’un corps, il se fait, pour une raison quelconque, un dégagement continu et constant de chaleur, la chaleur s’accumule dans le corps, et la température s’élève, jusqu’à ce que la perte de chaleur par rayonnement et par conduction fasse équilibre à l’apport continu de chaleur.

En général, sauf dans certaines conditions spéciales, l’activité ne se transmet pas de proche en proche à travers les corps solides. Lorsqu’on conserve une dissolution en tube scellé, la perte par rayonnement subsiste seule, et l’activité radiante de la dissolution prend une valeur élevée.

Si, au contraire, la dissolution se trouve dans un vase, ouvert, la perte d’activité de proche en proche, par conduction, devient considérable, et, lorsque l’état de régime est atteint, l’activité radiante de la dissolution est très faible.

L’activité radiante d’un sel radifère solide, laissé à l’air libre, ne diminue pas sensiblement, parce que, la propagation de la radioactivité par conduction ne se faisant pas à travers les corps solides, c’est seulement une couche superficielle très mince qui produit la radioactivité induite. On constate, en effet, que la dissolution du même sel produit des phénomènes de radioactivité induite beaucoup plus intenses. Avec un sel solide l’énergie radioactive s’accumule dans le sel et se dissipe surtout par rayonnement. Au contraire, lorsque le sel est en dissolution dans l’eau depuis quelques jours, l’énergie radioactive est répartie entre l’eau et le sel, et si on les sépare par distillation, l’eau entraîne une grande partie de l’activité, et le sel solide est beaucoup moins actif (10 ou 15 fois) qu’avant dissolution. Ensuite le sel solide reprend peu à peu son activité primitive.

On peut chercher à préciser encore davantage la théorie qui précède, en imaginant que la radioactivité du radium lui-même se produit au moins en grande partie par l’intermédiaire de l’énergie radioactive émise sous forme d’émanation.

On peut admettre que chaque atome de radium est une source continue et constante d’émanation. En même temps que cette forme d’énergie se produit, elle éprouve progressivement une transformation en énergie radioactive de rayonnement Becquerel ; la vitesse de cette transformation est proportionnelle à la quantité d’émanation accumulée.

Quand une solution radifère est enfermée dans une enceinte, l’émanation peut se répandre dans l’enceinte et sur les parois. C’est donc là quelle est transformée en rayonnement, tandis que la solution n’émet que peu de rayons Becquerel, — le rayonnement est, en quelque sorte, extériorisé. Au contraire, dans le radium solide, l’émanation, ne pouvant s’échapper facilement, s’accumule et se transforme sur place en rayonnement Becquerel ; ce rayonnement atteint donc une valeur élevée[18].

Si cette théorie de la radioactivité était générale, il faudrait admettre que tous les corps radioactifs émettent de l’émanation. Or, cette émission a été constatée pour le radium, le thorium et l’actinium ; ce dernier corps en émet énormément même à l’état solide. L’uranium et le polonium ne semblent pas émettre d’émanation, bien qu’ils émettent des rayons Becquerel. Ces corps ne produisent pas la radioactivité induite en vase clos comme les corps radioactifs cités précédemment. Ce fait n’est pas en contradiction absolue avec la théorie qui précède. Si, en effet, l’uranium et le polonium émettaient des émanations qui se détruisent avec une très grande rapidité, il serait très difficile d’observer l’entraînement de ces émanations par l’air et les effets de radioactivité induite produits par elles sur les corps voisins. Une telle hypothèse n’est nullement invraisemblable, puisque les temps pendant lesquels les quantités d’émanation du radium et du thorium diminuent de moitié sont entre eux comme 5000 est à 1. Ou verra d ailleurs que dans certaines conditions l’uranium peut provoquer la radioactivité induite.


Autre forme de la radioactivité induite. — D’après la loi de désactivation à l’air libre des corps solides activés par le radium, l’activité radiante au bout d’une journée est à peu près insensible.

Certains corps cependant font exception : tels sont le celluloïd, la paraffine, le caoutchouc. etc. Quand ces corps ont été activés assez longtemps, ils se désactivent plus lentement que ne le veut la loi, et il faut souvent quinze ou vingt jours pour que l’activité devienne insensible. Il semble que ces corps aient la propriété de s’imprégner de l’énergie radioactive sous forme d’émanation ; ils la perdent ensuite peu à peu en produisant la radioactivité induite dans leur voisinage.


Radioactivité induite à évolution lente. — On observe encore une tout autre forme de radioactivité induite, qui semble se produire sur tous les corps, quand ils ont séjourné pendant des mois dans une enceinte activante. Quand ces corps sont retirés de l’enceinte, leur activité diminue d’abord jusqu’à une valeur très faible suivant la loi ordinaire (diminution de moitié en une demi-heure) ; mais, quand l’activité est tombée à environ de la valeur initiale, elle ne diminue plus ou du moins elle évolue avec une lenteur extrême, quelquefois même elle va en augmentant. Nous avons des lames de cuivre, d’aluminium, de verre qui conservent ainsi une activité résiduelle depuis plus de six mois.

Ces phénomènes d’activité induite semblent être d’une tout autre nature que ceux ordinaires, et ils offrent une évolution beaucoup plus lente.

Un temps considérable est nécessaire aussi bien pour la production que pour la disparition de cette forme de radioactivité induite.


Radioactivité induite sur des substances qui séjournent en dissolution avec le radium. — Quand on traite un minerai radioactif contenant du radium, pour en extraire ce corps, et tant que le travail n’est pas avancé, on réalise des séparations chimiques, après lesquelles la radioactivité se trouve entièrement avec l’un des produits de la réaction, l’autre produit étant entièrement inactif. On sépare ainsi d’un côté des produits radiants qui peuvent être plusieurs centaines de fois plus actifs que l’uranium, de l’autre côté du cuivre, de l’antimoine, de l’arsenic, etc., absolument inactifs. Certains autres corps (le fer, le plomb) n’étaient jamais séparés à l’état complètement inactif. À mesure que les corps radiants se concentrent, il n’en est plus de même ; aucune séparation chimique ne fournit plus de produits absolument inactifs ; toutes les portions résultant d’une séparation sont toujours actifs à des degrés variables.

Après la découverte de la radioactivité induite, M. Giesel essaya le premier d’activer le bismuth inactif ordinaire en le maintenant en solution avec du radium très actif. Il obtint ainsi du bismuth radioactif[19], et il en conclut que le polonium extrait de la pechblende était probablement du bismuth activé par le voisinage du radium contenu dans la pechblende.

J’ai également préparé du bismuth activé en maintenant le bismuth en dissolution avec un sel radifère très actif.

Les difficultés de cette expérience consistent dans les soins extrêmes qu’il faut prendre pour éliminer le radium de la dissolution. Si l’on songe à la quantité infinitésimale de radium qui suffit pour produire dans un gramme de matière une radioactivité très notable, on ne croit jamais avoir assez lavé et purifié le produit activé. Or, chaque purification entraîne une baisse d’activité du produit activé, soit que réellement on en retire des traces de radium, soit que la radioactivité induite dans ces conditions ne résiste pas aux transformations chimiques.

Les résultats que j’obtiens semblent cependant établir avec certitude que l’activation se produit et persiste après que l’on a séparé le radium. C’est ainsi qu’en fractionnant le nitrate de mon bismuth activé par précipitation de la solution azotique par l’eau, je trouve que, après purification très soigneuse, il se fractionne comme le polonium, la partie la plus active étant précipitée en premier.

Si la purification est insuffisante, c’est le contraire qui se produit, indiquant que des traces de radium se trouvaient encore avec le bismuth activé. J’ai obtenu ainsi du bismuth activé pour lequel le sens du fractionnement indiquait une grande pureté et qui était 2000 fois plus actif que l’uranium. Ce bismuth diminue d’activité avec le temps. Mais une autre partie du même produit, préparée avec les mêmes précautions et se fractionnant dans le même sens, conserve son activité sans diminution sensible depuis un temps qui est actuellement de trois ans environ.

Cette activité est 150 fois plus grande que celle de l’uranium.

J’ai activé également du plomb et de l’argent en les laissant en dissolution avec le radium. Le plus souvent la radioactivité induite ainsi obtenue ne diminue guère avec le temps, mais elle ne résiste généralement pas à plusieurs transformations chimiques successives du corps activé.

M. Debierne[20] a activé du baryum en le laissant en solution avec l’actinium. Ce baryum activé reste actif après diverses transformations chimiques, son activité est donc une propriété atomique assez stable. Le chlorure de baryum activé se fractionne comme le chlorure de baryum radifère, les parties les plus actives étant les moins solubles dans l’eau et l’acide chlorhydrique étendu. Le chlorure sec est spontanément lumineux ; son rayonnement Becquerel est analogue à celui du chlorure de baryum radifère. M. Debierne a obtenu du chlorure de baryum activé 1000 fois plus actif que l’uranium. Ce baryum n’avait cependant pas acquis tous les caractères du radium, car il ne montrait au spectroscope aucune des raies les plus fortes du radium. De plus son activité diminua avec le temps, et au bout de trois semaines elle était devenue trois fois plus faible qu’au début.

Il y a toute une étude à faire sur l’activation des substances en dissolution avec les corps radioactifs. Il semble que, suivant les conditions de l’expérience, on puisse obtenir des formes de radioactivité induite atomique plus ou moins stables. La radioactivité induite dans ces conditions est peut-être la même que la forme à évolution lente que l’on obtient par activation prolongée à distance dans une enceinte activante. Il y a lieu de se demander jusqu’à quel degré la radioactivité induite atomique affecte la nature chimique de l’atome, et si elle peut modifier les propriétés chimiques de celui-ci, soit d’une façon passagère, soit d’une façon stable.

L’étude chimique des corps activés à distance est rendue difficile par ce fait que l’activation est limitée à une couche superficielle très mince, et que, par suite, la proportion de matière qui a pu être atteinte par la transformation est extrêmement faible.

La radioactivité induite peut aussi être obtenue en laissant certaines substances en dissolution avec l’uranium. L’expérience réussit avec le baryum. Si, comme l’a fait M. Debierne, on ajoute de l’acide sulfurique à une solution qui contient de l’uranium et du baryum, le sulfate de baryum précipité entraîne de l’activité ; en même temps le sel d’uranium perd une partie de la sienne. M. Becquerel a trouvé qu’en répétant cette opération plusieurs fois, on obtient de l’uranium à peine actif. On pourrait croire, d’après cela, que dans cette opération on a réussi à séparer de l’uranium un corps radioactif différent de ce métal, et dont la présence produisait la radioactivité de l’uranium. Cependant il n’en est rien, car au bout de quelques mois l’uranium reprend son activité primitive ; au contraire, le sulfate de baryum précipité perd celle qu’il avait acquise.

Un phénomène analogue se produit avec le thorium. M. Rutherford précipite une solution de sel de thorium par l’ammoniaque ; il sépare la solution et l’évapore à sec. Il obtient ainsi un petit résidu très actif, et le thorium précipité se montre moins actif qu’auparavant. Ce résidu actif, auquel M. Rutherford donne le nom de thorium %, perd son activité avec le temps, tandis que le thorium reprend son activité primitive[21].

Il semble qu’en ce qui concerne la radioactivité induite en dissolution, les divers corps ne se comportent pas tous de la même façon, et que certains d’entre eux sont bien plus susceptibles de s’activer que les autres.


Dissémination des poussières radioactives et radioactivité induite du laboratoire. — Lorsqu’on fait des études sur les substances fortement radioactives, il faut prendre des précautions particulières si l’on veut pouvoir continuer à faire des mesures délicates. Les divers objets employés dans le laboratoire de chimie, et ceux qui servent pour les expériences de physique, ne tardent pas à être tous radioactifs et à agir sur les plaques photographiques au travers du papier noir. Les poussières, l’air de la pièce, les vêtements sont radioactifs. L’air de la pièce est conducteur. Dans le laboratoire, où nous travaillons, le mal est arrivé à l’état aigu, et nous ne pouvons plus avoir un appareil bien isolé.

Il y a donc lieu de prendre des précautions particulières pour éviter autant que possible la dissémination des poussières actives, et pour éviter aussi les phénomènes d’activité induite.

Les objets employés en chimie ne doivent jamais être emportés dans la salle d’études physiques, et il faut autant que possible éviter de laisser séjourner inutilement dans cette salle les substances actives. Avant de commencer ces études nous avions coutume, dans les travaux d’électricité statique, d’établir la communication entre les divers appareils par des fils métalliques isolés protégés par des cylindres métalliques en relation avec le sol, qui préservaient les fils contre toute influence électrique extérieure. Dans les études sur les corps radioactifs, cette disposition est absolument défectueuse ; l’air étant conducteur, l’isolement entre le fil et le cylindre est mauvais, et la force électromotrice de contact inévitable entre le fil et le cylindre tend à produire un courant à travers l’air et à faire dévier l’électromètre. Nous mettons maintenant tous les fils de communication à l’abri de l’air en les plaçant, par exemple, au milieu de cylindres remplis de paraffine ou d’une autre matière isolante. Il y aurait aussi avantage à faire usage, dans ces études, d’électromètres rigoureusement clos.


Activation en dehors de l’action des substances radioactives. — Des essais ont été faits en vue de produire la radioactivité induite en dehors de l’action des substances radioactives.

M. Villard[22] a soumis à l’action des rayons cathodiques un morceau de bismuth placé comme anticathode dans un tube de Crookes ; ce bismuth a été ainsi rendu actif, à vrai dire, d’une façon extrêmement faible, car il fallait 8 jours de pose pour obtenir une impression photographique.

M. Mac Lennan expose divers sels à l’action des rayons cathodiques et les chauffe ensuite légèrement. Ces sels acquièrent alors la propriété de décharger les corps chargés positivement[23].

Les études de ce genre offrent un grand intérêt. Si, en se servant d’agents physiques connus, il était possible de créer dans des corps primitivement inactifs une radioactivité notable, nous pourrions espérer de trouver ainsi la cause de la radioactivité spontanée de certaines matières.


Variations d’activité des corps radioactifs. Effets de dissolution. — Le polonium, comme je l’ai dit plus haut, diminue d’activité avec le temps. Cette baisse est lente, elle ne semble pas se faire avec la même vitesse pour tous les échantillons. Un échantillon de nitrate de bismuth à polonium a perdu la moitié de son activité en 11 mois et 95 pour 100 de son activité en 33 mois. D’autres échantillons ont éprouvé des baisses analogues.

Un échantillon de bismuth à polonium métallique fut préparé avec un sous-nitrate, lequel, après sa préparation, était 100000 fois plus actif que l’uranium. Ce métal n’est plus maintenant qu’un corps moyennement radioactif (2000 fois plus actif que l’uranium). Sa radioactivité est mesurée de temps en temps. Pendant 6 mois ce métal a perdu 67 pour 100 de son activité.

La perte d’activité ne semble pas être facilitée par les réactions chimiques. Dans des opérations chimiques rapides on ne constate généralement pas de perte considérable d’activité.

Contrairement à ce qui se passe pour le polonium, les sels radifères possèdent une radioactivité permanente qui ne présente pas de baisse appréciable au bout de quelques années.

Quand on vient de préparer un sel de radium à l’état solide, ce sel n’a pas tout d’abord une activité constante. Son activité va en augmentant à partir de la préparation et atteint une valeur limite sensiblement invariable au bout d’un mois environ. Le contraire a lieu pour la solution. Quand on vient de la préparer, elle est d’abord très active, mais laissée à l’air libre elle se désactive rapidement, et prend finalement une activité limite qui peut être considérablement plus faible que la valeur initiale. Ces variations d’activité ont été tout d’abord observées par M. Giesel[24]. Elles s’expliquent fort bien en se plaçant au point de vue de l’émanation. La diminution de l’activité de la solution correspond à la perte de l’émanation qui s’échappe dans l’espace ; cette baisse est bien moindre si la dissolution est en tube scellé. Une solution désactivée à l’air libre reprend une activité plus grande quand on l’enferme en tube scellé. La période de l’accroissement de l’activité du sel qui, après dissolution, vient d’être ramené à l’état solide, est celle pendant laquelle l’émanation s’emmagasine à nouveau dans le radium solide.

Voici quelques expériences à ce sujet :

Une solution de chlorure de baryum radifère laissée à l’air libre pendant 2 jours devient 300 fois moins active.

Une solution est enfermée en vase clos ; on ouvre le vase, on verse la solution dans une cuve et l’on mesure l’activité :

Activité mesurée immédiatement 67
» au bout de 2 heures 20
» » 2 jours 00,25

Une solution de chlorure de baryum radifère qui est restée à l’air libre est enfermée dans un tube de verre scellé, et l’on mesure le rayonnement de ce tube. On trouve les résultats suivants :

Activité mesurée immédiatement 27
» au bout de 2 jours 61
» » 3 jours 70
» » 4 jours 81
» » 7 jours 100
» » 11 jours 100

L’activité initiale d’un sel solide après sa préparation est d’autant plus faible que le temps de dissolution a été plus long. Une plus forte proportion de l’activité est alors transmise au dissolvant. Voici les activités initiales obtenues avec un chlorure dont l’activité limite est 800 et que l’on maintenait en dissolution pendant un temps donné ; puis on séchait le sel et l’on mesurait son activité immédiatement :

Activité limite 800
Activité initiale après dissolution et dessiccation immédiate 440
Activité initiale après que le sel est resté dissous 5 jours 120
» 18 jours 130
» 32 jours 114

Dans cette expérience le sel dissous se trouvait dans un vase simplement couvert d’un verre de montre.

J’ai fait avec le même sel deux dissolutions que j’ai conservées en tube scellé pendant 13 mois ; l’une de ces dissolutions était 8 fois plus concentrée que l’autre :

Activité initiale du sel de la solution concentrée après dessiccation 200
Activité initiale du sel de la solution étendue après dessiccation 100

La désactivation du sel est d’autant plus grande que la proportion du dissolvant est plus grande, l’énergie radioactive transmise au liquide ayant alors un plus grand volume de liquide à saturer et un plus grand espace à remplir. Les deux échantillons du même sel, qui avaient ainsi une activité initiale différente, ont d’ailleurs augmenté d’activité avec une vitesse très différente au début ; au bout d’un jour ils avaient la même activité, et l’accroissement d’activité se continua exactement de la même façon pour tous les deux jusqu’à la limite.

Quand la dissolution est étendue, la désactivation du sel est très rapide ; c’est ce que montrent les expériences suivantes : trois portions égales d’un même sel radifère sont dissoutes dans des quantités égales d’eau. La première dissolution a est laissée à l’air libre pendant une heure, puis séchée. La deuxième dissolution b est traversée pendant une heure par un courant d’air, puis séchée. La troisième dissolution c est laissée pendant 13 jours à l’air libre, puis séchée. Les activités initiales des trois sels sont :

Pour la portion a 145,2
» b 141,6
» c 102,6

L’activité limite du même sel est environ 470. On voit donc qu’au bout d’une heure la plus grande partie de l’effet était produite. De plus, le courant d’air qui a barboté pendant une heure dans la dissolution b n’a produit que peu d’effet. La proportion du sel dans la dissolution était d’environ 0,5 pour 100.

L’énergie radioactive sons forme d’émanation se propage difficilement du radium solide dans l’air ; elle éprouve de même une résistance au passage du radium solide dans un liquide. Quand on agite du sulfate radifère avec de l’eau pendant une journée entière, son activité après cette opération est sensiblement la même que celle d’une portion du même sulfate laissée à l’air libre.

En faisant le vide sur du sel radifère on retire toute l’émanation disponible. Toutefois la radioactivité d’un chlorure radifère sur lequel nous avions fait le vide pendant 6 jours ne fut pas sensiblement modifiée par cette opération. Cette expérience montre que la radioactivité du sel est due principalement à l’énergie radioactive utilisée dans l’intérieur des grains, laquelle ne peut être enlevée en faisant le vide.

La perte d’activité que le radium éprouve quand on le fait passer par l’état dissous est relativement plus grande pour les rayons pénétrants que pour les rayons absorbables. Voici quelques exemples :

Un chlorure radifère, qui avait atteint son activité limite 470, est dissous et reste en dissolution pendant une heure ; on le sèche ensuite et l’on mesure sa radioactivité initiale par la méthode électrique. On trouve que le rayonnement initial total est égal à la fraction 0,3 du rayonnement total limite. Si l’on fait la mesure de l’intensité du rayonnement en recouvrant la substance active d’un écran d’aluminium de 0mm,01 d’épaisseur, on trouve que le rayonnement initial qui traverse cet écran n’est que la fraction 0,17 du rayonnement limite traversant le même écran.

Quand le sel est resté en dissolution pendant 13 jours, on trouve pour le rayonnement initial total la fraction 0,22 du rayonnement limite total et pour le rayonnement qui traverse 0mm,01 d’aluminium la fraction 0,13 du rayonnement limite.

Dans les deux cas le rapport du rayonnement initial après dissolution au rayonnement limite est de 1,7 fois plus grand pour le rayonnement total que pour le rayonnement qui traverse 0mm,01 d’aluminium.

Il faut d’ailleurs remarquer que, en séchant le produit après dissolution, on ne peut éviter une période de temps pendant laquelle le produit se trouve à un état mal défini, ni entièrement solide, ni entièrement liquide. On ne peut non plus éviter de chauffer le produit pour enlever l’eau rapidement.

Pour ces deux raisons il n’est guère possible de déterminer la vraie activité initiale du produit qui passe de l’état dissous à l’état solide. Dans les expériences qui viennent d’être citées des quantités égales de substances radiantes étaient dissoutes dans la même quantité d’eau, et ensuite les dissolutions étaient évaporées à sec dans des conditions aussi identiques que possible et sans chauffer au-dessus de 120° ou 130°.

Fig. 13.

J’ai étudié la loi suivant laquelle augmente l’activité d’un sel radifère solide, à partir du moment où ce sel est séché après dissolution, jusqu’au moment où il atteint son activité limite. Dans les Tableaux qui suivent j’indique l’intensité du rayonnement I en fonction du temps, l’intensité limite étant supposée égale à 100, et le temps étant compté à partir du moment où le produit a été séché. Le Tableau I (fig. 13, courbe I) est relatif au rayonnement total. Le Tableau II (fig. 13, courbe II) est relatif seulement aux rayons pénétrants (rayons qui ont traversé 3cm d’air et 0mm,01 d’aluminium).

Tableau I. Tableau II.
Temps. I. Temps. I.
00 jour 021 00 jour 1,3
01 jour 025 01 jour 19,0
03 j»ur 044 03 j»ur 43,0
05 j»ur 060 06 j»ur 60,0
10 j»ur 078 15 j»ur 70,0
19 j»ur 093 23 j»ur 86,0
33 j»ur 100 46 j»ur 94,0
67 j»ur 100

J’ai fait plusieurs autres séries de mesures du même genre, mais elle ne sont pas absolument en accord les unes avec les autres, bien que le caractère général des courbes obtenues reste le même. Il est difficile d’obtenir des résultats bien réguliers. On peut cependant remarquer que la reprise d’activité met plus d’un mois à se produire, et que les rayons les plus pénétrants sont ceux qui sont le plus profondément atteints par l’effet de la dissolution.

L’intensité initiale du rayonnement qui peut traverser 3cm d’air et 0mm,01 d’aluminium n’est que 1 pour 100 de l’intensité limite, alors que l’intensité initiale du rayonnement total est 21 pour 100 du rayonnement total limite.

Un sel radifère, qui a été dissous et qui vient d’être séché, possède le même pouvoir pour provoquer l’activité induite (et, par conséquent, laisse échapper au dehors autant d’émanation) qu’un échantillon du même sel qui, après avoir été préparé à l’état solide, est resté dans cet état un temps suffisant pour atteindre la radioactivité limite. L’activité radiante de ces deux produits est pourtant extrêmement différente ; le premier est, par exemple, 5 fois moins actif que le second.


Variations d’activité des sels de radium par la chauffe. — Quand on chauffe un composé radifère, ce composé dégage de l’émanation et perd de l’activité. La perte d’activité est d’autant plus grande que la chauffe est à la fois plus intense et plus prolongée. C’est ainsi qu’en chauffant un sel radifère pendant 1 heure à 130° on lui fait perdre 10 pour 100 de son rayonnement total : au contraire, une chauffe de 10 minutes à 400° ne produit pas d’effet sensible. Une chauffe au rouge de quelques heures de durée détruit 77 pour 100 du rayonnement total.

La perte d’activité par la chauffe est plus importante pour les rayons pénétrants que pour les rayons absorbables. C’est ainsi qu’une chauffe de quelques heures de durée détruit environ 77 pour 100 du rayonnement total, mais la même chauffe détruit la presque totalité (99 pour 100) du rayonnement qui est capable de traverser 3cm d’air et 0mm,01 d’aluminium. En maintenant le chlorure de baryum radifère en fusion pendant quelques heures (vers 800°), on détruit 98 pour 100 du rayonnement capable de traverser 0mm,3 d’aluminium. On peut dire que les rayons pénétrants n’existent sensiblement pas après une chauffe forte et prolongée.

Quand un sel radifère a perdu une partie de son activité par la chauffe, cette baisse d’activité ne persiste pas : l’activité du sel se régénère spontanément à la température ordinaire et tend vers une certaine valeur limite. J’ai observé le fait fort curieux que cette limite est plus élevée que l’activité limite du sel avant la chauffe, du moins en est-il ainsi pour le chlorure. En voici des exemples : un échantillon de chlorure de baryum radifère qui, après avoir été préparé à l’état solide, a atteint depuis longtemps son activité limite, possède un rayonnement total représenté par le nombre 470, et un rayonnement capable de traverser 0mm,01 d’aluminium, représenté par le nombre 157. Cet échantillon est soumis à une chauffe au rouge pendant quelques heures. Deux mois après la chauffe, il atteint une activité limite avec un rayonnement total égal à 690, et un rayonnement à travers 0mm,01 d’aluminium égal à 227. Le rayonnement total et le rayonnement qui traverse l’aluminium sont donc augmentés respectivement dans le rapport et . Ces deux rapports sont sensiblement égaux entre eux et égaux à 1,45.

Fig. 14.

Un échantillon de chlorure de baryum radifère qui, après avoir été préparé à l’état solide, a atteint une activité limite égale à 62, est maintenu en fusion pendant quelques heures ; puis le produit fondu est pulvérisé. Ce produit reprend une nouvelle activité limite égale à 140, soit plus de 2 fois plus grande que celle qu’il pouvait atteindre, quand il avait été préparé à l’état solide sans avoir été notablement chauffé pendant la dessiccation.

J’ai étudié la loi de l’augmentation de l’activité des composés radifères après la chauffe. Voici, à titre d’exemple, les résultats de deux séries de mesures. Les nombres des Tableaux I et II indiquent l’intensité du rayonnement I en fonction du temps, l’intensité limite étant supposée égale à 100, et le temps étant compté à partir de la fin de la chauffe. Le Tableau I (fig. 14, courbe I) est relatif au rayonnement total d’un échantillon de chlorure de baryum radifère. Le Tableau II (fig. 3, courbe II) est relatif au rayonnement pénétrant d’un échantillon de sulfate de baryum radifère, car on mesurait l’intensité du rayonnement qui traversait 3cm d’air et 0mm,01 d’aluminium. Les deux produits ont subi une chauffe au rouge cerise pendant 7 heures.

Tableau I. Tableau II.
Temps. I. Temps. I.
00,0 jour 016,2 00,0 jour 000,8
00,6 jour 025,4 00,7 jour 013,0
01,0 j»ur 027,4 01,0 j»ur 018,0
02,0 j»ur 038,0 01,9 j»ur 026,4
03,0 j»ur 046,3 06,0 j»ur 046,2
04,0 j»ur 054,0 10,0 j»ur 055,5
06,0 j»ur 067,5 14,0 j»ur 064,0
10,0 j»ur 084,0 18,0 j»ur 071,8
24,0 j»ur 095,0 27,0 j»ur 081,0
57,0 j»ur 100,0 36,0 j»ur 091,0
50,0 j»ur 095,5
57,0 j»ur 099,0
84,0 j»ur 100,0

J’ai fait encore plusieurs autres séries de déterminations, mais, de même que pour la reprise d’activité après dissolution, les résultats des diverses séries ne sont pas bien redondants.

L’effet de la chauffe ne persiste pas quand on dissout la substance radifère chauffée. De deux échantillons d’une même substance radifère d’activité 1800, l’un a été fortement chauffé, et son activité a été réduite par la chauffe à 670. Les deux échantillons ayant été à ce moment dissous et laissés en dissolution pendant 20 heures, leurs activités initiales à l’état solide ont été 460 pour le produit non chauffé et 420 pour celui chauffé ; il n’y avait donc pas de différence considérable entre l’activité de ces deux produits. Mais, si les deux produits ne restent pas en dissolution un temps suffisant, si, par exemple, on les sèche immédiatement après les avoir dissous, le produit non chauffé est beaucoup plus actif que le produit chauffé ; un certain temps est nécessaire pour que l’état de dissolution fasse disparaître l’effet de la chauffe. Un produit d’activité 3200 a été chauffé et n’avait plus après la chauffe qu’une activité de 1450. Ce produit a été dissous en même temps qu’une portion du même produit non chauffé, et les deux portions ont été séchées immédiatement. L’activité initiale était de 1450 pour le produit non chauffé et de 760 pour celui chauffé.

Pour les sels radifères solides, le pouvoir de provoquer la radioactivité induite est fortement influencé par la chauffe. Pendant que l’on chauffe les composés radifères, ils dégagent plus d’émanation qu’à la température ordinaire ; mais, quand ils sont ensuite ramenés à la température ordinaire, non seulement leur radioactivité est bien inférieure à celle qu’ils avaient avant la chauffe, mais aussi leur pouvoir activant est considérablement diminué. Pendant le temps qui suit la chauffe, la radioactivité du produit va en augmentant et peut même dépasser la valeur primitive. Le pouvoir activant se rétablit aussi partiellement ; cependant, après une chauffe prolongée au rouge, la presque totalité du pouvoir activant se trouve supprimée, sans être susceptible de reparaître spontanément avec le temps. On peut restituer au sel radifère son pouvoir activant primitif en le dissolvant dans l’eau et en le séchant à l’étuve à une température de 120°. Il semble donc que la calcination ait pour effet de mettre le sel dans un état physique particulier, dans lequel l’émanation se dégage bien plus difficilement que cela n’a lieu pour le même produit solide qui n’a pas été chauffé à température élevée, et il en résulte tout naturellement que le sel atteint une radioactivité limite plus élevée que celle qu’il avait avant la chauffe. Pour remettre le sel dans l’état physique qu’il avait avant la chauffe, il suffit de le dissoudre et de le sécher, sans le chauffer, au-dessus de 150°.

Voici quelques exemples numériques à ce sujet :

Je désigne par a l’activité induite limite provoquée en vase clos sur une lame de cuivre par un échantillon de carbonate de baryum radifère d’activité 1600.

Posons pour le produit non chauffé :

a = 100.

On trouve :

01 jour après la chauffe a = 03,3
04 » » a = 07,1
10 » » a = 15,0
20 » » a = 15,0
37 » » a = 15,0

La radioactivité du produit avait diminué de 90 pour 100 par la chauffe, mais, au bout d’un mois, elle avait déjà repris la valeur primitive.

Voici une expérience du même genre faite avec un chlorure de baryum radifère d’activité 3000. Le pouvoir activant est déterminé de la même façon que dans l’expérience précédente.

Pouvoir activant du produit non chauffé :

a = 100.

On trouve :

02 jours après la chauffe 2,3
05 » » 7,0
11 » » 8,2
18 » » 8,2
Pouvoir activant du produit non chauffé qui
a été dissous, puis séché à 150°
92
Pouvoir activant du produit chauffé qui a
été dissous, puis séché à 150°
105


Interprétation théorique des causes des variations d’activité des sels radifères, après dissolution et après chauffe. — Les faits qui viennent d’être exposés peuvent être, en partie, expliqués par la théorie d’après laquelle le radium produit l’énergie sous forme d’émanation, cette dernière se transformant ensuite en énergie de rayonnement. Quand on dissout un sel de radium, l’émanation qu’il produit se répand au dehors de la solution et provoque la radioactivité en dehors de la source dont elle provient ; lorsqu’on évapore la dissolution, le sel solide obtenu est peu actif, car il ne contient que peu d’émanation. Peu à peu l’émanation s’accumule dans le sel, dont l’activité augmente jusqu’à une valeur limite, qui est obtenue quand la production d’émanation par le radium compense la perte qui se fait par débit extérieur et par transformation sur place en rayons de Becquerel.

Lorsqu’on chauffe un sel de radium, le débit d’émanation en dehors du sel est fortement augmenté, et les phénomènes de radioactivité induite sont plus intenses que quand le sel est à la température ordinaire. Mais quand le sel revient à la température ordinaire, il est épuisé, comme dans le cas où on l’avait dissous, il ne contient que peu d’émanation, l’activité est devenue très faible. Peu à peu l’émanation s’accumule de nouveau dans le sel solide et le rayonnement en augmentant.

On peut admettre que le radium donne lieu à un débit constant d’émanation, dont une partie s’échappe à l’extérieur, tandis que la partie restante est transformée, dans le radium lui-même, en rayons de Becquerel. Lorsque le radium a été chauffé au rouge, il perd la plus grande partie de son pouvoir d’activation ; autrement dit, le débit d’émanation à l’extérieur est diminué. Par suite, la proportion d’émanation utilisée dans le radium lui-même doit être plus forte, et le produit atteint une radioactivité limite plus élevée.

On peut se proposer d’établir théoriquement la loi de l’augmentation de l’activité d’un sel radifère solide qui a été dissous ou qui a été chauffé. Nous admettrons que l’intensité du rayonnement du radium est, à chaque instant, proportionnelle à la quantité d’émanation q présente dans le radium. Nous savons que l’émanation se détruit spontanément suivant une loi telle que l’on ait, à chaque instant,

(1)


q0 étant la quantité d’émanation à l’origine du temps, et θ la constante de temps égale à 4,97 × 103 sec.

Soit, d’autre part, Δ le débit d’émanation fourni par le radium, quantité que je supposerai constante. Voyons ce qui se passerait, s’il ne s’échappait pas d’émanation dans l’espace ambiant. L’émanation produite serait alors entièrement utilisée dans le radium pour y produire le rayonnement. On a d’ailleurs, d’après la formule (1),


et, par suite, à l’état d’équilibre, le radium contiendrait une certaine quantité d’émanation Q telle que l’on ait

(2)


et le rayonnement du radium serait alors proportionnel.

Supposons qu’on mette le radium dans des conditions où il perd de l’émanation au dehors ; c’est ce que l’on peut obtenir en dissolvant le composé radifère ou en le chauffant. L’équilibre sera troublé et l’activité du radium diminuera. Mais aussitôt que la cause de la perte d’émanation a été supprimée (le corps est revenu à l’état solide, ou bien on a cessé de chauffer), l’émanation s’accumule à nouveau dans le radium, et nous avons une période, pendant laquelle le débit Δ l’emporte sur la vitesse de destruction . On a alors


d’où


(3)


q0 étant la quantité d’émanation présente dans le radium au temps t = 0.

D’après la formule (3) l’excès de la quantité d’émanation Q que le radium contient à l’état d’équilibre sur la quantité q qu’il contient à un moment donné, décroît en fonction du temps suivant une loi exponentielle qui est la loi même de la disparition spontanée de l’émanation. Le rayonnement du radium étant d’ailleurs proportionnel à la quantité d’émanation, l’excès de l’intensité du rayonnement limite sur l’intensité actuelle doit décroître en fonction du temps suivant cette même loi ; cet excès doit donc diminuer de moitié en 4 jours environ.

La théorie qui précède est incomplète, puisqu’on a négligé la perte d’émanation par débit à l’extérieur. Il est, d’ailleurs, difficile de savoir comment celle-ci intervient en fonction du temps. En comparant les résultats de l’expérience à ceux de cette théorie incomplète, on ne trouve pas un accord satisfaisant ; on retire cependant la conviction que la théorie en question contient une part de vérité.

La loi d’après laquelle l’excès de l’activité limite sur l’activité actuelle diminue de moitié en 4 jours représente, avec une certaine approximation, la marche de la reprise d’activité après chauffe pendant une dizaine de jours. Dans le cas de la reprise d’activité après dissolution cette même loi semble convenir à peu près pendant une certaine période de temps, qui commence deux ou trois jours après la dessiccation du produit et se poursuit pendant 10 à 15 jours. Les phénomènes sont d’ailleurs complexes ; la théorie indiquée n’explique pas pourquoi les rayons pénétrants sont supprimés en plus forte proportion que les rayons absorbables.


  1. M. et Mme  Curie, Comptes rendus, 6 novembre 1899.
  2. Rutherford, Phil. Mag., janvier et février 1900.
  3. Dorn, Abh. Naturforsch. Gesell. Halle, juin 1900.
  4. Debierne, Comptes rendus, 30 juillet 1900 ; 16 février 1903.
  5. Curie et Debierne, Comptes rendus, 4 mars 1901.
  6. P. Curie et Mme  Curie, Rapports au Congrès de Physique, 1900.
  7. Curie et Danne, Comptes rendus, 9 février 1903.
  8. Debierne, Comptes rendus, 16 février 1903.
  9. Rutherford, Phil. Mag., février 1900.
  10. P. Curie, Comptes rendus, 17 novembre 1902.
  11. Elster et Geitel, Physik. Zeitschrift, 15 septembre 1902.
  12. P. Curie et J. Danne, Comptes rendus, 2 juin 1903.
  13. P. Curie et J. Danne, Comptes rendus, 2 juin 1903
  14. Rutherford et Soddy, Phil. Mag., mai 1903.
  15. Ramsay et Soddy, Physikalische Zeitschrift, 15 septembre 1903.
  16. Phil. Mag., 1902, p. 580 ; 1903, p. 457.
  17. Curie et Debierne, Compte rendus, 29 juillet 1901.
  18. Curie, Comptes rendus, 26 janvier 1903.
  19. Giesel, Société de Physique de Berlin, janvier 1900.
  20. Debierne, Comptes rendus, juillet 1900.
  21. Rutherford et Soddy, Zeitschr. für physik. Chemie., t. XLII, 1902, p. 81.
  22. Villard, Société de Physique, juillet 1900.
  23. Mac Lennan, Phil. Mag., février 1902.
  24. Giesel, Wied. Ann., t. LXIX, p. 91.