l’attention des Médecins, auxquels elle pourra fournir des moyens précieux, lorſque l’emploi fera dirigé par une main exercée & par l’eſprit d’obſervation, qui eſt la baſe & le fondement de l’Art de guérir ».
La fabrication du pain de pommes de terre compoſé de leur amidon & de leur pulpe eſt trop difficile ; pour faire l’amidon, il faut nettoyer, râper, tamiſer, laver à pluſieurs repriſes, & faire ſécher ; pour obtenir la pulpe, il eſt néceſſaire de cuire, de peler & d’écraſer exactement ſous un rouleau : cette double opération exige du travail, de l’adreſſe & des frais.
Toutes les pratiques nouvelles paſſent d’abord l’intelligence des hommes groſſiers, mais inſenſiblement ils s’y rendent propres ſur-tout lorſqu’ils ſont inſtruits par l’exemple !
Telle eſt l’opinion d’un grand Miniſtre, & la manière dont il l’a exprimée dans une Lettre qu’il m’a fait l’honneur de m’écrire au ſujet des avantages qu’il reconnoiſſoit au pain de pommes de terre. Le temps & l’induſtrie n’ont-ils pas amené à la plus grande ſimplicité d’exécution poſſible, des procédés qui à leur origine ſe trouvoient très-compliqués ; d’ailleurs, quand bien même cette fabrication exigeroit quelques ſoins de plus que celle des grains, cette raiſon pourroit-elle arrêter ſi le bon marché du réſultat dédommageoit ? Ne voyons-nous pas les Béarnois ſe donner beaucoup de ſoins pour obtenir du pain avec du blé de Turquie, & en former dans certains cantons la nourriture principale, parce qu’ils ont reconnu qu’elle étoit pour eux la plus économique. La gêne de la préparation de l’amidon eſt enflée par les préjugés ; on l’a déjà beaucoup diminuée par le moulin-râpe que nous propoſons, en ſorte qu’on doit eſpérer que la dépenſe de l’amidon ne fera pas auſſi coûteuſe qu’on prétend l’inſinuer. Pourquoi la Mécanique ne fera-t-elle pas auſſi quelques efforts pour préparer la pulpe d’une manière également expéditive ? Ces deux préparations au reſte ſont déjà ſi aiſées, qu’on pourroit les confier à la perſonne la moins intelligente de la maiſon.