Recherches sur l’administration municipale de Rennes au temps de Henri IV/III

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III
COMMENT FONCTIONNAIT L’ADMINISTRATION MUNICIPALE ET SUR QUELLES MATIÈRES S’EXERÇAIT SON ACTION

Au début du XVIIe siècle le rôle du corps municipal de Rennes était en grande partie financier ; il avait à assurer la perception des revenus de la ville et à faire face à toutes ses dépenses : l’entretien des remparts, des rues et des ponts, la construction ou l’entretien de certains édifices, les fêtes publiques, les entrées solennelles des personnages de marque, parfois même les cérémonies funèbres rentraient dans ses attributions à cause des dépenses considérables qu’elles entraînaient et dont Rennes supportait tout le poids. L’organisation militaire de la cité, son organisation ecclésiastique, ses approvisionnements, ses hôpitaux sollicitaient moins l’attention de la Communauté.
1o De l’administration financière ; des revenus de la ville et de l’emploi de ces revenus.

L’exposé de l’administration financière de Rennes comporte une double étude, celle des recettes et celle des dépenses. Il sera nécessaire d’insister particulièrement sur la seconde parce qu’en recherchant quel fut l’emploi des « deniers communs » on pénétrera dans le détail des travaux publics, on retrouvera les usages et les mœurs d’une société qui, sans être bien loin de nous, ne nous apparaît plus cependant sous ses vraies couleurs.

a) Des recettes ; de leur nature et de leur perception ; du chiffre total des recettes comparé avec celui des dépenses.

Les revenus municipaux dérivent de quatre sources principales : revenus patrimoniaux, octrois récemment concédés par les rois à la Communauté, taxes volontairement établies par les habitants, ventes mobilières effectuées pour le compte de la Communauté.

Le plus ancien des revenus patrimoniaux consistait dans un octroi sur les fers, les draps, la mercerie, les cuirs, les laines et le bétail « à pied fourché »[1]. On a vu plus haut qu’on lui donnait le nom de « devoir de cloison », et que la première concession en avait été faite à la ville de Rennes dès le milieu du XIVe siècle[2].

Les « devoirs de vingtain et de quarantin » étaient aussi des octrois fort anciens. Le premier remontait à 1476, l’autre à 1543. Le « devoir de vingtain » frappait les vins vendus en gros et consistait dans la levée de vingt sous par pipe de vin « hors du cru » et de cinq sous par pipe de vin du cru. Le « devoir de quarantin » était perçu sur les vins vendus en détail, à raison de quarante sous par pipe de vin étranger et de cinq sous par pipe de vin breton. Au temps de Henri IV les habitants de Rennes n’étaient pas encore bien certains de pouvoir jouir indéfiniment des produits de ces taxes. Ils demandèrent au Roi de leur accorder à ce sujet des « lettres de confirmation » ; le Roi y consentit en exigeant que les comptables qui auraient le « maniement des deniers du vingtain et du quarantin » comptassent devant la Chambre des Comptes et que l’état de la recette et de la dépense fût « communiqué chaque année au sieur de Rosny »[3]. La Communauté devait, dans la suite, continuer la perception des « devoirs de vingtain et de quarantin » sans nouvelles « lettres », comme si ces taxes lui fussent devenues propres[4].

La ville de Rennes jouissait d’une troisième espèce de revenu patrimonial. Elle possédait des maisons qu’elle affermait ; d’autres maisons, construites sur des terrains qui lui appartenaient, étaient grevées de rentes qu’elle percevait. Le premier janvier de chaque année ses « redevanciers » devaient comparaître en l’Hôtel de Ville pour y présenter chacun les clefs de leurs maisons, ou pour payer leurs redevances. Il serait facile de découvrir quelles étaient les plus importantes propriétés municipales ; il suffirait de dépouiller toutes les listes des « redevanciers », dans les registres de la Communauté. Outre la Maison de Ville, le collège, les hôpitaux, la tour de la grosse horloge ou les tours des remparts qui ne donnaient aucun revenu. Rennes possédait et affermait plusieurs maisons sur la place du Champ-Jacquet, une autre auprès de la porte Saint-Michel, d’autres encore sur la place « du Cartage » et une foule de logements moins importants loués au prix moyen de six livres par an[5] ; elle possédait et affermait les cabarets de la porte Saint-Michel et de la porte aux Foulons, et attribuait au payement des portiers le produit spécial qu’elle tirait de ces cabarets[6].

À partir de 1614 on devait citer le rendement des « droits d’écluses sur la rivière » parmi les revenus patrimoniaux. Au temps de Henri IV il n’en était pas ainsi ; une société financière, qui s’était formée à Rennes pour construire les écluses et qui avait accompli ce grand travail de 1576 à 1585, exploitait seule le transport des marchandises sur la Vilaine[7].

La Communauté eut d’autres revenus que ceux qu’elle considérait comme patrimoniaux. Henri IV lui concéda de nouveaux octrois qui frappèrent encore le vin vendu en gros et en détail. Les lettres patentes du 24 mars 1592 établirent en effet le « devoir » d’un écu et d’un demi-écu par pipe pour la vente en gros[8] ; d’autres « lettres » autorisèrent en 1598 le « devoir du sol et liard par pot » pour la vente en détail[9], mais la perception n’en fut régulière qu’à partir de 1609. La distinction entre « vins hors du cru » et « vins du cru » déterminait la levée de l’écu ou du demi-écu, celle du sou ou du liard[10].

En principe les habitants de Rennes ne pouvaient pas, par eux-mêmes, créer des taxes. Ils le firent cependant en temps de guerre civile. Le 1er janvier 1591 la Maison de Ville décida de percevoir un impôt spécial qu’elle devait employer aux fortifications ; elle taxa même les gentilshommes, les veuves, quelle que fût leur condition[11].

Le produit des ventes de matériaux de démolition ne peut être considéré que comme un revenu accidentel et accessoire ; cependant en 1602 et en 1603 la Communauté put tirer parti de quelques opérations de cette nature, car elle démantelait alors la ville ; elle vendait tous les bois provenant de la démolition des tours[12].

Ce fut par adjudication, « à chandelle éteinte », et « au dernier enchérisseur, » que s’adjugea le droit de percevoir les diverses taxes qui frappaient les marchandises à leur entrée dans Rennes. À l’origine l’adjudication se faisait en présence de la Communauté que présidaient le gouverneur ou son lieutenant ; il paraît en avoir été ainsi pendant la plus grande partie du XVIe siècle ; mais les officiers du Siége Présidial tentèrent de faire adjuger devant eux la perception des « devoirs » ; leur rivalité avec le gouverneur jeta assez de trouble dans l’administration municipale pour que le Parlement crût devoir intervenir (1588) ; il décida que l’on procéderait à l’avenir à l’adjudication des « devoirs » dans l’auditoire du Présidial, en présence de deux de ses propres conseillers que pourraient assister le procureur syndic et plusieurs échevins de la Communauté[13]. Les juges présidiaux obtenaient ainsi la satisfaction dérisoire de prêter leur demeure à des commissaires de la Cour et de la Communauté ; le gouverneur et son lieutenant ne devaient plus assister qu’aux adjudications de travaux publics[14].

Les adjudicataires étaient tenus de payer aux « miseurs » quatre deniers par livre, en sus du prix de leurs fermes. Ces quatre deniers formaient la rétribution accordée aux « miseurs » pour droit de recette. Si un adjudicataire venait à mourir, ses héritiers étaient responsables des sommes dues par lui à la communauté ; ils devenaient adjudicataires à sa place. En 1599 un certain Jean Mérault se fait adjuger la ferme du « devoir de cloison » pour trois années consécutives ; il meurt en laissant des enfants en bas âge ; sa veuve devient tutrice ; elle fait remettre aux « miseurs » l’acte de tutelle qui lui est nécessaire pour rendre sa situation régulière vis-à-vis d’eux, et les « miseurs » eux-mêmes attachent cet acte à leur compte quand ils le présentent à la cour souveraine de Nantes[15].

On ne peut pas douter que les fermiers des « devoirs » aient eu sous leurs ordres un personnel pour les aider dans leur travail de perception ; il paraît impossible de trouver aucune trace de leur comptabilité particulière ou de celle de leurs agents. Les comptes des « miseurs » permettent au contraire de voir très clair dans la comptabilité de la Communauté et l’on sait exactement quels étaient les revenus de la ville au temps de Henri IV. Ils variaient d’une année à l’autre, suivant que le « corps de ville » devait pourvoir à des dépenses plus ou moins importantes. En temps de guerre le budget grossissait nécessairement ; en temps de paix il pouvait encore grossir si la Communauté entreprenait d’élever des édifices nouveaux ou de faire des réparations dispendieuses aux édifices déjà existants, si elle donnait des fêtes ou recevait la visite de grands personnages ; elle demandait alors au Roi de créer pour elle de nouvelles sources de revenus ; elle en créait elle-même. En 1595, en pleine guerre civile, les « miseurs » de Rennes firent une recette totale de trente-six mille deux cent quarante-huit livres, douze sous, dix deniers[16] ; en 1598 ils n’encaissèrent que trente mille neuf cent soixante-onze livres, deux sous, six deniers[17] ; en 1598 les nécessités de la guerre n’étaient plus les mêmes qu’en 1595, et, si la recette se maintenait encore à un chiffre élevé, la raison en est dans les préparatifs que faisait la ville pour recevoir le Roi. Les « miseurs » de l’année 1600, qui se trouvèrent dans une situation normale, ne perçurent que neuf mille cinq cent quarante-deux livres dix sous[18] ; ceux de l’année 1601 dix mille sept cent soixante-neuf livres[19]. Le chiffre des recettes ne fut pas sensiblement modifié jusqu’en 1605[20], mais en 1606 il devint plus considérable d’un tiers[21]; en 1607 les recettes montèrent au chiffre inouï de quatre-vingt-huit mille deux cents livres ; les premières pages du registre où elles sont consignées faisant défaut on ne peut pas établir comment elles l’atteignirent[22]. Des travaux multiples étaient alors en cours d’exécution à Rennes, et les adjudicataires des « devoirs », dont la ferme était triennale, pouvaient en avoir versé tout d’un coup le prix entre les mains des « miseurs ». Cette supposition est d’autant plus admissible qu’en 1608 la recette tomba à douze mille six cent quatre-vingt-douze livres neuf sous quatre deniers[23] ; elle remonta en 1609 et 1610[24], ce qui s’explique par l’établissement définitif de la taxe du « sol et liard par pot », mais elle ne remonta que dans des proportions beaucoup plus modestes.

Les revenus patrimoniaux ne pouvaient couvrir que les dépenses courantes ; dans les années ordinaires ils formaient à peu près toutes les recettes ; ils devenaient insuffisants dès que la ville entreprenait de percer des rues, de construire des ponts, de faire des embellissements dans la Maison Commune, d’agrandir son collège ou d’élever un palais pour le Parlement.

Le chiffre total des recettes ne correspondit pas toujours au chiffre total des dépenses. Entre eux l’écart était parfois énorme. À la fin de l’année 1595 il resta en caisse treize mille sept cent quarante-huit livres[25]. Le compte de 1598 parle d’un excédent de recettes de trois mille quatre-vingt-douze livres[26]; dans celui de 1607 ce même excédent dépasse la somme de cinquante-six mille livres[27]. Parfois au contraire les recettes demeurent au-dessous des dépenses et les « miseurs » sont tenus pour responsables des engagements qu’ils ont pris sans disposer des ressources nécessaires. Le mal n’est pas grand quand les « miseurs » n’ont à rembourser à la Communauté que des sommes minimes ; en 1609 par exemple, il s’agit pour eux d’une dépense de cinquante-huit livres qui n’est pas couverte par les recettes[28] ; mais comme la Communauté, en établissant son budget, rangeait parmi les recettes les sommes que les fermiers restaient lui devoir, les « miseurs » se trouvaient assez gênés si quelque fermier refusait de payer un arriéré important. Il est vrai que la Communauté était libre de dégager leur responsabilité ; si même elle constatait que le fermier avait perdu de l’argent sur sa ferme, elle pouvait renoncer à sa propre créance ; ce cas se présenta en 1601 pour une somme de dix-huit cent soixante-quinze livres[29].

b) Des dépenses. Deux grandes catégories de dépenses : Les dépenses ordinaires et les dépenses extraordinaires. Des travaux publics : Fortifications ; rue d’Orléans et rue de l’Horloge ; Pont-Neuf et médaille du Pont-Neuf ; pavage des rues et des chemins de la banlieue ; reconstruction de l’Hôtel de Ville et du collège ; travaux divers ; adjudication de tous les travaux. — Gratifications, fêtes publiques et cérémonies funèbres : Entrées solennelles des grands personnages ; dépenses faites pour l’entrée de Henri IV (1598), pour celle du duc de Vendôme (1608), pour les funérailles du maréchal d’Aumont (1595) ; services funèbres après la mort de Henri IV (1610).

La Communauté de Rennes distingue entre ses dépenses ordinaires et ses dépenses extraordinaires. Les premières concernent le payement des gages des officiers et tous les frais réclamés par les travaux d’utilité publique ; aux autres se rattachent le payement des aides, les diverses gratifications accordées par la ville, les frais des fêtes publiques. Les officiers municipaux ne sont pas seuls à toucher des gages sur le budget de la ville. Quand Henri II établit à Rennes un siége présidial (1552), il attribua aux nouveaux magistrats quatorze cents livres de gages, au payement desquels la Communauté dut contribuer pour deux cent cinquante livres. À partir de 1585 elle fournit même de ce chef vingt livres de plus par an. Pour qu’elle pût rentrer dans ses déboursés, les rois l’autorisaient à frapper une taxe sur le sel[30]. Dans les registres de comptes des « miseurs » la somme servie pour les gages du siége présidial est inscrite en tête des dépenses ordinaires. Les gages des officiers de la Communauté viennent immédiatement après[31].

La ville ne devait pas de gages à son gouverneur[32] ; mais elle était astreinte à lui fournir un logement. Quand Henri IV eut ordonné aux bourgeois de Rennes de démanteler leur enceinte, et quand ils eurent rendu inhabitables les tours des fortifications, il fallut bien que la Communauté louât une maison pour y installer le gouverneur[33]. Elle donnait au lieutenant une indemnité de trois cents livres par an pour qu’il se logeât à ses frais, et elle devait, dans le même but, à partir de 1613, accorder deux cents livres à chacun des connétables[34]; mais elle ne pouvait pas décemment offrir une compensation de cette nature à son gouverneur. D’ailleurs, en 1606, les fonctions de gouverneur étaient remplies par M. de Béthune, frère de Sully, ancien ambassadeur à Rome. Ce grand seigneur ne voulait pas venir à Rennes sans être sûr d’y trouver un logement convenable ; il écrivait à M. de Brissac, lieutenant général du Roi en Bretagne, pour qu’il engageât la Communauté à ne pas se montrer trop avare, et Brissac déclarait aux bourgeois qu’il fallait à M. de Béthune un logement valant au moins le sien[35]. Il était assez difficile de trouver alors à Rennes des maisons que pussent habiter de hauts personnages. En 1602 le maréchal de Brissac résidait dans le manoir épiscopal, et l’évêque, en rentrant dans Rennes, ne savait où loger. Pendant un an on négocia avec une dame de la Muce pour qu’elle consentît à louer sa maison à la Communauté ; elle le fit enfin, et la Communauté y installa le lieutenant-général[36]. Brissac et Béthune auraient voulu que la ville construisît des hôtels qui leur fussent spécialement réservés ; mais ils rencontraient dans la Communauté une opposition dont ils ne pouvaient triompher, et ils devaient se contenter d’occuper des maisons affermées, bien qu’il ne fût pas « accoutumé de loger par fourrier » les gens de leur monde « aux villes de Parlement »[37].

Les dépenses affectées aux travaux publics, sont assurément les plus grosses que l’on inscrive au budget. Tant que Rennes fut une ville forte, il lui fallut maintenir en bon état ses remparts ; quand on eut décidé d’en faire une ville ouverte, les dépenses ne diminuèrent pas, parce que le goût des constructions coûteuses commença de s’éveiller chez les bourgeois. En 1598 la Communauté délibère sur les réparations que réclament les herses des portes Mordelaise et Saint-Georges[38], et sur le mauvais état de la porte Blanche[39] ; l’année suivante elle constate que de nouvelles dépenses sont devenues nécessaires pour l’entretien de la tour aux Foulons[40] ; en 1600 elle fait fabriquer des herses et répare une brèche de ses murs[41] ; en 1601 nouveaux travaux aux portes et aux tours[42]. À partir de 1602 tout change. On démolit les toitures des tours ; on en arrache les poutres et on met en vente « les bois et merrains » qui proviennent des démolitions[43]. Il ne doit plus être question de l’entretien des fortifications ; tout au plus conserve-t-on, auprès des portes démantelées, quelques bâtiments qui peuvent être utilisés à l’occasion ; c’est ainsi que les écuries de la porte Mordelaise sont réparées en 1608 pour que le gouverneur de la ville y puisse loger ses chevaux[44]. L’argent que la Communauté consacrait jadis à son enceinte elle l’attribue à des travaux d’embellissement et d’assainissement. Dès 1598 elle avait décidé de terminer la rue de l’Horloge qui faisait partie d’une voie importante destinée à relier la Vilaine à la porte Saint-Michel ; en 1605 elle commence de percer la rue d’Orléans qui fut perpendiculaire à la rivière et se raccorda directement avec le Pont-Neuf[45].

Les bourgeois de Rennes avaient, dès cette époque, l’idée arrêtée de redresser les rues de leur ville. Un document de 1588 jette un jour singulier sur la question des alignements telle qu’on la comprenait à Rennes à la fin du XVIe siècle. C’est un arrêt rendu par le Parlement, à la requête de la Communauté. Il y est dit que « les habitants de Rennes seront tenus de retrancher toutes saillies sur rue des maisons de la ville et faubourgs, lorsque les dites maisons seront rebâties, et sans qu’elles puissent être réparées sur rue sans faire le dit retranchement ; et seront tenus bâtir jusques au premier étage de pierre ou brique. Que ès rues passantes qui seront jugées n’être assez larges, ne pourront les dites maisons être rebâties, sans prendre alignement du sénéchal de Rennes, en présence du substitut du procureur général du Roi, pour être laissé telle largeur en la rue que sera nécessaire pour la commodité de la ville. Que prohibitions et défenses seront faites à tous habitants de la ville et faubourgs, du dit Rennes, de quelque qualité et condition qu’ils soient, de mettre aucuns bancs, chevalets, escabelles, trônes de bois, billots ou autres sur rue et hors de leurs boutiques, pendre à icelles aucunes toiles, serpillières, perches, balais ou montres à marchands, ni autres choses quelconques dont la liberté du passage commun puisse être aucunement empêchée »[46]. La Communauté revendiquait donc le droit de fixer les alignements des rues ; en 1588 le Parlement le lui reconnaissait ; en 1610 il rendit un nouvel arrêt confirmatif de ce droit[47].

La construction du Pont-Neuf est liée à l’ouverture de la rue d’Orléans[48]; elle fut un peu postérieure à la mort de Henri IV. Il est cependant nécessaire d’en parler ici parce que les plans de ce grand travail furent préparés dès 1607[49], et parce que le travail lui-même fut mis en adjudication au mois de janvier 1610[50]. La Communauté forma une commission qui s’adjoignit des architectes, des charpentiers et des maçons ; elle fit mesurer la largeur de la rivière et décida que le pont aurait quatre arches et cinq piliers ; les deux arches centrales devaient mesurer chacune dix-huit pieds de large, les deux autres quatorze pieds ; trois piliers devaient plonger dans la Vilaine tandis que deux reposeraient sur ses rives ; chacun des piliers aurait huit pieds d’épaisseur. Le pont devait mesurer vingt-huit pieds de large ; il serait défendu de construire aucune maison sur ses rebords, on le garnirait de parapets en pierre de taille, larges d’un pied et demi ; des deux côtés de la chaussée, s’élevant de deux pieds au-dessus d’elle, on réserverait pour les piétons des « relais », véritables trottoirs, larges de cinq pieds. Le pont-neuf tout entier devait être pavé. On décidait enfin de construire une écluse à côté du pont[51]. MÉDAILLE SCELLÉE EN 1612 DANS LES FONDATIONS DU PONT-NEUFLe musée de Rennes possède la médaille qui fut scellée en 1612 dans les fondations du Pont-Neuf. La gravure que contient ce livre en est la reproduction exacte. La médaille est de laiton ; son diamètre mesure cent vingt-deux millimètres. Sur une de ses faces on voit Louis XIII et Marie de Médicis en costume royal ; une inscription qualifie l’un de roi et l’autre de régente ; le « champ » est semé de fleurs de lis. La seconde face de la médaille présente plus d’intérêt pour l’histoire de Rennes ; elle reproduit les armes de la ville : l’écusson palé d’argent et de sable, au chef cousu de quatre mouchetures d’hermine ; la couronne de comte, simple cercle surmonté de perles, rappelant que Rennes fut jadis capitale d’un comté ; la cordelière que la Communauté mettait dans ses armes par vénération pour la duchesse Anne. Cette face de la médaille est surtout curieuse en ce qu’elle présente un motif qui lui est particulier : au bas de l’écu une hermine marche, le corps enlacé dans la cordelière. Voici l’inscription qui se lit sur le pourtour des armes de Rennes : CLAUD. DE BRIT. PRÆF. URB. RHED. HÆC FUND. IAC. SUNT A CIVIB. 1612[52]. Cette inscription signale comme gouverneur de Rennes un Claude de Bretagne qui n’est autre que Claude d’Avaugour, comte de Vertus[53] ; il descendait d’un bâtard du duc François II.

Le nettoyage, le pavage et l’entretien des rues, des places et des ponts comptaient encore pour beaucoup dans les dépenses de la Communauté de Rennes. Tantôt la ville donne à bail l’entretien des ponts pour six ans, à raison de deux cents livres par an[54] ; tantôt les miseurs se chargent d’y faire faire eux-mêmes les réparations devenues nécessaires[55] ; ce sont eux encore qui prennent des ouvriers pour faire nettoyer la place du Champ-Jacquet[56], ou pour faire transporter dans les jardins des Capucins les terres qui encombrent la place Sainte-Anne[57]. La question des pavés intéressait particulièrement la viabilité dans Rennes. On ne pavait pas seulement les rues de la ville elle-même, mais aussi les grandes avenues qui conduisaient à travers les faubourgs jusqu’aux portes de l’enceinte. Dans les délibérations de la Communauté, dans les comptes des « miseurs » les adjudications de pavage reviennent très fréquemment. En 1598 le chemin de la Madeleine et le pont du faubourg l’Évêque sont pavés aux frais de la ville[58]; en 1599 les paveurs se transportent dans le faubourg du Nord et dans la rue Haute[59] ; en 1601 nous les trouvons sur les chemins de Pacé, Vezin, Dinant, Saint-Laurent et Chantepie ; la somme totale qui leur est payée dans le cours de cette année est de trois mille sept cent vingt-neuf livres, onze sous, six deniers. Le registre de comptes des « miseurs » paraît établir avec précision quel travail chacun d’eux a fait[60]. Dans les « bannies » et adjudications de pavés on voit intervenir des renseignements très précis. Le 7 août 1600, pour paver un espace de soixante-quatre toises de large, un paveur demande cinquante écus, un autre quarante ; le premier se ravise et se fait adjuger l’entreprise pour trente-cinq écus[61]. Il serait possible que la Communauté n’eût pas été astreinte à entretenir le pavé qui avoisinait immédiatement les églises. Un document de 1598 le fait supposer ; la maison de ville y décide d’inviter les trésoriers de l’église Saint-Germain à faire paver au plus vite devant l’entrée de cet édifice.

L’entretien, l’agrandissement et la reconstruction des monuments publics devaient absorber aussi une grosse part des revenus de la ville. La construction du Palais fut bien décidée au temps de Henri IV, mais elle ne fut entreprise que plusieurs années après sa mort et ne s’acheva qu’au bout de trente-six ans. Aussi insistera-t-on de préférence sur les grands travaux qui se firent dès les premières années du XVIIe siècle dans la Maison Commune et dans le collège de Rennes.

On a dit plus haut que le « corps de ville », en prévision de la venue de Henri IV, avait fait construire en 1598 une sorte de pavillon où il résida près d’un siècle[62]. Ce bâtiment fut sans doute élevé avec trop de précipitation. Au bout de dix ans sa toiture tombait en ruines. D’autre part il était, à coup sûr, beaucoup trop étroit, et, dès 1608, on lui annexa une vieille maison qui se trouvait à vendre à côté de lui[63]. Dans cette même année 1608, on construisit sur le devant de l’Hôtel de Ville un escalier en pierres de taille qui conduisait à un perron sur lequel s’ouvrait la grande salle réservée aux assemblées générales. Il coûta à la ville dix-huit cent soixante-dix livres[64]. En outre le maçon qui s’était fait adjudicataire de la construction du perron prétendit avoir perdu quarante livres dans ce travail, et la Communauté consentit à lui en tenir compte[65]. On plaça des portes neuves au-dessus du perron et le menuisier qui les fournit se fit payer vingt-cinq livres[66].

On possède encore le détail de toutes les dépenses faites à l’Hôtel de Ville en 1608. Dans le document qui les reproduit elles sont classées avec ordre. On y voit figurer, en différents articles, le travail des maçons, celui des charpentiers, des couvreurs, des plombiers, des menuisiers, des tapissiers, serruriers, vitriers et peintres ; on peut, grâce à lui, se faire une idée approximative du prix des matériaux et de la main-d’œuvre au temps de Henri IV. Un charpentier est payé trois cent soixante-dix livres pour avoir fourni le bois nécessaire à la charpente de la Maison de Ville et construit cette charpente ; un autre demande et obtient vingt livres pour démolir et enlever un escalier de bois. Un couvreur couvre d’ardoises l’édifice entier pour quatre cent huit livres. Les maîtres plombiers déclarent que le plomb coûte deux sous, six deniers la livre et qu’il leur faut en employer un poids de quatre mille huit cent quatre-vingt-sept livres et demie. Les menuisiers font payer leurs « croisées » à raison de vingt-sept livres chacune. L’Hôtel de Ville fut décoré en 1608 avec une certaine recherche. On peignit le plafond de la chambre du conseil « de couleurs d’or et azur », et on y suspendit douze tableaux de « grotesques » ; dans la grande salle on peignit les soliveaux et les « croisées », et on disposa des pièces de bois destinées à supporter les « grotesques »[67]. En 1610 la décoration de l’Hôtel de Ville se continuait. Les comptes des « miseurs » parlent d’un « architecte » et sculpteur » du nom de Germain Gaultier qui y élève des cheminées monumentales ; ces cheminées étaient en pierre peinte, enrichies de pièces de marbre et encadrées de rideaux d’étoffes somptueuses. Elles coûtèrent la somme considérable de sept cent onze livres[68].

L’installation du collège de Rennes, comme celle de la Communauté fut profondément modifiée. Cela vient surtout de ce que cette maison d’éducation fut remise aux mains des Jésuites. Dès 1586 la Communauté avait décidé de faire venir les Pères pour leur confier « l’instruction de la jeunesse » ; elle voulait les installer dans le prieuré de Saint-Thomas qui lui appartenait, et où elle avait établi déjà des écoles publiques ; elle ne passa de traité définitif avec les Jésuites que le 24 octobre 1606[69]. En attendant le collège de Rennes demeura sous la direction d’un principal assisté de régents. Les bâtiments du collège étant entretenus aux frais de la ville[70], la Communauté se croyait en droit de mettre la main dans l’administration de cette maison ; elle autorisait le principal à exiger des enfants des riches cinq sous par mois, et de ceux des pauvres trois sous[71], mais elle nommait des commissaires pour vérifier les comptes du principal[72] ; la gestion financière du collège lui paraissait être une partie de sa propre gestion. Aussi prétendait-elle surveiller les abus qui pouvaient la compromettre ; en 1601 on vit ses commissaires faire une enquête sur des désordres dont le collège était le théâtre, en chasser une femme de mauvaise vie, et en casser le principal[73]. Quand les Pères Jésuites furent installés dans le collège Saint-Thomas, ils échappèrent en partie au contrôle de la Communauté, parce qu’on leur constitua une dotation et parce que des revenus fixes leur assurèrent une certaine indépendance.

En 1605 la Communauté entreprit de faire au collège des travaux fort coûteux. On ne connaît pas le chiffre total de la dépense exigée par ces travaux, mais on sait que la ville ne fut pas seule à en supporter les frais ; les États de Bretagne votèrent, en effet, douze mille livres pour la construction des bâtiments, en déclarant que l’argent serait remis par leur trésorier, non pas aux Jésuites qui auraient voulu l’employer à leur guise, mais aux délégués de la Communauté[74]. En 1606 les « miseurs » font élever un grand bâtiment réservé aux classes[75]; ils achètent des maisons et des jardins qu’ils rattachent au collège[76] ; l’année suivante ils font réparer « le grand corps de logis » du collège[77]. Les registres de la Communauté parlent tour à tour de l’adjudication de travaux de charpente[78] ou de planchers[79], de la démolition du « vieux logis »[80] et de la construction du « grand logis neuf »[81]. La Communauté nomme des commissaires pour surveiller les achats de matériaux[82] et pour constater si la menuiserie est faite avec soin[83], pour acheter le mobilier du collège[84]. En 1609 on construit un autre bâtiment où doivent être installées la classe de philosophie et la « grande salle des actions ». Le 27 avril sont posées les trois premières pierres de ses fondements ; l’une est posée par M. de Lombard, lieutenant du gouverneur, les deux autres par le premier et le second connétable[85]. La pièce où se trouvent consignées les conditions auxquelles fut soumis l’adjudicataire de la nouvelle entreprise subsiste encore ; on y a fixé la profondeur des fondations de l’édifice, l’épaisseur des murailles, la quantité de maçonnerie qui doit être faite, la pierre de taille dont l’emploi est exigé, les dimensions des salles, la largeur et la hauteur des fenêtres, les écussons qui seront placés au-dessus des portes, la nature de la pierre que réclament les entablements et une foule d’autres détails sur les portes, sur les ferrures, sur la charpente, sur les vitres des fenêtres. Assurément la Communauté et ses agents apportaient un soin scrupuleux dans les marchés qu’ils passaient avec les entrepreneurs[86].

On se rendra compte de l’activité des travaux publics à Rennes au temps de Henri IV, si l’on songe que la Communauté menait alors de front bien d’autres ouvrages ; elle accueillait les Capucins dans Rennes en même temps que les Jésuites ; elle achetait pour eux des terrains et les faisait enclore de murs[87] ; la tour de la grosse horloge était l’objet de réparations importantes[88] ; il fallait refaire à neuf le pignon de l’église Saint-Sauveur[89]; on construisait enfin l’hôpital de la Santé[90]. Sur ces divers travaux on pourrait reproduire des détails analogues à ceux que l’on a déjà relevés à propos de l’Hôtel de Ville et du collège. Il y a plus, la Communauté distribua dans Rennes des eaux potables ; elle pourvut à l’entretien des pompes[91]; elle poursuivit devant le siége présidial les malfaiteurs qui s’avisaient de rompre les tuyaux des eaux[92] ; elle fit marché avec des « fontainiers et plombeurs », et fixa avec précision les conditions de leur travail[93].

Pour en finir avec la question des dépenses ordinaires, il suffira de dire que les « miseurs » devaient acquitter les frais de chauffage faits dans la Maison de Ville, payer le pain et le vin qui parfois y étaient consommés[94] ; ils devaient solder les « épices » que réclamaient « les maîtres des comptes ». L’examen du compte des « miseurs » de 1601 coûta à la Communauté cent quatre-vingt quinze livres d’ « épices » pour une recette de dix mille sept cent soixante-neuf livres et une dépense d’onze mille trois cent quatre-vingt-onze livres[95].

Les dépenses extraordinaires ne pesaient pas beaucoup sur le budget de Rennes au XVIe siècle ; elles s’accrurent démesurément dans le courant du XVIIe.

Parmi les dépenses extraordinaires on peut citer tout d’abord les droits de recette de l’aide ; les bourgeois de Rennes n’étant pas sujets à la taille payaient exceptionnellement l’aide des villes ; la Communauté devait alors donner aux receveurs généraux des finances le sou pour livre, comme droit de recette. En 1601 les « miseurs » versèrent ainsi deux cent quatre-vingt-cinq livres entre les mains de Me Claude Cherbonnel, commis de « noble homme » Pierre Fyot, conseiller du Roi et receveur général de ses finances en Bretagne[96].

Les frais des députations comptaient encore parmi les dépenses extraordinaires de la Communauté. On a vu plus haut quels abus elles comportaient[97].

L’abus des gratifications fut plus grave encore ; il devint tel que l’équilibre du budget municipal ne put être établi que par des expédients. Quand des princes, de grands seigneurs ou des personnages influents entraient dans Rennes, les gratifications devenaient fort nombreuses ; leur réception entraînait d’ailleurs bien d’autres dépenses. Nous ne pouvons guère trouver étrange que la ville ait cru devoir faire des présents de vaisselle d’argent à ses gouverneurs quand ils entraient dans ses murs pour la première fois[98]; qu’elle ait fait un présent de vin à M. de Montbarot revenant de voyage[99]; nous sommes plus étonnés de la voir en user de même à l’égard d’un général des finances[100], et du fils d’un secrétaire d’État[101] qui sont de passage à Rennes ; encore peut-on supposer que la Communauté espérait, par de bons procédés à leur égard, s’assurer leur bienveillance ou leur appui ; mais il y a certainement de la prodigalité dans les gratifications accordées en 1598 à une foule de personnes qui se trouvaient dans la suite du Roi. Non seulement M. le chancelier, M. de Schomberg, M. de Gesvres, secrétaire d’État, M. de Vitry, capitaine des gardes, le baron de Salignac, « commandant en l’armée », reçoivent chacun une barrique de vin[102], et le maréchal de camp de l’armée du Roi reçoit une haquenée[103]; mais les « miseurs » donnent douze écus au maréchal des logis de Henri IV, treize écus aux fourriers, six écus aux archers des gardes, quatre écus aux « archers de la porte », six écus aux « huissiers de la salle », quatre écus aux trompettes et vingt écus aux lieutenants des gardes ; les huissiers de la chambre du Roi reçoivent douze écus. Le registre de la Communauté indique encore d’autres gratifications ; il parle de bouteilles de vin et de barils de confitures distribués en l’honneur de l’arrivée du Roi[104]. Il était tout à fait dans les mœurs du temps que les villes fissent des cadeaux à leurs visiteurs de haut parage et aux gens de leur suite. Nantes n’agissait point autrement que Rennes[105]. Quand il entrait dans Rennes, le premier président du Parlement voyait le « corps de ville » venir au-devant de lui et il recevait un cadeau de vin ou de confitures[106]. Il en était de même des gouverneurs, et il vint un temps où les officiers qui les accompagnaient osèrent se plaindre tout haut que les gratifications se fissent attendre[107]. En 1613 Madame de Vendôme vint à Rennes avec son mari pour assister à la « tenue » des États ; comme elle ne l’avait pas accompagné en 1608, et comme, par suite, la ville de Rennes n’avait pas encore eu l’occasion de lui témoigner son affection, la Communauté décida de lui offrir deux bassins de vermeil[108]. La question des gratifications avait tant d’importance à Rennes que plusieurs articles du règlement de 1622 lui furent consacrés. On y peut voir qu’il était d’usage que la Communauté fît des présents aux commissaires du Roi quand les États siégeaient à Rennes, qu’elle en fit même à quelques membres des États quand ces assemblées se réunissaient et quand elles se dispersaient ; qu’à l’ouverture de chaque « semestre » du Parlement elle en fît aux «  présidents à mortier », aux gens du Roi et au doyen des conseillers[109].

Il s’agit maintenant de rechercher quelles dépenses générales les « entrées solennelles » des grands personnages rendaient nécessaires ; elles variaient en raison de la dignité des visiteurs que recevaient les bourgeois de Rennes. En 1598 Rennes eut l’insigne honneur de recevoir Henri IV lui-même. Le « corps de ville » décida de percevoir pendant un an la taxe du « sou et liard par pot », « attendu que la ville n’avait aucun moyen de satisfaire autrement aux frais qu’elle devait s’imposer »[110]. Cette décision une fois prise il multiplia les « commandements aux miseurs ». Le manoir épiscopal fut aménagé pour recevoir le Roi ; on en fit blanchir la grande salle[111] ; on y prépara des chambres et des cabinets ; on en nettoya la cour qui était salie d’immondices[112] ; on acheta plusieurs charretées de paille pour mettre dans les lits du manoir ; on fit faire une douzaine de grands chandeliers de bois qui furent placés « ès salles et chambres du Roi »[113] ; on loua des tapisseries pour en tendre les murailles[114]. Quand le Roi fut arrivé, les « miseurs » envoyèrent des travailleurs sur la route de Chateaugiron pour aider au transport de ses bagages[115]. Tout en fixant l’itinéraire que devrait suivre Henri IV pour s’acheminer de la porte Toussaints vers la Cathédrale, la Communauté décida de faire sonner la grosse horloge, deux heures durant, le jour de son entrée, de faire tirer les couleuvrines et le canon[116], et elle « délivra » deux cent trente livres de poudre à Michel Morbihan, contrôleur de l’artillerie[117]. Elle commanda douze écussons, dont quatre aux armes de France, quatre à celles de Navarre, et quatre aux armes de Bretagne ; ils furent placés trois par trois sur la porte Toussaints, à l’entrée de l’église Saint-Germain, à l’entrée du manoir épiscopal et au-dessus des portes de la cathédrale. Un dais de satin gris blanc, « garni de frange de soie avec de la crépine d’or » devait abriter Henri IV, mais ce prince fit avertir la Communauté qu’il ne se placerait pas sous le dais ; la dépense n’en était pas moins faite et le dais fut confié aux « miseurs »[118]. Une commission fut formée pour acheter des étoffes et faire faire des enseignes aux couleurs du Roi[119] ; une autre fit dresser des arcades de lierre auprès de la porte Toussaints, de l’église Saint-Germain et du manoir.

En même temps on construisait « au grand bout de cohue » un « échafaud » sur lequel devaient se placer des joueurs de violons et de hautbois[120] ; on recrutait des « joueurs de bombardes » ; on « accoutrait de blanc » cinquante enfants à qui M. de Montbarot donnait son fils pour chef, et qui devaient être passés en revue par César de Vendôme[121] ; on faisait faire quatre clefs d’argent doré qui furent attachées avec un cordon de soie aux couleurs du Roi, pour lui être présentées lors de son entrée dans la ville[122]. Vinrent ensuite les discussions sur les victuailles. Dans la séance du 29 avril la Communauté ne s’inquiète que des provisions qu’elle doit rassembler : elle décide d’acheter deux douzaines de jambons de Mayence, douze douzaines de cervelas, quatre douzaines de « goullures fumées », six douzaines de fromages ; elle achètera une charge de citrons et d’oranges, quarante-huit boîtes de marmelade, vingt-quatre livres d’écorce de citron ; elle achètera des barils de confitures, de l’anis et des abricots secs. Le vin ne sera pas oublié. Les « miseurs » devront se procurer deux barriques de vin blanc, deux de vin claret, quatre de vin étranger et plusieurs barils de vin d’Espagne ou des Canaries[123]. La Communauté invite enfin les habitants à se montrer eux-mêmes généreux, à tendre leurs maisons de tapisseries[124] et à se tenir « garnis de bouquets et eaux odoriférentes, pour jeter sur les rues » par où passerait le Roi ; elle invite les trésoriers des paroisses à faire tendre les façades de leurs églises. Henri IV ne voulut pas que les rues fussent tendues en son honneur[125].

Si l’on entreprenait d’énumérer les dépenses que fit la Communauté en 1608 pour « l’entrée solennelle » de M. de Vendôme, gouverneur de la province, il faudrait reproduire beaucoup des détails relatifs à l’entrée de Henri IV. Il en est toutefois quelques-uns qui sont spéciaux à l’année 1608. La Communauté fit alors construire auprès de la « cohue » une pyramide qui lui coûta quatre cent vingt-huit livres ; elle éleva sur la place Sainte-Anne « un logis en forme de reposoir » où se tint le duc de Vendôme pour passer en revue les milices des bourgeois et écouter les harangues qui lui furent faites ; le dit reposoir coûta six cent une livres. La dépense faite pour les joueurs d’instruments dépassa huit cents livres, mais la Communauté se montra surtout généreuse dans le présent qu’elle fit au duc ; elle lui offrit un « panier fruitier » et une « plaque d’argent pour flambeaux, le tout ciselé à jour » ; dans le compte de ses dépenses, ces objets d’art sont inscrits comme ayant été achetés deux mille sept cent cinq livres[126].

L’évêque François Lachiver entra dans Rennes le 2 septembre 1602; on lui rendit les honneurs qui lui étaient dus ; le gouverneur de Montbarot, son lieutenant et le « corps de ville » vinrent au-devant de lui, en costume de cérémonie jusqu’à la porte Mordelaise ; MM. du Parlement assistèrent à la grand’messe qui fut célébrée en son honneur en l’église Saint-Pierre ; mais les dépenses faites par la Communauté pour célébrer l’entrée de l’évêque furent minimes ; elles ne dépassèrent pas deux cent trente-quatre livres[127].

Les réjouissances publiques offrent dans Rennes une certaine variété au début du XVIIe siècle ; les frais en sont toujours payés par la Communauté. Ce sont des feux de joie[128] ; des « feux artificiels » préparés par les soins des « miseurs »[129], des salves d’artillerie[130], des concerts en plein air, des « montres » ou revues de la milice commandée par ses connétables, le lieutenant du gouverneur ou le gouverneur lui-même, des sonneries de la grosse horloge[131], des collations avec « confitures sèches et dragées », même des bals donnés à l’Hôtel de Ville[132].

De même qu’elle organisa des fêtes, la Communauté fit célébrer des cérémonies funèbres ; elle en comptait les frais parmi ses dépenses extraordinaires. Quand le maréchal d’Aumont mourut dans le manoir épiscopal, elle lui rendit les honneurs qu’elle lui devait et ne s’abstint de régler la forme de ses funérailles officielles que pour ne pas empiéter sur le droit des États à qui l’honneur en revenait, M. d’Aumont étant mort au service de la province[133]. Quand Henri IV fut assassiné, la Communauté lui fit de splendides « funérailles » dans l’église cathédrale. Elle mit en adjudication la fourniture des « torches et pillots »[134] et de tout ce que réclamait le « luminaire » ; l’adjudicataire s’engagea à fournir cent torches neuves, et à disposer des « pillots » autour de l’église en ne laissant jamais entre eux qu’un pied d’intervalle ; il dut fournir la chapelle ardente d’un nombre illimité de cierges et de « pillots » ; d’après son « bail » il était payé quatre cents livres. On décida de dresser au milieu de l’église Saint-Pierre un « échafaud » surmonté d’une « tente », sorte de catafalque dont l’entreprise fut aussi donnée par adjudication. Les « preneurs » en fournirent la serge et le velours. Il n’y eut point d’église dans Rennes, point de chapelle de couvent, qui ne dussent, en signe de deuil, tendre leur maître autel de serge et de velours noirs[135]. Toutes ces cérémonies durèrent trois jours et coûtèrent à la ville trois mille deux cent vingt livres[136]. On y peut voir une marque de l’émotion où la mort du Roi jeta les habitants de Rennes ; ils se demandèrent sans doute, comme le maréchal de Brissac aux États de Saint-Brieuc, si jamais ils découvriraient des « signes funèbres suffisants pour enseigner l’excès de leur malheur »[137].

2o De l’organisation militaire et du contrôle que la Communauté peut exercer sur elle : Capitaines de la ville ; police ; « contrôleur et garde » de l’artillerie ; grand-portier et sous-portiers ; confrairie du Papegault et privilèges des « rois » du Papegault.

Formant en réalité le seul vrai pouvoir municipal de Rennes, la Communauté exerça un certain contrôle sur le fonctionnement d’institutions qui paraîtraient, au premier abord, avoir dû jouir d’une vie propre, mais qui lui furent soumises dans une certaine mesure, et pour diverses raisons. On serait tenté de croire que l’organisation militaire de la ville avec ses capitaines de « cinquantaines » et ses caporaux de « dizaines », avec son « contrôleur et garde de l’artillerie », son « grand-portier » et ses « sous-portiers », n’eût dû dépendre que du gouverneur ; mais, à l’époque dont il est ici question, ces personnages ne s’étonnaient point de recevoir des ordres de la Communauté. La confusion des pouvoirs était partout, et, si le gouverneur et le Parlement entreprenaient parfois d’empiéter sur le domaine purement municipal, la Communauté, de son côté, sortait volontiers du cercle d’attributions où l’on serait disposé, de nos jours, à enfermer un corps municipal. La Communauté n’oubliait pas qu’elle nommait les capitaines de la ville[138], que devant le gouverneur, et, en son absence, devant son lieutenant ou ses connétables, ils étaient tenus de lui prêter serment avant d’entrer en fonctions ; elle les considérait si bien comme placés sous sa dépendance qu’à son gré elle les appelait en la Maison de Ville ou leur en refusait l’entrée ; quand ils paraissaient dans la salle où elle délibérait, elle les reléguait derrière son bureau ; si elle les autorisait à prendre part à ses votes, leur opinion devait être émise collectivement et ne comptait que pour une voix[139]. On peut déjà trouver extraordinaire qu’elle ait songé à se servir d’eux pour surveiller la répartition d’un emprunt forcé entre les différents quartiers de la ville[140] ; mais, il est encore plus surprenant qu’elle leur ait commandé de rassembler ceux des habitants qu’ils avaient sous leurs ordres, pour se présenter en armes devant le gouverneur de la province[141]. Si le gouverneur de la ville était absent, son lieutenant aurait dû suffire pour convoquer de lui-même la milice urbaine ; la Communauté eût pu tout au moins l’inviter à agir sans passer par-dessus sa tête pour faire connaître ses volontés aux simples capitaines. Lorsque le Roi entra dans Rennes en 1598, la Communauté donna des ordres précis à la milice. Elle décida que les bourgeois iraient au-devant du Roi, à cheval, à la suite de leurs connétables[142]; elle spécifia que chacun d’eux serait « en bon équipage » et avec de bonnes armes » ; ce fut elle qui fixa le lieu où le Roi passerait en revue les bourgeois ; elle menaça d’une amende d’un écu tous ceux qui lui opposeraient quelque résistance[143]. Il est probable que l’autorité du lieutenant et des connétables n’était pas très respectée, si la Communauté en était réduite à la soutenir par de pareilles menaces.

On ne voit pas que la Communauté se soit préoccupée de constituer à Rennes une police régulière. M. de Montbarot avait bien créé en 1588 trois compagnies chargées de « faire la patrouille » pour la sûreté de la ville ; mais, recrutées parmi les bourgeois et n’ayant à leur tête que les capitaines ordinaires, qui ne recevaient point de gages, ces compagnies ne se mettaient pas facilement en mouvement[144]. Le Parlement rendait arrêt sur arrêt contre les malfaiteurs, ordonnait aux capitaines de leur courir sus, mais les malfaiteurs restaient en liberté[145].

Le « contrôleur et garde de l’artillerie » était payé par la Communauté[146]. C’était encore la Communauté qui lui « délivrait » la poudre dont il avait besoin, ou l’argent dont il justifiait l’emploi sur son « état de frais »[147]. Faisant face aux dépenses de l’artillerie, les bourgeois exigeaient que leur « contrôleur et garde » leur soumît de temps à autre un inventaire de tout ce qui se trouvait en sa possession. Il subsiste un document de cette nature pour l’année 1599. Il y est dit qu’il se trouve deux canons « dans une halle appelée le Cartage », que dans l’Hôtel de Ville il y a deux « bastardes » et trois « fauconneaux » ; les « bastardes » sont « calibre de France, l’une sur son affut, l’autre non montée » ; chacune d’elles a douze pieds de long et est « marquée aux armes de la ville » ; les fauconneaux sont également « marqués » ; ils ont cinq pieds de long et sont « montés ». La tour Saint-Yves possède deux « berchés » en fer, non montées ; la tour de Champdolent une « arquebuse à croc » ; les tours de Toussaints deux « fauconneaux » de cinq pieds, « marqués » et « montés », deux « arquebuses à croc » et une « berche » ; les tours de la porte Blanche trois « fauconneaux » de neuf pieds et six arquebuses. Il serait superflu de continuer cette énumération. Il suffira d’ajouter que l’armement et les approvisionnements de guerre étaient assez importants à Rennes à la fin de la guerre civile. Il y avait dans la ville huit canons, deux bastardes, cinq faucons, dix fauconneaux, deux couleuvrines, neuf berches, cinq bombardes et quarante arquebuses. On tenait en outre en réserve neuf cent quinze boulets de divers calibres, dont cent cinquante en pierre, huit barriques de salpêtre, trois barriques de souffre pesant onze cent trente-huit livres, deux mille deux cent vingt-quatre livres de poudre, cinq cent quatre-vingts fers de piques, des lanternes, des écouvillons et des refouloirs pour l’artillerie, des casaques de pionniers[148]. Le « contrôleur et garde » était alors Michel Morbihan.

Les charges de « portiers » furent indirectement subordonnées à l’Hôtel de Ville qui en disposait quand elles devenaient vacantes, et qui leur assurait des gages. À un moment donné, le gouverneur de la province, M. de Vendôme, voulut nommer le « grand-portier » ; mais le procureur syndic protesta et prouva que, depuis plus de cent ans, les bourgeois avaient le privilège de choisir cet officier. Vendôme renonça à sa prétention (1599)[149]. Le « grand-portier » avait pour fonction de fermer et ouvrir les portes de la ville à des heures déterminées ; il considérait le gouverneur de Rennes comme son chef militaire, et lui remettait chaque jour les clefs des portes. Il avait lui-même sous ses ordres des « sous-portiers » qu’il payait comme bon lui semblait. On voit fonctionner à Rennes, ainsi que dans bien des villes de Bretagne[150], une institution qui, sans être essentiellement militaire, eut pour objet d’exercer les habitants au maniement des armes. C’était une sorte de société de tir, la « confrairie des chevaliers du papegault », ainsi nommée parce que ses membres s’exerçaient au tir de l’arc, de l’arbalète et de l’arquebuse, en prenant pour but un oiseau de fer ou de bois que l’on appelait « papegault » et que l’on fichait au bout d’une verge de fer, sur une des tours de la ville. Chaque année un concours s’ouvrait entre tous les « chevaliers », et le vainqueur, l’ « abatteur du papegault », était proclamé « roi ». La confrairie nommait tous les ans deux prévôts qui administraient les « deniers » mis en commun. La Communauté exerça une certaine surveillance sur les « rois », les prévôts et les chevaliers du « papegault ».

Un des registres de la Communauté fournit des détails précis sur l’institution originale dont il est ici question. Le 1er mai 1607, les prévôts du « papegault », accompagnés d’un grand nombre de chevaliers, parurent « en l’enclos de la maison commune », et présentèrent au « corps de ville » un « joyau du papegault »[151] dont ils avaient surveillé la fabrication ; ce « joyau » avait été « chiffré » par le lieutenant du gouverneur ; la Communauté s’assura qu’il était « de bonne fabrication ». Pour se conformer à l’usage, les prévôts n’avaient plus qu’à faire connaître la liste sur laquelle les chevaliers devaient leur choisir des successeurs. Ils le firent, et, sous les yeux de la Communauté, on procéda à l’élection des nouveaux prévôts qui furent l’apothicaire Jean Voilant et Guillaume Pichart, procureur au siége présidial. Quand ils eurent prêté serment devant le « corps de ville », M. de Lombart se leva pour aller « ouvrir le jeu ». Les chevaliers le suivirent. Tous se rendirent derrière l’Hôtel de Ville, dans un terrain vague qui s’étendait au pied de la tour Duchesne sur laquelle « fut monté » le « papegault »[152]. À partir de 1608 le concours de tir ne devait plus se faire en cet endroit, mais, « dans la douve » que l’on trouvait au delà de l’église Saint-Georges. Dès lors le « papegault » ne fut plus placé qu’à hauteur d’homme ; on le masqua même avec une plaque de fer percée d’un trou par lequel la balle devait passer pour l’atteindre[153].

Il est un document de 1601 qui permet de compléter les renseignements fournis par le registre de 1607. C’est un « acte de nomination d’un roi du papegault » daté du 19 juin 1601. Il y est dit que M. de Lombart, assisté de plusieurs « rois des années précédentes », des prévôts, et de nombreux chevaliers, a conduit devant la Communauté le sieur André Chevet, maître boulanger, qui a pris la parole et déclaré avoir, « en son rang et ordre, abattu le joyau de la balle qui était en son arquebuse » ; il y est dit encore que les prévôts ont confirmé le dire de ce personnage, qu’aucune opposition ne s’est fait jour contre lui, et qu’enfin M. de Lombart lui a fait prêter serment de s’acquitter fidèlement de ses devoirs de « roi ». La royauté de l’arquebuse plaçait celui qui en était investi à la tête de toute la confrairie ; elle l’astreignait, il est vrai, à payer le « joyau » de l’année suivante, mais, par les privilèges qu’elle lui conférait, elle était assurément des plus lucratives. Quand André Chevet eut prêté serment, il sortit de l’Hôtel de Ville et fut conduit par M. de Lombart, les anciens rois, les prévôts et les chevaliers jusqu’à la butte de l’arbalesterie qui se trouvait voisine de la porte Saint-Michel ; là il tira « à blanc » un coup d’arquebuse[154]. Tous les ans le « roi de l’arquebuse » en faisait autant, en souvenir des exercices de tir à l’arbalète qui, dans un temps fort éloigné, s’étaient faits dans cette partie de la ville[155].

Il suffira de dire maintenant quelques mots de l’administration de la prévôté du « papegault », des privilèges du « roi » et de la réunion au domaine d’une partie de ces privilèges. Il subsiste un compte des prévôts pour l’année 1603-1604. Cette pièce est fort intéressante en ce qu’elle nous apprend que tout homme qui se faisait recevoir chevalier payait un droit d’une livre, et que chaque chevalier payait une cotisation annuelle de deux sous ; en 1603 il y avait à Rennes deux cent trente-trois chevaliers du « papegault ». Les prévôts faisaient toutefois des dépenses qu’ils ne couvraient pas avec leurs recettes, et la Communauté le constatait quand elle revisait leurs comptes ; elle consentait à leur accorder quelques secours, et, grâce à elle, la confrairie ne s’endettait pas. Les prévôts faisaient dire une messe par semaine dans le couvent des Carmes, ce qui leur coûtait quinze livres au bout de l’année ; ils offraient au prieur du même couvent une collation de trente sous. Le premier mai, quand s’ouvrait le concours, ils payaient des hommes de peine pour transporter dans le champ de tir des tapisseries décoratives, des tables et des chaises ; ils y installaient des « buvettes » ; ils y offraient une collation succulente au gouverneur ou à son lieutenant, aux connétables et aux notables bourgeois. Dans le compte que l’on analyse ici les prévôts accusent de ce chef une dépense de soixante-treize livres huit sous[156].

L’institution du « papegault » paraît avoir été assez démocratique. Le droit payé par tout chevalier, à son entrée dans la confrairie, n’était pas trop élevé pour que beaucoup de gens en fussent exclus ; des privilèges très enviables étaient conférés au tireur le plus adroit. Le « roi » du papegault pouvait faire entrer dans la ville, vendre ou faire vendre en détail, sans payer aucun droit, cinquante tonneaux de vin. Il va de soi que s’il avait le goût de la fraude, il introduisait dans Rennes une plus grande quantité de vin et faisait de très gros bénéfices, durant son année de royauté. Cela est si vrai que les fermiers des « impôts et billots » protestaient contre les agissements des « rois du papegault », et que Henri IV, pour qu’il ne se vendît plus de vins en franchise, leur donna le droit de payer eux-mêmes aux vainqueurs du tir les sommes qu’ils avaient gagnées[157].

On comprendra facilement combien fut impopulaire en Bretagne, et en particulier à Rennes, l’édit de Henri IV, qui réunissait au domaine les « droits du papegault de l’arc et de l’arbalète », pour ne laisser subsister que le privilège de l’arquebuse. La Communauté de Rennes fit opposition à l’édit royal[158]. Les chevaliers du « papegault » s’indignèrent. Les États supplièrent le Roi de revenir sur sa décision, soutenant que les privilèges du « papegault » avaient été établis à titre d’utilité publique et pour récompenser les villes des services qu’elles avaient rendus aux ducs et aux rois[159]. Le Parlement tergiversa, accueillant les requêtes des États et des corps municipaux, et leur donnant communication de l’édit pour qu’ils pussent fournir leurs « moyens d’opposition »[160]. Henri IV ne se déjugea pas. Il déclara aux États que les « droits du papegault » seraient « transportés aux Jésuites de la Flèche et de Rennes ». Son édit fut enfin vérifié par les juges souverains[161].

La Communauté de Rennes eût dû se montrer moins ardente à combattre la mesure fiscale du Roi, car sans la suppression des droits qu’elle essayait de maintenir, son collège n’aurait pas pu être réorganisé. Dans la dotation qui fut alors constituée aux Jésuites de Rennes, on voit figurer une rente de 3,000 livres, qui est prise sur la somme que les fermiers des « impôts et billots »

payaient antérieurement aux « rois du papegault »[162].
3o De l’organisation ecclésiastique et de ses rapports avec la Communauté.

On ne peut dire que peu de choses des rapports de la Communauté avec les paroisses et les congrégations religieuses. À peine découvre-t-on quelques pièces où la Communauté donne des ordres aux trésoriers des paroisses, et encore faut-il reconnaître que ces pièces touchent à des intérêts tout à fait exceptionnels. En 1598, la Communauté commande aux trésoriers de débarrasser les abords des églises des matériaux qui les encombrent, de faire paver devant la porte d’entrée de ces édifices, en prévision de l’arrivée du Roi[163] ; elle veut que les églises soient tendues de tapisseries et que toutes les cloches sonnent lorsque Henri IV entrera dans la ville[164]. En 1608, le procureur syndic démontre à la Communauté la nécessité de faire « recommander par les prédicateurs et par les curés des paroisses, l’œuvre du bâtiment de la Santé », et les bourgeois prennent une décision dans ce sens[165]. Quant aux congrégations religieuses, elles ne pouvaient pas pénétrer à Rennes sans y être autorisées par la Communauté ; elles avaient même besoin que celle-ci fît, pour leur établissement, d’assez grands sacrifices d’argent. Les abbayes de Saint-Melaine, de Saint-Georges et de Notre-Dame-de-Bonnes-Nouvelles, les Carmes et les Cordeliers étaient depuis longtemps installés à Rennes[166]. En 1604, elle admit les Capucins dans un de ses faubourgs[167]. En 1606, elle admit les Jésuites[168]. Dans la suite ce fut le tour des Ursulines (1615), des Carmélites (1618), des Minimes (1619), des religieuses de la Visitation (1628), des Bénédictines du Calvaire (1630), des Catherinettes (1636), des Religieuses Hospitalières (1642), etc.[169].

L’établissement des Jésuites à Rennes fut décidé par lettres patentes de 1604. Les bourgeois l’avaient sollicité ; le Roi les autorisait à abandonner à la compagnie leur collège de Saint-Thomas ; il les invitait à l’agrandir en achetant les maisons et les jardins adjacents[170]. Dès 1604 un premier contrat fut passé entre la Communauté et le Père provincial assisté du futur « recteur » du collège[171]. Le contrat resta sans effet parce que les bourgeois de Rennes s’obstinèrent quelque temps à protester contre la suppression d’une partie des privilèges du « papegault », sans laquelle ne pouvait pas être constituée la dotation du collège[172]. On arrêta enfin un contrat définitif le 27 octobre 1608. Voici les principales obligations que par lui s’imposèrent les Jésuites et la Communauté : « Les dits Pères de la dite société entretiendront au dit collège six classes de rhétorique, humanités et grammaire, et fourniront en outre deux maîtres et régents en philosophie, l’un des quels commencera tous les ans le cours et l’autre le finira, tellement qu’en deux ans tout le cours de philosophie se puisse parachever. Les dits Pères entretiendront le nombre de personnes capables et nécessaires pour le gouvernement, bon règlement et perpétuel exercice et entretien du dit collège.

Les dits nobles bourgeois et habitants ont procuré et moyenné les résignations des prieurés de Notre-Dame de Livré et de Saint-Martin de Noyal-sur-Vilaine, diocèse de Rennes, en faveur du dit collège, sous la direction des dits Pères. Pareillement ils ont fait obtenir, pour aider à la dotation du dit collège, la résignation du prieuré de Notre-Dame-de-Bregain, évêché de Dol. Par même moyen les dits nobles bourgeois ont relaissé aux dits Pères de la dite société l’ancien revenu du premier collège Saint-Thomas. Les Pères ont accepté. En outre les habitants leur ont donné, pour parfournissement de la dotation et fondation, le nombre de trois mille livres de rente qu’il a plu à Sa Majesté leur accorder sur les devoirs d’impôts et billots »[173].

Dès lors les bourgeois de Rennes furent considérés par les Jésuites comme leurs « bienfaiteurs et fondateurs »[174]. De 1606 à 1699, tous les ans, le jour du premier janvier, le recteur des Jésuites de Rennes devait comparaître en la Communauté avec les « redevanciers » de la ville[175].

4o Du rôle de la Communauté en matière d’assistance publique ; hôpital Saint-Yves et hôpital de la Santé.

Il suffira de parler maintenant du rôle de la Communauté en matière d’assistance publique. Le corps municipal aurait pu s’intéresser encore à la « police des vivres », à la salubrité publique, aux questions d’industrie ou de commerce. Il n’en fut pas ainsi parce que la Cour souveraine de justice se substitua à lui le plus souvent qu’elle put. Elle rendit une foule d’arrêts sur le commerce du blé et du vin, sur la vente en gros et sur la vente en détail de toute espèce de denrées ; elle envoya ses conseillers, et ses présidents siéger dans des commissions où les simples bourgeois ne pouvaient guère exercer d’influence ; elle se substitua au « corps de ville » pour décider des mesures sanitaires que les épidémies lui paraissaient devoir provoquer dans Rennes. Ce fut à peine si les bourgeois eurent le droit d’élire le « Père des pauvres », comptable « sans gages ni profits » qui administrait les fonds dont disposait le « bureau des pauvres »[176]. Le Parlement se réservait, pour la distribution des aumônes, de prendre lui-même toutes les décisions d’intérêt général. Il paraît surprenant qu’il n’ait pas cherché à se subordonner l’administration des hôpitaux qui demeura tout entière sous la main de la Communauté.

Il y avait à Rennes deux hôpitaux, l’hôpital Saint-Yves et l’hôpital de la Santé. Le premier avait été fondé au XIVe siècle. Il s’était enrichi, peu à peu, par les « dons et fondations », et, en 1558, la Communauté lui avait attribué toutes les dépendances du vieil hospice Sainte-Anne[177]. À la tête de l’hôpital Saint-Yves était un « gardien » que nommait la Communauté, qui ne pouvait s’absenter sans y être autorisé par elle, et qui, s’il s’absentait, devait au préalable dresser un inventaire des meubles dont il avait « la charge », tout en faisant apposer le sceau de la ville sur ses coffres[178]. Au-dessous du « gardien » venaient trois « prévôts » ou économes que la Communauté renouvelait tous les ans. Il est bon de remarquer que les prévôts sortant de charge présentaient à la Communauté une liste de ceux qu’ils jugeaient dignes de leur succéder ; sur cette liste étaient choisis les nouveaux prévôts[179].

Nous avons eu sous les yeux deux documents qui déterminent bien la responsabilité du gardien et des prévôts. L’un est un inventaire de mobilier daté du 8 août 1600 ; l’autre est un compte de recettes et dépenses se rapportant à l’année 1605.

L’inventaire énumère les coffres, bahuts et armoires qui se trouvent dans les différentes salles de l’hôpital, les pupitres, escabeaux et bancs qui sont dans l’église ; il nous apprend que l’hôpital possédait soixante-treize douzaines de « linceuls » pour lits, des rideaux, des taies d’oreillers et du linge de table ; il cite les ornements ou objets d’art qui sont dans la sacristie ; ce sont des calices d’argent et d’étain, des chandeliers d’argent, de cuivre, d’étain et de fer, une vierge d’ivoire enfermée dans une châsse d’argent ; ce sont des chapes et chasubles en velours et en satin cramoisi, en toile d’argent, en satin et en velours orange, des tapisseries, des tapis et des broderies. On trouve dans ce même inventaire tout le détail de la batterie de cuisine, avec ses marmites, ses pelles, ses trépieds, ses plats et ses écuelles[180].

La Communauté avait intérêt à savoir exactement ce qu’était le mobilier d’un hôpital qu’elle avait doté et dont elle nommait les administrateurs. Il n’était pas pour elle moins important de reviser les comptes des prévôts. Elle devait s’enquérir du chiffre des amendes adjugées à l’hôpital par le Parlement, par le siége présidial ou par la juridiction séculière de l’évêque ; elle voulait être mise en mesure de constater quelles aumônes l’hôpital recevait des particuliers, quels « dons testamentaires » lui étaient faits, combien il récoltait de cidre ou de vin dans ses propriétés, quelles sommes les prévôts recueillaient dans leurs « troncs, coffres et boîtes ». La Communauté revisait enfin toutes les dépenses de l’hôpital ; elles sont énumérées en détail dans le compte de 1605 ; jour par jour, les prévôts y ont inscrit les quartiers de bœuf, les veaux, moutons et porcs, les morues, anguilles ou harengs, les pois et fèves, les pruneaux, la cassonade, le vinaigre, le blé noir, l’avoine, le foin ou la paille qu’il leur a fallu acheter[181].

La construction de l’hôpital de la Santé fut décidée en 1563. La Communauté voulait le réserver aux « pestiférés ». On qualifiait « peste », toute maladie contagieuse. En 1608, la « peste » ayant cessé, les bourgeois décidèrent de renfermer les mendiants dans l’hôpital de la Santé. À la tête de cet hôpital fut placé un prêtre qui prit le nom de « gardien ». L’évêque ou son grand vicaire, les députés ordinaires du Chapitre devaient se trouver en la Maison de Ville le jour où il était procédé à l’élection de ce personnage. On a conservé les statuts de l’hôpital de la Santé. Ils témoignent de la haute idée que la Communauté se faisait des fonctions de gardien. Les statuts déclarent que « le gardien sera homme de bien, sage, prudent et sobre, vivant sans scandale, et de bon exemple » ; ils veulent qu’il soit « capable et de condition suffisante pour servir la chapelle, confesser les malades et serviteurs », les « exhorter à bien vivre et bien mourir ». Le gardien doit « assister les malades de jour et de nuit », leur administrer les sacrements de confession, de la sainte communion et de l’extrême-onction, même le Saint-Sacrement du baptême aux enfants qui seront nés au dit hôpital, en temps de contagion seulement, et sans salaire ». Les habitants de Rennes chargent le gardien de pourvoir tout ensemble à la « nourriture, traitement et médicaments des pauvres malades » ; ils placent un seul serviteur sous ses ordres. On est surpris de l’étendue des attributions du gardien et des difficultés qu’il dut surmonter pour les remplir toutes en temps d’épidémie. Non seulement il joua le rôle d’aumônier et d’infirmier, mais encore il tint un registre où il notait l’entrée et la sortie des malades ; il tint des registres de baptêmes et de décès, des registres de comptes ; il établit des inventaires de son mobilier ; il y a plus, il fut chargé de faire le rapport des « testaments, codicilles et déclarations de dernière volonté de tous les malades ». On lui défendit d’exercer aucune pression sur les testateurs ; on lui donna ordre de délivrer les testaments aux héritiers ou exécuteurs testamentaires. Quelque lourdes qu’elles fussent, les fonctions de gardien de la « Santé » ne rapportaient à leur titulaire que deux cents livres par an ; elles lui donnaient droit à la nourriture pour lui et pour son serviteur[182].

La Communauté de Rennes eut un tel souci d’assurer tous les soins nécessaires aux « malades de contagion », qu’elle nomma des chirurgiens et des apothicaires de l’hôpital de la Santé. Les médecins étaient alors si rares en Bretagne qu’il fallait en faire venir dans la province et les y retenir en leur donnant des gages[183]. Celui de la Santé avait des gages ; il se faisait en outre payer tous les mois sa nourriture et ses « vacations » ; il exigeait un logement meublé, le chauffage et l’éclairage. Les apothicaires de Rennes étaient tenus de fournir, « chacun en leur rang et par chacun mois, tous les médicaments » que réclamait le médecin de la « Santé »[184]. Parfois, la Communauté trouvait que les mémoires des apothicaires étaient trop élevés ; elle refusait de les acquitter jusqu’à ce que le siège présidial eût fixé la somme qu’elle devait payer[185].

  1. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 242 ; Archives de Rennes, 70 (17 avril 1598).
  2. Voir ci-dessus : Privilèges de la ville de Rennes.
  3. Registres d’enregistrement (11 janvier 1601).
  4. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 243.
  5. Archives de Rennes, 476 B, fo 70 vo (1er janvier 1601).
  6. Archives de Rennes, 476 D (2e série), fo 22 vo (8 août 1603).
  7. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 252.
  8. Ibid., fo 258 (24 mars 1592).
  9. Archives de Rennes, Comptes des miseurs (1601).
  10. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 264. Les « menus breuvages » payaient la même taxe que les vins du cru.
  11. Archives de Rennes, 136 (1erjanvier 1591).
  12. Archives de Rennes, 476 C, fo 25 vo (27 juin 1602), et 476 D, fo 8 ro (28 février 1603).
  13. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 261 ; Archives de Rennes, 475 A, fo 30 ro et vo, et Comptes des miseurs (1601).
  14. Archives de Rennes, 216 (3 septembre 1599 : Bail des ponts) et 284 (20 mars 1609 : Bail de la construction d’un bâtiment du collège), etc.
  15. Archives de Rennes, Comptes des miseurs (1601).
  16. Ibid. (1595).
  17. Ibid. (1598).
  18. Ibid. (1600).
  19. Archives de Rennes, Comptes des miseurs (1601).
  20. Ibid. (1602-1603-1604-1605).
  21. Ibid. (1606). On remarque dans le registre des « miseurs » de 1606 que le prix des locations dont dispose la ville s’est élevé d’une façon assez sensible.
  22. Ibid. (1607).
  23. Ibid. (1608).
  24. Ibid. (1609 et 1610).
  25. Ibid. (1595).
  26. Ibid. (1598).
  27. Archives de Rennes, Comptes des miseurs (1607).
  28. Ibid. (1601).
  29. Ibid.
  30. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 284.
  31. Archives de Rennes, Comptes des miseurs, passim.
  32. Voir ci-dessus le chapitre où il est traité du Gouverneur.
  33. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 218.
  34. Ibid., fo 220.
  35. Archives de Rennes, 17 (3 février 1607).
  36. Ibid., 476 C, fo 48 ro (23 septembre 1602).
  37. Ibid., 17 ; Lettre de Brissac à la Communauté (19 mai 1607).
  38. Ibid., 475 A, fo 3 vo (13 février 1598).
  39. Ibid., fo 66 ro (7 août).
  40. Ibid., 476 A, fo 22 ro (28 mai 1599).
  41. Ibid., 476 B, fo 20 ro (12 juin 1600).
  42. Ibid., Comptes des miseurs (1601).
  43. Archives de Bennes, 476 C, fo 25 vo (27 juin 1602) ; 476 D, fo 1 ro (3 février 1603).
  44. Ibid., 478 B, fo 66 ro (21 août 1608).
  45. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 322.
  46. Archives de Rennes, 57 (13 avril 1588).
  47. Ibid., Pièces de 1588 et 1610.
  48. Le Pont-Neuf a disparu ; il mettait en communication la rue d’Orléans qui subsiste aujourd’hui avec la rue de Toussaints dont la partie nord tenait la place de la rue actuelle de la Halle aux blés.
  49. Archives de Rennes, 478 A, fo 84 ro (28 septembre 1607).
  50. Ibid., 216 (22 janvier 1610).
  51. Ibid., (23 novembre 1609).
  52. Musée archéologique de Rennes ; catalogue manuscrit, No 2485 ; Cf. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 81.
  53. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 139.
  54. Archives de Rennes, 470 A, fo 46 ro (3 septembre 1599).
  55. Ibid., 478 B, fo 15 vo (15 février 1608).
  56. Ibid., Comptes des miseurs (1601).
  57. Archives de Rennes, 478 A, fo 77 ro (24 août 1607).
  58. Ibid., 476 A, fo 3 ro et vo (13 février 1598); Voir ci-dessus : Topographie de la ville de Rennes à la fin du XVIe siècle.
  59. Ibid., 476 B, fo 2 ro (12 juin 1600).
  60. Ibid., Comptes des miseurs (1601).
  61. Ibid., 476 B, fo 36 ro.
  62. Voir ci-dessus : Assemblées de la Communauté ; Le Greffier et les Archives.
  63. Archives de Rennes, 46 (16 décembre 1608).
  64. Ibid., Comptes des miseurs (1601).
  65. Ibid., 478 B, fo 24 ro (2 mai 1608).
  66. Ibid., fo 23 ro (14 mars 1608).
  67. Archives de Rennes, 20 (1608).
  68. Ibid., Comptes des miseurs (1610).
  69. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 313.
  70. Archives de Rennes, 475 A, fo 84 ro (6 mars 1598).
  71. Archives de Rennes, 475 A, fo 65 ro (7 août 1598).
  72. Ibid., 476 A, fo 49 ro (17 septembre 1599).
  73. Ibid., 476 B, fo 79 ro (10 janvier 1601).
  74. Archives d’Ille-et-Vilaine, C. 2646, fo 588 (29 octobre 1605).
  75. Archives de Rennes, 477, fo 10 ro (1er janvier 1606).
  76. Ibid., 284 (27 septembre 1606).
  77. Ibid., 478 A, fo 24 vo (6 janvier 1607).
  78. Ibid., fo 56 vo (1er juin).
  79. Ibid., fo 78 vo (31 août).
  80. Ibid., fo 39 ro (28 février).
  81. Ibid., fo 56 vo (1er juin).
  82. Archives de Rennes, 478 A, fo 39 vo (28 février 1607).
  83. Ibid., fo 77 ro (24 août).
  84. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 314.
  85. Archives de Rennes, 479 A, fo 35 ro (27 avril 1609). Les logis neufs dont il est ici question sont aujourd’hui démolis ; ils existaient encore intacts l’an dernier.
  86. Archives de Rennes, 284 (20 mars 1609).
  87. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 322.
  88. Archives de Rennes, 476 A, fo 36 vo (6 août 1599).
  89. Archives de Rennes, 478 B, fo 15 vo (15 février 1608).
  90. Ibid., fo 23 ro (14 mars).
  91. Ibid., 476 A, fo 36 ro (6 août 1599).
  92. Ibid., 226 ; 2 février 1602).
  93. Ibid., Comptes des miseurs (1601).
  94. Ibid., 476 B, fo 75 ro (1er janvier 1601).
  95. Ibid., Comptes des miseurs (1601).
  96. Archives de Rennes, Comptes des miseurs (1601).
  97. Voir ci-dessus le chapitre où il est traité des commissions et des députations.
  98. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 176.
  99. Archives de Rennes, 475 A, fo 25 vo (3 avril 1598).
  100. Ibid., 476 C, fo 18 ro (20 mai 1602).
  101. Ibid., 475 A, fo 24 vo (3 avril 1598).
  102. Ibid., fo 51 ro (9 mai).
  103. Ibid., fo 47 vo (5 mai).
  104. Archives de Rennes, 475 A, fo 62 ro (12 mai 1598).
  105. Meuret, Annales de Nantes, t. II, p. 161 (1607).
  106. Archives de Rennes, 476 B, fo 5 ro (27 mars 1600).
  107. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 169 (Entrée du maréchal de Thémines, 1627).
  108. Ibid., fo 177. Mme de Vendôme avait vingt-un ans en 1613; en 1608, elle n’avait encore que seize ans ; elle était fiancée à César de Vendôme depuis 1598, mais son union ne fut célébrée avec lui qu’en 1609 ; elle était de deux ans plus âgée que César.
  109. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fos 88 et 89.
  110. Archives de Rennes, 476 A, fo 30 ro et vo (13 avril 1598).
  111. Ibid., fo 40 vo (29 avril).
  112. Ibid., fo 42 ro (2 mai).
  113. Ibid., fo 52 vo (12 mai).
  114. Ibid., fo 42 ro (2 mai).
  115. Ibid., fo 47 vo (12 mai).
  116. Ibid., fo 36 vo et 37 ro (27 avril).
  117. Ibid., fo 39 ro (29 avril).
  118. Archives de Rennes, 475 A, fo 38 ro (27 avril 1598).
  119. Ibid., fo 42 vo (2 mai).
  120. Ibid., fo 44 vo (4 mai).
  121. Ibid., fo 46 ro (4 mai).
  122. Ibid., fo 47 ro (5 mai).
  123. Archives de Rennes, 475 A, fo 40 ro (29 avril 1598).
  124. Ibid., fo 36 vo (27 avril).
  125. Ibid., fo 44 ro et vo (4 mai).
  126. Ibid., 20 (21 octobre 1609), Compte des dépenses faites pour l’entrée solennelle de M. de Vendôme.
  127. Archives de Rennes, 476 C, fo 44 ro (1er septembre 1602), et fo 50 ro (23 septembre).
  128. Ibid., Comptes des miseurs, 1601.
  129. Ibid., 475 A, fo 47 vo (5 mai 1598).
  130. Ibid., 476 C, fo 67 vo (6 décembre 1602).
  131. Ibid., Comptes des miseurs, 1601.
  132. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 177.
  133. Ibid., fo 197 (19 août 1595).
  134. Le mot « pillot » correspondrait au mot : pilon.
  135. Archives de Rennes, 42 (6 juillet 1610).
  136. Ibid., Comptes des miseurs (1610).
  137. Brissac : Recueil de plusieurs harangues, remontrances, discours et advis d’affaires d’Estat de quelques officiers de la couronne et d’autres grands personnages, faict par Jean de Lannel, escuyer, seigneur de Chaintreau et de Chamhort (Paris, 1622), 1610.
  138. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 70.
  139. Ibid., fo 71.
  140. Archives de Rennes, 136 (1er janvier 1591).
  141. Ibid., 478 B, fo 61 ro (13 août 1608).
  142. Ibid., 475 A, fo 40 vo (29 avril 1598).
  143. Archives de Rennes, 475 A, fo 43 (2 mai 1598).
  144. Ibid., 151 (28 avril 1595).
  145. Archives de la Cour, Registres secrets (4 juillet 1595 ; 2 novembre 1602 ; 13 septembre 1603).
  146. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 61.
  147. Archives de Rennes, 475 A, fo 39 vo (29 avril 1598) ; 416 C, fo 57 vo (6 décembre 1602).
  148. Archives de Rennes, 163 (7 juillet 1599).
  149. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 56.
  150. Les sociétés de tir à l’arc et à l’arbalète étaient fort anciennes ; le « papegault de l’arquebuse » remonte au duc François II (Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 235 : 1540).
  151. Le « joyau » n’est pas autre chose que le « papegault » lui-même.
  152. Archives de Rennes, 478 A, fo 49 vo (1er mai 1607).
  153. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 235.
  154. Archives de Rennes, 59 (19 juin 1601).
  155. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 238.
  156. Archives de Rennes, 59, Compte des prévôts du « papegault » (1603-1604).
  157. Archives de Rennes, 59 (avril 1598).
  158. Archives de la Cour, Registres secrets (25 juin 1605).
  159. Archives d’Ille-et-Vilaine, C. 2705, fo 510 (29 octobre 1606, 18 novembre 1605).
  160. Archives de la Cour, Registres secrets (26 juin et 19 juillet 1605).
  161. Archives d’Ille-et-Vilaine, C. 2705, fo 510 (8 novembre 1607).
  162. Archives de Rennes, 283 (9 octobre 1604).
  163. Archives de Rennes, 475 A, fo 44 ro (2 mai 1598).
  164. Ibid., fo 39 vo (29 avril 1598).
  165. Ibid., 478 B, fo 14 vo (15 février 1608).
  166. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fos 344 et 346.
  167. Ibid., fo 347.
  168. Archives de Rennes, 478 A, fo 6 vo (27 octobre 1606).
  169. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fos 347 à 360.
  170. Archives de Rennes, 283 (février 1604).
  171. Ibid. (9 octobre 1604).
  172. Ibid., 284 : Lettre de Philippe de Béthune à Louvel, procureur syndic de la Communauté (10 septembre 1606).
  173. Archives de Rennes, 478, A, fos 5 vo et 6 ro et vo (27 octobre 1606).
  174. Ibid., 283 : Lettre du recteur des Jésuites au procureur syndic (2 janvier 1607).
  175. Ibid. (12 octobre 1607).
  176. Archives de Rennes, 475 A, fo 89 vo (1er janvier 1599).
  177. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 336.
  178. Archives de Rennes, 476 B, fo 6 ro (27 mars 1600).
  179. Ibid., 475 A, fo 77 ro (23 octobre 1599) ; 476 C, fo 51 ro (24 octobre 1602), etc.
  180. Archives de Rennes, 319 (8 août 1600).
  181. Ibid., Minu de la recette et dépense des prévôts du 24 décembre 1604 au 24 décembre 1605.
  182. Archives de Rennes, 325 (29 décembre 1608).
  183. Bibliothèque de Rennes, ms. 320, fo 359.
  184. Archives de Rennes, 475 A, fo 78 ro (3 novembre 1598).
  185. Ibid., 476 B, fo 36 ro (7 août 1600) ; 478 A, fo 53 vo (11 mai 1607).