Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris/Larmoyez

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CIMETIÈRE DE MONTMARTRE.

Planche 46.

TOMBEAU DE MONSIEUR, DE MADAME ET DE
MADEMOISELLE LARMOYER.

Ce monument se voit à gauche, en entrant, et près de la grande porte du cimetière. Il est construit en pierre de liais, en forme de sarcophage, avec fronton et oreillons. L’épitaphe de M. Larmoyer est gravée sur un marbre blanc, incrusté dans le fronton de la principale face. Sous la corniche qui supporte le fronton, est une autre table de marbre blanc de quatre pieds et demi de long, sur sept pouces de large, incrusté à fleur de la pierre. On y a gravé une inscription latine, au dessous de laquelle, et dans toute la longueur du monument, on admire un superbe bas-relief, dont la composition se rapporte parfaitement au sujet. Il représente madame Larmoyer éplorée, le coude du bras gauche appuyé sur le chevet du lit de mort de son époux, et entourée de ses quatre enfans, trois garçons et une fille, hélas ! fort jeunes encore, dont l’attitude exprime bien la profonde affliction. Au pied du lit, le génie de l’hymen, tient, de la main droite, une couronne de roses, et de l’autre, le flambeau de la vie renversé.

Traduction de l’inscription latine qui se trouve au-dessus du bas-relief :

Ainsi la mort ravit, à l’improviste,
L’époux à l’épouse,
Le père à ses enfans,
Et, du lit nuptial,
L’entraîne vers la tombe.

Sur la face opposée au monument, on lit l’inscription suivante, gravée sur un marbre noir, granit de Flandre, formant table renfoncée :

La parque inflexible et jalouse,
Sourde à tous nos gémissemens,

Ravit l’époux à son épouse,
Ravit le père à ses enfans.
Malgré l’amour qui le protège,
L’irrévocable arrêt du sort
L’entraîne, avec un noir cortège,
Du lit d’hymen au lit de mort.

Au pied de la face principale de ce monument, on a placé la tombe de madame Larmoyer, sur laquelle on lit cette inscription, en langue latine :

Epitaphium
Franciscæ Melaniæ
Hésèque, orbæ
Joannis Andreæ Antonii
Larmoyer,
Mortuæ die trigesimo
Altero mensis augusti,
Anno millesimo
Octingentesimo sexto.

xxxi août mdcccvi.

Dira virum et filiam sponsæ mors abstulit orbæ ;
Nunc filiæ mater, sponsa reducta viro.

Traduction de cette épitaphe :

épitaphe
De Françoise-Mélanie HÉSÈQUE,
Veuve
De Jean-André-Antoine LARMOYER,
Décédée le 31 du mois d’août 1806.
La cruelle mort
A ravi un époux à son épouse,
Une fille à sa mère.
Aujourd’hui
La mère est réunie à sa fille,
Et l’épouse à son époux.

Sur la tombe qui se voit au pied de la face opposée, on lit cette épitaphe :


ÉPITAPHE
de
Mélanie-Joséphine LARMOYER,
Décédée le 25 mai 1806.

Je n’ai vécu qu’un jour : je naquis le matin ;
Sur le midi, j’étais à peine éclose ;
Un déclin trop hâtif vint finir mon destin,
Et j’ai tombé, le soir, comme une rose.

Heu ! prœceps fatum subitò mea fata resolvit,
Mi fuit una dies miserœ ; mihi sol fuit unus !
Nascens nascentem medius vix vidit apertam,
Vergentem vergens ; rosa vespere fracta recessi.

Sur ces deux tombes, on a gravé en tête, pour ornement, une étoile, et, de chaque côté des inscriptions, une torche funéraire renversée ; au pied, un lacrymatoire. Ce monument est ombragé par des peupliers, et entouré d’une balustrade en fer.