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Recueil de tombeaux des quatre cimetières de Paris/Père-Lachaise

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DESCRIPTION

DU

CIMETIÈRE DE MONT-LOUIS,

DIT MAISON DU PÈRE LACHAISE.



À l’extrémité du faubourg Saint-Antoine, en face de la barrière d’Aulnay, s’élève une colline, dernière branche de la montagne de Belleville ; à l’ouest, elle est bornée par des éminences et des vallées fertiles, plantées de vignes et d’arbres fruitiers ; à l’est, elle s’abaisse vers le chemin de Montreuil ; au nord, elle est contiguë à ces hauteurs qui bornent l’horizon des voyageurs qui se rendent à Vincennes, et forment dans la belle saison un long rideau que les yeux se plaisent à parcourir depuis la barrière du Trône jusqu’à cet antique et vénérable château des rois de France.

Aucun des sites qui environnent Paris n’est plus pittoresque, et n’offre aux regards une scène aussi vaste, aussi variée, aussi imposante, pas même les cimes de Montmartre et de Belleville. Au nord, il est vrai, la vue ne découvre rien, mais quel riche coup d’œil que celui qui embrasse l’immense territoire compris entre cette colline, l’orient, le midi et l’occident ! rien ne lui échappe, depuis la capitale du royaume qui se déploie majestueusement en demi-cercle, jusqu’aux maisons de plaisance qui s’élèvent sur les coteaux de Meudon, de Bagneux, de Villejuif, et sur ceux dont la Marne baigne le pied.

Mont-Louis est situé à mi-côte, dans une position charmante, et tout-à-fait agréable : c’est une fort jolie maison de campagne que le Roi Louis XIV fit construire, sur la fin du dix-septième siècle, pour le Père Lachaise son confesseur[1]. C’est-là où ce Père venait se recueillir et se délasser dans les momens de loisir que lui laissaient, et la direction de la conscience du Roi, et les affaires ecclésiastiques dont il était chargé. Après sa mort, cette maison est demeurée aux jésuites de la maison professe auxquels elle servait de maison de campagne. L’édifice, d’une architecture simple et noble, est construit sur le penchant de la colline qui, depuis les troubles de la fronde, reçut le nom de Mont-Louis. Ce fut sur cet emplacement que Louis XIV et sa cour furent témoins de la bataille de Saint-Antoine, donnée le 6 juillet 1652. Le Roi était alors âgé de 9 ans : ses légions, commandées par l’illustre Turenne, réduisirent à l’obéissance les bataillons de ses sujets révoltés. Une révolution avait élevé les murs de Mont-Louis, une autre révolution a fait de ce beau local un cimetière.

Tâchons de peindre ces lieux à qui le temps a fait éprouver de si grands changemens. Sur le devant de la maison, on voyait une terrasse ornée d’arbustes odoriférans, et accompagnée de berceaux de verdure : elle offrait autrefois, en plusieurs endroits, de charmans lieux de repos. On arrive à cette terrasse par une avenue de tilleuls en pente douce, formant berceau. Au bout de cette allée, sur la droite, et près de la maison se trouve encore aujourd’hui un charmant bosquet au milieu duquel est une autre allée de tilleuls. C’est sous le feuillage de cette allée silencieuse, où les oiseaux font de leurs branches touffues le trône de leurs plaisirs, que l’on a construit le tombeau du chantre des Jardins (J. Delille), entouré modestement d’une petite grille en fer, posée sur un soubassement en pierre[2]. Près de l’enceinte de ce tombeau, on voit celui d’A. T. Brognart, architecte du cimetière. Sur le côté gauche, une longue allée, bordée d’arbres et de charmilles, se terminait à l’orient par un salon que le feuillage rendait impénétrable aux rayons du soleil. Sur le côté gauche de cette même allée on trouve le petit bois pittoresque de Haute-Futaie ou de la Fidèle (nom de la fontaine qui est au coin de ce bois), qui est d’un aspect religieux. Ce petit bois est remarquable par quelques grands tombeaux qui couvrent des caveaux. On y voit entre autres des tombes, des fûts de colonne surmontés d’urnes funéraires et autres monumens. À droite de la même allée et vis-à-vis le petit bois ou la fontaine la Fidèle, on trouve de chaque côté une route pittoresque bordée de loin en loin d’arbres et de buissons formés d’arbustes, de roses sauvages et de touffes odoriférantes. Cette route aboutit par la perspective aux allées de Vincennes, et de là on découvre sur l’un des côtés une vue charmante de la capitale, du faubourg Saint-Antoine, et d’une partie des riches campagnes du midi. À l’issue de cette dernière une autre allée formant berceau se prolonge au nord, et conduit à un enfoncement circulaire sur son plan, pratiqué dans le mur, où quiconque voulait se retirer pour se livrer à une paisible méditation, y était facilement engagé par le silence et l’obscurité du lieu. Sur le derrière de la maison était le parterre, dont une pièce d’eau entretenait la fraîcheur ; il était terminé par un verger planté de tous les arbres fruitiers qui naissent dans les environs de la capitale. Au-dessous de la terrasse s’étendait un long tapis de gazon, à l’extrémité duquel commençait le jardin potager. De chaque côté, à l’orient et à l’occident, la vue se portait sur des vignes qui ont été arrachées. Au milieu de ce vignoble s’élevaient de nombreux poiriers, pruniers, amandiers et abricotiers. Enfin, on peut s’imaginer toutes les beautés, tous les agrémens champêtres que le confesseur d’un grand monarque, membre d’une société célèbre et puissante, avait pu rassembler dans un tel séjour. Sans doute cette retraite conserva tous ses charmes long-temps après la mort du Père Lachaise ; et même les personnes qui eurent le bonheur d’en devenir les propriétaires après l’extinction de la société à laquelle elle avait appartenu, y en ajoutèrent de nouveaux.

Mais, ô vicissitude des choses humaines ! ô puissance des révolutions qui, en ébranlant les empires, ne respectent pas même quelques arpens de terre cachés sur leur surface, la maison de campagne du Père Lachaise est devenue un cimetière ! Une partie de ses bosquets et de ses berceaux de verdure ont été détruits pour faire place aux tombeaux, ou conservés pour servir à l’ornement de ce champ mortuaire. Plus de compagnies pour visiter ses jardins que celles qui viennent répandre des larmes sur les tombes. Plus de chars que ceux dans lesquels les ministres du trépas y transportent et les morts et ceux de leurs parens qui ont bien voulu les accompagner jusqu’à leur dernière demeure. Plus de portier pour dire, il n’est pas visible, ou il n’y est pas, mais un concierge qui peut répondre : Il y a ici des milliers de propriétaires ; ils y sont tous et n’en sortiront jamais. Grands du monde, hommes opulens qui vous glorifiez au milieu de vos campagnes de ce que vous appelez vos terres, qui vous a dit qu’un jour une grande bataille ne les jonchera pas de cadavres, et qu’on ne creusera pas dans vos jardins des fosses pour les y enterrer[3] ?

Après avoir fait la description de la maison du Père Lachaise, telle qu’elle était à peu près il y a plusieurs années, je vais faire celle du cimetière qui la remplace.

Mont-Louis est entouré d’un vaste et superbe enclos qui contient 2,400 toises de tour, ou une lieue de France. Sa superficie est de 51 arpens, y compris le terrain et les bâtimens.

Ce cimetière n’a point le genre terrible et effrayant de ceux que l’on voyait autrefois ; mais la variété des sites, la fraîcheur des ombrages, cet isolement parfait et une noble et douce tranquillité qui règne en tous lieux, annoncent que c’est bien là le séjour du repos. Point de miasmes putrides, point d’exhalaisons à redouter, c’est un vaste jardin pittoresque où de superbes allées et des routes sinueuses, des groupes d’arbres, des masses d’arbustes de différentes espèces viennent ajouter à la beauté, à la grandeur du site. L’ombre propice des feuillages, l’inégalité du terrain, les points de vue intérieurs et extérieurs, tous les accidens de la nature y sont ménagés, combinés et produits avec art. Aux mois de mai et de juin on y respire l’odeur embaumée des violettes, des lilas, seringas, chèvrefeuilles, et autres arbustes odoriférans.

On entre dans cette vaste enceinte entourée de murs[4] par une porte cochère d’une couleur obscure. On traverse d’abord une grande cour, où sont situés le logement du concierge et celui du portier, et qui conduit au cimetière. À peine a-t-on fait quelques pas que la vue d’une partie de tous ces tombeaux, qui blanchissent le sol et servent de nuances à la verdure, frappent d’étonnement ceux qui, pour la première fois, visitent ce séjour de la mort. Lorsqu’on a rappelé à soi son imagination errante sur ces tombeaux et qu’on a recueilli sa pensée, dans un moment de silence, à la vue de cette scène de deuil, de tous ces lugubres objets, de tous ces trophées de la mort, on ne peut retenir ses soupirs ; on ne peut s’empêcher de gémir sur ces débris entassés du plus noble des êtres sensibles, et l’on s’écrie du fond de l’âme avec le mélancolique Hervey : « Ô Adam, qu’as-tu fait ! quelle désolation ta fatale désobéissance a répandue sur la terre ! Ô la désastreuse et inconcevable malignité du crime ! c’est lui qui a fait ce ravage dans l’espèce la plus parfaite qui soit sortie visible des mains du Créateur ! c’est lui qui a versé dans nos corps le venin qui les tue ! et il allait plonger l’âme dans les abîmes si le fils de l’Éternel ne se fut placé entre Dieu et sa victime. »

Avançons pas à pas, et si nous ne pouvons nous arrêter à chaque objet, à chaque sépulture, observons du moins l’ensemble et les principaux détails.

À droite est un enclos que les israélistes ont choisi pour le lieu de leur sépulture. On y voit plusieurs tombes et tombeaux sur lesquels sont gravées des inscriptions en langue hébraïque. À gauche est un bâtiment long qui servait autrefois d’orangerie ou serre chaude. Tout près on voit une petite allée de huit marronniers. Sous le dôme de feuillage qui résulte de l’entrelacement de leurs rameaux repose M. Reveillon à côté de son épouse dans une enceinte fermée par un treillage. On se détourne un peu vers l’ouest, et l’on entre dans une belle avenue de tilleuls, formant berceau, où règnent une obscurité profonde et un religieux silence, cette avenue conduit à mi-côte de la colline et sur la terrasse[5] située devant la maison. Avant d’arriver sur cette terrasse, dont les murs ont été reconstruits en 1810, et sur laquelle doit être élevée une pyramide à la place de l’édifice qu’elle supporte, on promène ses regards sur les deux côtés de l’avenue ; on aperçoit à droite plusieurs monumens épars sur le penchant de la colline et qu’environnent des bosquets. À gauche et près des arbres commence et se termine avec l’avenue, quatre rangs de tombes, de tombeaux de pierres tumulaires et de cippes, de colonnes, des monumens de toutes les formes. Lorsqu’on est parvenu à la hauteur de la terrasse il faut s’y arrêter un moment pour contempler la beauté du coup d’œil qui est enchanteur. On aperçoit toute la perspective de la capitale des Français, et l’on découvre les tours de tous les édifices qui dépassent la sommité des maisons.

On se retourne, et l’on quitte une vue admirable pour l’échanger contre un triste et touchant spectacle ! D’abord les regards se portent sur un grand nombre de tombeaux ombragés d’ifs et de cyprès, placés sur une seule ligne le long de la muraille de l’ouest jusqu’à celle qui enclos le cimetière au midi. Ce fut en l’an 12, veille de la Pentecôte (1804), que l’on a enterré le premier corps ; les funèbres arbustes qu’on y a plantés depuis, forment, par leur élévation, la plus lugubre perspective de ces modernes Céramiques. Une multitude de tombes y sont déjà ensevelies sous l’herbe, et la mousse en a fait disparaître presqu’entièrement les inscriptions ; d’autres se sont brisées, et les plantes végètent entre leurs fragmens.

Les fosses communes, qui sont de longues tranchées de près de six pieds de profondeur, s’étendent parallèlement à ce rang de sépulcres. Les fossoyeurs n’y placent point les cercueils les uns sur les autres, comme dans les autres cimetières, mais de suite jusqu’à ce que la place leur manque. Quand cela arrive, ils creusent une autre tranchée parallèle à la première, et successivement plusieurs fosses ont déjà été ainsi creusées et remplies plusieurs fois, tant les corps s’y consomment rapidement. Les sels dont s’est imprégné le terrain qui a dévoré les dépouilles qu’on lui a confiées, lui communiquent une telle fertilité que nulle part l’herbe n’est plus épaisse et d’une verdure plus éclatante. Une nouvelle allée, plantée de jeunes tilleuls, sépare le local destiné aux sépultures communes, d’une autre où s’élèvent quatre rangs de tombeaux séparés par de petits sentiers. Les diverses formes de ces nombreux monumens, les arbustes dont ils sont entourés présentent un coup d’œil unique dans son genre. À l’extrémité de ce vaste emplacement était situé un jardin fruitier et potager ; on l’a détruit depuis quelques années, afin de prolonger la nouvelle allée jusqu’au mur du boulevard sur lequel on a commencé à construire une belle porte par où les convois entreront.

En sortant de la terrasse du côté par lequel on est entré, on monte encore pour arriver sur le plateau de la colline. Après avoir fait quelques pas on est incertain un moment sur les objets que l’on doit visiter les premiers, car à gauche ce sont des bosquets ou plutôt un petit bois qui ombrage plusieurs tombeaux dont l’architecture est simple mais soignée. À droite on voit çà et là des monumens d’un genre plus relevé et d’un goût plus noble élevés sur des caveaux creusés pour servir de sépulture à des familles entières. Pour ne rien oublier on fait des excursions de l’un à l’autre côté, et après plusieurs allées et venues, on a lu la courte inscription placée sur le monument du poète Chénier, et on a examiné le buste de Fourcroy, le rustique tombeau de mademoiselle Contât, couvert de mousse et entouré de six orangers, celui de Grétry, et quelques autres plus ou moins remarquables.

On entre dans une sombre avenue qui conduit au monument érigé dans un enfoncement circulaire sur son plan, dont j’ai parlé plus haut, à mademoiselle Rivière, jeune personne de 14 ans. Cette belle allée de charmille formant berceau, est traversée par une longue et superbe avenue plantée de sycomores, dont les deux côtés sont garnis d’un rang de monumens tous dignes d’exciter la curiosité ; parmi lesquels on remarque celui qui sert de sépulture à la famille de Greiffuhlt, et celui de madame Guyot.

Sur le plateau de l’ouest, renfermé entre la maison et le mur de clôture septentrional, on a planté, à partir de la maison, deux allées de peupliers qui traversent l’avenue de sycomores, où l’on trouve un grand nombre de sépultures ; c’est le lieu le plus élevé de tout Mont-Louis. On se dirige ensuite à l’est, vers un bosquet où la colline commence à s’incliner. Là est un petit plateau que l’on nommait autrefois le Belvédère : il forme un carré ombragé de huit tilleuls, se trouve dans la plus belle situation, et avoisine un petit bosquet charmant qui retentit des sons mélodieux du rossignol. C’est sous l’ombrage de ces tilleuls que s’élève un beau sarcophage sous lequel reposent les restes du ministre Mestrezat. Près de là une simple pierre, légèrement inclinée, couvre la dépouille de madame Cottin, née Sophie Risteau, célébre par ses romans. Cet emplacement paraît avoir été choisi par les chrétiens de la religion réformée pour la sépulture de leurs païens ou de leurs amis. Il faut se reposer là quelques instans pour jouir du beau coup d’œil que présentent les vastes campagnes qui s’étendent à l’orient. La vue se porte d’abord sur une vaste plaine décorée de tous les charmes d’une belle nature, à laquelle l’art n’a prescrit aucune borne, et ouverte sans cesse à la curiosité du voyageur. De là l’on voit sur la gauche et dans le lointain les tours crénelées, la chapelle et le donjon de l’antique château de Vincennes[6].

On se détourne vers le midi, et l’on porte ses pas vers les catacombes de la famille Jacques de Lépine ; ensuite l’on revient sur le coteau que l’on remonte, et l’on suit la sommité jusqu’au plateau, ombragé, dans toute sa longueur par un double rang de tilleuls, que l’on nomme l’allée de Vincennes. Sous ce long et large berceau de verdure, où le calme et l’ombre vous invitent à une profonde méditation, plusieurs familles ont fait construire des caveaux où l’on remarque entre les monumens érigés, à son extrémité orientale, celui de la famille Jacquemart, dont la prévoyance de l’architecte a fait placer au pied des sarcophages de leur sépulture un banc de pierre. On examine ensuite avec le plus vif intérêt le tombeau de la famille Brochant, celui de la famille Moreau, et le cénotaphe du dragon Guillaume de la Grange, ainsi que plusieurs autres. La famille Fieffé, a fait placer aussi un autre banc à la porte de son caveau pour reposer les voyageurs qui veulent admirer la campagne, méditer sur la mort, et connaître comme la vie et le néant se touchent de près. L’obscurité, l’isolement et le silence font naître ici d’utiles réflexions dans le cœur des personnes qui aiment à se livrer à des idées mélancoliques ; cependant, le croira-t-on ? le spectacle des tombeaux ne suffit pas toujours pour mettre un frein à la dissipation de certains promeneurs des deux sexes que la curiosité y conduit.

En sortant de ce sombre asile on découvre à droite, de distance en distance, dans de petits vallons, des sarcophages, des tombes, des cippes, entourés d’arbustes et de fleurs. Près de là on voit la pyramide qui s’élève sur le caveau de la famille Bonommé. À gauche, la colline s’abaisse insensiblement jusqu’à la plaine. On aperçoit encore dans ce grand espace plusieurs monumens élevés au milieu de petits bosquets. On descend par l’avenue tournante, dite des Acacias ; en quittant cette dernière avenue on traverse le carrefour de l’étoile : on entre dans l’avenue tournante, dite des Peupliers ; on voit à droite et à gauche de cette avenue plusieurs rangs de tombeaux ainsi placés jusqu’à la porte de sortie du cimetière.

Il y a cinq ans que le cimetière de Mont-Louis était bien moins aisé à parcourir qu’il ne l’est aujourd’hui. Un grand nombre d’arbres fruitiers ont été abattus pour y faire de belles allées bordées de tilleuls, de peupliers, d’acacias, de sycomores etc., qui est l’allée tournante dont nous venons de parler. À droite on a pratiqué sur le penchant de la colline cette belle avenue cailloutée et sablée, plantée en partie de peupliers et d’acacias, qui en ombrage le contour oriental et revient à l’occident, de manière que les chars peuvent maintenant arriver plus aisément jusqu’à cette hauteur, par cette allée tournante. Il faut ajouter à cet embellissement, qui était de toute nécessité, les travaux qui ont eu lieu pour soutenir les terres du côté de l’est, et empêcher les pluies de les faire ébouler. Sans doute, il en reste encore quelques-uns à exécuter qui se font actuellement pour l’entière facilité de la circulation des voitures et des piétons ; mais tel qu’il est, ce cimetière ne peut être comparé qu’à ceux que la superbe Athènes avait préparé : il offre le spectacle le plus intéressant pour le voyageur sensible qui, au milieu des tombeaux, trouve le site le plus champêtre, les promenades les plus solitaires, l’ombre propice, la verdure, les plus beaux points de vue, et le sujet de la méditation sur la mort, sur la beauté de la nature, et sur les tristes résultats des vains plaisirs, et des peines trop réelles de la vie.


  1. Le Père Lachaise fut général des jésuites : il était petit-neveu du Père Cotton, et d’une famille noble du Forez ; il fut nommé confesseur du roi en 1675. Après avoir dirigé la conscience de ce prince pendant 34 ans, il mourut le 20 janvier 1709, âgé de 85 ans.
  2. Voyez la description du tombeau de J. Delille, première livraison.
  3. Ces dernières paroles peuvent être regardées comme prophétiques, puisque cet ouvrage était composé, en grande partie, avant l’année 1813.
  4. Les murs de la partie du nord ont été crénelés pour offrir à nos guerriers une nouvelle défense contre les Russes. Malgré cette précaution, ils parvinrent à s’en emparer le 30 mars 1814 ; et pendant quelques jours ils y ont bivouaqué. Quelques tombeaux ont été frappés de leurs bouches à feu. En 1815, les murs dont les créneaux avaient été bouchés, ont été rouverts de nouveau.
  5. Cette terrasse est élevée de 65 pieds et quelques pouces plus haut que le sommet du pavé des nouveaux boulevards.
  6. Cette forteresse, dont il est beaucoup parlé dans l’histoire, sert actuellement d’arsenal ; et son donjon de prison d’état. Plusieurs régimens y sont casernés.