Recueil des lettres missives de Henri IV/1577/Avant le 17 septembre ― Discours addressé au duc de Montpensier

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[1577. — avant le 17 septembre.]

Cop. – B. R. Fonds Béthune, Ms. 8823, fol. 6 recto.


[DISCOURS ADRESSÉ AU DUC DE MONTPENSIER.]

Mon Oncle, Il n’y a personne en ce Royaulme que j’ayme et honore plus que vous, ny à qui je puisse mieux declarer mon intention qu’à vous, que je tiens comme mon pere. Voilà pourquoy je veulx vous tesmoigner et à toute ceste bonne compagnie[1], que je desire tant la paix et repos de ce Royaulme, que je sçay bien que pour la conservation et la tranquillité publique il y a des choses qui ont esté accordées à ceulx de la Religion par l’edict de pacification dernier qui ne peuvent sortir leur effect, et doibvent estre diminuées et retranchées. Et pour ceste occasion, je ne fauldray à la prochaine assemblée qui se doibt faire à Montaulban de le remonstrer. Et vous prie de faire entendre au Roy l’affection que j’ay, de luy faire trez humble service, et que je le supplie trez humblement de croire que je tiendray la main, et s’il fault ainsy parler, je solliciteray l’assemblée de se disposer à retrancher tout ce qui peut troubler le repos de la France, et fairé tout ce qui me sera possible pour rendre le Roy content et satisfaict ; voulant bien vous asseurer de rechef, que je desire tant la paix et repos de ma patrie, que je feray mentir ceulx qui m’ont voulu calompnier et faire entendre le contraire ; offrant de m’en aller et me bannir pour dix ans de la France, et vendre la moictié de mon bien pour luy aller faire service ailleurs, si l’on pense que mon absence puisse servir pour appaiser les troubles qui ont eu cours jusques icy.


  1. C’étaient, avec le duc de Montpensier, Biron, Villeroy, le premier président d’Afis et plusieurs autres seigneurs. La paix à laquelle ils travaillaient alors fut conclue le 17 septembre 1577, à Bergerac. Voyez dom Vaissète, Hist. gén. de Languedoc, t. V,. p. 365.