Recueil des lettres missives de Henri IV/1583/10 janvier ― À messieurs les magnifiques scindicq et conseil de la seigneurie de Geneve

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1583. — 10 janvier. — IIme.

Orig. — Arch. du canton de Genève. Copie transmise par M. L. Sordet, archiviste de la république.


À MESSIEURS LES MAGNIFIQUES SCINDICQ ET CONSEIL DE LA SEIGNEURIE DE GENEVE.

Messieurs, J’ay si bonne congnoissance de vostre merite envers toute la Chrestienté et de l’obligation qu’elle a, et particulierement les Eglises de la France, à vostre pieté, vertu et constance, que j’ay tousjours eu particuliere affection envers vous et vostre seigneurie ; et souvent ay plaint les traverses que vous ont donné les efforts qu’on a faict contre vous, les pratiques et artifices dont on a usé pour vous surprendre, les travaux et peines que vous avez soufferts et les fraiz et despenses où vous avez esté toujours constituez. Mais ce sont les vrayes marques des fideles serviteurs de Dieu et de son Eglise, contre laquelle toutes les puissances du monde ne prevauldront jamais ; et m’asseure que tout ainsy que vous avez esté jusques icy preservez par la faveur et assistance speciale de Dieu, elle ne vous delaissera point. Pour mon regard, il me fera ceste grace de me continuer la volonté qu’il m’a donnée de n’espargner jamais ne ma vie, ne mes moyens en ce qui touchera vostre deffense et conservation, en laquelle je suis et veux demeurer ferme, tant à cause du lien de religion qui nous doibt estraindre indissolublement, que aussy pour le regard de l’alliance et confederation que vous avez avec le Roy mon seigneur. Et n’ayant peu veoir maintenant occasion qui se presentast pour le vous faire paroistre, si ce n’est en m’employant pour la recommandation de vostre bon droict envers les depputez assemblez à la journée, pour composer le different advenu entre monsieur mon cousin le duc de Savoye, et vostre seigneurie, je n’ay voulu perdre ceste occasion de leur escrire à ceste fin, encores qu’il y ait et parenté et bonne amitié entre mon dict cousin et moy, vous priant vous asseurer toujours de moy et de ce qui en deppend, et de mon amitié, dont avec les occasions je seray bien ayse de vous faire paroistre les bons et certains effectz. Sur ce, je prieray Dieu vous tenir, Messieurs, en sa tres saincte et digne garde et protection.

De Nerac, ce xme janvier 1583.

Vostre plus affectionné et assuré amy,


HENRY.