Recueil des lettres missives de Henri IV/1583/23 juillet ― À lord Burgley

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1583. — 23 juillet.

Orig. — Musée britannique. Biblioth. Lansdowne. Art. 58. Copie transmise par M. l’ambassadeur de France à Londres.


[À LORD BURGLEY.]

Mon Cousin, Envoyant vers la royne d’Angleterre le sr de Segur pour la visiter de ma part et luy faire entendre quelque chose concernant le bien de ses affaires et qui ne luy importe peu[1], sçachant le lieu et rang que tenez en son endroit (et y allant en cela de nos interests communs), la bonne volonté que m’avez tousjours demonstrée en ce qui est deppendu de vous, dont je me sens obligé, avec desir de m’en pouvoir revancher en quelque bonne occasion : pour cela J’ay donné charge au dict sr de Segur de le vous tesmoigner et vous asseurer qu’il est trés necessaire d’y donner quelque ordre, à ce qu’il vous dira de ma part ; vous asseurant que je n’y espargneray ni les biens ni la vie. Vous me ferez ce plaisir de le vouloir croire comme moy-mesmes, et les vouloit adsister de vostre faveur en ce qu’il vous en requerra : priant Dieu, mon Cousin, qu’il vous donne ce que desirez.

Des Essars, ce xxiije juillet 1583.


Vostre bien bon et affectionné cousin,


HENRY.


  1. Outre le principal but de l’ambassade de M. de Ségur, qui était l’alliance des princes protestants pour former une grande République chrétienne, il avait encore à mettre en avant un projet de mariage entre Madame Catherine de Navarre et Jacques, fils de Marie Stuart, reconnu déjà comme roi d’Écosse et qui succéda au trône d’Angleterre après la mort d’Elisabeth. Il est dit à ce sujet, dans les instructions remises à M. de Ségur : « Le plus propre mariage sembleroit estre celui de madame la princesse de Navarre, princesse née et nourrie en la vraie religion, sœur d’un prince que les Eglises de France ont choisi et recogneu pour protecteur contre la tyrannie du Pape et de ses adherens..... en outre, pour l’amitié que la Roine d’Angleterre portoit à la feu Roine sa mere, et pour les faveurs qu’elle en receut au fort de ses affaires, obligée à ladite dame et Roine. »