Refaire l’amour/23

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J. Ferenczi & Fils (p. 259).
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Francine, ce printemps, n’a plus de rides. La femme de Nestor, le bon génie de ma maison, redevient jeune. Elle se penche, extasiée, sur un berceau, quand la nurse, personne autoritaire et un peu distante, daigne lui en confier la garde.

— Moi aussi, Monsieur, m’avoue Francine, j’aurais dû en avoir un. On ne l’a pas laissé venir. C’est tout le chagrin de ma vie. Vous pensez comme je suis heureuse de voir un enfant pareil chez nous ! Et pour toujours ! Qu’il est beau ! Ah ! que Monsieur ne s’en fasse plus ! À part la bouche de la pauvre maman, c’est déjà tout son portrait, c’est un amour !

J’ai donc refait cet amour à mon image par la puissance de mon désir ?

Après les mauvais plaisirs de l’homme, le bon plaisir d’un Dieu ? Vraiment, je suis comblé.

17 mars 1925.
FIN