Refrains de jeunesse/17

La bibliothèque libre.
La Maison de la bonne presse (p. 92-94).


ASPIRATION.


À Melle X


Ô douce nuit ! dans ton silence,
Viens poser sur mon front rêveur,
Ton ombre où mon âme s’élance,
Ton rêve où s’enivre mon cœur.

Étends sur moi ton sombre voile !
Mais dans ses plis laisse-moi voir
Cette mystérieuse étoile
Qui berce mon craintif espoir.


Scintillante, elle me convie
À sourire à son feu si beau…
Elle se lève sur ma vie,
Et semble en être le flambeau.

Sous ses regards, comme le givre
Qui fond sous les feux du matin,
Ma pauvre âme fond et s’enivre
Pleine de leur rayon divin.

C’est le bonheur qu’elle lui verse,
C’est par elle que je souris,
Et les sentiers que je traverse
Par elle, deviennent fleuris.


Cette étoile, c’est toi, ma chère !
Que j’aime à te faire la cour !
Ta lumière c’est le mystère,
Ta douce chaleur, c’est l’amour !

Quand l’ennui sur mon front voltige
En soupirant ses tristes chants,
J’ai recours à ton grand prestige,
À tes rayons purs et touchants.

Ah ! si jamais, étoile chère,
Tu disparaissais à mes yeux,
Je ne tiendrais plus à la terre
Où seule tu me rends heureux !


Novembre 1892.