Refrains de jeunesse/19

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La Maison de la bonne presse (p. 99-101).


RÉVEIL


Mai nous sourit, ô ma mignonne !
Et nous invite dans le bois ;
Sous ses baisers, l’arbre frisonne,
Et se remplit de mille voix.

À l’espérance ouvre ton âme,
Laisse, laisse parler l’amour !
Lorsque tu m’as donné ta flamme,
Ce fut Mai qui nous fit la cour.


Saluons-le, ô ma chérie !
Allons encor cueillir des fleurs
À travers le bois, la prairie,
Où se sont compris nos deux cœurs.

Te souvient-il bien du gros chêne
Qui fut témoin de nos serments,
Où nous avons noué la chaîne
De tous nos jours et nos moments ?

Il jette encor son ombre chère
Sur le ruisseau limpide et pur
Qui gazouillait dans le mystère
En reflétant ton œil d’azur.


Allons, il est encor le même,
Pas plus que nous il n’est changé —
À l’écho redire : « Je t’aime ! »
Ce mot tant de fois échangé.


Mai 1888.