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Refrains de jeunesse/25

La bibliothèque libre.
La Maison de la bonne presse (p. 133-135).


PREMIER AVEU


Rêveuse, assise aux bords des eaux,
Songeant aux fleurs qu’elle a semées,
— À l’heure où le chant des oiseaux
S’éteint dans l’ombre des ramées, —
Une fillette au front vermeil,
L’œil brillant d’amour et de flamme,
Sous les derniers feux du soleil,
Ouvrait les secrets de son âme.


Elle s’adressait aux échos
Qui répétaient sa voix, si douce,
Que frémissants, on vit les flots,
À travers le sable et la mousse,
Charmés d’entendre son murmur,
Étendre leur nappe asurée
Pour refléter son regard pur
Et sa brune tête adorée.

Le soir caressait, plein d’amour,
De sa mélodieuse haleine,
Ses lèvres, son cou de velour
Que couvraient ses cheveux d’ébène.
De la nature qui s’endort,
Livrée au séduisant mystère,
Souriant, dans un rêve d’or,
La fillette oublia la terre.


Sur sa fiévreuse et blanche main,
Soudain, son joli front se penche.
Et le merle de son refrain
L’endormit, caché dans la branche.
Dans son rêve, pour la charmer,
Cupidon, rempli de son thème,
Lui conjugua le verbe aimer ;
Puis elle soupira : « Je t’aime ! »


Décembre, 1888.