Relation de l’ambassade de Mr le Chevalier de Chaumont à la cour du Roy de Siam/06
Départ de Bantam au Cap de Bonne-Eſperance du 12. Mars 1686.
12. de Mars | ||
E Bantam à l’iſle du Prince |
25 | |
Fait à Sud oueſt | 26 | |
de meſme | 31 | |
Au oueſt Sud oueſt | 18 | |
Sud oueſt quart d’oueſt | 24 | |
Sud oueſt | 18 | |
Sud oueſt quart d’oueſt | 24 | |
Oueſt Sud oueſt | 30 | |
meſme | 39 | |
Sud Sud oueſt | 24 | |
Oued Sud oueſt | 20 | |
meſme | 25 | |
Oueſt Sud oueſt | 38 | |
meſme | 42 | |
meſme | 26 | |
meſme | 27 | |
Montant de l’autre part 866. lieuës. | ||
Sud oueſt quart d’oueſt | 16 | |
Oueſt Sud oueſt | 20 | |
Sud oueſt quart d’oueſt | 25 | |
Oueſt Sud oueſt | 23 | |
meſme | 37 | |
meſme | 25 | |
Sud Oueſt quart d’oueſt | 24 | |
Oueſt Sud oueſt | 43 | |
meſme | 49 | |
meſme | 51 | |
meſme | 51 | |
meſme | 46 | |
Oueſt quart Sud oueſt | 40 | |
meſme | 30 | |
Oueſt Sud oueſt | 46 | |
meſme | 60 | |
Sud Oueſt quart d’oueſt | 56 | |
Sud Oueſt | 42 | |
Oueſt quart Sud Oueſt | 5 | |
Oueſt | 43 | |
Oueſt quart Sud oueſt | 33 | |
meſme | 10 | |
Oueſt Sud oueſt | 19 | |
Oueſt quart Sud oueſt | 31 | |
meſme | 33 | |
meſme | 18 | |
Oueſt quart de Nort oueſt | 10 | |
Oueſt demy quart Sud oueſt | 20 | |
Oueſt quart de Sud oueſt | 16 | |
1796 lieuës
| ||
Montant de l’autre part. 1796 lieuës | ||
Au Oueſt quart de Sud oueſt | 32 | |
Oueſt Sud oueſt | 43 | |
Oueſt | 20 | |
Oueſt | 37 | |
Oueſt quart Sud oueſt | 45 | |
meſme | 51 | |
Oueſt Sud oueſt | 11 | |
Nort oueſt quart nort | 11 | |
Nort eſt quart de nord | 8 | |
Sud oueſt | 28 | |
Oueſt Nort oueſt | 20 | |
Nort Nort oueſt | 20 | |
Veu le Cap des Eguilles & j’ay fait juſques à la Baye du Cap de Bonne-Eſperance | 33 | |
Total 2158. lieuës. |
E vingt-ſixiéme Mars à deux heures
aprés midy j’ay mis à la voile avec un
bon vent, en ſortant de la Baye prés de la
Fortereſſe Hollandoiſe du Cap de Bonne-Eſperance, je vis trois vaiſſeaux qui
faiſoient route pour venir au Cap ; mais
je n’ay pû diſtinguer de quelle Nation
ils étoient, je croy qu’ils étoient Hollandois ,
parce qu’on en attendoit ce
nombre de Iſle de Ceilan. Quand nous
fûmes à quarante lieuës de là nous
trouvâmes la mer fort groſſe, elle nous tourmenta
pas beaucoup, & nous continuâmes
noſtre route pour aller paſſer la ligne
par la meſme longitude que nous l’avions
paſſée en allant, il ne ſe pouvoit
que noſtre voyage ne fut extrêmement
agréable ; car, comme j’ay déjà dit, le
Roy de Siam envoyoit avec nous des
Ambaſſadeurs en France , pour témoigner
au Roy avec combien de paſſion
il ſouhaittoit ſon amitié : ſes grandes
qualitez & ſa renommée eſtant venue,
juſqu’à luy, & faiſant depuis long-tems
un extrême bruit dans les Indes. Il m’avoit
dit dans une Audience, qu’il ne
leur donnoit point d’inſtructions ſur les
ceremonies que l’on fait en France
qui ſont bien differentes de celles de ſon
Royaume, parce qu’il étoit perſuadé
que le Roy ne leur feroit rien faire qui
fût prejudiciable à ſes intereſts, & qu’il
me chargeoit de leur conſeiller tout
ce qu’il faudroit faire pour le mieux
quand ils ſeroient en France, qu’il
ſe repoſoit ſur moy pour cela, &
qu’il eſtoit bien ſeur que je ne leur
conſeillerois rien qui ne fût à faire.
Nous avions donc avec nous trois
Ambaſſadeurs des plus conſiderables
de Siam. Le premier eſt frere du
deffunt Barcalon qui étoit premier Ministre
du Roy, homme d’eſprit, il a toujours
été auprés de son frere dans toutes
les affaires ; c’est luy qui accompagné d’un
autre étoit venu me recevoir à l’entrée de
la Riviere de Siam lors de mon arrivée ;
& qui a toûjours été avec moy, m’accompagnant
par tout où j’allois. La premiere
fois que je le vis il me parut tres-honnête-homme
& d’un eſprit fort aiſé, ce qui fit
que je dis à Monſieur Conſtans que je
croyois qu’il ſeroit tres-propre pour être
Ambaſſadeur en France. Le ſecond eſt
un homme fort âgé qui a beaucoup d’eſprit,
& a été Ambaſſadeur à la Chine
dont le Roy ſon Maître fut fort content ;
le troiſieme eſt âgé de vingt-cinq ou trente
ans, ſon pere eſt Ambaſſadeur en Portugal ;
ce ſont les meilleures perfonnes
du monde, ils ſont doux, honnêtes,
complaiſants, & de tres-bonne humeur,
& je conte d’être fort de leurs amis. Ils écrivent
juſqu’aux moindres petites choſes
qu’ils voyent, ce qui me fait plaiſir ; car
ils auront dequoy s’exercer en France,
où ils renconteront tant de choſes dignes
de leur admiration, je m’aſſure qu’ils en
feront un fidel recit au Roy leur Maître.
Ils devoient avoir douze Mandarins
à leur ſuites ; mais ils n’en ont
que huit parce qu’il en eſt reſté quatre à
Siam qui ne ſont pas venus aſſés tôt à bord,
il amenoient en France douze petits garçons
pour les y laiſſer pour apprendre la
Langue & des métiers ; mais il en eſt reſté
une partie avec les quatre Mandarins qui
n’ont pu nous joindre auſſi bien que quelques
domeſtiques de ces Ambaſſadeurs ils
en ont encore une vingtaine, ils ſont chargés
de beaucoup de beaux preſens pour le
Roy, pour Monſeigneur, pour Madame
la Dauphine & pour Meſſeigneurs les
Ducs de Bourgogne & d’Anjou & pour
Meſſieurs de Seignelay & de Colbert de
Croiſy. Il y a parmy ces preſens beaucoup
de vaſes d’or & d’argent, des ouvrages
du Japon & des Manilles, grande
quantité de porcelaines tres-rares, des
paravans de la Chine & du Japon, pluſieurs
bijoux de tous les endroits des Indes,
des Cabinets, coffres, écritoires
vernis, & garnis d’argent, des vazes de
terre ſizelée, qui ſont légers comme des
plumes, deux petits navires d’or, l’un
pour le Roy & l’autre pour Monſeigneur
le Duc de Bourgogne, deux pièces de canon
pour le Roy d’environ deux ou trois
livres de balles, de fer battu à froid garnis
d’argent & façonné avec de l’argent approchant
d’un ouvrage de raport, des
cornes de rinocerots, des pierres de Bezoüar
& pluſieurs autres choſes dont je ne me
ſouviens pas. Ces preſens vallent beaucoup,
& le Roy de Siam s’eſt fait un grand
plaiſir d’envoyer tout ce qu’il avoit de plus
rare. Monſieur l’Abbé de Lionne fut prié
par ce Roi de faire le voyage avec ſes Ambaſſadeurs ;
il leur ſera d’un grand ſecours,
parce qu’il parle leur langue, c’eſt un
tres-honnête homme & d’une haute pieté :
le meſme Roy témoigna auſſi à Monſieur
le Vacher qu’il ſeroit bien-aiſe qu’il retournât
avec les Ambaſſadeurs, ce qu’il a
auſſi fait, il leur ſera pareillement d’une
grande utilité étant un homme fort agiſſant.
Nous avions auſſi avec nous Monſieur
l’Abbé de Choiſi qui a fait le voyage
pour demeurer en qualité d’Ambaſſadeur
en cas que le Roy de ce pays-là ſe fût fait
Chrétien ; c’eſt un tres-honnête homme
qui a beaucoup d’eſprit & de merite. Il
s’eſt fait Prêtre & il a dit ſa premiere Meſſe
dans le Vaiſſeau, il nous a donné de
bons exemples, & nous fait des prédications
fort édifiantes, Monſieur l’Abbé du
Chailar étoit auſſi du voyage, c’eſt un
homme d’eſprit & qui nous a ſouvent prêché.
J’avois pour Aumônier Monſieur
l’Abbé de Jully dont j’ai été fort content
il nous a auſſi fait de belles Predications,
& l’Aumônier du Vaiſſeau Monſieur le
Dot a eu un ſoin fort grand de tout l’équipage,
& de ceux qui étoient malades. Il
ne s’eſt point paſſé de Dimanche ny de
Feſte que nous n’ayons eu des Predications,
& je puis dire graces à Dieu que l’on
a vécu dans le Vaiſſeau avec beaucoup de
pieté par le ſecours de tous ces Meſſieurs
qui exhortoient ſouvent ceux de l’équipage
à vivre en Chrétiens, il n’y en a point
eu qui ne ſe foient confeſſez & fait ſouvent
leurs dévotions, ce qui nous a attiré toutes
les benedictions de Dieu que nous avons
eues dans ce voyage ; car on ne peut
pas faire une navigation plus heureuſe.
Nous avions pour Capitaine de Vaiſſeau
Monſieur de Vaudricourt qui commandoit
le vaiſſeau Loiſeau, c’eſt un tres-honnête
homme, & un des meilleurs navigateurs
& des plus ſoigneux que le Roy
aye ; j’ay tout-à-fait ſujet de m’en louer,
il a eu le ſoin de tout ce qui concernoit
le Vaiſſeau ; où rien n’a manqué par les
précautions qu’il avoit priſes avant noſtre
départ, je n’euſſe jamais crû que cela eût pû
ſe faire de la ſorte dans un ſi long voyage.
Nous avions auſſi Monſieur de Coriton
Capitaine de Fregate legere, un tres-bon
Officier fort ſoigneux & aſſidu à ſon métier ;
nous avions pour Lieutenant le
Chevalier de Fourbin que j’ay laiſſé prés
du Roy de Siam, & Monſieur le Chevalier
de Cibois qui sont de tres-bons Officiers,
& pour Enſeigne Monſieur de Chamoreau
qui eſt un homme qui ſçait beaucoup
de ſon métier, par la grande application
qu’il y donne, il eſt capable d’être
plus qu’Enſeigne. Le Roy m’avoit fait
l’honneur de me donner douze Officiers
& gardes Marines pour m’accompagner à
l’Ambaſſade qui eſtoient Meſſieurs de
Francine Enſeigne, Saint Villiers enſeigne,
de Compiegne, de Ereteville, de
Seneville, du Fays, de Joncourt, la Palu,
la Foreſt, d’Hebouville qui eſt mort dans
la Fregate en route, & Monſiteur du Tartre
Lieutenant ſur la Fregate Maline qui
eſt tres-honnête homme & bon Officier.
Monſieur de Joyeuſe commandoit cette
Fregate, & j’ay tous les ſujets du monde
de me louer de ſa conduite ; je dois rendre
cette juſtice à tous ces Meſſieurs qu’ils
ont eſté tres-ſages, & ont tout-à-fait
répondu au choix que ſa Majeſté en avoit
fait ; ils ont bien appris la navigation &
les Mathématiques ; ils avoient un Maiſtre
en allant qui a reſté à Siam, & en
revenant le Pere Taſchard a bien voulu
leur en ſervir ; ceux qui ne ſont pas
Officiers ſont capables de l’être, &
ceux qui le ſont, ſont capables de monter
à des degrez plus hauts. Il y avoit un garde
Marine qui étoit commandé qui n’eſt
pas venu avec moy & qui eſt reſté en France ;
je diray à la louange de Monſieur le
Chevalier du Fays qu’il eſt tres-capable
d’être Enſeigne, il a eu une tres-grande
application pour apprendre les manœuvres
& tout ce qui regarde la navigation.
J’avois pour Secrétaire le Sieur de la Broſſe
bonneau qui eſt tres-honnête-homme.
Monſieur Conſtans m’ayant témoigné
qu’il ſeroit bien-aiſe d’avoir deux de mes
Trompettes & mon Tapiſſier je les luy
laiſſay de leur conſentement, il leur a
fait un bon party ; mon Maître d’Hôtel
me demanda d’y reſter pour negotier
quelque argent qu’il avoit, un de mes
laquais eſt demeuré avec le Chef de la
Compagnie Françoiſe, & un autre à qui
la dévotion a fait prendre party de reſter
au Séminaire de Siam pour être Missionaire.
Monſieur l’Abbé de Choiſy y a
auſſi laiſſé deux de ſes gens, l’un appellé
Beauregard qui étoit Cadet dans le
Vaiſſeau, Monſieur Conſtans a promis
de faire quelque choſe pour luy, je croy
qu’il le mettra dans la Marine, il eſt
bien demeuré douze ou quinze François
au ſervice du Roy & du Miniſtre.
Je continuay ma route & j’eus vent arriere & le ? Avril je paſſay à la hauteur de l’Iſle ſainte Heleine qui eſt habitée par les Anglois ; les Vaiſſeaux qui viennent des Indes y touchent ordinairement, c’eſt-à-dire quand ils ne vont pas au Cap de Bonne-Eſperance ; on m’a dit que c’eſt une très-bonne Iſle & bien fertile, elle eſt à feize degrez de latitude Sud. Le ? les vents toûjours arrière je paſſay à la veuë de l’Iſle de l’Aſcention qui eſt à huit degrez Sud de la ligne. Cette Iſle n’eſt point habitée, la plûpart des Vaiſſeaux qui paſſlent s’y arrêtent pour y prendre de la tortue, il y en a une grande quantité, & ces animaux rafraîchiſſent beaucoup les équipages, ils demeurerent en vie un mois & ſix ſemaines ſans manger, on ne les peut prendre que la nuit, car le jour les tortues retiennent à la mer, & la nuit elles ſe retirent en terre pour y mettre leurs œufs qu’elles enfoüient dans le ſable. Pour les prendre il ſe faut tenir caché avec un gros bâton à la main & les ſurprendre quand elles ſortent de l’eau, on les renverſe ſur le dos & lors elles ne peuvent plus ſe retourner, on en prend des quatre-vingt & cent pour une nuit & le jour on les embarque & on les met ſur le dos dans le Vaiſeau. Il y a des Barques qui y vont pour ſaller de ces tortues, qu’elles portent aux Iſles de l’Amérique & que les habitants achetent pour leurs eſclaves ; comme j’avois un bon vent je ne m’y arreſtay point, ne voulant pas perdre de temps à paſſer la Ligne Equinoxiale ; car quelquefois on y reſte longtemps à cauſe des grands calmes & des pluycs qu’on y trouve ; le 28. Avril je paſſay la Ligne avec un temps admirable, les chaleurs n’étant point incommodes, peu de calme & de pluye ; c’étoit la quatriéme fois que je l’avois paſſée dans ce voyage ſans avoir quitté le juſt’au-corps de drap doublé de meſme ; tout mon monde & mon équipage eſtoient lors en tres-bonne ſanté à la reſerve de quatre ou cinq qui eſtoient malades du flux de ventre depuis Siam ; cette maladie ſe guerit rarement dans ces pays-là, il ne m’eſt mort que dix ou douze Matelots ou Soldats. Nous ne vîmes que tres-peu de poiſſon dans cette traverſe, ce qui eſt contre coutume, car ordinairement il s’y en trouve en grand nombre ; nous harponnâmes un gros poiſſon que l’on appelle ſouffleur, environ huit pieds de long & quatre de large, il avoit ſur la tête un trou par où il reſpire & jettoit de l’eau en l’air comme une fontaine ; il faiſoit beaucoup de bruit & peſoit environ 300. livres ; ce poiſſon eſt bon à manger & le harpon dont on ſe ſert pour le prendre eſt comme le fer d’une flèche, quand il eſt une fois entré il ne peut plus reſſortir. On met cet harpon au bout d’un morceau de bois bien long que l’on attache à une corde, un Matelot adroit tient cet harpon dans la main à l’avant du Navire, &ce poiſſon venant à paſſer proche de luy il luy jette le harpon, l’ayant touché il défile la corde pour que le poiſſon perde ſon ſang & ſa force ; enſuite on le retire. Le vingt-neuf nous prîmes de la meſme maniere deux autres poiſſons que l’on nomme Marſoins, ils ſont preſque de la meſme figure que le ſouffeur, à la reſerve qu’ils ont la tête & le muſeau long, & le ſoufleur l’a preſque ronde. Ils pouvoient bien peſer cent cinquante livres chacun ; ils ſont auſſi tres-bons à manger. Nous eſtions du côté du Nort avec un bon vent ; je n’ay eſté que trente deux jours en route du Cap de Bonne-Eſperance à la Ligne, & en allant j’avois employé de la Ligne au Cap ſept ſemaines, parce que la route eſt beaucoup plus longue par les vents d’oueſt qu’il faut aller chercher.
Le 16 may ſur le minuit nous paſſâmes le Tropique par l’eſtime qu’en firent nos pilotes en prenant la hauteur. Le 17. à midy ce fut grâce à Dieu la ſixiéme fois que nous avions paſſé les Tropiques dans ce voyage, & ſortant de la Zone torride nous entrâmes dans la temperée par un bon vent.
Le premier Juin nous vîmes la terre, & comme nous croyons en eſtre à plus de cent cinquante lieuës cela nous ſurprit, & comme il faiſoit un grand brouillard nous fûmes obligez de nous en approcher, & le temps s’étant éclaîrci nous reconnûmes que c’étoit l’Iſle de Flore qui eſt une des Açores & la plus à l’oueſt ; elle eſt tres-haute, il en tombe de l’eau des montagnes dans la Mer ce qui fait de tres-belles caſcades, & qui nous la fit reconnoître. Il fallait que nous euſſions trouvé des courans d’eau qui nous euſſent portez à l’oueft, que nous nous faiſions à plus de cent cinquante, lieuës à l’eſt. Le cinquième nous vîmes un Vaiſfeau qui paſſa proche de nous ; mais comme c’eſtoit la nuit nous ne ſçûmés pas de quel pays il eſtoit. Le ſeptiéme nou en vîmes un autre qui étant venu proche du mien, j’envoyay mon canot à bord avec un Officier qui me dit que ç’étoit un Navire de Londres qui venoit de Virginie qui s’en retournoit à Londres, il étoit chargé de tabac, & comme il faiſoit beaucoup de vent, & que nous allions mieux que luy nous le quittâmes en peu de tems. Nous eûmes vent variable juſqu’au douzieme, & ſur les ſix heures du ſoir le vent eſtant oueſt & arrière il ſe leva une groſſe mer & le vent ſi violent qu’ils nous obligerent le lendemain ſur les dix heures du matin de mettre à la Cap, & mes Pilotes ne ſe faiſoient qu’à cent lieuës de Breſt. Le temps eſtant fort obſcur avec de la pluie, & comme on craint de s’approcher des terres par un tel tems, parce que quelque fois ces coups de vent durent des huit jours ; cela m’obligea à mettre à la Cap, ſur les dix heures du ſoir du treize le vent & la mer calmerent, & je me remis à la voile & le dix-huit Juin nous arrivâmes graces à D. ieu heureufement à la rade de Breft, à quatre heures aprés midy où dés qu’on eût mouillé je fis tirer le Canon des deux Vaiſſeaux pour ſaluer les Ambaſſadeurs
de Siam que j’ay amenez. Depart du Cap de Bonne Eſperance pour Breſt du 26. Mars 1686. | ||
Mars. | ||
Ait au nort oueſt 30. lieuës | ||
de meſme | 14 | |
de meſme | 19 | |
Au oueſt nort oueſt | 12 | |
Au nort nort oueſt | 15 | |
Au nort oueſt | 26 | |
de meſme | 20 | |
Au nort nort oueſt | 29 | |
Au nort oueſt | 20 | |
de meſme | 31 | |
de meſme | 30 | |
Nort oueſt quart d’oueſt | 38 | |
Au nort oueſt | 38 | |
de meſme | 40 | |
Au nort oueſt 1/4 d’oueſt | 35 | |
Au nort oueſt | 36 | |
de meſme | 40 | |
de meſme | 40 | |
de meſme | 34 | |
de meſme | 39 | |
de meſme | 42 | |
de meſme | 32 | |
de meſme | 31 | |
de meſme | 37
| |
de meſme | 36 | |
Au nort oueſt quart d’oueſt | 34 | |
Au nort oueſt | 33 | |
Au nort oueſt | 27 | |
de meſme | 28 | |
Au nort oueſt | 24 | |
de meſme | 21 | |
de meſme | 46 | |
Au nort 1/4 quart nort | 27 | |
meſme | 19 | |
Au nort oueſt | 17 | |
de meſme | 29 | |
de meſme | 24 | |
de meſme | 18 | |
de meſme | 30 | |
Au quart nort oueſt quart d’oueſt | 27 | |
Entre le nort oueſt & le nort oueſt nort | 37 | |
Au nort oueſt quart nort | 29 | |
Au nort nort oueſt | 37 | |
de meſme | 33 | |
Au nort nort oueſt & le nort nort | 40 | |
Au nort nort oueſt | 35 | |
Au nort quart nort oueſt | 35 | |
Au nort | 36 | |
Au nort quart nort oueſt | 32 | |
Au nort | 31 | |
Au nort eſt | 22 | |
Au nort eſt quart nort | 29
| |
Au nort est | 26 | |
Au nort | 29 | |
Au nort oueſt nort | 12 | |
de meſme | 14 | |
de meſme | 27 | |
de meſme | 5 | |
A nort eſt quart nort | 22 | |
de meſme | 40 | |
Au nort eſt | 38 | |
de meſme | 31 | |
de meſme | 39 | |
de meſme | 24 | |
A eſt quart nort eſt | 22 | |
veu Corue & Flores au nort | 18 | |
de meſme | 30 | |
Au nort eſt quart nort | 26 | |
Au nort nort eſt | 25 | |
Au nort eſt quart eſt | 26 | |
de meſme | 30 | |
Au nort eſt quart de nort | 53 | |
de meſme | 22 | |
Au Sud eſt eſt | 17 | |
A eſt | 34 | |
A eſt | 51 | |
de meſme | 50 | |
de meſme | 27 | |
de meſme | 36 | |
de meſme | 35 | |
de melme | 20 | |
Total 4209. lieuës |