Relation du voyage de sa majesté Charles X en Alsace/Histoire
Coup d’œil général sur l’Alsace.
HISTOIRE.
Dix-neuf siècles d’illustration historique planent sur l’Alsace.
Son noble territoire présente à la fois les respectables vestiges des nombreux monumens que les Celtes, les Gaulois, les Romains, les Germains et les Francs y ont successivement élevés. L’origine de plusieurs de ses cités remonte à l’antiquité la plus reculée.[1]
Le Rhin, qui de tout temps l’a séparée de la Germanie, a été le témoin des événemens les plus importans, des catastrophes les plus grandes ; et les Vosges qui séparent l’Alsace de la Lorraine, sont encore couronnées jusqu’à leurs sommités les plus élevées par les innombrables créneaux construits lors des guerres féodales du moyen âge.
Enfin, les forteresses plus modernes qui protégent ses fertiles plaines, et qui sont en grande partie sillonnées par le feu de l’ennemi, lui donnent l’apparence d’un immense camp retranché, qui recèle dans son sein des milliers de braves, toujours prêts à répandre leur sang pour le service du Prince et de la Patrie, et pour la sécurité d’une population martiale et fidèle, qui plus d’une fois a combattu elle-même avec honneur pour la défense de son territoire.
L’Alsace a toujours été divisée en haute et basse, comme elle l’est encore aujourd’hui, et la limite qui sépare les deux départemens, et qui cependant n’est pas tracée par la nature, est encore en ce moment telle qu’elle était avant les Romains et telle que ces maîtres du monde l’ont conservée.
La haute Alsace faisait partie de la Séquanie et de la Rauracie[2], qui appartenaient à la Gaule celtique, et la basse Alsace dépendait de la Médiomatricie, qui relevait de la Gaule belgique.
Nous n’aborderons pas les faits antérieurs à l’occupation de l’Alsace par les Romains, on ne pourrait les établir que par la tradition, toujours incertaine, puisque, d’après leurs lois, les Druides, les seuls hommes instruits parmi les Gaulois, ne pouvaient rien fixer par écrit.
Les différens peuples de la Gaule étaient rarement unis entre eux : les Éduens ayant déclaré la guerre aux Séquaniens et aux Rauraques, ceux-ci appelèrent à leur secours Arioviste, qui régnait sur une partie de la Germanie. Ce chef des Barbares défit les Éduens à Amagétobria (près Pontarlier), et pour prix de sa protection, il s’empara du pays de ceux qui l’avaient implorée.
À cette époque Jules César venait d’être nommé proconsul, et le sénat romain l’avait chargé de pacifier la Gaule et de la défendre contre les incursions des Germains. César paraît, il est vainqueur, et tout rentre dans l’ordre. Il s’approche ensuite du Rhin, où Arioviste ose l’attendre et le défier à la tête d’une armée nombreuse : elle est anéantie par les troupes romaines près d’Epamanduodurum (Mandeure), dans le pays de Montbéliard.[3]
Cette victoire donna la haute Alsace aux Romains, et l’année suivante César, après avoir vaincu les Helvétiens et les Belges, s’empara de la Médiomatricie et réunit ainsi la basse Alsace à l’empire. Mais la conquête de l’Alsace ne fut réellement assurée que cinq années après, lorsque Vercingétorix, ayant levé l’étendard de l’indépendance dans la Gaule, fut vaincu par César sous les murs d’Alise[4]. Il paraît certain que c’est pendant les différentes guerres que César entreprit contre les Barbares et les Gaulois, que deux peuplades de la Germanie, les Triboques d’abord et ensuite les Némètes, vinrent s’établir dans la Médiomatricie.
Auguste, qui succéda à César, opéra un changement dans la dénomination des provinces. La Gaule celtique, à laquelle appartenait le Haut-Rhin, prit le nom de lyonnaise, et la Médiomatricie fit partie de la Germanie supérieure ou cis-rhénane.
Claudius Drusus, frère de Tibère Néron, fut préposé à la garde du Rhin, et y signala son courage.[5]
Tibère et Germanicus y firent preuve d’héroïsme ; Quintilius Varus, de faiblesse, et Caligula, de lâcheté.
Trajan, Marc-Aurèle et Caracalla y soutinrent la gloire des Romains.
La fin du règne d’Aurélien fut marquée par les désastres de la Germanie supérieure. Cette contrée fut alors entièrement ravagée par les Allemands.[6]
En l’année 301, les Barbares, après avoir dévasté les bords du Rhin, pénétrèrent jusqu’à Langres[7], où soixante mille des leurs périrent dans une bataille que leur livra Constance Chlore.
C’est vers cette époque que le christianisme s’introduisit d’une manière stable en Alsace, et que S. Materne vint comme missionnaire du saint Siège prêcher l’Évangile à Helvetus.
Constantin le grand, fils de Constance Chlore, est célèbre par ses triomphes sur le Rhin et par sa conversion au christianisme[8]. Sous son règne la Germanie supérieure prit le nom de Germanie première.
Julien remporta à Argentoratum[9] une victoire complète sur sept rois allemands. Chnodomaire, qui commandait en chef, fut fait prisonnier entre Concordia[10] et Tribunci.[11]
Plusieurs années après, les Allemands dévastèrent la basse Alsace, traversèrent les Vosges et furent entièrement anéantis à Scarpona[12] par Jovin, général de la milice équestre.
Gratien signala les commencemens de son règne en détruisant dans la plaine de Colmar (Argentuaria) une armée considérable de Barbares, dont trente mille restèrent sur le champ de bataille ; mais les Vandales et les Alains les vengèrent sous le règne d’Honorius, en dévastant la Germanie première.
Depuis cette époque, les Romains n’eurent plus qu’un vain titre de souveraineté sur les provinces limitrophes du Rhin. Les Armoriques, les Visigoths, les Bourguignons et les Francs, sous la conduite des rois Pharamond et Clodion, s’étaient emparés d’une partie de la Gaule. L’Alsace fut comprise dans ce qu’ils appelèrent la Thuringe gauloise. Le pays fut alors divisé en cantons ou Gau. Le Haut-Rhin devint le Sundgau, et le Bas-Rhin, le Nordgau. Quant à eux, ils reçurent des Romains le nom de Francs ripuaires.
Argentorat commençait à se rétablir sous la domination des Francs, lorsqu’Attila, surnommé le fléau de Dieu, traînant à sa suite plusieurs centaines de milliers de Barbares, qu’il avait amenés des rives du Danube, vint la dévaster de nouveau, ainsi que tout le pays compris entre le Rhin et la Marne, jusqu’à Châlons[13], où il fut vaincu par Aétius, général romain, secondé par Mérovée, roi des Francs, et par Théodoric, roi des Visigoths. La fuite des Barbares produisit l’effet de la lave d’un volcan ; elle réduisit tout en cendres sur son passage. Quatorze siècles se sont écoulés depuis, et cependant on ne peut encore prononcer le nom d’Attila sans horreur.
Childéric, fils de Mérovée[14], régna sur Argentorat et sur le pays qui en dépendait ; il y joignit bientôt Cologne, Trèves et Metz.
C’est vers cette époque, en l’année 476, que l’empire romain s’écroula en Occident, après une existence de douze cent vingt-quatre années. Ce colosse étonna long-temps l’univers par sa splendeur et sa gloire ; mais il subit enfin la loi commune que la nature impose à tout ce qui existe : il cessa d’être.
Clovis succéda, jeune encore, à Childéric, son père, et il joignit à son titre de roi des Francs la dignité de maître de la milice, que lui déférèrent les Romains établis dans les Gaules. Clovis était occupé à soumettre les Armoriques, lorsque les Allemands firent une nouvelle invasion dans la Germanie première. Le héros revint bientôt sur le Rhin, et après une bataille long-temps disputée, pendant laquelle il fit le vœu d’adorer le Dieu de Clotilde, son épouse, qui était chrétienne, il remporta une victoire complète et chassa les débris de l’armée ennemie sur la rive droite du Rhin.[15]
Clovis s’occupa à réparer les désastres de l’Alsace ; il rétablit Argentorat, qui prit alors le nom de Strasbourg[16], et en l’année 504 il y jeta les premiers fondemens de l’église cathédrale.
Thierry Ier, l’un de ses fils, régna sur l’Alsace en sa qualité de roi d’Austrasie, dont Metz était la capitale.
Childebert et ses successeurs eurent des palais à Kœnigshofen, à Marlenheim, à Isenbourg, à Kirchheim, et ils y tinrent souvent leur cour.[17]
Dagobert II fonda la puissance des évêques de Strasbourg, en leur faisant, dans l’année 675, donation du Haut-Mundat[18], composé de Rouffach, Isenbourg et des terres qui dépendaient de ce château royal.
Charlemagne[19] se plaisait beaucoup en Alsace : il résida souvent à Kœnigshofen et à Sélestat. Ce prince fit bâtir en pierres le chœur de l’église cathédrale de Strasbourg, qui jusqu’à cette époque n’avait été qu’en madriers de chêne.
Louis le débonnaire, se trouvant en Alsace en l’année 818 avec son fils Lothaire, accorda à ce prince la propriété du village d’Erstein. En 833 il fit de grandes libéralités à l’église de Strasbourg, et bientôt après, c’est-à-dire pendant la même année, il devint la victime d’une horrible trahison, ourdie par ses trois fils, Lothaire, Louis de Germanie et Charles le chauve, qui, non contens d’armer contre leur père, se souillèrent d’un crime affreux, en l’attirant à une conférence dans la plaine de Rothfeld, que l’on croit être située entre Colmar et Brisach[20], et en le retenant prisonnier dans son château royal de Marlenheim.
Bientôt après la mort de Louis le débonnaire, l’indigne conduite de ses fils reçut sa récompense : ils se firent une guerre acharnée, et Lothaire fut vaincu par ses deux frères. Cependant, comme ceux-ci craignaient de succomber à leur tour, s’ils ne restaient pas intimement unis, ils eurent une entrevue à Strasbourg, où ils se donnèrent réciproquement des fêtes militaires[21], au milieu desquelles ils s’engagèrent par serment à ne conclure avec Lothaire aucun arrangement, à moins qu’il ne fût commun à tous deux. Les troupes jurèrent de leur côté de combattre de concert pour l’exécution de ce traité et d’abandonner même celui des deux rois qui romprait l’union.[22]
Enfin, les trois frères s’étant réunis à Verdun, au mois d’Août 845, ils procédèrent au partage de l’Empire. Lothaire obtint le titre d’empereur, l’Italie et tout le pays compris entre le Rhin, l’Escaut et la Meuse.
Ce prince revint à Strasbourg en l’année 845, et dix ans après il mourut imbécille[23] : digne fin d’un parricide et d’un tyran.
Lothaire II, l’un de ses fils, donna à sa portion d’héritage le nom de Lotharingia, ou royaume de Lorraine, et étant mort en 869 sans laisser d’enfant légitime[24], ses frères Louis et Charles se disputèrent son héritage, et finirent par le partager à l’amiable[25]. La Lorraine proprement dite resta à Charles, et Louis devint possesseur de l’Alsace, qu’il réunit à la Germanie.
C’est à cette époque que finit la domination des Francs sur l’Alsace ; ils la recouvrèrent environ huit siècles après.
La période germanique de l’histoire de l’Alsace, que nous allons parcourir avec rapidité, contient sept cent soixante-dix-huit années. Elle commence en 870 et finit en 1648, époque du traité de Westphalie. On la divise en trois parties : la première, depuis 870 jusqu’à 916, présentant l’Alsace comme dépendance de l’ancien royaume de Lorraine ; la seconde, présentant cette province sous la domination des ducs, depuis 916 jusqu’en 1268, époque de la mort de Conradin, dernier duc d’Alsace et de Souabe ; enfin, la troisième, depuis 1268 jusqu’à 1648, présentant l’Alsace comme province immédiate de l’Empire germanique.
Louis de Germanie avait une prédilection particulière pour l’Alsace. Il vint plusieurs fois à Strasbourg, et en l’année 873 il confirma, en faveur de Rathald, évêque de cette ville, le droit de battre monnaie.
Charles le gros lui succéda. C’est en Alsace qu’il répudia Richarde, son épouse, qui prit alors le voile à l’abbaye d’Andlau.[26]
Arnould, duc de Carinthie, s’empara de l’Alsace à la mort de Charles le gros, et fit reconnaître Zwentibold, son fils naturel, comme roi de Lorraine. Celui-ci laissa gouverner ses États par ses maîtresses et par ses favoris ; et après avoir laissé commettre des vexations sans nombre, il fut tué dans une bataille que lui livrèrent les troupes de Louis IV, dit l’enfant, fils légitime d’Arnould.
Vers cette époque, Otbert, évêque de Strasbourg, fut assassiné auprès de cette ville, à la suite d’une émeute des habitans.
Conrad, roi de Germanie, érigea peu de temps après, c’est-à-dire en l’année 916, la Souabe en duché, et il rangea l’Alsace sous la domination de Burgard, premier duc de Souabe.
De 917 à 926 l’Alsace fut presque constamment dévastée par les Hongrois, et ensuite par les troupes allemandes et lorraines, auxquelles cette malheureuse province servit pendant plusieurs années de champ de bataille.
Louis d’outre-mer survint ensuite ; il s’empara de Brisach : mais ayant quitté l’Alsace, l’empereur Othon rentra en possession de cette forteresse, et séjourna quelque temps à Erstein, où il manqua de devenir victime d’une conspiration tramée par Ludolf, son propre fils, qui perdit à cette occasion le duché de Souabe et d’Alsace, dont il avait reçu l’investiture.
La veuve de l’empereur Othon mourut en Alsace en 999 ; elle fut inhumée à Seltz.
La puissance des évêques de Strasbourg s’étant successivement accrue par les différentes concessions des souverains qui avaient régné sur l’Alsace, Erchambaud, quarante-deuxième évêque, publia, en 985, un Code de lois municipales pour la ville de Strasbourg[27]. On y remarque des dispositions fort curieuses et qui font peu regretter cette législation.
Après la mort de l’empereur Othon III, Henri, duc de Bavière, parvint à l’Empire. Hermann, duc de Souabe et d’Alsace, qui avait été son compétiteur, irrité contre l’évêque Werner, partisan de Henri, s’empara de vive force de la ville de Strasbourg et la fit dévaster par ses soldats[28]. Henri le contraignit ensuite à réparer le dommage causé par ses ordres.
Il n’entre pas dans notre projet de faire connaître les combats sans fin qui ont inondé l’Alsace de sang pendant les règnes des empereurs Conrad, Henri III et Henri IV : l’ambition de plusieurs seigneurs devenus puissans, ainsi que le schisme survenu dans l’Église romaine, à l’occasion de l’élection de l’anti-pape Clément III, mirent toute la population sous les armes.
Les nombreuses ruines que l’on voit gisantes sur les plus hautes montagnes de l’Alsace, déposent encore de nos jours contre les auteurs de ces catastrophes et contre l’absurdité du droit féodal et des guerres de religion.
Les comtes d’Alsace s’étaient déclarés pour le pape Grégoire VII, et les évêques de Strasbourg et de Bâle pour Clément III ; Hugues, comte d’Eguisheim, surnommé l’infatigable soldat de S. Pierre (indefessus miles S. Petri), défit à plusieurs reprises les troupes épiscopales, et contraignit ses adversaires à solliciter la paix. Il fut invité à venir la signer à Strasbourg, et le 7 Octobre 1089 il fut assassiné dans la propre chambre de l’évêque Othon.[29]
Quelques années avant, l’empereur Henri IV avait donné le duché de Souabe et d’Alsace à Fréderic de Hohenstaufen, qui devint la tige de la dynastie permanente des ducs d’Alsace, jusqu’'à l’époque de leur extinction.[30]
Son fils, Fréderic II, duc d’Alsace, disputa l’Empire à Lothaire II ; il leva même des troupes après l’élection de son compétiteur ; elles furent détruites dans les environs de Gougenheim par les troupes levées et commandées en personne par Gérard, évêque de Strasbourg.
Fréderic Ier, connu sous le nom de l’empereur Barberousse, était duc d’Alsace au moment où il parvint à l’Empire. Il affectionnait cette province, et y séjournait chaque fois que ses ennemis lui laissaient du repos. Il avait un palais à Haguenau, et il y fit faire des constructions considérables. Il y fonda également un hôpital et accorda de grands privilèges à cette ville.
L’Alsace eut beaucoup à souffrir des contestations survenues entre Philippe, son vingt-deuxième duc, et Othon IV, qui se disputaient l’Empire.
L’évêque de Strasbourg, ainsi que les comtes de Dagsbourg et de Linange, soutenaient Othon. Philippe brûla Molsheim et dévasta les villes appartenant aux partisans de son rival. Ceux-ci, de leur côté, exercèrent des représailles sur Haguenau et sur les domaines de la maison de Staufen. Enfin, Othon ayant été vaincu à Bovines par Philippe-Auguste, roi de France, Fréderic II, fils de Philippe, monta sur le trône impérial.
C’est pendant ces événemens, c’est-à-dire à la fin du douzième siècle, que furent créés les landgraviats de la haute et de la basse Alsace.
Conrad, fils de Philippe, étant mort, une horrible confusion survint entre ses nombreux compétiteurs. L’Alsace s’en ressentit et devint encore la proie de guerres intestines. Gauthier de Géroldseck, évêque de Strasbourg, voulut restreindre les privilèges que les empereurs avaient accordés à cette ville : il en résulta une révolte et des combats qui durèrent plusieurs années, et auxquels toute la province prit part. Enfin, Rodolphe de Habsbourg, qui fut depuis empereur, ayant combattu à la tête des Strasbourgeois, et leur ayant fait remporter plusieurs victoires, la paix se rétablit.
Nous arrivons à la catastrophe qui trancha les jours du dernier rejeton de la dynastie de Staufen, et qui amena l’extinction des ducs d’Alsace.
Conrad, roi des Romains, avait confié en mourant la tutelle de son fils Conradin à Mainfroi, prince de Tarente. Celui-ci en profita pour usurper la couronne de Sicile, qui était le seul bien qui restât à son neveu. Le pape Urbain IV excommunia l’usurpateur ; mais, au lieu d’employer sa puissance en faveur de Conradin, il offrit la couronne de Sicile à Charles d’Anjou, frère de Saint-Louis, roi de France. Mainfroi voulut soutenir son usurpation, et il fut tué dans une bataille que lui livra Charles d’Anjou aux environs de Bénévent, le 26 Février 1266. Deux ans après, Conradin, âgé de seize ans seulement, leva des troupes et voulut faire valoir ses droits ; mais il fut vaincu par Charles d’Anjou, qui souilla sa victoire en faisant mourir ce jeune et malheureux prince sur l’échafaud.
C’est ainsi que périt le dernier duc d’Alsace. Avec lui finit pour ainsi dire l’indépendance de cette province, qui fut dès-lors annexée à l’Empire germanique.
Les guerres continuelles qui déchirèrent l’Alsace pendant le treizième siècle, donnèrent lieu à une espèce de fédération entre les principales villes de cette province, qui prirent le titre de villes impériales ou immédiates. Telle est l’origine de la décapole, qui forme ce que l’on appela depuis la Préfecture de Haguenau.[31]
L’Alsace jouit de quelque tranquillité sous le règne de Rodolphe. Il n’en fut pas de même sous Adolphe de Nassau. Strasbourg et Colmar se déclarèrent contre lui, et il en résulta de grands désastres pour la province. En l’année 1298 cet état de choses fut encore aggravé par la guerre qui éclata entre les villes de Strasbourg et de Haguenau, et dans laquelle cette dernière fut en partie consumée par les flammes.
Jean de Lichtenberg, évêque de Strasbourg, plutôt guerrier que prélat, et qui avait plusieurs fois pris les armes pour soutenir ou augmenter les droits de son évêché, fut tué dans un combat, en voulant secourir Lion de Fribourg, son beau-frère, contre lequel les habitans de cette ville s’étaient soulevés.
Le 1er Janvier 1308, la Suisse fonda son indépendance et secoua le joug de l’Autriche. Pendant la même année l’Italie fut ensanglantée par les querelles des Guelfes et des Gibelins. Bientôt après l’Alsace devint le théâtre de la guerre qui éclata entre Louis V de Bavière et Fréderic le bel, duc d’Autriche, qui se disputèrent l’Empire. Cette guerre, qui continua après la mort de Fréderic, fut terminée par un traité de paix signé à Haguenau.
Il s’opéra à cette époque une révolution dans le gouvernement de la ville de Strasbourg. Le parti aristocratique, qui la dominait, était dégénéré en oligarchie, et quelques familles puissantes s’étaient emparées du gouvernement. Les plébéiens voulurent secouer le joug en 1308 ; mais ils furent vaincus, et ceux qui s’étaient mis à leur tête furent proscrits. Vingt-quatre ans après, la division s’étant mise parmi les nobles, la bourgeoisie en profita et s’empara du gouvernement[32], dont elle resta en possession, même après la réunion de Strasbourg à la France, et jusqu’à l’époque de la révolution française.
L’année 1349 fut marquée par de grands désastres. Une peste générale dépeupla une partie de l’univers connu. Ce terrible fléau exerça ses ravages sur les bords du Rhin et frappa particulièrement les villes de Strasbourg et de Colmar. Le fanatisme vint encore augmenter ces calamités : on accusa les israélites d’avoir occasioné la peste en empoisonnant les puits et les fontaines ; et malgré les efforts des magistrats, plusieurs milliers de ces malheureux furent égorgés ou brûlés.[33]
Les dévastations commises par les malandrins[34] et par les troupes d’Engerhard de Coucy, devinrent un nouveau fléau pour l’Alsace. Les villes formèrent une ligue pour les éloigner, et elles n’y réussirent qu’après de grands efforts. La fin du quatorzième siècle et le commencement du quinzième furent marqués par de nouveaux ravages que commirent successivement, et souvent simultanément, les troupes impériales et celles des villes, des évêques[35] et des seigneurs, à l’occasion de la guerre qui éclata entre Strasbourg et l’évêque Guillaume de Dietsch.
Un événement qui intéresse le monde entier et qui a contribué plus que tout autre à adoucir les mœurs et à former l’éducation des princes et des peuples, vint bientôt faire une diversion puissante à ces désastres. C’est vers cette époque, c’est-à-dire en l’année 1440, que Jean Gænsfleisch, plus connu sous le nom de Gutenberg, natif de Mayence, fit à Strasbourg ses premiers essais d’imprimerie en caractères mobiles. L’Alsace peut donc revendiquer l’honneur d’avoir été le berceau de l’imprimerie, de cette conception qui a révélé à l’homme toute sa force et toute sa dignité, qui a dissipé à jamais les ténèbres de l’ignorance et qui a répandu des flots de lumière sur le monde entier.
À peine les guerres particulières avaient-elles cessé en Alsace, que cette province devint le théâtre d’une guerre étrangère. L’Autriche, espérant réduire les Suisses sous sa dépendance, engagea Charles VII, roi de France, à faire une diversion en sa faveur. Le Dauphin (depuis Louis XI) vint en Alsace avec un corps d’armée considérable. Il rencontra les Suisses dans les environs de Bâle et remporta sur eux une victoire long-temps disputée, mais qui fut décisive. Les troupes françaises furent alors cantonnées dans la haute et la basse Alsace ; mais le Dauphin ayant quitté l’armée, et la subsistance des troupes n’ayant pas été assurée par l’Autriche, ainsi qu’elle s’y était engagée, les soldats commirent d’horribles pillages, qui soulevèrent toute la population. Il en résulta une anarchie complète, qui dura deux années entières et qui couvrit l’Alsace de dévastation, de meurtres et d’incendies.[36]
Quelques années après[37], Constantinople fut prise par les Turcs, et l’empire d’Orient cessa d’exister. Il avait survécu neuf cent soixante-dix-sept ans à l’empire d’Occident.
La haute Alsace était à cette époque en proie aux divisions. La noblesse, non contente d’asservir les campagnes, voulut encore étendre ses vexations jusqu’aux villes. Celle de Mulhouse, pour se soustraire aux tentatives des nobles, se réunit à la confédération suisse.[38]
La basse Alsace était tourmentée en même temps par la guerre que se firent la ville de Strasbourg et Louis le noir, duc de Deux-Ponts.
Les contestations qui existaient entre la Suisse et Charles le téméraire, duc de Bourgogne, se firent vivement ressentir en Alsace. L’archiduc Sigismond d’Autriche avait cédé au duc de Bourgogne ses droits au landgraviat d’Alsace. Charles établit comme gouverneur de ses possessions dans cette province un gentilhomme nommé Pierre de Hagenbach, qui fixa sa résidence à Brisach. Les vexations et les violences qu’il se permit furent poussées si loin, qu’elles soulevèrent toute la population et que l’infame gouverneur fut mis à mort.
Les troupes de Charles le téméraire pénétrèrent presque aussitôt dans le Sundgau et mirent tout à feu et à sang ; les Suisses, alliés fidèles des Alsaciens, vinrent à leur secours et mirent en fuite les troupes de Bourgogne ; mais Charles, voulant faire une diversion, porta la guerre dans le cœur de la Suisse même. Il fut vaincu à Granson et à Morat ; et peu de temps après il fut tué à la bataille de Nancy, dans laquelle les Strasbourgeois et les Suisses secondèrent si vaillamment les nobles efforts de René, duc de Lorraine.[39]
La fin du quinzième siècle vit éclore dans la basse Alsace la sédition des paysans contre les nobles et le clergé. Un ancien stettmeister de Sélestat et deux nobles soulevèrent une partie de la population des terres appartenant à l’évêque de Strasbourg ; mais, ayant échoué dans une entreprise contre la ville de Sélestat, les conjurés furent bientôt dispersés. Tel fut, peut-être, le principe de la guerre des paysans, qui, vingt-cinq ans après, inonda l’Allemagne de sang.
En 1511, la ville de Landau, qui relevait de l’évêque de Spire, fut réunie à l’Alsace et fit partie de la décapole.
Bientôt après, l’état d’agitation qui se faisait ressentir en Allemagne et en Alsace fut encore augmenté par la révolution religieuse entreprise par Luther, et consommée par lui et ensuite par Calvin.
La réforme s’introduisit bientôt dans plusieurs villes principales de l’Alsace, et la guerre des paysans s’y renouvela. Saverne, Neubourg, Wissembourg et Kaisersberg en ressentirent les désastreux effets. Strasbourg, déjà forte par son gouvernement paternel et populaire, fut à l’abri des grandes agitations, et opéra avec calme son changement de religion, malgré tous les efforts de Charles-Quint. Enfin, en 1555, la paix de religion fut publiée par la diète germanique.
Jean de Manderscheid-Blankenheim, 80e évêque de Strasbourg, étant mort en 1592, le trône épiscopal devint l’objet d’un long débat. Les chanoines catholiques choisirent Charles de Lorraine, et les chanoines protestans élurent George de Brandebourg. La ville prit parti pour ce dernier, et les troupes strasbourgeoises eurent d’abord l’avantage : elles s’emparèrent du château de Kochersberg ; mais bientôt elles y furent surprises et passées au fil de l’épée. On se battit encore après, avec des succès variés, mais enfin les protestans eurent complétement le dessus ; il en résulta un traité qui fut signé à Haguenau, et d’après lequel Charles de Lorraine fut maintenu dans la possession du siège épiscopal, après avoir ratifié la cession que George de Brandebourg avait faite à la ville d’une partie des domaines de l’évêché.
Nous arrivons à une époque importante dans les annales de l’Europe et qui ramena enfin l’Alsace sous la domination de la France.
Henri IV, de glorieuse et chère mémoire, avait reconnu la nécessité de mettre un frein à l’ambition de la maison d’Autriche : les poignards du fanatisme arrêtèrent son noble projet, qui fut abandonné par la régente ; mais, Richelieu ayant pris les rênes du gouvernement, on en revint au système de Henri le grand. Cet habile ministre saisit l’occasion que lui offrit le mécontentement de Gustave-Adolphe contre l’empereur Ferdinand II, et il conclut avec le roi de Suède un traité, dont le but était d’abaisser la maison d’Autriche. Telle fut l’origine de la guerre de trente ans, à laquelle toutes les puissances de l’Europe prirent part, qui commença en 1618 et qui fut terminée en 1648 par le traité de Westphalie.
Le feu de cette guerre gagna promptement l’Alsace. Une armée suédoise, commandée par le comte de Horn, y pénétra en 1632, et toute la noblesse du pays se déclara pour le parti protestant, que soutenait la France. Les Suédois s’emparèrent de Benfeld, de Sélestat, de Kaisersberg, d’Ammerswyhr, de Turckheim, d’Ensisheim, de Munster et de Colmar.
En 1635 la France acheta des Suédois toutes les places de l’Alsace dont ils s’étaient mis en possession, et elle les céda au duc de Weimar, chef d’un corps de troupes auxiliaires, renommées par leur valeur, et connues sous le nom d’armée weimarienne ; mais celui-ci étant mort peu de temps après, les forteresses retournèrent à la France.
En 1636 Saverne fut assiégé et pris par les Français, commandés par le cardinal Lavalette. Turenne y fut blessé.
Le traité de Westphalie assura à la France la haute et la basse Alsace, à l’exception de Strasbourg, qui demeura ville libre et impériale.[40]
En 1667, la guerre ayant éclaté entre la France et l’Espagne, Louis le grand fit la conquête de la Franche-Comté en un mois.
Cinq années plus tard, la guerre avec la Hollande fut déclarée. L’Empire germanique et l’Espagne prirent part contre nous. L’Alsace devint à cette occasion le théâtre de la gloire de Turenne. Après avoir battu les alliés à Entzheim et ensuite à Turckheim et à Mulhouse, il les contraignit à passer le Rhin, et ayant encore remporté plusieurs avantages, il allait obtenir sur eux une victoire décisive, lorsqu’il fut tué par un boulet de canon sur les hauteurs de Saasbach, au moment où il reconnaissait un défilé par lequel il voulait marcher a eux.
L’armée française ayant opéré sa retraite à la suite de ce funeste événement, l’Alsace fut envahie de nouveau ; mais le grand Condé, le maréchal de Luxembourg et le duc de Créqui la délivrèrent bientôt. La paix de Nimègue, conclue le 10 Août 1678, termina cette guerre.
Enfin, la ville de Strasbourg s’étant soumise le 30 Septembre 1681, en vertu d’une capitulation particulière, l’empereur et l’Empire cédèrent définitivement à la France, par le traité de Ryswick, tous leurs droits sur la province d’Alsace.
Tel est le sommaire des principaux événemens qui ont fait de l’Alsace un des pays les plus historiques de l’Europe. Ce qui s’est passé depuis dans cette belle province, appartient à l’histoire générale de la France, et ne peut trouver place dans le cadre que nous nous sommes tracé. Nous nous bornerons donc à dire que l’Alsace, digne d’être française, n’a pas cessé un seul instant de mériter ce titre honorable, et que chaque fois qu’il y a eu des sacrifices à faire, partout où il y a eu des dangers à braver, de la gloire à acquérir, ses nobles enfans se sont toujours fait remarquer parmi les plus braves, parmi les plus dévoués et parmi ceux qui ont le plus contribué à l’illustration de leur nouvelle patrie.
- ↑ Argentoratum ou Argentina (Strasbourg), Brocomagus (Brumath), Saletio (Seltz), Tres-Tabernæ (Saverne), Concordia (Altstatt), près Wissembourg ; Tribunci, près Lauterbourg, Helcebus ou Helvetus (Ell), près Benfeld ; Argentuarius ou Argentuaria (Horbourg), près Colmar ; Brisiacus (Vieux-Brisach), qui dans les temps anciens se trouvait sur la rive gauche du Rhin ; Rufiana (que l’on croit être la ville de Rouffach), Urunci (maintenant Rixheim, à une lieue de Mulhouse), etc.
- ↑ La principauté de Porentrui, ayant été occupée en 1792 par les troupes françaises, se constitua en république rauracienne. Cette république éphémère fut réunie à la France le 23 Mars 1793 : elle forma d’abord le département du Mont-Terrible, et fut annexée depuis au département du Haut-Rhin, qui la perdit en vertu du traité de Paris. Les Rauraques n’étaient pas Gaulois, mais bien Germains. Ils s’étaient introduits dans la Gaule antérieurement à Jules César, et ils y étaient établis lorsque ce proconsul fit la conquête de la Séquanie. Voilà pourquoi il les considère comme indigènes au pays qu’il avait conquis, et les comprend dans la Maxima Sequanorum.
- ↑ Cette bataille mémorable a été livrée l’an 696 de la fondation de Rome, c’est-à-dire cinquante-deux ans avant la naissance de Jésus-Christ, qui a eu lieu en l’année 748 de Rome.
- ↑ Alesia (maintenant Sainte-Reine), sur le Mont-Auxois (Côte-d’or).
- ↑ Drusus fit réparer et construire un grand nombre de forteresses sur le Rhin. Quelques historiens lai attribuent la fondation de Drusenheim, en Basse-Alsace. Il est vrai de dire qu’ils n’appuient guère leurs raisonnemens que sur la conformité des noms.
- ↑ Les peuples qui habitaient le pays situé entre le Rhin, le Mein et le Danube, prirent le nom d’Alemanni vers l‘époque où Caracalla monta sur le trône, l’année 211 de Jésus-Christ.
- ↑ Andomatunum, postea Lingones.
- ↑ Quelques auteurs, fortement contredits par d’autres, prétendent que c’est en Alsace que la croix lumineuse apparut à Constantin.
- ↑ Strasbourg.
- ↑ Altstatt.
- ↑ Lauterbourg.
- ↑ Charpagne, entre Toul (Tullum) et Metz (Divodurum).
- ↑ Catalaunum.
- ↑ Mérovée donna son nom à la première race de nos Rois.
- ↑ Les historiens ne sont pas d’accord sur le lieu où cette bataille a été livrée. Les uns le fixent à Tolbiac, près Cologne, et les autres en Alsace.
- ↑ Strateburgum. C’est vers cette époque aussi que le pays prit le nom d’Alsace (Alsatia), qui paraît dériver du nom latin Alsa, que porte la rivière d’Ill ; en latin on appelle encore cette rivière Ellus, d’où dérive probablement le mot Elsas, qui, en allemand, signifie Alsace.
- ↑ Childéric II, se trouvant à Kœnigshofen, donna le duché d’Alsace à Athic, père de S.e Odile et tige des illustres maisons de Bade, d’Autriche, de Lorraine et de France (race Capétienne).
- ↑ Haut-Mundat ou Mundat supérieur, par opposition au Mundat de Wissembourg, en Basse-Alsace.
- ↑ Il a donné son nom à la seconde race de nos Rois.
- ↑ Dans un canton appelé Rothlæuble.
- ↑ Schœpflin (Alsatia illustrata, tom. Ier, pag. 687) voit dans ces fêtes militaires données à Strasbourg les premiers essais des tournois.
- ↑ On peut voir le texte de ces différens sermens, en langues romane et tudesque, dans l’Annuaire historique et statistique du Bas-Rhin pour l’année 1806. Les Annuaires historiques et statistiques du département du Bas-Rhin, publiés par M. Fargès-Méricourt, forment un ensemble de dix volumes. Ils contiennent 544 pages sur l’histoire d’Alsace, depuis les temps les plus reculés jusqu’à la mort de Charles le téméraire (en 1477).
- ↑ Il s’était fait moine huit jours avant sa mort. Le célèbre abbé Grandidier, historiographe de la province d’Alsace, en rapportant ce fait dans son Histoire de l’Église de Strasbourg (tom. II, pag. 167), y joint la réflexion suivante : « On croyait dans ces temps d’ignorance gagner le ciel par cette espèce de métamorphose. »
- ↑ Lothaire avait eu de Waldrade, sa maîtresse, avec laquelle il vécut long-temps à Marlenheim, un fils naturel nommé Hugues, qu’il créa duc d’Alsace en 867. Hugues s’étant révolté contre Charles le gros, son oncle, celui-ci le fit arrêter et lui fit crever les yeux en l’année 885. Hugues prit alors l’habit monastique, et mourut peu de temps après.
- ↑ Le 3 Août 870.
- ↑ Petite ville du département du Bas-Rhin.
- ↑ On peut voir le texte de ces lois dans l’Annuaire historique et statistique du Bas-Rhin, pour l’année 1807.
- ↑ La principale église ayant été incendiée, l’évêque Werner jeta bientôt après les fondemens de l’église cathédrale actuelle.
- ↑ Il existe sur cet épisode des annales de l’Alsace un drame historique en prose, publié en 1780, sous le titre de La guerre d’Alsace, sans nom d’auteur, et que l’on attribue à M. Ramond, membre de l’Académie des sciences. Il est conçu et écrit dans le genre des pièces historiques de Shakespeare, de Bodmer, de Gœthe et du président Hénault. Ce drame est rempli d’un sombre intérêt ; il a les couleurs du temps et des lieux, et quoiqu’il soit peu connu, il est préférable à beaucoup de pièces historiques publiées depuis lors.
- ↑ Dynastia fixa vel Staufensis, Schœpflin, Alsatia illustrata. Cette dynastie a fourni onze ducs à l’Alsace.
- ↑ Elle se composait de dix villes, savoir : Colmar, Haguenau, Wissembourg, Landau, Sélestat, Obernai, Rosheim, Kaisersberg, Munster et Turckheim.
- ↑ On peut voir pour ces détails l’Annuaire historique et statistique du Bas-Rhin, pour 1809, par Fargès-Méricourt, ou la Description de Strasbourg, par le même.
- ↑ Un cabaretier du Haut-Rhin s’érigea en prophète et prêcha la destruction des Juifs. On lui donna le surnom d’Armleder, à cause des bracelets de cuir qu’il portait. Il fit égorger une quantité innombrable de Juifs à Ensisheim, à Rouffach, à Colmar et dans tout le Haut-Rhin. Il en fut de même dans le Bas-Rhin. À Strasbourg, on en brûla à la fois un nombre que quelques chroniques portent à 2000, et que d’autres réduisent à 900.
- ↑ On appela ainsi une immense quantité de déserteurs de différentes nations (Anglais, Français, Allemands), qui s’étaient réunis pour piller et dévaster les provinces.
- ↑ L’évêque de Bâle avait pris parti pour celui de Strasbourg.
- ↑ Les habitans des villes de Sélestat, d’Altkirch et de Mulhausen se sont particulièrement distingués entre toute la population de l’Alsace pour l’expulsion de cette horde indisciplinée de soldats sans frein. Les souvenirs de cette guerre d’extermination se sont perpétués en Alsace : on y parle encore avec effroi de ce terrible épisode, que l’on a qualifié de guerre des Armagnacs.
- ↑ En 1453.
- ↑ Cette alliance eut lieu en 1464.
- ↑ Cette célèbre bataille eut lieu le 5 Janvier 1477.
- ↑ La branche espagnole de la maison d’Autriche ne se désista de ses prétentions sur l’Alsace qu’en l’année 1659, par le traité des Pyrénées.