Remarques de médecine sur différents sujets/Introduction
n examine dans ces
Remarques plusieurs
points importans de
la Medecine pratique,
dont les principaux regardent la
saignée, la purgation & la boisson.
On s’étend fort au long sur
l’occasion de purger au commencement
des maladies aiguës, parce
que l’éclaircissement de cet article a paru un des plus necessaires
pour l’exercice de la
Medecine : On tâche de mettre
dans son jour le sentiment d’Hippocrate
sur ce sujet : On considere
les raisons de ceux qui
croyent que l’orgasme dont parle
ce grand homme, ne signifie
autre chose que la coction de
l’humeur : On cherche ce qu’il
faut entendre par ces paroles,
Que l’orgasme arrive rarement, &
sans prétendre, comme quelques-uns,
que les maladies avec orgasme
soient plus rares en Grece
qu’ailleurs, on fait voir que
l’Observation d’Hippocrate sur
la rareté de l’orgasme, est susceptible
de deux sens, dont le
plus naturel suppose qu’il y a
peu de maladies aiguës au commencement
desquelles l’orgasme
ne se présente : Enfin on travaille
à éclaircir plusieurs autres
points considerables, dont la
connoissance n’est pas tout-à-fait inutile à ceux qui se proposent
dans la Medecine quelque chose
de plus que la speculation : On se
donne ce soin à l’occasion d’un
Livre intitulé : Explication Physique & Mecanique des effets de la saignée & de la boisson dans la cure des maladies, avec une Réponse aux mauvaises plaisanteries que le Journaliste de Paris a faites de cette explication de la saignée.
L’Auteur qui se nomme M. Hecquet,
& qui fait profession de Medecine,
y communique de bonne
foy tout ce que ses profondes méditations
peuvent lui avoir appris
de plus considerable sur l’art
de guerir les maladies. Un ouvrage
si utile ne sçauroit estre trop
public : cependant comme il est
imprimé sans permission, il ne
se debite qu’en cachette, ce qui
est cause que bien des gens en demeurent
privez. De plus l’Auteur
qui a eu la generosité de le
faire imprimer à ses frais, ayant
eu en mesme temps assez de modestie pour n’oser se flatter que
son écrit fust aussi curieux qu’il
est, en a borné les Exemplaires
à un si petit nombre, que quand
mesme tous ces exemplaires seroient
répandus, l’ouvrage ne le
seroit gueres plus pour cela.
Afin donc d’empêcher qu’un travail de cette consequence ne soit perdu pour le public, on a crû devoir en donner un exposé fidele ; mais en même temps on a jugé à propos d’y joindre diverses remarques sur les principaux articles du Livre, tels que sont entre autres, la saignée, la purgation, & la boisson.
Ce Livre dont nous allons donc parler, est un Recueil de quatre pieces différentes : La premiere, une Dissertation ou espece de These Françoise que le Medecin qu’on vient de nommer a donnée sur la saignée dès l’année 1706. & dont Messieurs les Journalistes de Paris ont fait mention dans le second Journal de 1707. Monsieur Hecquet se propose d’y montrer qu’il n’y a point de remede pareil à la saignée pour guerir toutes les maladies : La seconde, l’Exposé qui a esté fait de cette These dans le mesme Journal. La troisiéme, la Réponse de M. Hecquet annoncée dans le titre du Recueil : Et la quatriéme enfin, une Dissertation Françoise par le mesme Auteur, où il demande si on doit empêcher les malades de boire, & où il conclut que non.
Au regard de la Dissertation sur la saignée, il semble qu’après ce que Messieurs les Journalistes de Paris en ont dit, on pourroit se dispenser d’en parler ; mais comme M. Hecquet la remet encore ici devant les yeux, & que d’ailleurs il se plaint dans sa Réponse, que Messieurs les Journalistes n’ont fait qu’effleurer sa These, on se servira de cette occasion pour en rapporter quelques endroits que ces Messieurs n’ont pas touchez, ou sur lesquels ils ont passé legerement. Après quoi on viendra à la Réponse de l’Auteur, & à sa These sur la boisson ; ce qui divisera ces Remarques en trois Parties.