Requiescat (Gilkin)

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La NuitLibrairie Fischbacher (Collection des poètes français de l’étranger) (p. 99).




REQUIESCAT



— Interroge les sphinx, va combattre les guivres
Et cueillir les fruits d’or des baisers défendus.
— À quoi bon ? Je reviens des paradis perdus.
Je me meurs du dégoût des lèvres et des livres.

— N’entends-tu pas le choc des glaives et les cuivres
Sonnant la charge aux cœurs par la gloire attendus ?
— Que de cerveaux fêlés et de crânes fendus !
Je n’ai rien de commun avec ces brutes ivres.

Mes yeux se sont brûlés à fixer le soleil.
Des corbeaux furieux viennent, dans mon sommeil,
Plonger leur bec goulu dans mon vieux corps sans âme.

Mais rien ne me torture autant que les efforts
Des caresses cherchant dans ma cendre une flamme
Pour réveiller mon cœur pourri d’entre les morts.