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Revue Musicale de Lyon 1903-10-27/Nouvelles Diverses

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Nouvelles Diverses

Le programme, des fêtes de Bayreuth pour 1904 est arrêté ainsi qu’il suit : Tannhaüser, 22 juillet, 1, 4, 12 et 19 août. — L’Anneau du Nibelung, 25 au 28 juillet : 14 au 17 août. — Parsifal, 23 et 31 juillet, 5, 7, 8, 11 et 20 août. – Il parait que Miss Isadora Duncan, la célèbre danseuse, qui vient de passer quatorze jours à Bayreuth sur une invitation de Mme Wagner, prendra part aux représentations de 1904. C’est dans Tannhaüser que l’on chercherait à utiliser ses talents. Il s’agit principalement de la scène du Vénusberg. Miss Duncan se rendrait à Athènes pour étudier au pays des Hellènes et d’Aphrodite les attitudes plastiques des danseuses d’après les vases antiques, puis elle reviendrait en Allemagne dans le courant de l’hiver.

D’autre part, nous apprenons que par suite d’une entente entre Mme Wagner et l’intendant von Possart, la Tétralogie sera représentée également l’été prochain à Munich.

— D’après un journal de Munich, M. Camille Saint-Saëns « se serait décidé à entreprendre un voyage musical en Allemagne » et devrait donner des concerts, à la fin d’octobre et au commencement de novembre, à Carlsruhe, à Strasbourg et à Wiesbaden. On annonce, d’autre part, que l’on organise dans cette dernière localité douze concerts symphoniques auxquels prendront part d’éminents solistes et de célèbres chefs d’orchestre. M. Saint-Saëns serait l’un de ces derniers et, de plus, se ferait entendre comme pianiste dans « sa nouvelle oeuvre, Africa, poème symphonique pour piano et orchestre ». Nous reproduisons ces nouvelles sous toutes réserves. Quant à l’ouvrage intitulé Africa, c’est une fantaisie pour piano et orchestre. Il est connu depuis longtemps à Paris, notamment depuis l’audition qu’en a donnée Mme Marie Jaëll aux Concerts-Lamoureux, le 20 novembre 1892.

De l’avis général, les grandes fêtes musicales de Berlin organisées il y a quinze jours pour l’inauguration du monument de Wagner, ont été très peu intéressantes. Tout d’abord le monument lui-même a été très critiqué.

Chacun savait ce que l’on devait attendre du sculpteur. M. Leichner, l’organisateur des fêtes, ne l’ignorait pas, lui qui avait longtemps auparavant, dans un banquet, prononcé ces paroles : « L’artiste frère en art de Wagner n’a pas encore été trouvé ». Les figures placées autour du piédestal ont été jugées peu heureuses. Wolfram d’Eschenbach a une pose de convention : à droite git Tannhaüser accablé, à gauche Kriemhild avec le cadavre de Siegfried, sorte de pietà peu héroïque et plutôt sensuelle. Kriemhild, c’est la belle des belles, qui dit à sa mère Uta : « Je veux vivre à jamais sans l’amour des héros. » Nous sommes, avec Kriemhild, dans l’épopée primitive des Nibelungen, plus près peut-être de Sigurd que de Siegfried. Quant à Wagner, il est assis sur un piédestal romain (pourquoi romain ?). Sa tête trop élevée, la tenue de ses mains et le mouvement de ses doigts, enfin toute son attitude ont été critiquées. « Pas un seul moment on ne se croit en face de Wagner. »

Le 2 octobre, sans attendre la fin des fêtes, le Kronprinz et le prince Eitel-Frédéric, son frère, partaient pour les bains de Kreut (Tyrol). Les concerts et représentations théâtrales se sont succédé dans l’ordre indiqué. Les programmes ont été déclarés sans signification et l’on a dit que le défilé des chefs d’orchestre « internationaux », exhibant chacun un ouvrage de son pays, « avait atteint le point culminant du mauvais goût. » Les discours prononcés en différentes occasions n’ont pas été non plus épargnés. Le ministre des cultes de Prusse, M. Studt, « parle sur Wagner, a-t-on dit, et sur la puissance d’entraînement de la musique sur le peuple, dans le style de M. Loubet (sic) ». Naturellement, M. Leichner est le plus maltraité. On lui reproche d’avoir voulu « amalgamer la Fettpuder (poudre grasse), dont sa maison de parfumerie a le monopole, « avec l’âme de la nation allemande », et d’être arrivé à ce résultat « grâce au monument de M. Eberlein ». La conclusion est que le monument berlinois de Wagner est une « Réclame géante (Riesenreklam). « M. Leichner profane l’art, ajoute-t-on, en voulant jeter sur son industrie un petit manteau d’idéal. » Le mot de tous semble être un ah ! de soulagement. « Les fêtes sont passées, le fameux comité peut s’endormir maintenant… La folle histoire que l’on a nommée Fêtes berlinoises de Richard Wagner sera, Dieu le veuille ! bientôt oubliée ».

Dans le dernier numéro du Guide musical M. Marcel Rémy consacre à ces fêtes manquées un article des plus spirituels.

Hérodiade, dont nous aurons la reprise cette semaine, a servi de spectacle d’ouverture au nouveau Théâtre-lyrique de la Gaieté dirigé par les frères Isola. Le succès a été très vif. L’œuvre était interprétée par Mmes Calvé et Pacary, MM. Renaud, Jérôme et Fournets. L’orchestre, dirigé par notre excellent compatriote Luigini, a été parfait.

Genève. – Voici les programmes des dix concerts populaires qui seront donnés dans le courant de la saison 1903-1904, par M. Henry Marteau.

Outre le concours de ses collaborateurs habituels des séances de musique de chambre, MM. W. A. Rehberg, E. Raymond et W. Pahnke, M. Marteau s’est assuré celui des cantatrices Marcella Pregi, Eva Lessmann, des compositeurs Gabriel Fauré, et W. Pahnke, des pianistes Louis Diémer, E. Consolo, du violoniste Hugo Hermann, du Quatuor tchèque et enfin de l’orchestre de Lausanne et de celui du Conservatoire. Voici le programme général des dix concerts :

1. Concerts Grieg (À l’occasion de son 60e anniversaire). MM. Consolo, Marteau et son Quatuor. Sonate No3, pour piano et violon. Sonate pour piano et violoncelle. – Quatuor à cordes.

2. M. H. Marteau et son Quatuor, M. W. Rebberg. Quatuor en mi bémol NoXII op. 127, Beethoven. Sonate pour piano et violon, R. Schumann. Quintette avec piano, R. Schumann.

3. Concert Saint-Saëns. MM. Diémer, Marteau, W. Rebberg, le Quatuor. Quatuor à cordes. Variations à 2 pianos sur un thème de Beethoven. Soli de piano.

4. Concert avec l’orchestre du Conservatoire dirigé par M. Marteau. Concerto grosso en , de Haendel. Concerto pour deux violons de Bach. Concerto pour violon de Gade. Symphonie de Haydn.

5. Concerto avec l’orchestre de Lausanne. Ouverture de Léonore, No2, de Beethoven. Concerto de violon, de Pahnje. Concerto de violon de Jacques-Dalcroze.

6. MM. Hugo Heermann, et le Quatuor. Trio en si b., op. 17, de Beethoven. Sonate en la min., pour piano et violon, de Rubinstein. Quintette avec piano en fa min., op. 34, de Brahms.

7. Concert Gabriel Fauré avec le Quatuor. Quatuor avec piano avec sol min., op. 11. Sonate pour piano et violon. Quatuor avec piano en ut min., op. 1.

8. Récital vocal consacré à Schumann.

9. Concert du Quatuor Tchèque. Quatuor à cordes, de Smetana. Idem de Suk. Quintette avec piano, de Dvorak.

10. Concert avec l’orchestre du Conservatoire. Symphonie concertante pour violon et alto, de Mozart. Concerto de Beethoven.