Revue des Romans/Alessandro Manzoni

La bibliothèque libre.
Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
◄  Malarme Marcel  ►


MANZONI (Alexandre), célèbre poëte italien du XIXe siècle.


LES FIANCÉS, histoire milanaise, traduite par M. Rey-Dusseuil, 5 vol. in-12, 1828 ; idem par Gosselin, 5 vol. in-32, 1828 ; idem par M. de Mongrand, 5 vol. in-12, 1832. — C’est à Lecco qu’est le point central de ce roman historique ; les événements qu’il retrace eurent lieu dans le Milanez, en 1629 et en 1630, alors que ce pays était sous la domination des Espagnols, et que la peste y fit pour la troisième fois de si affreux ravages. — Un jeune homme, Laurent Tramaglino, filateur de soie, et Lucie Mondella, jeune fille d’une condition égale à celle de son futur, sont fiancés et à la veille de leur mariage. Don Rodrigo, célèbre contumax, la terreur du district de Lecco, qu’habitent aussi les deux fiancés, a fait attention à Lucie, et a gagé de s’en rendre possesseur. Ce Rodrigo vit dans un château isolé, et est entouré d’une bande de scélérats, terreur de la contrée. Par ses ordres, ses partisans intimident le curé Abondio, qui doit bénir le lendemain l’union des deux jeunes gens, et ce pauvre ecclésiastique frappé de terreur, n’ose désobéir aux ordres de Rodrigo. Les fiancés, exposés aux persécutions de ce chef de bandits, se décident à quitter Lecco. Lucie se retire dans un couvent ; Laurent va à Milan, où vient de se déclarer une horrible famine ; il s’oppose à la violence de la foule révoltée contre ses magistrats, mais il est signalé comme un des provocateurs de la révolte, et forcé de fuir le territoire milanais. Rodrigo, qui a fait de vains efforts pour faire quitter à Lucie le couvent où elle s’est réfugiée, s’adresse à un autre brigand plus terrible et plus puissant que lui, désigné sous le nom de l’Inconnu, et le prie de lui rendre le service d’enlever Lucie ; celui-ci fait tomber Lucie dans une embuscade, la conduit à son château, où elle fait intérieurement vœu de renoncer à son mariage et de se vouer à la Vierge ; à peine la jeune fiancée est-elle en la puissance de l’Inconnu, qu’il est tour- menté par l’idée de la violence qu’il exerce. Instruit de l’arrivée de l’archevêque de Milan, et déjà préparé intérieurement par ses remords, il renonce à exécuter la promesse qu’il a faite à Rodrigo, et remet Lucie entre les mains du prélat, qui la confie aux soins d’une dame de Milan. Bientôt la peste éclate dans cette ville qui est encombrée de morts et de mourants. Laurent, impatient de connaître le sort de sa fiancée au milieu de cette calamité générale, vient à Milan, où il apprend qu’elle est malade, et qu’elle a été transférée au lazaret. Non sans peine il parvient jusqu’à ce lieu, où il voit Rodrigo près de rendre le dernier soupir ; il y retrouve Lucie parfaitement guérie ; elle est relevée de son vœu téméraire, et le curé Abondio, qui a été témoin de la mort de Rodrigo, ne fait plus de difficulté de marier les deux fiancés. — L’action de ce roman manque d’unité, et le but moral, trop abstrait, fait quelquefois tort à la vraisemblance ; mais les détails sont pleins de vie et de charme, les épisodes intéressants, et toujours empreints de grandeur et de vérité. — J. Rosini a publié l’histoire de la religieuse de Monza pour faire suite aux Fiancés, traduit par Cohen, 5 vol. in-12, 1830.