Revue des Romans/Antoinette Dupin

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Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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DUPIN (Mme  A.)


COMMENT TOUT FINIT. — Sous ce titre bizarre et assez insignifiant, l’auteur a rassemblé plusieurs nouvelles historiques qui ont le mérite d’être appuyées sur des études sérieuses et sur une connaissance approfondie des hommes, des choses et du temps, qui lui ont fourni la matière de ses intéressants travaux. La première nouvelle, intitulée une Erreur, nous transporte au XVe siècle, dans la ville de Milan, qui gémit humiliée sous la tyrannie de Galeas Sforza. Des patriotes exaltés ont résolu d’affranchir la ville de la honteuse oppression qui l’accable ; mais le peuple, façonné à la servitude, ne paraît pas disposé à la révolte. Une conspiration est formée par les plus nobles citoyens de la république. Le jeune Olgiati, dont Galeas a enlevé la femme, qu’il a forcée de servir à ses horribles désirs, qu’il a chassée ensuite, et qui n’est sortie de son palais que pour aller mourir, se dévoue, et à quelques jours de là, Galeas expire sous les coups de son poignard au milieu d’une cérémonie religieuse. La populace, soulevée par les partisans du duc, se jette sur les conjurés, et les massacre à l’exception d’un seul, le jeune Olgiati, qui subit avec une courage héroïque les tortures atroces auxquelles il est condamné. — Le roi d’Angleterre Henri VIII est le héros de la seconde nouvelle. Ce monstre est représenté à l’époque de son dernier mariage, lorsque, couvert du sang de plusieurs reines, il menace sa chère Catherine de faire dresser pour elle l’échafaud d’Anne de Boleyn. On voit cette pauvre reine, toute tremblante sous les caresses du tigre, s’efforce de sourire et affecter la joie, afin de cacher ses angoisses sous l’apparence du bonheur. Quand son âme est glacée, il faut qu’elle soit amusante, enjouée, qu’elle divertisse le roi par ses saillies ; malgré tous ses efforts, elle ne réussit pas à tromper les regards de Henri, qui projette de s’en débarrasser. Déjà l’acte d’accusation était dressé et revêtu de l’approbation royale, le parlement se disposait à donner au roi cette nouvelle marque de son infamie, lorsque la mort enleva Henri VIII. Ce dramatique sujet est traité avec un talent fort remarquable.

Mme  Dupin est aussi l’auteur d’un roman intitulé Marguerite.