Revue des Romans/Ernest Fouinet

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Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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FOUINET (Ernest).


LE VILLAGE SOUS LES SABLES, 2 vol. in-8, 1834. — Dans ce roman, M. Fouinet a retracé ses souvenirs d’enfance et raconté les naïves légendes de son pays ; à ces détails vrais et profondément sentis, il a mêlé de touchantes aventures et de mélancoliques amours, interrompus par la catastrophe étrange et terrible qui a fourni le titre du roman.

ROMANS DU COIN DU FEU. — ROCK LE CORSAIRE, 2 vol. in-8, 1836. — Il ne faut pas chercher dans ce roman les complications d’une intrigue savamment tissue, ni les fines observations des passions cachées dans le secret du cœur. C’est une action simple qui se développe dans le sein d’une famille, et qui n’a pour mobile que la pitié qu’excitent les misères d’un enfant illégitime, imposé par la loi au corsaire, et que le corsaire frappe incessamment de sa haine et de sa vengeance d’époux outragé et de chef de famille spolié.

ALLAN, LE JEUNE DÉPORTÉ À BOTANY-BAY, in-12, 1836, ouvrage qui a mérité à son auteur un prix de 3 000 fr. de la fondation Montyon. — Le pasteur du village de Lauberis a deux fils, Mérédith, l’aîné, modèle de sagesse, de bon cœur et de bon caractère, et Allan, jeune homme à l’humeur vagabonde, pour qui l’obéissance est un tourment. Un jour, Allan, fatigué des justes remontrances de sa famille, la quitte pour toujours, sans rien dire à personne, sans embrasser sa mère, et après avoir enlevé l’argent que contenait le tronc des pauvres. Sur la grande route de Bristol, il rencontre un enfant plus mauvais que lui encore, avec lequel il dépense l’argent dérobé. Quand ils n’eurent plus rien, les tentations arrivèrent, et ensuite les mauvaises actions qui conduisirent Allan au crime, et par suite devant la justice, qui le condamna à dix ans de travaux publics à Botany-Bay et à la déportation perpétuelle. C’est alors qu’Allan regretta amèrement le presbytère de Lauberis. Dès ce moment germa dans l’âme du déporté le projet de se corriger, de devenir meilleur. Ce qui le consolait un peu, c’était la pensée qu’il n’avait pas déshonoré sa famille et qu’elle ignorerait toujours et son crime et sa honte, car, dans le cours du procès, il avait constamment refusé d’avouer son nom. Il se trompait cependant ; l’aumônier des déportés, qui connaissait son père, avait reconnu Allan, et, de retour en Écosse, annonça à la malheureuse famille la terrible nouvelle ; à cette révélation le pauvre pasteur fut frappé au cœur ; Mérédith, déjà prêtre, et il venait de succéder à son père, offrit d’aller rejoindre le malheureux Allan, pour l’arracher au désespoir, et le père y consentit. Allan se repentait déjà quand il revit son frère ; bientôt il mérita de travailler en liberté chez un maître pour un salaire qui devait lui appartenir tout entier, et quand il eut réuni une assez forte somme, il la fit passer à son père, pour dédommager les pauvres du premier vol qu’il avait commis. C’est une scène vraiment attendrissante que celle où le pasteur de Lauberis distribue solennellement aux pauvres de la paroisse le produit du travail du déporté, en le recommandant, sans le nommer, à leurs prières. Allan eut le bonheur de réparer tous les torts qu’il avait faits, de restituer tout ce qu’il avait dérobé ; mais le crime a des effets irrévocables, des conséquences fatales, sur lesquels le repentir ne peut rien ! Son père ne guérit jamais du coup que la nouvelle du déshonneur de son fils lui avait porté ; il eut le temps de connaître son repentir, de lui rendre son cœur, mais il mourut par lui ! L’effet de cette grande et terrible leçon ne s’est pas détruit par le bonheur que donneront plus tard au déporté le travail et la vertu ; ses affaires prospéreront ; il recouvrera, dans ce moment d’expiation, le respect et la considération des hommes ; sa mère traversera l’Océan pour l’embrasser, le bénir, et terminer près de lui ses jours ; mais le crime lui aura enlevé deux choses qu’il ne retrouvera plus : son père et sa patrie ! — Tel est, rapidement analysé, le petit roman justement couronné par l’Académie.

Nous connaissons encore de M. Fouinet : La Stréga, 2 vol. in-8, 1833. — La Caravane des Morts, 2 vol. in-8, 1836.