Revue des Romans/Fanny Burney

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Revue des Romans,
recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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ARBLAY (mistress Frances d’), née Burney, romancière anglaise, qu’il ne faut pas confondre avec sa sœur miss Sarah Harriet Burney.

ÉVELINA, ou l’Entrée d’une jeune personne dans le monde, trad. par Griffet de Labaume et par H. Renfner, 3 vol. in-12, 1779 et 1784. Évelina parut en Angleterre en 1777 ; c’est le premier ouvrage de miss Burney, qui était alors extrêmement jeune. On conçoit à peine comment une si jeune personne a pu si bien étudier le monde, l’observer avec tant de finesse, avec un tact si juste, saisir si parfaitement les ridicules et les travers de la société, et les peindre avec un aussi rare talent. On raconte que miss Burney publia Évelina sans se nommer et sans en prévenir son père, qui, connaissant tout le danger de la lecture des romans, n’en laissait presque point lire à sa fille. Un jour qu’il était chez un de ses amis, il entendit quelques personnes, dont il estimait le goût et la sagesse, louer le roman d’Évelina dans les termes les plus expressifs, et il l’emprunta pour procurer à sa fille le plaisir de le lire. Miss Burney, un peu embarrassée, fut bien alors forcée d’avouer à son père qu’elle était l’auteur du livre à la mode. — Samuel Johnson, juge difficile, aimait Évelina ; il faisait souvent allusion à ce roman quand il se trouvait dans le monde, et mortifiait singulièrement Boswell, en le classant parmi les Brougton, famille de niais impertinents, que miss Burney a peints au naturel. Dès qu’une singularité de caractère s’offre, elle la saisit avec vivacité, avec bonheur ; elle a disséqué pour ses menus plaisirs les absurdités sociales. Comme elle étudie la mode, l’étiquette, le décorum ! Quelle profonde investigation des convenances ! Comme elle sait tout ce qui s’est passé au bal, et les mille petites passions qui ont agité les lecteurs. — On a encore de cet auteur :

Camillia, ou la Peinture de la Jeunesse, trad. par MM. Desprez et Deschamps, 5 vol. in-12, 1798. — Cécilia, ou Mémoires d’une Héritière, trad. par H. Rieu, 5 vol. in-12, 1783. — La Femme errante, ou les Embarras d’une Femme, trad. par Breton et A. J. Lemierre d’Argy, 5 vol. in-12, 1814. — C’est par erreur qu’on a attribué à madame d’Arblay le roman intitulé Georgina.