Revue des Romans/Frances Trollope

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Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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TROLLOPPE (mistress), romancière anglaise.


MŒURS DOMESTIQUES DES AMÉRICAINES, 2 vol. in-8, 1832. — L’ouvrage de mistress Trolloppe est un ouvrage fort amusant ; c’est une peinture satirique de l’Amérique, faite par une femme d’esprit et d’imagination, qui, partie avec les plus belles idées sur les mœurs et les institutions d’au delà des mers, se trouve, une fois arrivée, assez désappointée dans ses espérances, et fait le récit de ses mécomptes de la manière du monde la plus vive et la plus piquante. Ce livre amusant, qui nous paraît écrit dans le but de faire prévaloir l’opinion des torys, prouve-t-il que l’Amérique a un détestable gouvernement ? Fait-il la satire des institutions républicaines des États-Unis ? Peut-il devenir un livre de parti et plaider pour la monarchie contre la république ? On a paru le croire : de là l’accueil différent qu’il a reçu, blâmé, vanté, selon les diverses opinions. Quoi qu’il en soit, et nonobstant le grand nombre d’idées fausses, et les exagérations peu bienveillantes de l’auteur, on trouve dans son livre des détails fort intéressants sur le caractère des Anglo-Américains, et sur les immenses travaux exécutés dans cette partie du nouveau monde. Nulle part peut-être les travaux n’ont été si audacieux, si rapides, si gigantesques ; nulle part la nature n’a été si impérieusement maîtrisée. Mistress Trolloppe n’est pas suspecte quand elle admire la grandeur de ces travaux. Eh ! qui n’admirerait ces canaux qui se croisent et s’entrelacent de toutes parts, qui prennent et qui unissent, comme par la main, les mille fleuves de l’Amérique, qui joignent l’Atlantique aux grands lacs, à ces cinq Méditerranées qui s’ouvrent l’une dans l’autre, et qui, par les rivières qu’elles reçoivent ou qu’elles envoient, touchent en même temps à tous les points de ce vaste continent, merveilleux réseau de navigation qui couvre l’Amérique. C’est dans cet océan divisé en mille bras que s’élancent les bâtiments à vapeur qui portent des peuples impatients de descendre sur de nouveaux rivages ; et, à peine descendus, les forêts tombent, les maisons s’élèvent, les manufactures s’établissent. C’est une ardeur, c’est un mouvement que mistress Trolloppe peint admirablement, quoique avec des paroles satiriques.

Nous connaissons encore de mistress Trolloppe : La Belgique et l’Ouest de l’Allemagne, 2 vol. in-8, 1834.