Revue des Romans/Henri-Louis Coiffier de Verseux

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Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839


COIFFIER DE VERSEUX
(Henri L. de), né au château de la Fale, en 1770.


ROMANS DU NORD, imités du russe et du danois, de Karamsin et de Suhm, 3 vol. in-12, 1808. Le premier volume renferme trois ouvrages de Karamsin, et les deux autres cinq de Suhm. — Il ne faut point chercher dans les ouvrages de Karamsin ces entassements d’aventures incroyables, devenues maintenant si communes ; ses plans sont au contraire d’une extrême simplicité. Une femme (Julie) abandonnée par son époux au moment où elle était près de devenir infidèle, et recouvrant ensuite sa tendresse ; la jeune fille d’un boyard (Nathalie) épousant en secret le fils d’un proscrit, et rentrant en grâce avec son père, lorsque son époux a préservé Moscow d’une invasion, forment les sujets des deux premiers romans, qu’on ne lit pas sans plaisir. La jeune Lise est une histoire encore moins compliquée que celle des deux autres héroïnes ; mais ici l’auteur s’élève jusqu’au pathétique. Lise est la fille d’une bonne paysanne des environs de Moscow ; elle se croit aimée d’un jeune seigneur, et se livre, avec toute la candeur de l’innocence, à une passion qui doit causer sa perte ; lorsqu’il n’a plus rien à désirer, il la quitte sous prétexte d’aller à l’armée ; mais Lise le rencontre un jour et apprend qu’il vient de contracter avec une femme vieille et riche un mariage de convenance. Lise, sans espérance, et concevant enfin toute l’horreur de sa situation, se précipite dans un lac pour mettre fin à ses malheurs. — Suhm, dans ses romans, a eu principalement en vue d’offrir à ses compatriotes quelques-uns des traits mâles et prononcés de leurs sauvages con Les bornes de ce recueil ne nous permettent pas d’analyser les cinq romans de Suhm, et nous ne voulons pas d’ailleurs ôter au lecteur ce plaisir qui naît de l’incertitude du dénoûment : c’est donc dans l’ouvrage même qu’il connaîtra et les aventures de la noble Gyrète, et celles de la fière Sigride, et les tragiques catastrophes d’Alsole et de Signée. La cinquième histoire offre peut-être moins d’intérêt que les autres, mais elle est très-remarquable par l’intention qu’avait l’auteur en l’écrivant. Osant penser qu’il pouvait contribuer à détruire chez sa nations et chez les peuples voisins des haines invétérées, Shum a peint un Danois, un Norwégien et un Suédois, qui, pleins d’estime les uns pour les autres, font succéder à l’antipathie nationale une amitié généreuse.

Nous connaissons encore de Coiffier de Verseux : *Testament d’un Émigré, in-12, 1800. — *Ouliana, ou l’Enfant des bois, 2 vol. in-12, 1801. — *Le Chevalier noir, in-18, 1803. — La belle Nièce, in-12, 1805.