Revue des Romans/Henry Verdier de La Coste

La bibliothèque libre.
Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
◄  Laclos Lacroix  ►


LACOSTE (le comte Henri Verdier de),
né à Nîmes, mort vers 1821


*ALFRED LE GRAND, ou le Trône reconquis, 2 vol. in-12, 1817. — Alfred eut dans sa destinée quelque chose d’aventureux et de romanesque qui se prête assez bien à la composition d’un roman historique. D’abord vainqueur des Danois, il se vit accabler par le nombre, abandonné des siens, forcé de descendre du trône, et réduit à se mettre au service d’un pâtre dont la femme mit plus d’une fois sa patience à l’épreuve. Hume raconte qu’un jour cette femme ayant chargé son royal serviteur de veiller sur des galettes qui cuisaient dans la cheminée, Alfred négligea le soin qui lui était confié, les galettes brûlèrent, et la femme de son hôte se mit tellement en colère contre lui, qu’elle faillit le frapper. Un trait plus singulier encore est celui-ci : L’illustre captif ayant appris que la division commençait à se mettre parmi ses ennemis, s’introduit dans leur camp déguisé en troubadour, assiste à leur repas, connaît leurs projets, leurs querelles, examine leur position, en instruit les partisans qui lui étaient restés, et revient avec eux porter la terreur dans ce même camp qu’il charmait peu auparavant par ses accords mélodieux. Une paix généreuse fut accordée aux barbares, qui ne tardèrent pas à revenir. Le monarque anglais accourt, les chasse de nouveau et les poursuit jusque sur leurs vaisseaux ; il leur enlève la ville de Londres, la fortifie, et commence la gloire de la nation anglaise en lui créant une marine. — C’est la première partie seulement de la vie de ce prince qui fait le sujet du roman de M. de Lacoste. L’auteur nous montre d’abord Alfred près de conclure son mariage avec la belle Éthelvida, fille du roi d’Écosse, dont la beauté excite le plus vif enthousiasme parmi le peuple. La princesse arrive au palais, la cérémonie a lieu ; mais à peine est-elle terminée, que le cri « Aux armes ! » se fait entendre. Alfred s’élance au-devant des Danois ; il est battu et réduit à fuir ; la reine se réfugie à York, tombe entre les mains de Guttram, chef des Danois, qui la tourmente pour s’en faire aimer. — L’auteur, fidèle à l’histoire, nous montre Alfred supérieur à la fortune, et sait nous intéresser à ses dangers. Presque toujours les incidents qu’il imagine piquent la curiosité sans choquer la vraisemblance. Les situations périlleuses où se trouve le roi, son courage et sa grandeur d’âme, le dévouement et la fidélité de quelques-uns de ses serviteurs, qui, par d’ingénieux moyens, le réunissent à Éthelvida et parviennent à les sauver tous deux, soutiennent l’attention sans la fatiguer, et excitent parfois un doux attendrissement.

Nous connaissons encore de cet auteur : *Quelques Scènes de la vie des femmes, 3 vol. in-12, 1817. — *Chroniques allemandes, contenant : Le Templier, le Juif et l’Arabe ; la Fille du baigneur d’Augsbourg ; Oppression et Révolte, 6 vol. in-12, 1818.