Revue des Romans/Michel Masson

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Revue des romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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MASSON (Aug.-Michel-Benoît Gaudichot, dit Michel),
né à Paris le 31 juillet 1800.


LE MAÇON, 2 vol. in-8, 1828 (publié en société avec M. Raymond Brucker. Voy. ce nom). — Le principal personnage de ce roman est un maçon, Gauthier, qui se marie avec une femme selon son cœur, avant d’avoir acquis, par l’âge et le travail, la maturité d’expérience et les habitudes d’ordre nécessaires pour assurer son bonheur et celui de l’être faible qu’il appelle à partager son sort. Entraîné par de détestables exemples, et par les conseils du maçon Leroux, son mauvais génie, Gauthier s’abandonne à l’oisiveté et aux vices qu’elle engendre ; il néglige ses enfants et cette Suzanne qu’il a tant aimée, mais dont les tendres exhortations ne peuvent plus lutter contre l’influence terrible qu’exerce sur lui Leroux, coureur de cabarets et de maisons de jeu. De faiblesse en faiblesse, de chute en chute, Gauthier tombe dans un conciliabule de brigands, qui cherchent à le rendre complice d’un vol de nuit. Le dénoûment de cette cruelle histoire a lieu devant la cour d’assises et sur la place de Grève : Leroux meurt sur l’échafaud ; Suzanne est engloutie avec ses deux enfants dans les eaux de la Seine ; et Gauthier reste seul sur la terre avec ses remords et son désespoir, triste victime de sa faiblesse et de ses vices. — Les caractères de ce roman sont vrais, quoique copiés souvent sur une nature assez triviale ; le récit ne manque ni de chaleur ni d’intérêt, et les descriptions sont empreintes d’un coloris qui unit la fraîcheur à la fidélité.

LES INTIMES, 2 vol. in-8, 1831. — L’histoire la plus secrète, la plus hideuse de la société parisienne, les plis de l’alcôve soulevés, les derniers mystères révélés, ce que le vice se dit à peine à lui-même, proclamé, des existences saphiques analysées, des anomalies de débauche indiquées, des secrets dont l’intimité la plus sans réserve s’avoue à peine la moitié, dévoilés, voilà ce que l’on trouve dans ce livre dont la lecture fait mal, car il est vrai, dans ce livre où la partie la plus brillante du caractère français, la facilité de commerce, est accusée, condamnée, traînée sur la claie. Sous le rapport moral, quelque voluptueux que soient plusieurs tableaux, tous brûlants d’une séve de jeunesse et d’une fureur d’artiste, les Intimes ne sont pas indignes d’estime. La sainteté du foyer domestique y brille ; l’apologue moral y est enfermé, en dépit de l’auteur lui-même, qui a semblé ne choisir pour conclusion que le désespoir.

DANIEL LE LAPIDAIRE, ou les Contes de l’atelier, 4 vol. in-8, 1832-33. — Ces quatre volumes renferment onze contes : 1o la Femme du réfractaire ; 2o une Mère ; 3o la Complainte ; 4o la Maîtrise ; 5o l’Enseigne ; 6o le Grain de sable ; 7o l’Inévitable ; 8o Annah l’Hébêté ; 9o la Fabrique ; 10o un Nom à tout prix ; 11o Les deux Rois. Ils sont d’un intérêt tel, qu’à l’exception de deux ou trois, tous les autres ont fourni des sujets de pièces de théâtre ; quelques-uns même jusqu’à trois et quatre pièces en même temps. — Dans le nombre de ces contes, on distingue principalement : Une mère, pauvre femme livrée sans défense à la séduction, et qui, plus tard, se rachète de l’infamie par son inaltérable persévérance de dévouement au bonheur d’une fille adorée ; la Complainte, où l’on voit dans une mansarde à peine éclairée par la tremblante lueur d’une lampe funéraire, un malheureux que les tortures du désespoir ne peuvent arracher à son horrible tâche : près du lit de mort où repose le cadavre de sa bien-aimée, il achève avec une délirante ardeur une complainte que l’éditeur attend au matin même… Cent écus seront le salaire de cette œuvre infernale, et paieront les frais des funérailles. L’Enseigne est une satire ingénieuse et piquante de la bienfaisance de parade.

LA LAMPE DE FER, 2 vol. in-8, 1835. — Sous ce titre, l’auteur a publié une dizaine de nouveaux contes, pour faire suite aux Contes de l’Atelier. Parmi ces nouvelles, on remarque celles qui ont pour titre : La voix du sang, Cinquante ans de règne et quatorze jours de bonheur, Gaspard Besse, les deux coupables, Carmagnole, Jeannot, la Palisse et la Ramée.

THADÉUS LE RESSUSCITÉ, 2 vol. in-8, 1833 (en société avec Auguste Luchet). — Par une nuit d’hiver, en 1796, à Paris, un homme jeune et encore beau, mais pâle, le front sillonné de rides prématurées, attend dans le jardin d’un hôtel où tout respire la joie d’une fête somptueuse ; silencieux, les bras croisés, l’œil fixé sur une fenêtre du premier étage, il écoute les bruits du bal. Averti par un signal convenu, il s’approche d’une porte basse ; une femme en sort, il la conduit dans un pavillon où il s’enferme avec elle. C’est l’opulente maîtresse de cet hôtel, la belle Clarence de Vauxbuin ; elle s’est arrachée un moment aux hommages d’un monde d’adorateurs qui l’enivraient d’encens, pour venir verser dans le sein de son amant un secret qui l’oppresse. Elle s’est assise ; il est resté debout, inquiet, troublé, dans l’attente de ce qu’elle va dire. « Thadéus, je suis enceinte. — C’est un malheur, un grand malheur, madame. — Il peut être réparé, Thadéus : je viens offrit au père de mon enfant ma main et le partage de mon immense fortune. — Ce mariage est impossible. » Révoltée, l’altière comtesse réclame ses droits avec une effrayante énergie, il doit lui rendre l’honneur, l’épouser. « Je ne veux pas. — Eh ! qui donc es-tu, pauvre mendiant que j’ai recueilli chez moi, proscrit, inconnu, à qui je donne par pitié, depuis un an, asile et du pain ? De quel droit oses-tu me jeter un insolent Je ne veux pas ? Qui donc es-tu, dis-moi ? — Je ne suis rien, comtesse, je suis moins que rien… un cadavre ! Pour se marier il faut des papiers ; voici les miens, tiens, lis : c’est mon extrait mortuaire… — Que veut dire cela ? s’écrie-t-elle tout effarée. — Cela, madame, répond-il d’une voix qui n’avait rien d’humain, cela veut dire que j’ai été pendu, moi Frédéric, comte de Wurzheim, pendu à Berlin le 16 septembre 1795 !!! … » Thadéus méprisait cette femme, il la fuit sans daigner ajouter que son injuste supplice n’eut rien d’ignominieux : victime d’une conspiration avortée, il avait été sauvé de la mort par l’industrie d’une chirurgien, et forcé de s’expatrier, sans pouvoir même instruire sa mère de sa miraculeuse résurrection ; car il y va des jours du chirurgien, de son sauveur : le silence fut la condition rigoureuse du bienfait. Dans cette situation neuve et bizarre, Thadéus va-t-il ployer sous le poids d’une infortune inouïe ? Non ; il entreprendra contre l’adversité qui le presse et l’écrase une de ces luttes courageuses dont le spectacle émeut profondément le cœur des hommes et captive les regards du ciel ; il demandera d’abord au travail de ses bras le pain de chaque journée ; il remontera peu à peu jusqu’au rang élevé d’où la fortune l’a précipité ; il ressaisira même sa couronne de comte, mais cette fois ce ne sera plus au hasard de la naissance qu’il devra ses dignités. Thadéus dérobe à Clarence, dont il craint l’immoralité, sa petite fille à peine née, et lui consacre toute son existence ; il ne tient à la vie que par ce frêle lien, et il s’y cramponne avec amour. Cette résolution a fourni à l’auteur des effets heureux, et il a su en faire jaillir une foule de situations dramatiques du plus grand effet.

UN SECRET, 2 vol. in-8, 1835 (plus particulièrement attribué à M. Brukère). — Clémentine Delavergne, fille d’un ancien général, est tombée dans le piége que lui a tendu Émile de Luçon ; elle s’est livrée à lui sans réserve, parce qu’Émile lui a persuadé que demander sa main à son père c’était provoquer un refus certain, et que pour arriver à être publique un jour, leur union devait commencer par être secrète. La pauvre Clémentine n’est pas la seule passion d’Émile ; il est pris dans les filets d’une jeune intrigante qui l’exploite, et à qui, dans l’effusion de sa tendresse, il a consenti à donner un blanc seing. Émile et sa maîtresse se sont brouillés ; le donateur veut rentrer en possession de sa signature ; la donataire choisit un fondé de pouvoirs, et la transaction doit se négocier chez un ancien homme d’affaires, ami du général Delavergne. De cette situation savamment préparée sort une scène du plus bel effet. Tandis que le général attend le fondé de pouvoir, Émile de Luçon se présente chez l’homme d’affaires et lui explique le projet qui l’amène ; il a besoin d’une fortune d’emprunt pour demander décemment la main d’une jeune personne, et d’ailleurs il a mis bon ordre à ce qu’on ne pût la lui refuser. Marché conclu : l’homme d’affaires accepte, et promet la fortune remboursable avec le montant de la dot. Caché derrière un paravent, Delavergne a tout entendu, sauf le nom de sa fille, qu’Émile n’a pas prononcé. De cette confidence interceptée jaillissent des lumières qui plus tard éclaireront la triste Clémentine, alors que, devenue mère, et croyant toucher au terme de ses inquiétudes, elle voit commencer un malheur sans fin. Alors le bandeau tombe ; Émile lui apparaît dans la nudité de son égoïsme. Plutôt que de s’unir à lui, Clémentine renonce au monde et se réfugie dans un couvent, après avoir assisté aux derniers moments de son père.

VIERGE ET MARTYRE, 2 vol. in-8, 1835. — Ce roman, fondé sur l’invention plutôt que sur l’observation, se rapproche du genre de l’énigme, dont on ne se soucie plus guère dès qu’on en tient le mot. L’auteur a mis un art infini à le faire entrevoir et désirer ce mot, que l’on poursuit à peu près pendant deux volumes. Cent cinquante pages du premier ne sont consacrées à autre chose qu’à exciter la curiosité de tous les aiguillons dont le conteur dispose, et puis, quand il la sent bien animée, bien avide, bien frémissante, il la lance en plein champ dans son récit qu’elle parcourt d’un bout à l’autre sans perdre haleine, jusqu’à ce qu’elle en touche le terme. — Il y a dans ce livre plus d’imagination que de vérité. Le caractère de Dargelis, spéculant d’abord sur sa femme, dont il se fait un piédestal, voulant spéculer ensuite sur celle qui passe pour sa fille, dépasse la mesure de la bassesse et de la méchanceté probables ; le baron de Gavardin rentre dans la même catégorie ; nous préférons de beaucoup Henri de Montlieu et Clémentine, qui, malgré les excentricités de leurs rôles respectifs, se colorent de teintes aussi naturelles que touchantes et gracieuses. Rien de plus frais et de plus franc que les scènes du roman qui se passent à Vaujours, parmi les paysans chez qui Dargelis a relégué Clémentine ; là, souvent la nature est prise sur le fait de ses actes ou de ses paroles.

LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX, 2 vol. in-8, 1833. — Les Sept péchés capitaux sont sept contes pleins d’intérêt, dont chacun correspond au vice caractéristique qu’il doit représenter. Le premier de ces contes a pour titre les Sarabaïtes de Pedralda ; c’est l’histoire de deux moines d’une petite abbaye près de Valence, l’un jeune et candide, l’autre vieux et dissimulé, et tous deux amoureux d’une jeune et belle femme. Un médecin, frère de l’objet de leur amour, a surpris le secret des deux moines, et pour mettre à l’abri de leurs tentatives la pudeur de sa sœur, mariée à un vieillard, il arme par la calomnie les religieux l’un contre l’autre. Le plus jeune frappe d’un coup de poignard son adversaire déjà mort et qu’il croit endormi. Puis le docteur prépare lui-même la fuite du meurtrier, et le fait monter sur une cavale aux jambes nerveuses et fines. Aussitôt, un coursier andalou reçoit le corps du mort assassiné, et est mis sur la trace de la cavale, qu’il poursuit à outrance. Le meurtrier, obsédé par les fantômes de son imagination, frissonne au retentissement de l’écho, au silence des forêts qu’il parcourt, jusqu’à ce que le coursier fougueux, déjà sur les pas de la cavale, fasse ballotter à ses côtés l’affreuse réalité d’un cadavre. Cette poursuite, qui s’achève sous le portail de la cathédrale de Valence, est un hardi et pittoresque tableau du remords. — Quarante-huit heures de la vie de ma mère, l’Orphelin, et une Plaisanterie, forment trois scènes de mœurs privées remplies d’observations. — Le Doigt de Dieu est une peinture fortement colorée des mœurs de la régence. Vient ensuite l’Élixir d’immortalité ; puis le morceau le plus remarquable du livre : une Heure à la conciergerie : c’est le récit de la captivité de Vergniaud, et, pour ainsi dire, le dernier mot et la confession de ce célèbre Girondin.

NE TOUCHEZ PAS À LA REINE, in-8, 1837. — Don Félix de Valdelirios cheminait sur la grande route de Tolède à Madrid, lorsque tout à coup un voleur sort d’un fossé et demande au gentilhomme la bourse ou la vie. Don Félix tire son épée, et sans doute il aurait succombé dans une lutte inégale, lorsqu’un jeune homme alerte et vigoureux se précipite sur le bandit et le met hors de combat. Don Félix remercie son libérateur, qui se nomme Gil Toralva, lui offre une place sur sa mule, et, tout en cheminant, les deux nouveaux amis se racontent leurs aventures, d’où il résulte que tous deux, sans patrimoine et comptant sur l’avenir, vont chercher fortune à Madrid. Ainsi les deux amis marchent vers le même but. Ils arrivent dans la capitale des Espagnes le jour même où le roi Charles II célébrait son mariage avec Marie-Louise d’Orléans. Le hasard d’une méprise les jette au milieu d’une conspiration qui se tramait contre la nouvelle reine, et qu’ils font échouer. Tous deux sont placés dans la maison du roi. Un jour, au moment où la reine, entourée d’un nombreux cortége, se préparait à partir pour la chasse, son cheval s’emporte ; Marie-Louise tombe, et son pied reste embarrassé dans l’étrier ; les assistants, frappés de stupeur et de consternation, demeurent immobiles, et c’en était fait de Marie-Louise, lorsque deux jeunes gens fendent la foule et s’élancent, l’un vers le cheval qu’il arrête, l’autre vers la reine qu’il dégage et qu’il sauve. C’est don Félix qui a arrêté le cheval fougueux ; c’est son ami qui a sauvé la reine, et cette action va lui coûter la vie, car il est une loi qui défend, sous peine de supplice, de mettre la main sur la reine d’Espagne, fût-ce même pour la disputer à la mort ; Gil Toralva aurait payé de sa tête sa généreuse témérité, si don Félix n’eût obtenu sa grâce. Quelque temps après, don Félix fut moins heureux que son ami ; il est vrai qu’il avait enfreint d’une façon plus criminelle la loi qui dit : « Ne touchez pas à la reine. »

LA COURONNE D’ÉPINE, 2 vol. in-8, 1828. — Richard Savage était un fils naturel du comte de Rivers et de la comtesse de Macclesfield ; sa naissance faisant tache au blason de sa mère, elle le renia ; son père, emporté dans un tourbillon d’amours faciles, ne songea point à lui. Richard alors, doué de qualités brillantes, se fit poëte faute de mieux. Il se crut destiné à reconquérir son patriciat à force de génie ; il fit des vers, des odes, des tragédies, vécut le commensal de quelques lords, insulta sa mère dans plusieurs satires, afin de la forcer à le reconnaître. À côté de cette vie, un peu idéalisée, l’auteur a placé comme contraste celle d’un autre enfant naturel du comte de Rivers, né de la pauvre Ennly, simple blanchisseuse. David Sauveur, c’est son nom, ignore ses parents. Un soir qu’il revenait du cabaret, le tailleur Fraser l’a ramassé gisant sous le porche d’une église. Élevé dans l’échoppe par la mère Fraser, David Sauveur y grandit, et quand le père Fraser meurt, c’est lui qui lui succède, qui console et assiste la maman Fraser. Quand le livre s’ouvre, David Sauveur est heureux et malheureux ; heureux, sa boutique prospère ; malheureux, car il n’a encore ni pu ni osé déclarer son amour à Jane Pretty, sa compagne d’habitation, jeune parente que la mère Fraser a fait venir du pays de Galles. David va se déclarer et prendre jour pour ses fiançailles, quand un inconnu, se précipitant dans la boutique, y demande assez cavalièrement l’hospitalité d’un coin de l’établi. Cet inconnu est Richard Savage, mourant de besoin et dans la détresse la plus complète. À la suite d’une émeute soulevée par lui aux portes de l’hôtel Macclesfield, il a été obligé de se battre contre un jeune amant de sa mère et de le tuer. Condamné à mort par contumace, et poursuivi par la police, il ne sait où terminer sa tragédie d’Owerbury, qui le sauvera à la fois, il le croit du moins, de la faim et de la potence. L’honnête tailleur n’ose pas refuser une hospitalité inopportune ; il continue sa besogne pendant que le poëte rumine la sienne. Cependant Jane Pretty s’éprend d’une passion subite pour Richard Savage, qui la dédaigne, et alors adieu les rêves de bonheur de David Sauveur. La tragédie d’Owerbury est représentée, elle a un succès éclatant ; mais, défiée en public par son fils, par un contumax, la comtesse de Macclesfield se venge en faisant suspendre la pièce, et jeter l’auteur en prison ; la sentence des premiers juges est commuée en une détention perpétuelle qui commence par une séquestration rigoureuse, durant laquelle Richard ne reçoit du monde extérieur qu’un seul objet, une couronne d’épines, que vient lui jeter la comtesse sa mère. Jane, qui n’a pas oublié Richard, va se jeter aux pieds de la reine, et obtient d’elle qu’on aide à son évasion. David, qui vient d’être reconnu par le comte Rivers pour son fils, se dévoue pour son frère, le fait passer pour le fils d’Ennly sa mère, et le marie avec Jane. Richard s’établit à Clifton comme maître d’école ; mais bientôt il se lasse de régenter des marmots ; il trahit vis-à-vis de quelques lords, ses anciens amis, le secret de sa retraite, obtient grâce entière, et revient à Londres, où il meurt misérable et prisonnier. — Le caractère qui domine dans ce roman, un des meilleurs ouvrages de M. Michel Masson, est celui de David ; il plane sur tout le livre et lui donne, au milieu des tableaux les plus sombres, une teinte douce, calme et consolante. David Sauveur, c’est le peuple ouvrier dans toute sa bonté, dans ses vertus simples et droites, dans son dévouement modeste et absolu.

La plupart des ouvrages de M. Michel Masson ayant été publiés sous le pseudonyme de Michel Raymond, et M. Bruckere s’étant aussi servi de ce pseudonyme, il est assez difficile de reconnaître les ouvrages qui appartiennent en propre à l’un de ces deux auteurs. On attribue encore à M. Masson : Un Cœur de jeune fille, in-8, 1834. — La Valise de Simon le Borgne, 2 vol. in-8, 1835.