Revue des Romans/Victor Lottin de Laval

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Revue des romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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LOTTIN DE LAVAL (Victor).


MARIE DE MÉDICIS, histoire du règne de Louis XIII, 2 vol. in-8, 1834. — Marie de Médicis n’est pas, à proprement parler, un roman, puisque le fond en est vrai, puisque la chronologie en est exacte, puisque l’auteur s’est moins préoccupé d’une fable à suivre dans tous ses développements, que d’un caractère à retracer sous toutes ses faces. Il s’est attaché à Marie de Médicis, et l’a suivie durant trente-deux ans, depuis le jour de son sacre, qu’ensanglanta le poignard de Ravaillac, jusqu’à celui de sa mort ; depuis le palais du Louvre jusqu’au galetas de Cologne, où vint expirer la veuve de Henri IV. Toute cette période de trente-deux années de guerres domestiques et civiles, de vicissitudes politiques, l’auteur l’a parcourue d’un vol inégal, c’est-à-dire que tantôt il a plané sur l’ensemble, tantôt il s’est arrêté sur les détails. Dans la multitude d’événements que lui offraient trente-deux années d’histoire, il a choisi ceux qui l’ont frappé le plus vivement pour les formuler en drame ; les autres, il les a rappelés au moyen du récit. De même, à l’égard des personnages, il les a placés sur le premier plan ou les a relégués au dernier, suivant que leur physionomie a plus ou moins saisi son imagination. Il n’en a créé qu’un petit nombre, mais dans cette partie il n’a manqué ni de talent ni de bonheur : nous citerons son Stelli, sa Nysmy, tous deux fruit d’un amour illégitime ; l’intérêt de cœur qu’excitent leurs aventures ranime à propos l’intérêt historique qui règne dans tout le cours du roman.

ROBERT LE MAGNIFIQUE, histoire de la Normandie du X siècle, 2 vol. in-8, 1835. — Robert le Magnifique, chef du duché de Normandie, et bien digne d’en porter la couronne sur son front hautain, après avoir vaincu le duc d’Alençon, vassal rebelle, lui impose de dures conditions ; il exige qu’il se rende à discrétion, et on l’amène, la corde au cou, dans le camp des Normands. Un chef arabe, nommé Kahel, qui est rendu à rançon, est condamné à mort malgré toutes les lois de la guerre. Mais cet Arabe a une sœur dont Robert le Magnifique est amoureux ; on lui laisse la vie, et elle la consacre à se venger du duc de Normandie. Pour expier ses péchés, ou pour rendre le ciel favorable à ses amours, Robert entreprend un pèlerinage en terre sainte. Il traverse les Alpes, va à Milan, puis à Rome, et s’embarque ensuite à Venise ; de là il va à Byzance, d’où il continue sa pieuse excursion. Le roman fait ainsi voyager le lecteur en Normandie, en Italie, en Grèce, en Turquie, en Palestine, et dans toute l’Asie Mineure. Au dénoûment, tous les personnages se trouvant réunis à Nicée ; Kahel empoisonne Robert, accomplissant ainsi sa vengeance, et le duc est enterré dans cette plaine de Nicée, où devaient apparaître, vers la fin du XIe siècle, les chevaliers que Pierre l’Ermite conduisait à la croisade.

LE COMTE DE NÉTY, 2 vol. in-8, 1838. — Taormina ou Tauromin fut assiégée onze fois par les Normands. Selon quelques auteurs arabes, ces nombreux siéges ne furent jamais entièrement levés, ce qui leur faisait dire, avec l’emphase ordinaire à leur style, que la ville de Taurus avait vu cinq mille soleils éclairer les efforts impuissants des chrétiens. M. Lottin de Laval a pris ce siége mémorable pour sujet de son roman. Jourdan Tancrède, comte de Néty, attaque la ville, qui finit par être emportée ; il aime la sultane Ziza, qui passe pour fille de Vittumen, l’émiralem de Catane, mais qui a une autre origine, et qui même est chrétienne. Ce roman est un épopée chevaleresque, ornée de toutes les beautés du genre, combats, tournois, assauts, dangers de toute espèce. Le perfide émiralem s’épuise en inventions pour se délivrer du comte de Néty par le poison ou par le fer. Au moment même où le comte et Ziza sont le plus près du bonheur, la mort les menace de plus près que jamais.

Nous connaissons encore de cet auteur : Les Truands, in-8, 1832. — Un an sur les chemins, 2 vol. in-8, 1837.