Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 5/Lecture 1

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 340-349).

LECTURE PREMIÈRE.
HYMNE I.
Aux Aswins, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Je chante et j’invoque dans mes hymnes les Aswins, conducteurs du ciel et maîtres du monde. (Ces dieux) secourables, au lever (de l’aurore), repoussent ces larges (ténèbres) qui, autour de nous, couvrent et bornent la terre.

2. Oui, ils viennent à notre sacrifice, et de leurs purs rayons ils illustrent les splendeurs de leur char. (Ô dieux), vous ouvrez les plaines infinies de l’air, et devant vous fuient comme de légers (coursiers) les vastes ténèbres (de la nuit).

3. Venez vers cette maison peu fortunée, ô (dieux) terribles ; (dirigez) vers celui qui vous prie vos coursiers aussi rapides que la pensée, et empressés à combler nos vœux. Que l’ennemi du mortel votre serviteur succombe autour de nous.

4. (Dieux toujours) jeunes, vous attelez votre char, et vous ornez la prière du jeune (poëte) qui vous chante, apportant avec vous la brillante abondance et l’opulente offrande. Que le sacrificateur[1] antique et bienveillant s’empresse de vous honorer.

5. Je vous invoque dans un hymne nouveau, (dieux) anciens et puissants, nobles et secourables, comblant de vos dons variés et brillants le chantre qui célèbre vos louanges.

6. C’est vous qui, par les voies radieuses de l’air, avez transporté Bhoudjyou[2], fils de Tougra, en le plaçant sur votre char traîné par des coursiers ailés, après l’avoir relevé du milieu des flots de la mer.

7. Accourez sur votre char triomphant (au bruit) de nos mortiers. (Dieux) bienfaisants, écoutez l’invocation de Badhrimatî[3]. Dans votre générosité vous avez engraissé la vache de Sayou[4] en venant à sa prière, vous qui parcourez le monde.

8. Quand le ciel et la terre apparaissent, et que, parmi les Dévas comme parmi les mortels, s’élève une grande agitation, alors, ô Adityas, ô Vasous, ô fils de Roudra, formez une chaleur qui dévore l’allié des Rakchasas.

9. Que Mitra et Varouna du haut des airs protégent celui qui, dans le moment convenable, honore ces deux royales (divinités). Qu’en faveur de ce (mortel, ils percent de) leur trait le pesant Rakchasa, et même l’enfant d’Anou[5] doué de la parole.

10. Rapprochez de nous votre char brillant et attelé de vigoureux coursiers, et venez dans notre maison (protéger) notre enfant. Dans votre colère secrète, abattez les têtes des ennemis du mortel (qui vous est dévoué).

11. Venez avec vos attelages, supérieur, intermédiaire, inférieur[6]. Ô (Dieux) riches en présents variés, ouvrez à votre chantre les portes d’un pâturage couvert de vaches, et abondant en richesses solides.


HYMNE II.
Aux Aswins, par Bharadwâja.
(Mètres : Trichtoubh et Écapada.)

1. Où sont ces nobles (déités) qu’appellent toutes nos invocations ? Notre hymne, accompagné de l’offrande, se présente aujourd’hui devant vous, (dieux) Véridiques, tel qu’un courrier (diligent). Dans la prière de notre (poëte) vous êtes un objet de prédilection.

2. Venez orner nos invocations. Avec nos louanges vous recevez nos libations. Vous visitez notre demeure, et vous la défendez contre l’attaque de tout ennemi, soit extérieur, soit intérieur.

3. Les mets de l’offrande ont été présentés en votre honneur. Le gazon le plus doux a été étendu. Votre serviteur, élevant ses mains, vous a adorés. Les mortiers, pour vous plaire, ont donné leur jus onctueux.

4. Pour vous Agni se dresse au milieu du sacrifice. L’Offrande s’approche avec empressement, humide du beurre (sacré). Le prêtre, élevant sa voix suppliante, accomplit les rites (divins), et unit dans un même culte les (dieux) Véridiques.

5. Ô (Dieux) riches de tant de biens, la fille du Soleil[7] se place avec toutes ses splendeurs sur votre char bienfaisant. Puissants et merveilleux acteurs[8], vous présidez par votre magie à la naissance des dieux.

6. Vous-mêmes, par vos admirables trésors, vous ajoutez à la beauté, à la parure de la fille du Soleil. Ainsi, vos coursiers s’avancent pour tout embellir, ô (Dieux) adorables et dignes de louanges, et la voix (de la Prière) court au-devant de vous.

7. Que vos coursiers ailés et vigoureux, ô (dieux) Véridiques, vous amènent à nos offrandes. Que votre char, aussi rapide que la pensée, nous apporte une abondance toujours opulente, toujours conforme à nos désirs.

8. Ô (Dieux), dont les mains sont pleines de richesses et de présents innombrables, engraissez pour nous une vache d’une fécondité intarissable. Ô (Dieux) non moins doux que le miel, voici les poëtes qui vous célèbrent ; voici des libations, tribut de reconnaissance qui suit vos bienfaits.

9. Ainsi, j’ai reçu de Pouraya[9] deux cavales légères, de Soumîlha cent (vaches), de Pérouca des vivres préparés. Sânda m’a donné dix serviteurs couverts d’or, beaux, robustes et fidèles.

10. Ô (dieux) Véridiques, Pouroupanthâs a fait présent de cent, de mille chevaux à votre chantre. Oui, vaillants héros, ce prince a gratifié votre chantre Bharadwâdja. Que la mort des Rakchasas soit sa récompense.

11. Puissent les offrandes que nous vous présentons devenir prospères pour moi comme pour nos seigneurs !


HYMNE III.
À l’Aurore, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Les Aurores se lèvent pour l’ornement (du monde), et apparaissent telles que des vagues brillantes. Riche, opulente et fortunée, (la déesse) ouvre toutes les voies qu’elle rend faciles.

2. Tu te montres pleine de félicité ; tu étends au loin tes splendeurs, tes rayons éclatants se sont emparés du ciel. Ô divine et brillante Aurore, tu dévoiles ton sein, et révèles (à nos yeux) ta pompeuse magnificence.

3. Des génisses au poil rougeâtre transportent l’heureuse (déesse) qui développe sa grandeur. Telle que le vaillant archer qui repousse ses ennemis, ou telle qu’un rapide écuyer, elle frappe et (poursuit) les ténèbres.

4. Tu traces facilement ta voie sur les montagnes, dans les lieux inaccessibles ; tu traverses les airs, parée de tes rayons. Ô fille du Ciel, sur ton large et beau char apporte-nous la richesse, et fais-nous jouir de tes dons.

5. Puissante Aurore, tes coursiers nous amènent le bonheur. Fais-nous part de tes biens, toi, fille du Ciel, que nous honorons dans nos invocations du matin, et dont nous désirons la vue.

6. À ton lever, les oiseaux quittent leur demeure, ainsi que les hommes qui répandent la libation. Ô divine Aurore, tu prodigues tes dons au mortel qui s’approche pour te servir.


HYMNE IV.
À l’Aurore, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. La fille du Ciel vient avec gloire visiter la race de Manou. Ses rayons brillants percent le sein des nuits, et dispersent au loin les vapeurs ténébreuses.

2. À cette heure les Aurores arrivent sur leur beau char, traîné par des coursiers rougeâtres, et se parent d’éclatantes couleurs. Elles annoncent le moment de l’offrande et du sacrifice, et chassent l’obscurité de la nuit.

3. Les Aurores apportent au mortel qui les honore la gloire, la force, l’abondance, la fécondité. Magnifiques (déesses), venez, et accordez à votre serviteur des richesses, une face vigoureuse, une protection (puissante).

4. (Divines) Aurores, voici le moment de combler de vos dons (l’homme) pieux qui vous aime, le serviteur qui vous adore, le sage qui vous chante. Ainsi qu’autrefois, apportez (aujourd’hui vos richesses) au (prêtre) qui, comme moi, a des louanges pour vous.

5. Aurore qui règnes au sommet de la montagne (céleste), en ce moment les Angiras[10] chantent (pour obtenir) que le pâturage de tes vaches (soit ouvert). Par la prière et l’hymne ils fendent (la caverne ténébreuse). Que l’invocation que les hommes adressent aux dieux leur soit prospère !

6. Fille magnifique du Ciel, brille pour celui d’entre nous qui t’honore, comme jadis en faveur de l’ancien Bharadwâdja[11]. Donne à celui qui te chante une famille opulente et forte. Accorde-nous une abondance que célèbre la renommée.


HYMNE V.
À l’Aurore, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. L’œil du sage reconnaît une forme unie, renommée pour son agilité et ses sucs nourriciers ; (c’est Roudra)[12]. Plus près des mortels grossit une autre (forme), que remplit un lait abondant ; c’est Prisni, avec sa brillante mamelle.

2. Tels que des feux resplendissants, les Marouts ont apparu deux fois, trois fois plus gros qu’à leur naissance. Loin de la poussière (terrestre), leurs (chars) couverts d’or forment un trésor de force et de fertilité.

3. Ils sont fils de Roudra à la semence féconde : Prisni les a portés dans son sein. Noble mère, qui a conçu de nobles enfants, elle les a enfantés pour le bonheur (du monde).

4. Soit qu’ils viennent avec leur mère, et que, suspendus entre (la terre et le ciel), ils purifient les souillures (de l’air), alors que, nourris d’un lait limpide, pour notre joie ils couvrent leurs corps de mille parures humides ;

5. Soit qu’ils répandent le lait maternel, et méritent le nom triomphant de Marout ; soit qu’ils promènent leur grande forme rougeâtre, jamais (l’homme) ne doit se lasser d’honorer par ses présents ces (dieux) redoutables.

6. Leur force est terrible, leur choc irrésistible ; ils joignent par une espèce de chaîne le beau couple de la Terre et du Ciel. En eux réside la brillante Rodasî[13] ; en eux la force et la splendeur.

7. Ô Marouts, faites apparaître votre char irréprochable, qui n’a ni chevaux, ni cocher, ni frein pour le retenir, ni guides pour le conduire. Il pousse les Ondes, et, marchant entre le Ciel et la Terre, il accomplit (les vœux des mortels).

8. Ô Marouts, celui que vous gardez dans le combat ne connaît ni la fuite ni la défaite. Heureux père de fils, de petits-fils, possesseur de vaches (fécondes), favorisé par les eaux, il s’ouvre par ses libations les pâturages du ciel[14].

9. Apportez vos hommages divers à la troupe des Marouts, légère, bruyante et robuste. Ô Agni, la terre tremble devant ces (dieux) que nous devons honorer, et dont la force renverse tout ce qui est fort.

10. Éclatants comme le feu du sacrifice, rapides comme les rayons d’Agni, dignes de nos hommages comme de braves conquérants, les Marouts sont, de leur nature, invincibles et brillants.

11. J’invoque et j’honore les enfants de Roudra, cette cohorte de Marouts aux formes robustes, aux traits resplendissants. En l’honneur d’une famille puissante, (ornement) du Ciel, que les prières les plus pures, que les libations les plus abondantes s’élèvent à l’envi (vers vous), comme de (hautes) montagnes.


HYMNE VI.
À Mitra et Varouna, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Je viens) au milieu de vous célébrer par mes hymnes Mitra et Varouna, les plus grands de tous les (dieux), qui, avec une adresse incomparable, dirigent les peuples d’un bras (sûr), et sont comme les rênes (du monde).

2. Ô Mitra et Varouna, (dieux) aimables et bienfaisants, ma prière s’élance vers vous. Elle vient sur le gazon (sacré) avec l’offrande. Donnez-nous une maison imprenable, qui nous protége (contre l’ennemi).

3. Accourez vers nos hymnes, ô Mitra et Varouna, (dieux) aimables que nous invoquons et que nous comblons d’offrandes. Tels que des travailleurs appliqués à leur ouvrage, vous conduisez avec grandeur les (hommes) avides de renommée.

4. Aussi rapides que les coursiers, justes et amis de la pureté, ils sont nés au sein d’Aditi. Nobles enfants, elle les a mis au monde pour la terreur d’un ennemi mortel.

5. Vous méritez nos éloges ; et quand tous les dieux, unis dans une joie commune, sentent par vous croître leur force, quand vous embrassez l’immensité du ciel et de la terre, vos rayons sont invincibles, insurmontables.

6. Chaque jour vous prouvez votre force. Vous rendez le firmament aussi solide que vous. Le dieu, qui est l’ensemble de tous les dieux[15], affermit les étoiles, et, fort des offrandes d’Ayou, il étend le ciel et la terre.

7. Vous êtes le soutien du sage, qui veut étancher votre soif dans l’enceinte consacrée au service pieux des Libations. Ô (Dieux) qui faites le bonheur de tous, quand ces jeunes (prêtresses) vous offrent leur lait, elles sont sûres d’être préservées de toute atteinte.

8. Un serviteur fidèle vous présente les dons du sacrifice ; la voix d’un sage (s’élève) vers vous. Ô (Dieux) qui vous nourrissez de notre beurre (sacré), voici le moment de prouver votre grandeur. Effacez le péché de celui qui vous honore.

9. Ô Mitra et Varouna, on peut être jaloux de vos œuvres ; mais elles ne sauraient périr sous les puissants efforts ni des dieux, ni des mortels impies, ni même de vos enfants, quelle que soit leur force.

10. D’un côté, les chantres font entendre leurs hymnes ; de l’autre, les prêtres récitent leurs prières : hâtons-nous de proclamer vos justes louanges. Aucun dieu ne saurait lutter de grandeur avec vous.

11. Ô Mitra et Varouna, vous arrivez en sauveurs dans nos maisons, et votre appui est inébranlable, quand les Vaches du sacrifice[16] viennent se joindre au bienfaisant (Soma), dont la marche est droite et (la puissance) victorieuse.


HYMNE VII.
À Indra et Varouna, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Indra et Varouna, en votre honneur le sacrifice est préparé ; pour le bonheur commun (de tous les dieux) nous avons étendu le gazon (sacré). Puisse (ce sacrifice) nous apporter l’abondance et la prospérité !

2. Soyez pour nous, parmi les dieux que nous honorons, les plus bienfaisants, parmi les héros les plus puissants, parmi les riches les plus généreux, toujours vaillants, capables de vaincre Vritra, et, par le sacrifice, possédant toute la force d’une armée.

3. Chante donc Indra et Varouna, (ces dieux) renommés pour leur force et leur puissance. L’un, par l’éclat de sa foudre, a tué Vritra ; l’autre, dans sa sagesse, compatit à nos malheurs.

4. Quand, au milieu des mortels, dieux et déesses ont tous pris l’accroissement qui leur est propre, ô Indra et Varouna, vous les dominez par votre grandeur. Ô Ciel et Terre, vous vous distinguez par votre immensité.

5. Il est magnifique, opulent et juste, ô Indra et Varouna, celui qui est généreux envers vous. Par le mérite de ses riches offrandes, que cet homme bienfaisant obtienne une fortune, une famille (dignes d’envie).

6. Ô Indra et Varouna, vous donnez à (l’homme) qui vous offre le sacrifice l’abondance et la richesse. Que vos présents nous servent à détruire nos ennemis.

7. Ô Indra et Varouna, que cette richesse soit notre salut ; et, placée sous une garde divine, qu’elle nous procure une force victorieuse qui dans les combats nous rende maîtres de nos puissants (ennemis).

8. Ô Dieux que nous célébrons, Indra et Varouna, donnez-nous le bonheur de l’opulence ; et, pour prix des chants que nous adressons à une grande et forte (divinité), puissions-nous traverser les maux (de la vie), comme (on traverse) un fleuve sur un bateau !

9. Fais donc entendre ta longue prière en l’honneur du divin Varouna, de ce roi suprême. Ce maître immortel et puissant éclaire avec splendeur le grand et large couple (du Ciel et de la Terre).

10. Ô Indra et Varouna, qui aimez notre soma, ô (Dieux) dont l’œuvre est si ferme, buvez de cette liqueur enivrante. Votre char semble de lui-même se diriger vers notre sacrifice, où la libation coule en l’honneur des dieux.

11. Ô généreux Indra et Varouna, goûtez de ce généreux soma, plus doux que le miel. Nous avons pour vous versé cette liqueur. Placés sur notre gazon (sacré), enivrez-vous.


HYMNE VIII.
À Indra et Vichnou, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Indra et Vichnou, dans ce sacrifice je vous honore par l’hymne et par l’offrande. Soyez favorables à notre œuvre, et comblez-nous de vos dons, ô vous qui répandez les bienfaits sur votre route.

2. Ô Indra et Varouna, vous êtes les pères de toutes nos Prières ; devenez les vases où coule notre soma. Que nos chants, que nos hymnes, que nos louanges s’élèvent vers vous.

3. Ô Indra et Varouna, maîtres des breuvages enivrants, venez à notre soma, vous qui donnez la richesse. Que l’hymne, chanté par nos voix suppliantes, soit pour vous une espèce de parfum onctueux.

4. Ô Indra et Varouna, que vos coursiers, enivrés comme vous (d’une sainte ardeur), et vainqueurs de vos ennemis, vous transportent vers (nous). Aimez toutes nos invocations et nos cérémonies. Écoutez ma prière.

5. Ô Indra et Vichnou, vous venez vers ces libations de soma que nous vous versons avec largesse. Pour (le bonheur de) notre vie vous avez étendu les airs, vous avez développé les mondes.

6. Ô Indra et Vichnou, ô vous qui grandissez par nos holocaustes, vous êtes nos guides dans la route (sainte) que nous suivons ; nous vous présentons nos offrandes et nos hommages. Arrosés de notre beurre (sacré), donnez-nous la richesse ; vous êtes la mer du (sacrifice)[17], le vase qui contient le soma.

7. Ô Indra et Vichnou, (dieux) secourables, buvez de ce soma aussi doux que le miel. Contentez votre appétit[18]. Que nos mets, que nos cérémonies vous soient agréables. Écoutez mon invocation.

8. Toujours vainqueurs, vous ne connaissez pas la défaite. Jamais l’un de vous n’a subi cet affront. Ô Indra et Vichnou, dans les trois[19] (mondes) vous avez combattu, et vous avez donné la liberté à des milliers (de vaches célestes).


HYMNE IX.
Au Ciel et à la Terre, par Bharadwâdja.
(Mètre : Djagatî.)

1. Ô Ciel et Terre, (dieux) beaux, larges, étendus, invulnérables, vous êtes le refuge des mondes ; humides d’un beurre (sacré), vous distillez votre miel (savoureux). Quoique séparés, en vous circule une semence féconde, et vous remplissez l’office de Varouna[20].

2. Ô Ciel et Terre, bienfaisants et purs, éloignés par une espèce de divorce, vous possédez également une onde abondante, un lait précieux, un beurre (divin). Rois de ce monde, répandez sur nous la semence qui convient aux enfants de Manou.

3. Ô Ciel et Terre, (dieux) intelligents, le mortel qui vous honore pour obtenir que votre marche soit droite, voit ses vœux comblés. Sa race s’augmente. Les germes que vous avez semés, quoique différents, concourent tous au même ensemble.

4. Un beurre abondant couvre le Ciel et la Terre, dont il fait la richesse, la beauté, la grandeur. Larges, étendus, honorés en premier lieu dans le sacrifice, ils sont l’objet des louanges et des offrandes de nos sages.

5. Ô Ciel et Terre, ô dieux, qui formez, qui distillez, qui répandez un miel précieux, versez-le sur nous. Que par vous nous obtenions le sacrifice, la richesse, la gloire, l’abondance des vivres et la force de la famille.

6. Ô Ciel et Terre, ô père, ô mère, qui savez tout, qui vous distinguez par vos œuvres, donnez-nous la force. Ô Ciel et Terre, qui rivalisez pour le bonheur de tous, envoyez-nous la fortune, l’abondance, la richesse.


HYMNE X.
À Savitri, par Bharadwâdja.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Le divin et généreux Savitri se lève, et tend ses bras d’or vers le sacrifice. Jeune, sage et magnifique, il allonge ses mains humides de ghrita pour le soutien du monde.

2. Puissions-nous, par la vertu du divin Savitri, obtenir une heureuse abondance de biens ! C’est toi, (Savitri), qui as créé, toi qui animes tous ces êtres, bipèdes ou quadrupèdes.

3. Ô Savitri, couvre aujourd’hui notre maison de ta douce et invincible protection. Ô (Dieu) à la langue d’or, sois en ce moment notre bienfaiteur. Que jamais le pécheur ne soit notre maître.

4. Que Savitri, le dieu à la main d’or, (surnommé) Damoûnas[21], se lève à la fin de la nuit. Digne de nos sacrifices, (maître) à la mâchoire de fer[22], à la langue caressante, il accorde à son serviteur une longue félicité.

5. Ainsi qu’un directeur sacré, que Savitri agite ses beaux bras d’or. Qu’il escalade les hauteurs du ciel et de la terre : que de son pied il foule tout ce qui est grand.

6. Ô Soleil, donne-nous aujourd’hui le bonheur, demain le bonheur, chaque jour le bonheur. Par l’effet de cette prière, que nous obtenions, ô dieu, un grand et durable bonheur !


HYMNE XI.
À Indra et Soma, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Indra et Soma, votre grandeur l’emporte sur tout : vos prouesses sont les plus éclatantes. C’est vous qui avez donné le Soleil et la clarté du ciel ; c’est vous qui avez tué les Ténèbres et les ennemis (des dieux).

2. Ô Indra et Soma, vous éveillez l’Aurore ; vous amenez le Soleil avec la Lumière. C’est vous qui avez affermi le Ciel, qui avez étendu la Terre notre mère.

3. Ô Indra et Soma, vous avez donné la mort à Vritra, à Ahi qui retenait les Ondes. Le Ciel vous a applaudis. Vous avez délivré les eaux des rivières ; vous avez étendu toutes les mers.

4. Ô Indra et Soma, vous avez rempli les mamelles desséchées des vaches (célestes). Vous avez brisé les chaînes de ces brillantes prisonnières.

5. Ô Indra et Soma, vous pouvez donner une opulence honorable, victorieuse, accompagnée d’une (belle) famille. Ô (Dieux) terribles, vous accordez aux hommes une force mâle et triomphante au milieu des batailles.


HYMNE XII.
À Agni, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le premier-né (d’entre les dieux), fils d’Angiras[23], et surnommé Vrihaspati[24], notre père généreux et juste, qui fend les nuages, qui habite deux mondes, qui, par l’holocauste, siége sur le foyer brûlant, fait entendre sa voix dans le ciel et sur la terre.

2. Vrihaspati, invoqué dans le sacrifice, vient, en faveur des hommes qui l’implorent, s’asseoir sur un trône. Il tue les Ténèbres, brise les villes (des Asouras), et, puissant dans les combats, triomphe de ses ennemis.

3. Le divin Vrihaspati a conquis pour nous tous les biens ; (il nous a ouvert) de grands pâturages, remplis de vaches. Vrihaspati encouragé par nos hymnes nous envoie les ondes, et de son arme invincible frappe l’ennemi de la clarté.


HYMNE XIII.
À Soma et Roudra, par Bharadwâdja.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Soma et Roudra, mettez (en nous) la force vitale[25] que vous possédez. Que nos offrandes fassent votre ornement. Dans nos demeures vous recevez les sept espèces de libations[26] : soyez-nous favorables ; soyez favorables à tous les êtres, bipèdes ou quadrupèdes.

2. Ô Soma et Roudra, détruisez la Maladie qui vient, dans sa marche traîtresse, pénétrer dans notre maison. Repoussez, terrassez Nirriti[27]. Que le bonheur et l’abondance soient notre partage.

3. Ô Soma et Roudra, donnez-nous tous les remèdes que demande notre santé. Déliez, chassez le mal attaché à nos corps.

4. Ô Soma et Roudra, vous avez des traits aigus, des flèches incisives. Soyez nos sauveurs, et conservez-nous. Délivrez-nous des liens de Varouna[28]. Soyez bons, et gardez-nous.


HYMNE XIV.
À Agni, par Payou, fils de Bharadwâdja.
(Mètres : Trichtoubh, Panktî et Anouchtoubh[29].)

1. La forme (d’Agni) apparaît telle qu’un nuage[30] ; c’est comme une cuirasse au moment du combat. Sois triomphant, et que ton corps se trouve à l’abri du trait. Que la grandeur de ta cuirasse te protége.

2. Puissions-nous avec l’arc (d’Agni) obtenir la victoire et conquérir les vaches (de nos ennemis) ! Cet arc rend impuissants les vœux (de nos adversaires). Puissions-nous avec lui triompher du monde entier.

3. Telle qu’une femme qui, embrassant son ami, semble s’approcher pour lui parler à l’oreille, la corde de l’arc (d’Agni) s’allonge, et résonne pour la victoire.

4. Ainsi (l’arc et sa corde) viennent se toucher : telle l’épouse (s’unit) à son époux, telle la mère (presse) son enfant. Que les deux extrémités de l’arc[31], en se rapprochant, repoussent et tuent nos ennemis.

5. Le carquois (d’Agni) est le père d’un grand nombre de flèches ; ses enfants résonnent en se heurtant contre leurs frères. Le carquois, attaché sur le dos (d’Agni), produit une troupe retentissante qui lui assure le triomphe.

6. Assis sur son char[32], l’excellent écuyer pousse en avant ses coursiers dans la direction qui lui convient. Sa pensée mesure la longueur des rênes, qui modèrent leur ardeur.

7. Les coursiers s’élancent avec les chars ; de leurs sabots féconds[33] jaillit la lumière ; ils rendent mille bruits sourds, et de leurs pieds de devant foulent et terrassent leurs ennemis.

8. L’holocauste est porté sur son char ; là, où nous apercevons son arc et sa cuirasse, venons chaque jour nous asseoir ; et près de ce char fortuné déployons notre zèle.

9. Les Pitris (ou pères d’Agni)[34] sont assemblés pour recevoir l’offrande et la douce (libation) ; entourés des mortifications de la pénitence et de la puissance des rites, grands et profonds, vainqueurs et invulnérables, doués d’une force parfaite, environnés d’une troupe (de rayons), et fameux par la vigueur de leurs traits.

10. Ces Pitris sont enfants de prêtres[35], et honorés par le soma. Ô Ciel et Terre, (dieux) bienfaisants, soyez-nous propices ! Que, grandi par le sacrifice, Poûchan nous protége contre le mal ! Que le méchant ne devienne jamais notre maître !

11. La flèche (d’Agni), garnie d’une plume éclatante, (ressemble) à l’animal des bois qui menace de sa corne. La flamme, qui enfante (ces flèches), est comme la vache attachée avec ses veaux. Dans le lieu où s’empressent à la fois les divers ministres (du sacrifice), que les flèches (d’Agni) s’élancent pour notre protection !

12. Ô (flèche) aiguë, protége-nous de tout côté, et couvre nos corps. Que Soma soit notre maître, qu’Aditi nous donne le bonheur !

13. (Agni a aussi ses coursiers), dont (les prêtres) frappent et la tête et la croupe. Directeur de ces sages coursiers, excite-les dans leurs nobles ébats[36].

14. Comme un serpent enveloppe le bras de son corps, (l’arc) avec sa corde entoure la flèche, et appuyé sur le bras, il porte des coups sûrs. Que les flèches intelligentes s’unissent en un faisceau vigoureux et protecteur.

15. La flèche a une tête de fer, et sa pointe arrache des soupirs. Honneur et adoration à la flèche divine qui va semer les nuages[37] !

16. Ô (Flèche) meurtrière, aiguisée par la Prière sainte, pars avec vigueur. Va attaquer nos ennemis, et ne nous livre pas à leur haine.

17. Dans l’endroit où ces flèches se pressent toutes à la fois, telles que de jeunes héros à l’aigrette (éclatante), que Brahmanaspati, qu’Aditi nous accorde son secours ; oui, qu’elle nous accorde chaque jour son secours.

18. (Ô Agni), je couvre tes nerfs d’une cuirasse[38] ; que le royal Soma vienne te revêtir de son ambroisie. Que Varouna augmente ta grandeur ; que les Dévas, ô (dieu) vainqueur, te jettent dans une (sainte) ivresse.

19. Que notre ennemi, qu’il soit notre parent ou un étranger, soit poursuivi par tous les dieux. Que la Prière sainte soit pour moi une cuirasse.


HYMNE XV.
À Agni, par Vasichtha.
(Mètres : Virât et Trichtoubh[39].)

1. Les prêtres ont enfanté l’illustre Agni ; leurs mains ont extrait du sein de l’Aranî ce (dieu) nouveau-venu, ce maître de maison qui fait briller au loin ses rayons.

2. (Les ministres du sacrifice, appelés) Vasous[40], ont dans sa demeure établi le resplendissant Agni pour le salut de tous ; il réside dans chaque maison, toujours nouveau, toujours digne de nos hommages.

3. Ô Agni toujours jeune, brille pour nous et allume ta flamme éternelle. D’innombrables coursiers[41] s’approchent de toi.

4. Dans le lieu où sont assis les nobles ministres (du sacrifice), les Feux célestes ont uni leurs belles et vigoureuses clartés à celles de nos feux (terrestres).

5. Ô puissant Agni, accorde à nos prières une opulence honorable, que soutienne une belle race d’enfants et de serviteurs, et que le génie du mal[42] ne vienne point renverser.

6. Le sacrificateur généreux qui, le matin et le soir, lève la coupe remplie de la libation, est accueilli par la flamme (d’Agni), riche en trésors.

7. Ô Agni, brûle nos ennemis de ces traits dévorants dont tu as brûlé Djaroûtha[43]. Repousse la Maladie gémissante.

8. Ô Agni, (dieu) bon et pur, brillant et lumineux, (touché) de nos louanges, protége celui qui allume tes feux.

9. Ô Agni, touché de nos louanges, protége les mortels pieux et attachés aux Pitris[44], qui souvent allument tes feux.

10. Qu’ils triomphent de toute la magie des Asouras dans les combats livrés à Vritra, ces nobles héros qui applaudissent à mon œuvre sainte.

11. Ô Agni, nous sommes tes serviteurs. Puissions-nous ignorer la pauvreté ! Puissions-nous être environnés d’une race vigoureuse, ô (Dieu) domestique, et voir dans nos maisons une heureuse famille !

12. Quand (Agni), doué de rapides coursiers, daigne visiter notre sacrifice, il nous accorde une maison habitée par une nombreuse famille, et par une lignée de nobles et vertueux enfants.

13. Garde-nous, ô Agni, contre l’horrible Rakchasa ; garde-nous contre le méchant, impie et pécheur. Qu’avec ton secours je puisse vaincre les armées (de mes ennemis) !

14. Dans ce lieu où (Agni), notre enfant, entouré de mets et de libations, se pare de rayons vigoureux et se complaît dans l’hommage de l’hymne immortel, qu’il triomphe de tous les autres feux.

15. Agni nous garde contre le méchant. Qu’il délivre du mal celui qui allume son foyer. De nobles et généreux (sacrificateurs) l’environnent.

16. Agni est celui que nous avons invoqué tant de fois, dont un maître (de maison), l’holocauste à la main, allume les feux, qu’entoure de ses hommages le sacrificateur.

17. Chefs de famille, nous t’invoquons sans cesse, ô Agni, et avec instance. Nous te présentons dans le sacrifice les deux genres d’offrandes.

18. Invincible Agni, charge-toi de porter aux dieux ces magnifiques holocaustes que nous offrons en leur honneur. Que nos (présents) arrivent jusqu’à eux, et soient agréés.

19. Ô Agni, ne nous livre pas au malheur d’être privés d’enfants ; ne nous livre pas à la pauvreté mal vêtue, à la faim, au Rakchasa. Préserve-nous du danger dans nos maisons et dans la forêt.

20. Ô divin Agni, exauce mes prières, accorde l’abondance à tes riches (adorateurs). (Prêtres et pères de famille), comble-nous également de tes dons. (Ô Dieux), couvrez-nous toujours de vos bénédictions.

21. Ô Agni, objet de nos invocations, enfant de la Force, charme de notre vue, brille d’une heureuse clarté. Tu es à jamais notre enfant[45] ; ne nous brûle pas. Qu’un héros, aussi généreux (que toi), ne se sépare pas de nous.

22. Ô Agni, ne nous invite pas à allumer ces feux que préparent les Dévas, pour nous abandonner seuls au poids de la peine. Pour l’oubli d’un dieu tel que toi, ô enfant de la Force, que nos ennemis ne nous accablent pas.

23. Ô brillant Agni, il (devient) riche, le mortel qui apporte l’holocauste à un immortel (comme toi). Quand un maître suppliant adresse sa prière à un dieu puissant, ce (dieu) lui ouvre ses trésors.

24. Ô puissant Agni, tu possèdes les plus grands biens ; apporte à tes serviteurs une large abondance, que nous conservions pendant de longues années, heureux, invulnérables, entourés d’une forte race.

25. Ô divin Agni, exauce mes prières ; accorde l’abondance à tes riches (adorateurs). (Prêtres et pères de famille), comble-nous également de tes dons. Et vous[46], secondez-nous toujours de vos bénédictions.

  1. Ce sacrificateur est Agni lui-même.
  2. Voy. page 109, col. 2 ; page 110, col. 2, et alibi.
  3. C’est, dit-on, le nom d’une princesse privée de son enfant. Je croirais assez que c’est plutôt un nom de l’Aurore appelant le Soleil.
  4. Voy. page 115, col. 1, et alibi.
  5. Anou est un des ancêtres du genre humain.
  6. Ces attelages correspondent aux trois divisions de l’air.
  7. C’est-à-dire, l’Aurore.
  8. Je traduis ainsi l’épithète nritou, danseur, que nous avons vue ailleurs attribuée à Indra. Ces dieux au milieu des airs ressemblent à un danseur sur un théâtre.
  9. C’est un nom de prince, ainsi que les autres qui vont suivre.
  10. Voy. page 44, col. 1, note 7.
  11. Ce Bharadwâdja doit être différent de l’auteur de l’hymne.
  12. Ces mots sont ajoutés pour expliquer le texte. Roudra, c’est l’Air ; Prisni, c’est la Nue ; ce sont le père et la mère des Marouts. Voy. page 293, col. 2, note 3.
  13. Dans ce distique se trouve le mot Rodasî avec ses deux significations, signalées page 293, col. 1, note 4.
  14. Suivant le commentaire, il faudrait mettre : Il s’ouvre par ses victoires les pâturages d’un riche (ennemi).
  15. Le texte porte le mot Viswadéva, que le commentaire fait rapporter au Soleil.
  16. Les vaches du sacrifice, ce sont les Prières.
  17. C’est-à-dire le samoudra.
  18. Littéralement, remplissez votre ventre.
  19. Ce passage peut être aussi une allusion aux trois pas de Vichnou.
  20. Le mot Varouna emporte l’idée de couvrir. Le commentaire explique ce mot par niyâmaca, qui veut dire protecteur, conducteur.
  21. Ce mot est ordinairement une épithète du dieu Agni. Voy. page 222, col. 1, note 1. On l’explique ici par damamânah, ou dânamanâs.
  22. L’épithète ayohanouh est comprise par le commentateur comme synonyme de hiranyamayahanouh.
  23. Voy. page 41, col. 2, note 1.
  24. Voy. page 95, col. 1, note 4.
  25. Asourya.
  26. Saptaratnâni. Voy. page 146, col. 2, note 6.
  27. Déesse du mal. Voy. page 54, col. 2, note 4.
  28. Nous avons déjà vu, page 126, col. 1, note 1, que Varouna, réputé dieu des ténèbres, est considéré aussi comme dieu du mal.
  29. Ici se termine le sixième Mandala, qui porte le nom de Bharadwâdja, et commence le septième, qui est sous le nom de Vasichtha.
  30. Cet hymne, consacré à Agni, le représente comme un roi armé pour le combat. Les différentes parties de son armure sont célébrées. C’est la cuirasse ; c’est-à-dire, cette couche de libations qui est jetée sur le feu, et qui l’enveloppe d’une fumée comparée à un nuage. C’est l’arc avec sa corde ; c’est-à-dire, le brasier qui, sous le souffle du vent, se rétrécit et s’élargit. C’est la flèche ; c’est-à-dire, la flamme qui part du foyer et s’amincit en pointe. C’est le carquois ; c’est-à-dire, le foyer, qui réunit la masse de la flamme.
  31. Le mot que porte le texte est ârtni, qui me semble identique avec ârtti, tel que le porte le Dictionnaire de M. Wilson. Or, le sens que ce Dictionnaire donne au mot ârtti est end of the bow, traduction assez obscure qui semblerait plutôt indiquer la pointe, la corne de l’arc. Je pense qu’il est ici question des deux points qui sont au milieu du bois de l’arc et de la corde, et qui ne s’éloignent que pour chasser la flèche.
  32. Nous savons que le char d’un dieu, c’est le feu du sacrifice, comme ses chevaux, ce sont les rayons qui jaillissent du feu.
  33. Le texte porte le mot pâni, qui veut dire main ; et nous avons vu que ce mot, quand il s’agissait d’une divinité resplendissante, était synonyme de rayon. Comme il est ici question de coursiers, le mot sabot remplace le mot main.
  34. Ces Pitris, dit le commentaire, sont les gardiens du char ; il ne donne pas d’autre explication. Section I, lecture vii, hymne xii, il est aussi fait mention de Pitris, que le commentateur confond avec les Pitris Agnichwâttas. Je pense qu’ici, comme dans le passage cité, les Pitris sont les Feux (Agnayah), pères d’Agni, allumés par la piété des prêtres, et par conséquent considérés comme leurs enfants. Le mot brâhmana signifie fils du brahman, du prêtre. Les Pitris pourraient être aussi les Dévas Angiras et autres, regardés comme les Pères de quelques-uns des prêtres.
  35. Voy. la note précédente.
  36. Il est évident qu’il est ici question des flammes du sacrifice, produites et dirigées par le prêtre.
  37. Pardjanyarétas, épithète donnée au rayon d’Agni, qui pompe l’eau dont est formé le nuage.
  38. C’est la libation jetée sur le corps d’Agni.
  39. Un manuscrit intercale ici un chapitre qui n’est qu’un index des vargas de la première lecture.
  40. Ce mot signifie qui consolide, qui établit. C’est le nom que l’on donne à une classe de divinités. C’est plutôt une classe de prêtres, comme nous l’avons vu établi pour les Marouts, les Angiras, etc.
  41. Voy. page 347, col. 2, note 1. Le commentaire dit que ce sont les holocaustes (havîmchi).
  42. Yâtoumâvân.
  43. C’est le nom d’un Asoura.
  44. Voy. page 347, col. 1, note 3.
  45. Allumé chaque jour par les prêtres, Agni est leur enfant perpétuel.
  46. Je suppose que le poëte s’adresse aux Dévas, aux prêtres.