Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 6/Lecture 3

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 423-433).

LECTURE TROISIÈME.
HYMNE I.
À Indra, par Médatithi, enfant de Canwa.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Enfants de Canwa qui offrez la libation, célébrez dans vos hymnes les hauts faits d’Indra, et enivrez-le de soma.

2. (Dieu) terrible, il a délivré les Ondes et a tué Sribinda, Anarsani, Piprou, le brigand Ahîsouva.

3. Déchire les voiles dont s’enveloppe le grand Arbouda[1] ; ô Indra, c’est là un de tes exploits.

4. Je prie Indra, au beau visage, de vous écouter, et (de venir) à votre secours comme l’eau (descend) de la colline.

5. (Noble) héros, heureux de nos libations, de même qu’(un vainqueur force les portes) d’une ville, tu ouvres les pâturages (qui font la prospérité) de nos vaches et de nos chevaux.

6. Si tu te plais à mes libations et à mes hymnes, si tu veux m’accorder l’abondance, viens de loin (prendre) la Swadhâ.

7. Ô adorable Indra, nous aimons à célébrer tes louanges. Viens à nous, et bois le soma.

8. Ô Maghavan, pour prix du plaisir que nous te causons, apporte-nous une heureuse abondance ; (donne-nous) tes opulentes richesses.

9. Accorde-nous des vaches, des chevaux, de l’or. Que de nombreux aliments fassent notre bonheur !

10. Nous appelons à notre secours Indra qui étend au loin (son bras) puissant, que nous célébrons par nos hymnes, et qui nous comble de ses bienfaits.

11. Il est appelé Satacratou, et se distingue dans les combats par mille prouesses ; il donne la mort à Vritra, et devient le généreux bienfaiteur de ses chantres.

12. Indra est aussi Sacra. Que ce (dieu) bienfaisant, qui remplit le monde, exerce sa puissance et déploie pour nous toutes ses forces.

13. Chantez cet Indra, qui, grand et conservateur, ami de l’homme pieux, est le gardien de l’opulence.

14. (Chantez) ce maître de l’abondance, qui dirige tout avec force, qui est ferme dans les combats, qui par la victoire sait conquérir la richesse.

15. Personne ne peut faire obstacle à ses œuvres puissantes ; personne ne peut arrêter sa bienfaisance.

16. Les (dieux) n’ont point de dettes avec les prêtres qui offrent la libation, et le soma ne saurait être bu gratuitement.

17. (Indra) est adorable ; chantez, faites entendre des hymnes, observez les rites en son honneur.

18. Que l’adorable et robuste Indra nous envoie et cent et mille présents. (Ses ennemis) ne peuvent l’arrêter, et il fait le bonheur du sacrificateur.

19. Ô Indra, invoqué par les humains, viens chercher leurs libations ; (viens) boire leur soma.

20. Prends ces breuvages où se trouve mêlé le lait de la vache. Ces ondes, ce soma est à toi.

21. Viens te joindre à celui qui, dans le lieu du sacrifice, t’invoque avec la prière et la libation. Bois le breuvage qui t’est versé.

22. Ô Indra, jette les yeux sur les trois vaches (de la libation)[2] ; viens vers elles de la région lointaine[3] ; viens vers les cinq espèces d’êtres.

23. Envoie-nous (tes faveurs), comme le soleil (envoie) ses rayons. Que ma prière t’attire vers nous, et accours avec la rapidité de l’eau qui descend dans la plaine.

24. Ô prêtre, verse le soma en l’honneur de ce héros à la belle figure. Présente-lui ce (doux) breuvage.

25. C’est lui qui a fendu le nuage (pour produire la pluie), qui a lancé les ondes, qui a rempli de lait (la mamelle) des vaches (célestes).

26. Ce (dieu) resplendissant a donné la mort à Vritra, à Ornavâbha, à Ahîsouva. Il a glacé le cœur d’Arbouda.

27. Chantez donc un hymne en l’honneur d’un dieu terrible, fort, vainqueur, triomphant.

28. Enivré de notre soma, (heureux) de nos offrandes, Indra poursuit au milieu des dieux tous ses travaux.

29. Que ses deux coursiers à la crinière d’or, amis de nos libations, l’amènent au banquet qui lui est préparé.

30. Ô (Dieu) que le monde glorifie, tes deux chevaux, célébrés par Priyamédha, brûlent de t’amener vers nous pour boire le soma.


HYMNE II.
À Indra, par Médatithi.
(Mètres : Vrihatî, Gâyatrî et Anouchtoubh.)

1. Ô vainqueur de Vritra, nous avons préparé un pur gazon, nous versons des flots de libations, et au milieu des torrents de soma tes chantres te célèbrent.

2. Ô puissant Indra, les prêtres, les mains chargées d’offrandes, invoquent ton nom dans leurs hymnes. Viens dans notre demeure, tel qu’un taureau mugissant, et satisfais ta soif.

3. Ô sage et victorieux Maghavan, accorde aux Canwas une féconde abondance, (heureux) fruit de tes triomphes. Nous te demandons une (opulence) variée, et des troupeaux de vaches.

4. Ô Médhyâtithi, en l’honneur d’Indra bois, chante, enivre-toi de soma. Indra, armé de la foudre, attelle à son char d’or ses deux coursiers azurés, et aime à venir prendre nos libations.

5. Indra est un maître puissant que célèbrent nos chants. Il a une main droite et une main gauche également fortes. Auteur de nombreux exploits, bienfaiteur opulent, d’un bras ferme il fend les nuages.

6. Combattant redoutable, il est toujours sûr de la victoire. Il est entouré de riches présents ; le soma, comme la louange, lui sont prodigués, et par ses œuvres il devient pour le sacrificateur une espèce de vache (féconde).

7. Qui a vu (Indra) venir prendre sa part des libations ? Quelle offrande aime-t-il (de préférence), ce (dieu) à la belle figure, qui, heureux de nos présents, brise avec force les villes (célestes) ?

8. De même que l’éléphant (porte avec lui) les sucs de son ivresse amoureuse[4], de même (Indra) s’emplit des sucs de la libation (qu’il puise) en divers lieux. (Ô Dieu), que personne ne t’arrête ; viens prendre le soma. Tu es grand, et tu marches avec force.

9. Le magnifique Indra est terrible, ferme, vigoureux, armé pour le combat. Dès qu’il entend la voix de son chantre, Indra arrive sans hésiter.

10. Tu es généreux, et traîné par de généreux (coursiers), ô (Dieu) terrible et invulnérable. C’est avec raison que l’on te célèbre de loin comme généreux, de près comme généreux encore.

11. Ô Maghavan, féconds et généreux sont tes rênes, ton fouet d’or, ton char, tes deux coursiers, et toi-même, ô Satacratou.

12. Qu’un généreux sacrificateur verse pour toi la libation, ô (Dieu) généreux, dont la marche est toujours droite, et qui diriges avec force tes coursiers ; apporte une onde généreuse à celui qui te présente un généreux (soma).

13. Ô puissant Indra, viens boire le miel de notre soma. Le fortuné Maghavan n’entend-il pas nos prières et nos hymnes ? Ne (voit-il pas) nos cérémonies ?

14. Ô Satacratou, (divin) Arya, vainqueur de Vritra, que tes coursiers t’amènent sur ton char. Qu’ils t’éloignent des sacrifices qui ne sont pas les nôtres.

15. (Dieu) brillant, ami du soma et honoré par tant de sacrifices, viens de près écouter nos hymnes aujourd’hui. Que nos heureuses libations fassent ta joie.

16. Un homme nous conduisait : mais voilà qu’il ne saurait nous diriger, ni toi, ni moi, ni aucun autre[5].

17. Alors Indra a dit : « (cet homme n’est plus qu’une) femme à l’esprit incapable, à l’œuvre légère. »

18. (Récit). Les deux chevaux (d’Indra), attirés par le soma, amènent son char. L’avant-train de (ce char) fécond est redressé.

19. (Indra parle). « (Chef efféminé), baisse les yeux. N’élève plus le regard. Cache ta chaussure (sous ton vêtement) ; que l’on n’aperçoive plus les chevilles de tes pieds. Tu étais prêtre, tu es devenu femme. »


HYMNE III.
À Indra, par Nipatithi, enfant de Canwa.
(Mètres : Anouchtoubh et Gâyatrî.)

1. Ô Indra, viens avec tes chevaux écouter l’hymne de Canwa. Ô toi qui brilles au ciel, viens briller près de celui qui brille et commande ici[6].

2. Que le mortier plein de soma résonne, et t’appelle par son bruit. Ô toi qui brilles au ciel, viens briller près de celui qui brille et commande ici.

3. Le pilon[7] (des sacrificateurs) agite (le soma), comme le loup (secoue) la brebis. Ô toi qui brilles au ciel, viens briller près de celui qui brille et commande ici.

4. Les enfants de Canwa t’appellent à leur secours et te demandent l’abondance. Ô toi qui brilles au ciel, viens briller près de celui qui brille et commande ici.

5. Je t’offre, comme à un (dieu) libéral, la première part des libations. Ô toi qui brilles au ciel, viens briller près de celui qui brille et commande ici.

6. Viens heureusement à notre secours, (Dieu) sage et soutien du monde. Ô toi qui brilles au ciel, viens briller près de celui qui brille et commande ici.

7. Viens à nous, (Dieu) prudent, doué d’une puissance sans bornes, d’une libéralité infinie. Ô toi qui brilles au ciel, viens briller près de celui qui brille et commande ici.

8. Que l’adorable sacrificateur établi par Manou au milieu des Dévas l’amène (en ces lieux). Ô toi qui brilles au ciel, viens briller près de celui qui brille et commande ici.

9. Que tes deux coursiers azurés, avides de notre soma, te soutiennent, comme les ailes (soutiennent) l’épervier. Ô toi qui brilles au ciel, viens briller près de celui qui brille et commande ici.

10. (Puissant) Arya, viens à notre swahâ, et bois le soma, toi qui brilles au ciel, viens briller près de celui qui brille et commande ici.

11. Approche-toi de nous, et réjouis-toi de nos hymnes. Ô toi qui brilles au ciel, viens briller près de celui qui brille et commande ici.

12. Rassemble tes coursiers, tous également beaux, et viens vers nous. Ô toi qui brilles au ciel, viens briller près de celui qui brille et commande ici.

13. Viens, et (amène) ces montagnes qui remplissent l’air et (couvrent) le ciel. Ô toi qui brilles au ciel, viens briller près de celui qui brille et commande ici.

14. (Noble) héros, envoie-nous des troupeaux innombrables de vaches et de chevaux. Ô toi qui brilles au ciel, viens briller près de celui qui brille et commande ici.

15. Apporte nous les biens par centaines et par milliers. Ô toi qui brilles au ciel, viens briller près de celui qui brille et commande ici.

16. Indra et nous, nous nous faisons mutuellement des présents. Lui, il donne à (ses serviteurs) tout brillants d’opulence des milliers de robustes coursiers.

17. Qui, légers et aussi rapides que le vent, éclatants et impétueux, reluisent comme des soleils.

18. Puissé-je, au milieu de la forêt lointaine, monter sur les chars que traînent ces prompts et agiles coursiers, présents (de ce dieu) !


HYMNE IV.
Aux Aswins, par Syawaswa, enfant d’Atri.
(Mètres : Djyotich, Pankti, et Mahâvrihatî.)

1. Unis avec Agni, Indra, Varouna, Vichnou, les Adityas, les Roudras, les Vasous, partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, buvez le soma.

2. Ô (Dieux) robustes, unis avec toutes les Prières, avec le Monde, avec le Ciel, la Terre, les Montagnes, partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, buvez le soma.

3. Unis avec tous les trente-trois dieux, avec les Ondes et les Bhrigous, partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, buvez le soma.

4. Ô Dieux, aimez nos présents, écoutez nos invocations, visitez toutes nos libations. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, prenez nos offrandes.

5. Ô Dieux, aimez nos louanges, comme les jeunes gens (aiment) la voix des jeunes filles ; visitez toutes nos libations. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, prenez nos offrandes.

6. Ô Dieux, aimez nos prières ; aimez nos cérémonies. Visitez toutes nos libations. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, prenez nos offrandes.

7. Tels que des Hâridravas[8] qui volent vers la forêt, ou tels que des buffles, vous vous précipitez vers le soma. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, vous accourez trois fois.

8. Tels que des cygnes voyageurs, ou tels que des buffles, vous volez, vous vous précipitez vers le soma. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, vous accourez trois fois.

9. Tels que des éperviers, vous volez vers l’holocauste ; ou tels que des buffles, vous vous précipitez vers le soma. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, vous accourez trois fois.

10. Accourez, buvez, contentez votre soif, et donnez-nous des richesses et des enfants. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, accordez-nous la force.

11. Soyez vainqueurs, conservez votre chantre. Donnez-nous des richesses et des enfants. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, accordez-nous la force.

12. Tuez vos ennemis et secondez vos amis. Donnez-nous des richesses et des enfants. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, accordez-nous la force.

13. Unis à Mitra et Varouna, à Dharma[9], aux Marouts, vous arrivez à la voix de votre chantre. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, venez avec les Adityas.

14. Unis aux Angiras, à Vichnou, aux Marouts, vous arrivez à la voix de votre chantre. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, venez avec les Adityas.

15. (Dieux) libéraux et féconds, unis aux Ribhous et aux Marouts, vous arrivez à la voix de votre chantre. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, venez avec les Adityas.

16. Favorisez la piété, favorisez la prière. Tuez les Rakchasas, guérissez nos maux. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, (prenez) le nomade votre serviteur.

17. Favorisez la force ; favorisez les héros. Tuez les Rakchasas, guérissez nos maux. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, (prenez) le soma de votre serviteur.

18. Favorisez les vaches ; favorisez le peuple[10]. Tuez les Rakchasas, guérissez nos maux. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, (prenez) le soma de votre serviteur.

19. Ô (Dieux) amis de nos libations, Syâvâswa vous honore avant les autres ; écoutez-le, comme (vous avez écouté) Atri. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, (buvez le soma) purifié ce matin.

20. Ô (Dieux) amis de nos libations, Syâvâswa vous honore. Recevez ces hymnes qui vous parent comme un (beau) vêtement. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, (buvez le soma) purifié ce matin.

21. Ô (Dieux) amis de nos libations, Syâvâswa vous honore. Que ses cérémonies soient comme des rênes qui vous dirigent. Partageant les plaisirs (du sacrifice) avec l’Aurore et le Soleil, ô Aswins, (buvez le soma) purifié ce matin.

22. Amenez votre char. Buvez le miel du soma. Arrivez, Aswins, venez. J’invoque votre secours. Donnez des trésors à votre serviteur.

23. (Nobles) héros, l’adoration commence ; le sacrificateur vous invite à prendre la libation. Arrivez, Aswins, venez. J’invoque votre secours. Donnez des trésors à votre serviteur.

24. La Swâhâ vous est adressée ; rassasiez-vous, ô Dieux, de mets et de breuvages. Arrivez, Aswins, venez. J’invoque votre secours. Donnez des trésors à votre serviteur.


HYMNE V.
Aux Aswins, par Syawaswa.
(Mètres : Mahâpankti et Sakwarî.)

1. Ô Satacratou, tu es le sauveur de celui qui le verse le soma, qui étend (pour toi) un pur gazon. Bois donc jusqu’à l’ivresse. (Prends) la part que t’ont faite (les Dévas), ô Indra, maître de la piété, qui, allié des Marouts, surmontes toutes les armées, étends tes conquêtes et triomphes au milieu des ondes.

2. Ô Maghavan, conserve ton chantre ; ô Satacratou, conserve-toi toi-même. Bois donc jusqu’à l’ivresse. (Prends) la part que t’ont faite (les Dévas), ô Indra, maître de la piété, qui, allié des Marouts, surmontes toutes les armées, étends tes conquêtes et triomphes au milieu des ondes.

3. Ô Satacratou, tu conserves les dieux par l’holocauste, et toi-même par la force. Bois donc jusqu’à l’ivresse. (Prends) la part que t’ont faite (les Dévas), ô Indra, maître de la piété, qui, allié des Marouts, surmontes les armées, étends tes conquêtes et triomphes au milieu des ondes.

4. Ô Satacratou, tu es le père du Ciel, le père de la Terre. Bois donc jusqu’à l’ivresse. (Prends) la part que t’ont faite (les Dévas), ô Indra, maître de la piété, qui, allié des Marouts, surmontes toutes les armées, étends tes conquêtes et triomphes au milieu des ondes.

5. Ô Satacratou, tu es le père des chevaux, le père des vaches. Bois donc jusqu’à l’ivresse. (Prends) la part que t’ont faite (les Dévas), ô Indra, maître de la piété, qui, allié des Marouts, surmontes toutes les armées, étends tes conquêtes et triomphes au milieu des ondes.

6. Satacratou, ô toi qui portes la foudre, aie pour agréable la louange des Atris. Bois donc jusqu’à l’ivresse. (Prends) la part que t’ont faite (les Dévas), ô Indra, maître de la piété, qui, allié des Marouts, surmontes toutes les armées, étends tes conquêtes et triomphes au milieu des ondes.

7. Écoute (la voix) de Syâvâswa qui t’offre la libation, comme tu as écouté (la voix) d’Atri qui accomplissait les œuvres (saintes). Ô Indra, incomparable dans le combat, tu as sauvé Trasadasyou pour exaucer les vœux pieux qu’il avait formés.


HYMNE VI.
À Indra, par Syawaswa.
(Mètres : Mahâpankti.)

1. Dans tes combats avec Vritra, tu t’es souvenu des hommages respectueux de ton serviteur. Car tu es tout-puissant, ô Indra, époux de Satchî. Ô noble vainqueur de Vritra, ô toi qui portes la foudre, dans le sacrifice de midi, bois le soma.

2. Ô (Dieu) terrible, tu renverses les armées qui t’attaquent. Car tu es tout-puissant, ô Indra, époux de Satchî. Ô noble vainqueur de Vritra, ô toi qui portes la foudre, dans le sacrifice de midi, bois le soma.

3. Souverain unique, tu règnes sur le monde. Car tu es tout-puissant, ô Indra, époux de Satchî. Ô noble vainqueur de Vritra, ô toi qui portes la foudre, dans le sacrifice de midi, bois le soma.

4. Tu sépares ces deux (grands) compagnons, (le Ciel et la Terre), ô (Dieu) incomparable. Car tu es tout-puissant, ô Indra, époux de Satchî. Ô noble vainqueur de Vritra, ô toi qui portes la foudre, dans le sacrifice de midi, bois le soma.

5. Tu es le maître de l’homme qui travaille, comme de celui qui se repose. Car tu es tout puissant, ô Indra, époux de Satchî. Ô noble vainqueur de Vritra, ô toi qui portes la foudre, dans le sacrifice de midi, bois le soma.

6. Tu donnes la force (au monde) pour sauver ceux que tu veux sauver. Car tu es tout-puissant, ô Indra, époux de Satchî. Ô noble vainqueur de Vritra, ô toi qui portes la foudre, dans le sacrifice de midi, bois le soma.

7. Écoute (la voix) de Syâvâswa qui t’offre la libation, comme tu as écouté (la voix) d’Atri qui accomplissait les œuvres (saintes). Ô Indra, incomparable dans le combat, tu as sauvé Trasadasyou, pour exaucer les vœux pieux qu’il avait formés.


HYMNE VII.
À Indra et Agni, par Syawaswa.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Vous êtes les ministres saints du sacrifice ; (vous nous assistez) dans les combats comme dans les œuvres (pieuses). Ô Indra et Agni, écoutez-moi.

2. (Dieux) exterminateurs, portés sur votre char, vous donnez la mort à Vritra ; vous êtes invincibles. Ô Indra et Agni, écoutez-moi.

3. Les prêtres ont extrait de leurs mortiers ce miel qui vous réjouit. Ô Indra et Agni, écoutez-moi.

4. Unis dans nos éloges, aimez ce sacrifice, et le soma que nous versons en votre honneur. Ô Indra et Agni, (nobles) héros, venez.

5. Aimez ces cérémonies au milieu desquelles vous êtes chargés d’holocaustes. Ô Indra et Agni, (nobles) héros, venez.

6. Aimez mon hymne, qui suit la voie de la Gâyatrî. Ô Indra et Agni, (nobles) héros, venez.

7. Venez le matin avec les dieux, ô trésor de richesses, ô Indra et Agni, (venez) boire le soma.

8. Écoutez l’invocation des Atris, et de Syâvâswa qui vous présente la libation. Ô Indra et Agni, (venez) boire le soma.

9. Je vous appelle à notre secours, comme vous appelaient les (anciens) sages. Ô Indra et Agni, venez) boire le soma.

10. Je demande la protection d’Indra et Agni, honorés par Saraswatî, et je leurs fais entendre la Gâyatrî.


HYMNE VIII.
À Agni, par Nabhaca, enfant de Canwa.
(Mètre : Mahâpankti.)

1. Je veux honorer Agni par mon hymne et mon sacrifice ; Agni est digne de nos chants.

Qu’il porte aux dieux nos libations. Entre le ciel et la terre, au milieu de nos sacrifices, il remplit la fonction de messager. Périssent tous nos ennemis !

2. Ô Agni, (touché) de nos hymnes, éloigne de nos personnes la haine de nos ennemis : commande à l’impiété de nos adversaires ; éteins la rage de ces insensés. Périssent tous nos ennemis !

3. Ô Agni, je t’offre la prière telle qu’un ghrita que je place dans ta bouche. Au milieu des dieux accueille (nos vœux) ; tu es (le maître) antique et fortuné, le messager du sacrificateur. Périssent tous nos ennemis !

4. Agni, à la demande de son serviteur, accorde toute espèce de présents. Invoqué, honoré par l’offrande et la libation, il donne et la richesse et la félicité. Périssent tous nos ennemis !

5. Agni se fait reconnaître par son œuvre forte et variée. Sacrificateur entouré des offrandes des perpétuelles (Aurores), il s’avance pour attaquer (ses ennemis). Périssent tous nos ennemis !

6. Agni connaît la naissance des dieux ; il connaît les mystères des mortels. Agni, surnommé Dravinodas et invoqué par l’hymne, ouvre les portes (de la richesse). Périssent tous nos ennemis !

7. Agni réside au milieu des Dévas, parmi ce peuple saint et honorable. Il jette comme une fleur de (pieuse) allégresse sur toute l’œuvre religieuse des sages, Déva adorable entre tous les Dévas. Périssent tous nos ennemis !

8. Agni est entouré des sept enfants de Manon[11] ; il est le maître de toutes les Ondes[12]. Invoquons cet Agni qui a trois demeures, qui, en faveur de Mandhâtri[13], a donné la mort au Dasyou, qui règne dans les sacrifices. Périssent tous nos ennemis !

9. Agni, distingué par sa science et sa sagesse, habite trois mondes différents. Qu’il honore les trente-trois dieux. Que celui que nous avons fait notre prêtre et notre messager, exauce tous nos vœux. Périssent tous nos ennemis !

10. Ô Agni, tu es le premier pour nous et parmi les enfants d’Ayou et parmi les dieux. Tu es le seul maître de la richesse. Les Ondes s’empressent d’elles-mêmes à couler autour de toi. Périssent tous nos ennemis !


HYMNE IX.
À Indra et Agni, par Nabhaca.
(Mètres : Sakwarî, Trichtoubh et Mahâpankti.)

1. Ô Indra et Agni, vous triomphez pour nous. Vous nous donnez une opulence telle que, forts au milieu des batailles, nous détruisons tout ce qui est solide, de même que le feu, (poussé) par le vent, (détruit) les forêts. Périssent tous nos ennemis !

2. Nous implorons vos faveurs. Nous honorons Indra comme le plus puissant des héros. Qu’il vienne sur son char prendre sa part dans nos offrandes et nos sacrifices. Périssent tous nos ennemis !

3. Indra et Agni vivent au milieu des batailles. Sages héros, invoqués par la Prière, agissez en faveur de celui qui désire votre amitié. Périssent tous nos ennemis !

4. Célèbre par ton sacrifice et par ton hymne, comme le faisait (ton père)[14] Nâbhâca, Indra et Agni, auxquels le Monde entier, le Ciel, la grande Terre, apportent leurs richesses. Périssent tous nos ennemis !

5. Comme le faisait Nâbhâca, observez les rites en l’honneur d’Indra et d’Agni, qui ouvrent les portes de cet Océan (aérien) dont les ondes ont sept sources[15]. Car Indra est un roi puissant. Périssent tous nos ennemis !

6. (Vritra) est comme un arbre qui étend ses vastes rameaux. Coupe ses branches. Brise la force du brigand. Puissions-nous partager avec Indra les trésors (de l’Asoura) ! Périssent tous nos ennemis !

7. Ô Indra et Agni, ce peuple t’invoque en te présentant l’offrande et la prière. Puissions-nous dans la bataille vaincre avec nos guerriers ! Puissions-nous renvoyer le mal à ceux qui veulent notre mal ! Périssent tous nos ennemis !

8. Indra et Agni descendent du ciel avec leurs blanches lumières. Les Ondes, qu’ils ont délivrées de leurs chaînes, viennent apporter leur tribut dans l’œuvre (sainte). Périssent tous nos ennemis !

9. Ô Indra, que traînent deux chevaux azurés, le sacrificateur a pour toi prodigué les offrandes et les bénédictions. Donne-nous des richesses, (donne-nous) de vigoureux enfants, de manière à combler tous nos vœux. Périssent tous nos ennemis !

10. Par vos louanges encouragez ce (dieu) brillant, libéral, digne de nos hymnes. Que par sa force il brise les œufs[16] de Souchna, et qu’il obtienne, pour prix de sa victoire, les eaux célestes. Périssent tous nos ennemis !

11. Encouragez ce (dieu) bon, juste, secourable, ami de nos sacrifices. Qu’en faveur de son serviteur il brise les œufs de Souchna, et qu’il obtienne, pour prix de sa victoire, les eaux célestes. Périssent tous nos ennemis !

12. Ainsi nous chantons un hymne en l’honneur d’Indra et Agni, comme faisaient nos pères, comme faisaient Mandhâtri et Angiras. Couvrez-nous d’une triple protection. Puissions-nous être maîtres de la richesse !


HYMNE X.
À Varouna, par Nabhaca.
(Mètre : Mahâpankti.)

1. Honore avec les sages Marouts le grand Varouna, qui garde les enfants de Manou, comme (le pasteur garde) les bestiaux et les vaches. Périssent tous nos ennemis !

2. (Honorons) ensemble par nos chants, par les prières de nos pères, par les hymnes de Nâbhâca, le (dieu) qui se tient à la source même des ondes (du sacrifice), au milieu des sept sœurs (les Libations)[17]. Périssent tous nos ennemis !

3. Il embrasse les Nuits[18] ; dans son élan rapide, il étend sur tout sa brillante magie ; et trois amantes[19] viennent lui rendre hommage, le matin, (à midi et le soir). Périssent tous nos ennemis !

4. Au-dessus de son (foyer) terrestre il a développé avec splendeur les régions (célestes) ; il a mesuré l’antique et adorable demeure de Varouna. Il est le maître et comme le pasteur (des hommes). Périssent tous nos ennemis !

5. Il est le soutien des mondes ; il connaît les noms mystérieux et cachés des vaches[20] (du troupeau lumineux). Il est sage, et il relève toutes les œuvres des sages, comme le soleil (relève la beauté) des formes. Périssent tous nos ennemis !

6. Toutes les œuvres des sages sont en lui, qui est tel que le moyeu dans la roue. Honorez donc ce (dieu), qui a trois demeures. Comme les bœufs qu’on attelle dans le pâturage, attelez à son char les chevaux (du sacrifice). Périssent tous nos ennemis !

7. Étendu sur un lit de (branchages)[21], il s’entoure de tous les rayons qui naissent du (foyer). Tous les Dévas poursuivent leur œuvre devant lui, et honorent Varouna de leurs dons. Périssent tous nos ennemis !

8. Dès que le sacrificateur l’a placé sur ces (branchages), le (dieu) se dévoile, et, (tel que l’Océan) que gonflent les ondes, il semble monter rapidement vers le ciel. De son pied[22] radieux il détruit la magie (des Asouras), en s’élevant sous la voûte céleste. Périssent tous nos ennemis !

9. Il habite les trois mondes, et ses splendeurs méritent nos louanges. Trois fois elles s’élancent dans ce vaste espace[23], qui est la demeure solide de Varouna. Il règne sur les sept torrents[24]. Périssent tous nos ennemis !

10. Le (dieu) qui, poursuivant ses œuvres, rend ses rayons tour à tour blancs et noirs, a mesuré l’antique séjour (des dieux). Il a consolidé le ciel et la terre, comme l’immortel (soleil affermit) l’espace des airs. Périssent tous nos ennemis !


HYMNE XI.
À divers dieux, par Nabhaca, ou Artchanas.
(Mètres : Trichtoubh et Anouchtoubh.)

1. Le (divin) Asoura, qui possède tous les biens, a consolidé le ciel ; il a mesuré la grandeur de la terre ; roi brillant, il est placé dans tous les mondes. Voilà toutes les œuvres de Varouna.

2. Adore donc le large Varouna ; honore le sage gardien de l’immortalité. Que les trois mondes concourent à la protection qu’il nous accorde. Que le Ciel et la Terre nous gardent.

3. Ô divin Varouna, exauce la prière de ton serviteur ; (donne-lui) la force et la vigueur. Puissions-nous, montés sur un heureux vaisseau, traverser tous les maux (de la vie) !

4. Ô Véridiques Aswins, les mortiers (vous appellent). Les sages par leurs prières vous invitent à boire le soma. Périssent tous nos ennemis !

5. Ô Véridiques Aswins, ainsi que le faisait le sage Atri, nous vous invitons par nos chants à boire le soma. Périssent tous nos ennemis !

6. Ô (Dieux) Véridiques, ainsi que le faisaient les (anciens) sages, je vous appelle à mon secours ; (je vous invite) à boire le soma. Périssent tous nos ennemis !


HYMNE XII.
À Agni, par Viroupa, fils d’Angiras.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Nos voix célèbrent le sage et prudent Agni, qui nous sauve par le sacrifice.

2. Ô Agni, possesseur de tous les biens, je t’adresse cet hymne, à toi qui es sage et bienfaisant.

3. Ô Agni, tes rayons aigus ressemblent aux dents des bestiaux : ils dévorent les bois.

4. Tes flammes se séparent dans l’air, agitées par le vent, et légères comme un coursier ; elles ont la fumée pour étendard.

5. Ces flammes se séparent, s’allument, et jettent un commun éclat. Elles sont comme le drapeau des Aurores.

6. Les rayons d’Agni, possesseur de tous les biens, sont noirs et se traînent à terre, tant que le (dieu) est embarrassé dans son foyer.

7. Mais il prend des aliments, il mange les plantes, il acquiert de la force, il s’élance vers les jeunes (Libations).

8. Ses langues se courbent avec splendeur ; Agni, entouré de flammes, brille sur son bûcher.

9. Ô Agni, ta place est au milieu des Ondes (du sacrifice). Tu es entouré des Plantes, au sein desquelles tu dois naître[25].

10. Ô Agni, ta splendeur éclate sous la libation du ghrita. La Cuiller (sacrée) vient baiser ta bouche.

11. Adressons nos chants au sage Agni, que nourrissent la Libation et l’Offrande, dont le dos est arrosé de soma.

12. Ô Agni, illustre ministre de nos sacrifices, nous t’honorons avec l’adoration et le bois du foyer.

13. Ô brillant Agni, nous t’invoquons, comme faisaient Bhrigou, Manou et Angiras.

14. Ô (Dieu) brûlant[26], sage, pieux et ami, c’est un être brûlant, c’est un sage pieux et ami qui te fait briller.

15. Ô Agni, accorde au sage qui t’honore une riche opulence, une abondance accompagnée d’une forte famille.

16. Ô Agni notre frère, enfant de la Force, aux œuvres pures, aux chevaux rougeâtres, accueille ma louange.

17. Que mes hymnes, ô Agni, t’amènent vers moi, comme la vache (mène) son veau vers le pâturage.

18. Ô Agni, le plus grand des Angiras, tous ces hommages divers s’adressent à toi, pour que tu daignes combler nos vœux.

19. Des sages, éclairés et prudents, invitent par leurs prières Agni à venir prendre les mets du sacrifice.

20. Ils ont dans leurs demeures préparé pour toi des offrandes, et ils te chantent, pur et robuste Agni, prêtre chargé (de nos holocaustes).

21. Maître présent en plus d’un lieu, tu vois également tous les êtres. Nous t’invoquons au milieu des combats.

22. Chante Agni, qui, invoqué par nous, brille avec le ghrita. Qu’il entende notre voix.

23. Nous implorons, ô Agni, possesseur de tous les biens, ô toi qui nous entends et qui donnes la mort à nos ennemis.

24. Je chante cet Agni, qui est le roi merveilleux des nations, et le suprême soutien (du monde).

25. Par l’offrande nous donnons des forces à cet Agni, qui, comme un mortel, s’entoure de formes vives et rapides, et qui se prête à nos besoins comme un robuste coursier.

26. Ô Agni, fais briller la pointe (de ton arme), toi qui tues le mal, qui brûles partout les odieux Rakchasas.

27. Ô Agni, le plus grand des Angiras, ô toi dont les peuples allument les feux, comme le faisait Manou, entends ma voix.

28. Nous t’invoquons dans nos prières, ô Agni, ô enfant de la Force, toi qui nais du Ciel, toi qui nais des Ondes.

29. Tout ce peuple te présente ces offrandes, diverses, et t’invite à les goûter.

30. Puissions-nous, pénétrés de pensées pieuses, et dirigés par la sagesse, traverser avec toi les plus mauvais passages !

31. Nous invoquons, la joie dans le cœur, cet Agni qui fait notre joie, qui est notre ami, qui, placé sur (le bûcher), y brille d’une flamme pure.

32. Ô Agni, trésor de lumière, tel que le soleil, lance tes rayons. Tu es fort, et tu veux triompher des ténèbres.

33. Ô puissant Agni, nous te demandons tes bienfaits. Tes biens sont les plus précieux de tous.


HYMNE XIII.
À Agni, par Viroupa.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Honorez Agni en allumant ses feux ; accueillez cet hôte (divin) avec le ghrita ; présentez-lui l’holocauste.

2. Ô Agni, chéris nos louanges. Que ma prière fasse ta grandeur. Accepte nos hymnes.

3. J’ai institué Agni comme notre messager. Je l’invoque comme le porteur de nos holocaustes. Qu’il assemble ici les dieux.

4. Ô brillant Agni, tes larges rayons ont apparu, éclatants et purs.

5. Que mes cuillers remplies de ghrita viennent vers toi. Ô désirable Agni, aime nos holocaustes.

6. Je chante Agni, sacrificateur aimable, pontife entouré de mille rayons, trésor de lumière. Qu’(Agni) nous entende.

7. (Je chante) Agni adoré et adorable, prêtre antique, (dieu) sage en ses œuvres, et orné de l’éclat de nos cérémonies.

8. Ô Agni, le plus grand des Angiras, accueille nos holocaustes divers, et, suivant l’époque convenable, sois le guide de notre sacrifice.

9. (Dieu) sage, adorable, brillant d’un pur éclat, allume tes feux, et amène ici la troupe divine.

10. Nous invoquons le sacrificateur sage et indulgent, qui a la fumée pour étendard, trésor de lumière, qui est le drapeau du sacrifice.

11. Ô divin Agni, enfant de la Force, conserve-nous contre l’ennemi. Brise la haine de nos adversaires.

12. Le sage Agni, en entendant l’antique prière du prêtre, illumine son corps et grandit.

13. J’invoque Agni, l’enfant de l’Offrande, (le dieu) aux flammes purifiantes, au milieu de toutes les cérémonies du sacrifice.

14. Ô Agni, orné de doux rayons, viens t’asseoir avec les dieux sur notre gazon, et brille d’un pur éclat.

15. Que le divin Agni donne ses trésors au mortel qui l’honore dans sa demeure pour obtenir une (heureuse) famille.

16. Agni est le premier (des dieux), le maître des régions célestes, et de la terre ; il développe les germes qui sont dans les ondes.

17. Ô Agni, tes rayons purs et brillants lancent leurs feux resplendissants.

18. Ô Agni, tu règnes sur l’opulence ; tu es le maître de la félicité. Je te chante, et je compte sur ta protection.

19. Ô Agni, les sages t’honorent par leurs œuvres (pieuses). Que nos prières augmentent ta grandeur !

20. Nous recherchons l’amitié d’Agni, invincible et robuste messager empressé à fêter (les dieux).

21. J’invoque Agni, pur dans ses œuvres, dans sa sagesse, dans sa science, dans sa splendeur.

22. Ô Agni, que mes prières, que mes hymnes augmentent ta grandeur ! Ne dédaigne pas notre amitié.

23. Ô Agni, sois pour moi ce que je suis pour toi. Que tes bénédictions soient un tribut de reconnaissance !

24. Tu es riche et maître de la richesse ; tu es un trésor de lumière. Puissions-nous mériter ta bienveillance !

25. Ô Agni, (dieu) ferme en tes œuvres, nos hymnes vont vers toi comme les eaux vers la mer.

26. J’honore par des prières le jeune et sage Agni, maître des nations, qui dévore l’holocauste et revêt plusieurs formes.

27. Offrons nos sacrifices et nos hymnes au robuste Agni, qui transporte le sacrifice, et fait briller ses dents aiguës.

28. Ô purifiant et adorable Agni, que ton chantre ait ta protection. Sois bon pour lui.

29. Tu es sage et toujours vigilant ; comme le prêtre, tu reçois holocauste, et tu brilles dans l’air.

30. Ô Agni, ô sage protecteur au milieu des maux et des injures (de la vie), tu nous as déjà sauvés. Continue à nous garder.


HYMNE XIV.
À Indra, par Visodhara[27].
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ils allument les feux d’Agni, ils étendent un gazon toujours frais, ceux qui ont pour ami le jeune Indra.

2. Ils ont un foyer abondant, des hymnes nombreux, un large bûcher, ceux qui ont pour ami le jeune Indra.

3. Un héros, sans combattre, repousse l’homme expert dans les combats, quand il est accompagné de ceux qui ont pour ami le jeune Indra.

4. Le vainqueur de Vritra a pris sa flèche. À peine né, il a dit à sa mère : « Quelles sont ces clameurs terribles que l’on entend ? »

5. Ta puissante (mère) t’a répondu : « Tel que l’éléphant, au sein de la montagne (céleste), il demande à combattre, celui qui veut être ton ennemi. »

6. Écoute donc, ô Maghavan. Apporte tes biens à celui qui t’implore. Il n’y a de fort que ce que tu fortifies.

7. Quand Indra va pour livrer bataille, il attelle ses nobles coursiers, et monte sur le char qu’il sait si bien diriger.

8. Ô (Dieu) armé de la foudre, extermine de tous côtés tes ennemis. Daigne nous écouter avec bonté.

9. Qu’Indra nous apporte heureusement ses dons, que les méchants ne puissent nous soustraire.

10. Que nous parvenions à écarter nos ennemis. Ô puissant Indra, que nous obtenions des présents de vaches fécondes.

11. (Ô Dieu) qui portes la foudre, puissions nous avoir des chevaux et des biens innombrables ! Puissions-nous, exempts de mal, libres de nos volontés, voir combler tous nos vœux !

12. Le (sacrificateur) distribue chaque jour à ses chantres des centaines, des milliers de présents précieux.

13. Ô Indra, nous savons que tu es bienfaisant, et en même temps que tu brises les plus fermes obstacles, que tu protéges (tes amis) et déchires (tes ennemis).

14. Ô Dieu sage et vainqueur, nous venons à toi qui as le trésor de tous les biens[28]. Que nos libations te réjouissent.

15. Apporte-nous les richesses de l’homme opulent et avare qui oublie d’être généreux.

16. Ô Indra, tes amis, avec leur soma et leurs mets sacrés, te traitent comme le quadrupède (chéri qu’ils nourrissent).

17. Nous t’appelons de loin à notre secours, (dieu) invincible, qui prêtes à nos prières une oreille attentive.

18. Écoute notre invocation ; donne-nous la victoire. Sois notre parent chéri.

19. Pressés par le besoin, nous venons te prier. Ô Indra, sois-nous propice et donne-nous des vaches.

20. Ô maître de la force, nous nous appuyons sur toi, comme un homme faible (se soutient) sur son bâton. Nous t’appelons dans le sacrifice.

21. Chantez un hymne en l’honneur d’Indra généreux et bienfaisant, que personne ne peut attaquer dans le combat.

22. (Dieu) libéral, nous versons en ton honneur la libation. Réjouis-toi, et bois jusqu’à l’ivresse.

23. Que jamais aucun insensé protecteur, aucun railleur sacrilége ne vienne à gagner ta faveur. Ne défends jamais les impies.

24. Que ces offrandes, auxquelles se mêle le lait de la vache, te plaisent, et nous fassent obtenir une grande opulence. Viens à notre soma, comme le cerf (vient) à un étang.

25. Célébrez les prouesses antiques et nouvelles qui distinguent dans la région lointaine le vainqueur de Vritra au milieu des batailles.

26. Indra a bu le breuvage de Cadrou[29], qui devait accroître la force de ses mille bras, et il a prouvé sa mâle vigueur.

27. Voulant récompenser Tourvasa et Yadou, il a déployé sa puissance contre Ahnavâyya[30].

28. Je veux donc chanter en votre nom le (dieu) sauveur des hommes, celui qui donne l’abondance avec la vache.

29. J’appelle au milieu des chants et des libations de soma Indra qui nous envoie les ondes, et (que l’on nomme) Riboukchas.

30. En faveur de Trisoca il a ouvert les flancs de la montagne (céleste), pour en faire sortir les vaches (fécondes).

31. Fais-moi part de ces bienfaits qui sont dans ta généreuse pensée, quand (nos hommages) causent ta joie. Indra, sois bon pour moi.

32. La terre n’a point encore retenti de la renommée d’aucun fait qui soit digne de toi. Ô Indra, daigne penser à nous.

33. Pour toi, ô Indra, ces hymnes et ces louanges ; et sois clément pour nous.

34. Noble héros, abstiens-toi de nous frapper pour une faute, pour deux, pour trois, pour un plus grand nombre.

35. Je puis craindre la colère d’un ennemi tel que toi, la vengeance d’un adversaire aussi puissant.

36. Ô (Dieu) opulent, fais que je ne connaisse la perte ni d’un ami, ni d’un fils. Que ta pensée soit comme un vêtement qui m’enveloppe.

37. « Ô mortels ! » répond (Indra), « quel est donc l’ami qui, sans avoir été blessé, abandonne un ami ? Quel est celui qui s’éloigne de nous ? »

38. Généreux Évâri[31] (les hommes) au milieu de leurs libations mettent en avant leurs mets (sacrés), comme le chasseur emploie son appât.

39. Amène donc tes deux coursiers qu’attelle la Prière, et qui traînent un char fortuné. Accorde à nos cérémonies le prix qu’elles méritent.

40. Brise tous les obstacles que t’opposent nos ennemis. Frappe les méchants. Apporte-nous les biens que nous désirons.

41. Ô Indra, fondés qu’ils sont sur l’appui certain d’un (dieu) fort et solide, apporte-nous les biens que nous désirons.

42. Tous les enfants de Manou connaissent ta générosité. Apporte-nous les biens que nous désirons.

  1. C’est le nuage.
  2. Je suppose qu’il est question de trois sacrifices. Le mot vaches est entendu par le commentateur comme synonyme d’hymnes (stoutayah).
  3. Parâvatah.
  4. Le texte porte le mot dânâni, que le commentaire explique par madadjalâni. C’est l’humeur qui coule des tempes de l’éléphant en rut.
  5. Tout ce passage se rapporte, dit-on, à l’aventure d’Asanga, fils de Playoga ou Prayoga, changé en femme à la suite d’une imprécation. Voy. sect. V, lect. vii, hym. v, st. 34 où la virilité lui est rendue. Asanga est Agni dont les feux ne forment plus un faisceau lumineux : il s’éteint. Il était mâle et prêtre ; il n’est plus que femme, jusqu’à ce que par les mérites de Saswatî (l’Aurore) il retrouve sa virilité.
  6. Ce passage renferme trois fois le mot div, répété, ce me semble, avec un sens différent. Dans divâvaso, div a le sens de ciel ; dans divam, il me semble signifier lieu de plaisir, ou bonheur ; dans divah, il veut dire être brillant (Agni ou sacrificateur). De sorte que littéralement je traduirais : habitant du ciel, viens dans la demeure fortunée (du dieu) brillant qui commande ici ; ou bien, en faisant du verbe yayati un causatif : habitant du ciel, fais venir le bonheur du sacrificateur qui commande ici.
  7. Le texte porte le mot némi, qui signifie roue. C’est peut-être la corde du pressoir.
  8. C’est un oiseau dont l’espèce n’est pas désignée. Section I, lect. iv, hym. iv, st. 12, nous avons pris ce mot pour un nom d’arbre. Voy. le Dictionnaire de M. Wilson.
  9. Le Devoir personnifié.
  10. Il semble que dans ces trois strophes il y a l’indication des trois premières classes de la société indienne. Brahma, Kchatra, Dhénou, c’est-à-dire la piété, la force, la vache, telles sont les trois divisions dont on a formé plus tard la caste des prêtres, des guerriers, des cultivateurs. Dans la troisième classe est placé le peuple, vis. De brahma, kchatra et vis sont dérivés les noms de Brâhmana, Kchatriya et Vêsya.
  11. Nous avons vu ailleurs l’expression pantchamânouchah, impliquant l’existence de cinq espèces d’êtres, enfants de Manou. Voy. page 45, col. 1, note 1. Ici nous trouvons saptamânouchah, et je pense que l’auteur fait allusion aux sept ministres du sacrifice ou aux sept espèces d’offrandes. Les Rites institués par Manou sont personnifiés. Je ferai observer, sans penser que cette observation soit applicable ici, que Diodore de Sicile, livre II, chapitre 40, divise les Indiens en sept classes.
  12. Ce sont les Libations.
  13. Prince, fils d’Youvanâswa.
  14. Nâbhâca m’a paru être un ascendant de Nâbhâca, l’auteur de cet hymne.
  15. Nous avons vu bien des fois que le poëte reconnaissait sept rivières célestes.
  16. Traduction littérale : le poëte désigne ainsi les nuages.
  17. On compte en effet sept espèces de libations ou d’offrandes, comme aussi sept espèces de mètres.
  18. Nous avons vu, en expliquant ailleurs le mot kchapâvâ, que le mot kchapâ (nuit) faisait allusion aux sacrifices ou libations qui ont lieu à la fin et au commencement de chaque nuit.
  19. Les Libations des trois sacrifices.
  20. Le texte porte le mot ousrâ, que le commentaire traduit par le mot rasmi (rayon). Le lecteur aura peut-être reconnu que ce n’est pas Varouna que célèbre le poëte, mais Agni, malgré le titre qui annonce Varouna.
  21. Le commentaire donne à ce passage un tout autre sens. Le pronom âsou, suivant lui, se rapporte au mot dickchou sous-entendu. Plus loin, dhâmani serait synonyme de pourâni. Ainsi Varouna étendu dans les airs, y briserait les villes des Asouras. Pour le sens que j’ai choisi, je m’en réfère à l’observation qui termine la note précédente.
  22. Nous savons que le pied d’Agni, c’est la flamme.
  23. Trois fois les feux du sacrifice font briser le ciel.
  24. Plutôt les sept libations, que les sept torrents célestes.
  25. Ces plantes sont ou le soma et l’orge, employés dans les libations, ou les bois qui composent le bûcher. Agni doit sa naissance et son accroissement aux libations et aux feux du bûcher.
  26. Le texte porte le mot Agni, qui signifie feu.
  27. Un autre manuscrit porte : Cârâva Trisoca, d’une famille inconnue.
  28. Le poëte donne au dieu le nom de Pani, qui est l’épithète de l’Asoura, détenteur des trésors du nuage.
  29. Suivant le commentaire, c’est le nom d’un Richi.
  30. Nom d’un prince.
  31. Le commentaire ne donne pas la signification de ce mot, que je regarde comme une épithète d’Indra.