Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 6/Lecture 8

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Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 465-473).

LECTURE HUITIÈME.
HYMNE I.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Le pur Soma aux mille courants, après avoir passé sur le filtre, vient dans la coupe de Vâyou et d’Indra.

2. Chantez, pour qu’il vous secoure et arrive à votre fête, ce Soma pur, sage et retentissant.

3. Les Libations chantées par vous viennent à votre fête avec leurs mille trésors pour vous apporter l’abondance.

4. Ô Indou, apporte-nous cette abondance ; (donne-nous) de grandes moissons, une brillante et forte race.

5. Que ces divines Libations nous procurent des biens innombrables et une heureuse lignée.

6. Tels que des coursiers lancés par leurs cavaliers, ces breuvages se précipitent sur le filtre formé de laine.

7. Les Libations viennent avec bruit (vers notre coupe) comme les vaches vers leurs nourrissons, et sont soutenues dans nos mains.

8. Ô (Dieu) pur et enivrant, aimé d’Indra, résonne (à nos oreilles), et tue tous nos ennemis.

9. Ô (Libations) pures et célestes, qui donnez la mort aux impies, placez-vous au foyer du sacrifice.


HYMNE II.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Le (dieu) sage, mêlé aux flots de la libation, coule, et apporte son tribut de trésors désirables.

2. Les cinq espèces d’êtres issus de la même race entreprennent l’œuvre (sainte), et parent des ornements de la Prière le (dieu) qui soutient tout.

3. Aussitôt le suc de ce (dieu) robuste se mêle au lait de la vache, et fuit le bonheur de tous les êtres divins.

4. Il sort (du filtre) laissant les impuretés de son (premier) corps, et passe (dans les coupes) pour aller s’unir à (Indra) son ami.

5. Brillant et jeune, il est purifié par les petits-fils[1] du sacrificateur, et la substance de la vache forme sa beauté[2].

6. Pressé avec le doigt, il va se confondre avec le lait de la vache, et fait entendre le murmure qui le distingue.

7. Les doigts unissent leurs efforts pour purifier le robuste maître de l’offrande : ils le dépouillent de son enveloppe.

8. Ô Soma, ô toi qui disposes de tous les biens du ciel et de la terre, viens et sois à nous.


HYMNE III.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. (Excité) par la prière, (pressé) par nos doigts, viens avec toute la rapidité d’un char dans la coupe d’Indra.

2. Pour l’œuvre sainte (Soma) s’agite et s’empresse, dans le lieu où siégent les (Dévas) immortels.

3. Il est introduit par une voie lumineuse et placé sur le foyer, autour duquel se présentent (les prêtres) chargés (d’offrandes).

4. Tel que le taureau chef du troupeau, il agite, il aiguise ses cornes, et donne les preuves de sa force.

5. Il va, robuste et brillant, ce maître des Ondes (du sacrifice), aux rayons d’or.

6. Il marche contre les Rakchasas, et leur enlève les trésors qu’ils ont accumulés.

7. Les enfants d’Ayou purifient dans leurs vases ce Soma qui est l’auteur d’une heureuse abondance.

8. Dix (jeunes) ministres et sept (porteurs) d’holocaustes concourent à purifier ce (dieu) orné de belles armes, qui nous apporte le plaisir.


HYMNE IV.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Les (prêtres) versent, pour nous causer une ivresse victorieuse, (la libation) qui est comme le suc du Ciel et de la Terre, et qui s’échappe telle qu’un coursier (rapide).

2. Nous pressons sous nos doigts ce (breuvage) qui amène la force, et forme avec les ondes un heureux mélange de mets agréables et de lait.

3. Jette au sein des ondes, dans le vase (des libations), l’invincible, l’invulnérable Soma. Qu’il soit purifié pour être offert à Indra.

4. À la prière du sacrificateur Soma vient dans le vase (des libations) ; il s’asseoit dans l’enceinte (sacrée).

5. Ô Indra, au milieu de nos hommages les Libations te donnent leur rosée pour augmenter ta force dans le combat.

6. Purifié dans sa forme impérissable, (Soma) se revêt de toutes ses splendeurs. Il brille tel qu’un héros au milieu des vaches (du sacrifice).

7. Ainsi que le nuage qui descend du ciel, la rosée du sage Soma arrive heureusement au vase (des libations).

8. Ô Soma, tu purifies le sage de ton jus (divin), et, en faveur des enfants d’Ayou, tu passes sur le filtre (sacré).


HYMNE V.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Telles que les torrents qui se précipitent dans la vallée, les Libations rapides et impétueuses se répandent, et portent la mort à leurs ennemis.

2. De même que les pluies (coulent) vers la terre, ainsi les abondantes Libations coulent vers Indra.

3. Le flot joyeux et enivrant de Soma vient au vase (du sacrifice), se joignant aux dieux et donnant la mort aux Rakchasas.

4. Du vase des purifications il passe dans les coupes, et croît avec l’hymne du sacrifice.

5. Ô Soma, comme si tu développais les trois mondes, tu éclaires le ciel, et sembles lancer le soleil.

6. Les poëtes et les sages célèbrent ce (dieu) brillant qui est la tête du sacrifice, et lui apportent leurs présents.

7. De même que l’écuyer (dirige) son coursier, ainsi les sages avec leurs prières obtiennent ton concours dans le sacrifice.

8. Ô (Dieu) beau et opulent, fais couler ta rosée de miel ; viens prendre ta place à notre sacrifice, à notre banquet.


HYMNE VI.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ta libation, ô Soma, passe tour à tour dans le mortier et dans le vase (des sacrifices). Dans l’ivresse que tu causes, tu donnes tout.

2. Sage et prudent, tu fais couler pour nous le miel de ton breuvage. Dans l’ivresse que tu causes, tu donnes tout.

3. Tous les dieux ont avec joie pris leur part de ta libation. Dans l’ivresse que tu causes, tu donnes tout.

4. Ce (dieu) tient dans ses mains les biens les plus précieux. Dans l’ivresse que tu causes, tu donnes tout.

5. Ce (dieu) regarde les deux grandes (divinités), le Ciel et la Terre, comme deux mères dont il prend le lait. Dans l’ivresse que tu causes, tu donnes tout.

6. Ce (dieu) présente l’offrande (du sacrifice) au Ciel et à la Terre. Dans l’ivresse que tu causes, tu donnes tout.

7. Ce (dieu) robuste s’est purifié dans les vases (du sacrifice), et fait entendre son murmure. Dans l’ivresse que tu causes, tu donnes tout.


HYMNE VII.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô Soma purifié par nous, apporte-nous du ciel et de la terre une opulence digne, par sa variété, d’être célébrée.

2. Ô Indra et Soma, vous êtes les maîtres de la clarté et des vaches (célestes). Vous êtes puissants ; remplissez nos vœux.

3. Pur et fécond, tu résonnes et tu brilles ; tu viens parmi les enfants d’Ayou t’asseoir sur leur gazon et sur leur foyer.

4. Les (Ondes) avaient enfanté un jeune nourrisson, qui est devenu un taureau puissant ; et ces (vaches divines) ont désiré s’unir à lui.

5. Le (dieu) pur a rempli leur vœu ; il les a fécondées, et elles ont donné un lait brillant.

6. Viens près des serviteurs qui t’honorent, ô (Dieu) pur. Inspire la crainte à tes ennemis, et empare-toi de leurs richesses.

7. Ô Soma, que ton ennemi soit loin ou près de toi, prends sa force, sa vigueur, sa fécondité.


HYMNE VIII.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Pour l’honneur des dieux, le sage (Soma) a passé sur le filtre de laine, et vient triompher de tous ses ennemis.

2. Tu apportes à tes chantres qui t’ont purifié une abondance en vaches qui surpasse leurs espérances.

3. Ta pensée comble tous nos vœux ; tu accèdes à nos prières. Ô Soma, donne-nous l’opulence.

4. Accorde à tes riches (serviteurs) une grande gloire, une fortune solide. Apporte à tes chantres l’abondance.

5. Ô merveilleux Soma, ô (Dieu) pur qui portes (nos vœux), sois pour nous comme un roi puissant, et daigne exaucer nos prières.

6. Cet invincible Soma que nous chargeons (de nos sacrifices), et que nos mains ont purifié au sein des ondes, repose dans nos coupes.

7. Ô Soma, en toi est le plaisir, la gloire, la magnificence. Tu viens au vase (des libations) pour donner à ton chantre une forte famille.


HYMNE IX.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Devant Indra se présentent les Libations victorieuses, enivrantes, fortunées.

2. Puissantes protectrices pour le (serviteur) qui les chante et qui les verse, elles lui accordent la richesse et l’abondance.

3. Les Libations viennent, en jouant sur le flot qui les emporte, occuper la place éminente (du sacrifice).

4. Telles que des coursiers attelés à un char, ces (Ondes) pures apportent toute espèce de trésors.

5. Ô Libations, exaucez le vœu de celui qui vous invoque en nous donnant l’abondante richesse de l’avare.

6. De même qu’un puissant seigneur fait présent d’un char, vous donnez à celui qui vous prie une fortune renommée. Venez avec votre onde pure.

7. Ces Libations ont désiré une place (dans le sacrifice) ; par leur force elles l’ont obtenue ; elles ont accompli le vœu de (l’homme) pieux.


HYMNE X.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Les Libations rapides sont parties comme des chars ; elles ont murmuré, comme des coursiers qui hennissent.

2. Elles s’étendent telles que les vents, telles que la pluie qui sort de la nue, telles que les flammes d’Agni.

3. Ces Libations pures et sages, mêlées au caillé, ont pris leur place dans les œuvres du prêtre.

4. Pures, immortelles, agiles, elles s’élancent, et cherchent à s’ouvrir les routes de l’air[3].

5. Elles s’étendent sur la surface de la terre, sur la voûte céleste, jusqu’au monde le plus éloigné.

6. Elles forment comme une toile continue de vapeurs[4], qui s’élève au-dessus (de la terre) jusqu’au ciel.

7. Ô Soma, enlève aux Panis leurs vaches opulentes. Fais retentir tes clameurs sous cette toile que tu as tendue.


HYMNE XI.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Les rapides Libations ont épanché leur flot de miel enivrant, au milieu de toutes les cérémonies des sages.

2. Les vieux enfants d’Ayou[5] ont poursuivi les chants de l’hymne ; ils ont fait naître le Soleil à la lumière.

3. Ô (Dieu) pur, apporte-nous la dépouille d’un ennemi impie. Avec la famille donne-nous l’abondance.

4. Ô Soma, les enfants d’Ayou font couler un jus qui cause la joie ; ils (ouvrent) un trésor d’où tombe le miel.

5. Soma vient ; c’est lui qui soutient (les mondes), qui fournit un jus puissant, qui fait les héros vaillants, qui protége contre le mal.

6. Viens, ô Soma, pour faire le bonheur d’Indra et des dieux. Ô Indou, tu donnes la force.

7. Indra, après avoir goûté de son breuvage enivrant, avec une force incomparable a frappé ses ennemis, disposé à les frapper encore.


HYMNE XII.
À Soma, par Asita-Dévala.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Les pures Libations sont arrivées mêlées avec les ondes et les mets du (sacrifice).

2. Que ces vaches (divines) arrivent, telles que les eaux qui descendent de la colline, et que leur pureté plaise à Indra.

3. Ô Soma, (ô Dieu) pur, tu viens amené par les prêtres, qui te présentent à Indra comme un (doux) breuvage.

4. Ô Soma, (Dieu) pur, adorable, fait pour le bonheur des hommes, accours pour (le plaisir) d’Indra qui soutient les mortels.

5. Ô Indou, quand tu sors du mortier pour passer dans le vase (du sacrifice), tu fais la gloire d’Indra.

6. Viens, ô toi qui es la mort de Vritra, toi que célèbrent nos hymnes, (Dieu) pur, purifiant et admirable.

7. Soma, pur et purifiant, par son doux breuvage a le mérite de charmer les dieux et de tuer les impies.


HYMNE XIII.
À Soma, par Drilhatchyouta, fils d’Agastya.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô brillant Soma, viens par ton breuvage enivrant augmenter la force des Dieux, des Marouts, de Vâyou.

2. Ô (Dieu) pur, placé par la Prière auprès du foyer, fais entendre ton murmure ; remplis ton office et honore Vâyou.

3. Le sage et généreux (Soma) brille parmi les Dévas sur le foyer où il se fait chérir, donnant la mort à Vritra et honorant les dieux.

4. (Dieu) aimable et pur, il se glisse dans toutes les formes[6], et se montre dans le lieu où siégent les (Dévas) immortels.

5. Sage et brillant, Soma enfante la Prière ; il s’attache à Ayou, il s’unit à Indra.

6. Ô (Dieu) sage, qui donnes la joie, viens avec ta rosée dans le vase (du sacrifice), et assieds-toi au foyer qu’occupe l’illustre (Agni)[7].


HYMNE XIV.
À Soma, par Drilhatchyouta.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. (Soma) est un coursier que les sages, non loin d’Aditi[8], ont purifié avec le doigt et la prière.

2. Les Vaches (de la louange) ont célébré l’impérissable Indou, qui a mille torrents et qui soutient le ciel.

3. (Les prêtres) ont par la prière élevé jusqu’au ciel ce (dieu) pur et grand, qui contient et supporte tout.

4. Ils ont, par l’œuvre de leurs mains, excité cet invincible maître de la prière, qui aime à demeurer avec ses serviteurs.

5. Les (dix) frères font sortir des mortiers lancent dans les vases (sacrés) ce (dieu) aimable et brillant, qui jette ses splendeurs de tous côtés.

6. Ô Indou, (dieu) pur et joyeux, les sages te produisent et te fortifient par la prière.


HYMNE XV.
À Soma, par Nrimédha, fils d’Angiras.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ce (dieu) sage et pur, loué (par nous), arrive dans le vase (du sacrifice), pour le trépas de ses ennemis.

2. Ce (dieu), qui donne le bonheur et affermit la force, est versé dans le vase sacré en l’honneur de d’Indra et Vâyou.

3. Ce Soma généreux, éclairé, qui est (comme) la tête de l’être brillant, est par les prêtres apporté et versé dans les (coupes) de bois.

4. Cet Indou, invincible et pur, fait entendre son murmure ; (dieu) triomphant, il désire nos offrandes et nos riches présents.

5. Ce dieu, pur et riant, siége dans le vase (du sacrifice) comme le soleil dans le ciel, pour le bonheur (des hommes).

6. Indou fort et généreux, brillant et pur, coule dans l’air pour passer (dans les entrailles) d’Indra.


HYMNE XVI.
À Soma, par Priyamédha.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ce (dieu) éclairé, rapide, maître de la prière, est conduit par les prêtres, et versé sur le filtre de laine.

2. Soma coule en l’honneur des dieux dans le vase (du sacrifice), et pénètre dans toutes les formes[9].

3. Ce dieu immortel, vainqueur de Vritra et dévoué au service des dieux, brille sur le foyer.

4. Le généreux (Soma) en murmurant est pressé par les dix frères, et descend dans les bassins (du sacrifice).

5. Pur, sage, éclairé, il répand sa lumière dans le soleil et dans tous les corps.

6. Soma fort, invincible et pur vient (à nous), charmant les (dieux) et tuant les impies.


HYMNE XVII.
À Soma, par Nrimédha.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Elle s’échappe avec force, cette généreuse libation qui fait l’ornement des dieux.

2. Adorable ami de la lumière, (Soma) est un coursier (rapide) que les sages sacrificateurs, en chantant, purifient par la prière.

3. Ô Soma, (dieu) pur et magnifique, que tes (rayons) soient vainqueurs ! Occupe la mer[10] (des libations) célébrée dans nos chants.

4. Ô Soma, viens avec ta (douce) rosée. Empare-toi de tous les trésors, et chasse en même temps tes ennemis.

5. Préserve-nous des blâmes de tout censeur impie ; et par toi que nous soyons sauvés !

6. Ô Indou, donne-nous avec ta rosée tous les biens de la terre et du ciel. Apporte-nous une force brillante.


HYMNE XVIII.
À Soma, par Bindou, fils d’Angiras.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. La rosée (de Soma) a coulé dans le vase (du sacrifice). Le (dieu) robuste et pur accourt à notre voix.

2. Indou, (tel qu’un coursier) hennissant a résonné. Répandu pour la libation, il a rendu un murmure puissant.

3. Ô Soma, donne-nous avec ta rosée une puissance qui détruise la force, que soutiennent des héros, qui soit l’objet de tous les désirs.

4. Soma est venu avec sa rosée purifiante vers les bassins (du sacrifice), où il doit siéger.

5. Ô Indou, ô (Dieu) brillant, aussi doux que le miel, (les prêtres) te lancent de leurs mortiers dans les ondes (de la libation), pour que tu sois le breuvage d’Indra.

6. Répandez en l’honneur du puissant Indra, armé de la foudre, ce beau et joyeux Soma, aussi doux que le miel.


HYMNE XIX.
À Soma, par Rahougana, fils de Gotama.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Les pieuses et pures Libations s’élancent. Elles annoncent de riches présents.

2. Ô Indou, sur la terre et dans le ciel augmente notre force. Sois le maître de l’abondance.

3. Ô Soma, vers toi viennent les Vents qui répandent la fraîcheur, ainsi que les Ondes ; ils ajoutent à ta grandeur.

4. Grandis, ô Soma ; que ta force croisse de toute part. Que l’abondance soit avec toi.

5. Ô (Dieu) brillant, les Vaches (du sacrifice) versent pour toi sur le large foyer (ou tu es placé) et leur beurre et leur lait inépuisable.

6. Ô Indou, ô maître du monde orné de si belles armes, nous recherchons ton amitié.


HYMNE XX.
À Soma, par Syavaswa, fils d’Atri.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Les riches Libations, qui inspirent une glorieuse ivresse, ont coulé dans le sacrifice.

2. Et aussitôt les épouses de Trita[11], pour satisfaire à la soif d’Indra, ont extrait des mortiers le brillant Indou.

3. Et aussitôt, pareil au cygne qui (prélude) aux chants, (Indou) a donné le signal de toutes les prières. Tel qu’un coursier, il se baigne dans le lait de la vache.

4. À la vue du Ciel et de la Terre, ô Soma, tu cours avec la rapidité du cerf, et tu vas te placer au foyer du sacrifice.

5. Comme une femme applaudit à un amant chéri, ainsi les Vaches (de l’hymne) ont résonné en te voyant arriver dans la coupe (sacrée).

6. Accorde-nous une gloire brillante, et à moi et au seigneur (qui t’invoquent). Donne-nous la sagesse et l’opulence.


HYMNE XXI.
À Soma, par Trita.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Les sages Libations se précipitent (dans nos coupes) avec la rapidité du torrent, et la (vivacité) du buffle (qui court) vers la forêt.

2. Pures et brillantes, elles coulent comme une (douce) rosée, vers les bassins du sacrifice, où elles se mêlent au lait et au caillé (qui les attendent).

3. Les Libations se répandent en l’honneur d’Indra, de Vâyou et Varouna, des Marouts, de Vichnou.

4. Les (prêtres) font entendre les trois voix[12] ; les Vaches[13] (du sacrifice) mugissent. (Le dieu) brillant part avec son murmure.

5. Les grandes mères[14] du sacrifice, enfantées par les Rites pieux, ont répondu à ce bruit. Elles parent le nourrisson du Ciel.

6. Ô Soma, donne-nous l’opulence des quatre mers ; (donne-nous) des biens innombrables.


HYMNE XXII.
À Soma, par Trita.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Indou s’élance avec son courant impétueux de libation, et brise les obstacles les plus forts.

2. Soma arrive en l’honneur d’Indra, de Vâyou, de Varouna, des Marouts, de Vichnou.

3. Du sein des généreux mortiers (les prêtres) tirent le généreux Soma qu’ils ont écrasé ; ils en expriment (une espèce) de lait.

4. Que le brillant et joyeux (Soma) soit ensuite, en l’honneur d’Indra, plongé dans (les ondes de) Trita[15]. (Mêlé avec le caillé), il s’épaissit et prend des formes.

5. Les (dieux) enfants de Prisni[16] reçoivent le lait (de ce Soma) assis au siége du sacrifice, (Ils partagent) ce bel et précieux holocauste.

6. Les merveilleuses Prières s’approchent de Soma, et il accueille avec un doux murmure ces Vaches (de la louange) assemblées autour de lui.


HYMNE XXIII.
À Soma, par Prabhouvasou, fils d’Angiras.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô (Dieu) pur, viens avec ta (bienfaisante) rosée, et qu’elle nous fasse obtenir la lumière et une large opulence !

2. Ô Indou, qui reposes dans le Samoudra, accours, et, possesseur de la richesse, par ta puissance remue tout en notre faveur !

3. Tu es un héros avec lequel nous devons vaincre dans le combat. Fais venir à nous tous les trésors.

4. Indou est sage ; il sait quelle est (la vertu) des œuvres et (la force) des armes ; il est bienfaisant, il promet et donne l’abondance.

5. Soma est le gardien des peuples ; il est pur et appelle nos hymnes. Par nos prières (nous l’unissons au caillé) pour lui faire une espèce de vêtement.

6. Tous les mortels sont occupés à honorer ce maître du devoir, pur et magnifique.


HYMNE XXIV.
À Soma, par Prabhouvasou.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. (Soma), lancé du pressoir dans le vase (du sacrifice), ressemble au coursier qui entraîne le char auquel il est attelé.

2. Ô Soma, tu es vigilant et dévoué au service des dieux ; tu portes (nos holocaustes). Viens à ce trésor où coule un miel (savoureux.)

3. (Dieu) antique et pur, fais briller pour nous la lumière. Donne-nous la force pour supporter le travail.

4. Paré par les sacrificateurs, purifié par nos mains, il arrive dans le vase inépuisable.

5. Que Soma donne à son serviteur tous les biens du ciel, de la terre, de l’air.

6. Ô maître de la force, fécond en chevaux, en vaches, en héros vaillants, tu t’élèves sur le dos du brillant (Agni)[17].


HYMNE XXV.
À Soma, par Rahougana.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Le généreux Soma vient au vase de la libation pour être notre breuvage. Il tue les Rakchasas et s’unit aux dieux.

2. (Dieu) éclairé, brillant soutien (du monde), il arrive au vase (du sacrifice), (et se place) au foyer en murmurant.

3. Pur et rapide, il court à travers les airs au filtre inépuisable, et il tue les Rakchasas.

4. Purifié par les (dix) frères, il s’est placé sur le foyer de Trita, et a fait éclater la lumière et le soleil.

5. Soma invincible et généreux, opulent et vainqueur de Vritra, s’élance (vers le sacrifice) comme vers un champ de bataille.

6. Le divin Indou, excité par le sage, vient avec grandeur dans nos coupes (pour y être le breuvage) d’Indra.


HYMNE XXVI.
À Soma, par Rahougana.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ce (dieu) généreux et rapide (descend) sur la laine du filtre, et vient pour nous donner des biens innombrables.

2. Les épouses de Trita[18] tirent Indou du sein des mortiers pour en faire la boisson d’Indra.

3. Les dix légères (prêtresses) s’empressent de le parer, et lui donnent les feux de cette ivresse qu’il doit inspirer.

4. Il vient au milieu des enfants de Manou avec (la rapidité) de l’épervier, avec (l’amour) de l’époux qui s’approche de sa femme.

5. Indou est le nourrisson du ciel ; c’est le suc enivrant qui remplit le vase (du sacrifice) ; c’est (le maître) qui nous voit à ses pieds.

6. Brillant soutien (du monde), il satisfait à la soif (des dieux), et s’assied en murmurant sur le foyer.


HYMNE XXVII.
À Soma, par Vrihanmati.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Ô toi, (Dieu) rapide qui as l’âme grande, viens avec (ta rosée qui est) ton corps, dans l’enceinte où tu vois les dieux.

2. Que par toi du ciel descende la pluie ; fais l’ornement du monde, et amène l’abondance.

3. (Soma) par sa force répand la splendeur ; il brille, il éclaire, et vient dans le vase (des sacrifices).

4. Il descend du ciel et se glisse légèrement dans le vase (du sacrifice), d’où il se précipite en flots abondants.

5. De loin comme de près, il accourt pour honorer Indra, et se répand sous la forme d’un miel (savoureux).

6. (Les prêtres) assemblés ont chanté ce (dieu) brillant qu’ils tirent de leurs mortiers. (Ô Dieux), placez-vous au siége du sacrifice.


HYMNE XXVIII.
À Soma, par Vrihanmati.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. (Le dieu) pur et prudent vient assaillir tous les méchants. C’est un sage que (les mortels) honorent par leurs œuvres.

2. Brillant et généreux, il monte au foyer. Il s’approche d’Indra, et occupe ainsi un siége solide.

3. Qu’Indra nous donne une grande opulence. Ô Soma, (apporte-nous) des biens innombrables.

4. Ô pur Soma, ô Indou, amène-nous tous les biens. Fais-nous jouir d’une abondance incroyable.

5. Ô (Dieu) pur, accorde à ton chantre la richesse et la force. Exauce les prières de ton poëte.

6. Ô Indou, ô pur et généreux Soma, donne-nous une opulence renommée, qui se compose des biens de deux mondes.


HYMNE XXIX.
À Soma, par Vrihanmati.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Solides comme la vache, brillantes et rapides, (les Libations) s’élancent, tuant (l’Asoura) à la peau noire.

2. Nous vénérons (celui qui nous fait) vaincre l’impie Dasyou, l’ennemi redoutable, dont les liens enchaînent notre bonheur.

3. Tel qu’une pluie (favorable), on entend le son (du dieu) pur et puissant. Ses splendeurs vont jusqu’au ciel.

4. Ô Indou, donne-nous une grande abondance en vaches, en chevaux, en or, en denrées.

5. Viens, ô (Dieu) prudent. Fais le bonheur du Ciel et de la Terre, ces deux grandes (divinités), de même que l’Aurore et le Soleil (les charment) par leurs rayons.

6. Ô Soma, envoie-nous ta rosée protectrice, et qu’elle soit autour de nous ce que la rivière de Rasa[19] est pour les contrées qu’elle environne.


HYMNE XXX.
À Soma, par Médhyâtithi.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. Le brillant (Soma) engendre dans le ciel les astres, dans l’air, le soleil, et (sur la terre) s’unit aux Ondes, vaches (du sacrifice).

2. (Excité) par l’antique prière, ce Dieu vient présenter aux Dieux sa (douce) libation.

3. Les Libations renferment des trésors de force qu’elles apportent au serviteur diligent qui leur demande l’abondance.

4. (Soma) en murmurant se répand dans le vase (du sacrifice), où il dépose son lait antique, et il engendre les Dieux.

5. Le pur Soma, accru par le sacrifice, nous donne (la protection) des Dieux, et toute espèce de biens.

6. Ô Soma, accorde-nous une large abondance, féconde en vaches, en chevaux, en moissons, en héros vaillants.


HYMNE XXXI.
À Soma, par Médhyâtithi.
(Mètre : Gâyatrî.)

1. (Soma) nous inspire une joyeuse ivresse. (Il s’élance) avec la rapidité du coursier ; nous l’unissons (au lait de) la vache, et le couvrons de nos prières comme d’une espèce de vêtement.

2. Toutes nos prières empressées aiment à parer Indou, et, comme autrefois, (l’invitent) à devenir le breuvage d’Indra.

3. Soma, orné par la prière du sage Médhyâtithi, s’avance aimable et pur.

4. Ô Indou, ô pur Soma, accorde-nous une opulence somptueuse et entourée de splendeurs.

5. Indou, tel qu’un cheval de bataille, murmure en venant dans le vase (du sacrifice) ; il accourt dévoué au service des dieux.

6. Viens, ô Soma, pour le bonheur et l’intérêt du sage qui te chante. Donne-nous la force des héros.

  1. Cette expression a besoin d’être expliquée. Ce sont les doigts, qui ont pressé les tiges de soma. Le bras est considéré comme le fils du sacrificateur, et les doigts comme ses petits-fils. Le texte porte petites filles, parce que le mot angouli (doigt) est du féminin. Voy. plus haut, page 462, col. 1, note 1.
  2. Le jus de soma est mêlé avec le lait et le caillé, qui lui donnent du corps et de la couleur.
  3. Les ondes du sacrifice forment les ondes du ciel.
  4. Le commentaire entend ce passage du sacrifice, comparé à une espèce de toile que tissent les prêtres.
  5. Le commentaire ne comprend pas ce passage de la même manière. Il en fait rapporter le sens aux libations rapides : c’est ainsi qu’il traduit le mot âyavah (sighragamanâh).
  6. Il faut entendre par ce mot forme les corps divers.
  7. Le commentaire croit qu’il faut dire Indra.
  8. Le mot aditi est considéré par le commentaire comme synonyme de Prithivî (la terre) ; on pourrait croire que c’est le foyer de terre sur lequel brille Agni. Nous avons vu aussi qu’Aditi, quand ce mot est au masculin, signifie le sacrifice.
  9. Voir page 469, col. 1, note 1.
  10. Samoudra ; c’est le vase qui contient les libations.
  11. Trita est une forme d’Agni, ou du sacrifice. Ses épouses sont les dix doigts qui expriment le jus du soma : nous savons que le mot angoulî (doigt) est féminin.
  12. Je suppose que le poëte fait allusion aux trois divisions, chacune de huit syllabes, de la Gâyatrî.
  13. Sans doute les flammes du foyer.
  14. Ce sont les ondes.
  15. Trita lui-même est appelé Aptya (undosus).
  16. Les Marouts.
  17. On peut aussi entendre par ces mots divas prichtham, la voûte du ciel.
  18. Voy. page 470, col. 2, note 1.
  19. Nom d’une rivière. Voy. page 110, col. 1, et page 291, col. 1. Ce nom pourrait être celui d’une rivière céleste, et alors le mot vichthap signifierait le monde en général.