Rimes de joie/11
Apparence
Lilas Blancs (1881)
Lilas Blancs[1]
À Louise Abbéma.
rovoquante — et parisienne
Jusqu’à la pointe de ses cils
Ses grands yeux, fripons et subtils,
S’allongent, surchauffés de Sienne.
Elle émerge du cadre d’or,
La vivante fleur du bitume !
Floraison blonde que parfume
Le moos-rose ou le cosmydor.
Dans le satin Vert-Véronèse
Turbule sa grâce d’enfant,
Enfant dont l’appel triomphant
Dompterait Hercule Farnèse.
Ses poignets frêles, jamais las,
Et ses fines mains long-gantées
S’étoilent des fleurs argentées
D’un bouquet de pâles lilas.
En elle tout est fièvre et joie !
Le rayon de sa bouche en cœur
Des noirs décembres est vainqueur ;
C’est Avril en robe de soie.
- ↑ Salon de Paris, 1878.