Romantiques, Pétrus Borel, Alexandre Dumas/Obélisque de Louqsor (L’)

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L’Obélisque de Louqsor, pamphlet par Pétrus Borel. — Paris, chez les marchands de nouveautés, 1836. Imprimé par Dondey-Dupré. In-8, 16 p.

Très rare, 15 fr.

A paru d’abord dans les Cent-et-un, T. XIII. — Il a été tiré quelques exemplaires en grand papier.

Pétrus Borel a écrit, en outre, dans un grand nombre de journaux, à la Revue de Paris, à l’Artiste, au Messager, au Commerce, etc. Il a donné à ce dernier journal, en 1844, des articles de critique dramatique qui ont été fort remarqués.

Un de ses biographes[1] a donné la liste de ses articles à l’Artiste :

1835. — Une nouvelle : Jérôme Chassebœuf.

1844. — Une nouvelle : le Vert galant.

1845. — De la Chaussure chez les anciens et les modernes (trois articles).

— Diverses poésies.

Le Général Marceau et Clémence Isaure.

Philologie humoristique.

Pierre Bayle.

Rêveries ethnologiques.

Des Fantaisies grammaticales.

Alger et son avenir littéraire.

1847. — Du jugement publique (sic), pastiche de la langue de Montaigne.

M. Claretie a complété cette liste, dans la Petite Revue, par les indications suivantes :

1834. — Vendrapedon ; dans le Journal des demoiselles. — Le maréchal de Gié ; id.

1835. — Promenade en Espagne ; id.

1843. — Daphné ; 19, 20, 24 et 22 novembre, le Messager.

1844. — Le Capitaine François de Civile ; 8 juin 1841, le Commerce.

1844. — Revue dramatique ; avril à juillet 1844, id.

1845. — Le Fou du roi de Suède ; 30 décembre, id.

1846. — Quelques mois chez les Amazoulous ; 8 janvier, Journal des Chasseurs.

Pétrus Borel a donné encore :

À la Revue de Paris, 1843, le Trésor de la caserne d’Arcueil.

Aux Français peints par eux-mêmes, deux types : le Croquemort ; le Gniaffe.

La troisième édition de la facétie intitulée : Comme quoi Napoléon n’a jamais existé (1836), est précédée d’une préface signée P. B., qui est de Pétrus Borel.

On cite encore de lui Une année de Bretagne, dans le Livre de beauté, recueil de portraits historiques publié chez L. Janet, éditeur rue Saint-Jacques, 1834. In-8, avec préface de Charles Nodier.

On a annoncé comme sous presse, de Pétrus Borel, sur la couverture de la Liberté, journal des arts, Paris, Normand, libraire, 1832, Graisse d’ours, un fort volume in-8, vignettes ; sur la couverture de Fortunio de Théophile Gautier, Paris, Desessart, 1838, Aimez-vous la cornemuse ? deux volumes in-8, et sur la couverture de Chants et Prières, poésies, par Ch. de Maricourt et Eug. Tourneux, Paris, Desessart, 1838, un autre roman, en deux volumes, La Belle Cordière.

Pétrus Borel a été le fondateur et le directeur de divers journaux : la Liberté, journal des arts ; la Revue pittoresque ; l’Âne d’or ; le Satan.

Les lettres autographes de P. Borel, rares et recherchées, sont d’une écriture ferme, régulière, très fine, en ronde renversée, sans ratures, d’un style vigoureux et imagé ; nous détachons de sa correspondance inédite avec Philothée O’Neddy, les passages suivants relatifs à Madame Putiphar :

« Non, mon cher, non, ces excellences ne m’ont rien expédié au Baizil. Je n’ai pas vu jusqu’à cette heure seulement le bout du nez de la plus petite autorisation. Je t’avouerai que je ne comptais plus sur rien de semblable. Je m’étais dit : Ces Messieurs, ces hautesses du haut de leur perchoir et de leur vertu, auront repoussé, loin, bien loin ma demande, ne voulant pas conniver à la fabrication d’une aussi monstrueuse immoralité que Madame Putiphar ; car, sur l’étiquette, c’est ainsi qu’ils ont dû présumer du contenu de la fiole.

« … Tu me fais l’honneur de me demander des nouvelles de Madame Putiphar ; j’y travaille sans relâche, surtout depuis une quinzaine de jours ; mais pour cela, ça ne va pas très vite ; je n’avance guère. O mon ami, que c’est donc difficile à faire, même un mauvais livre ! Est-ce la tâche qui est trop forte ? est-ce l’ouvrier qui est trop faible ? je ne sais ! mais je me sens ployer et quelquefois défaillir sous la besogne. Oh ! que de fois ces jours-ci j’ai envié le sort de ceux qui savent faire des livres sans enfer ; qui, chaque terme, se déchaussent d’un roman comme un postillon se déchausse de ses bottes. Quant à ton ami, tout en travaillant comme un laboureur, il se voit encore pour un mois de souffrances…

« C’est assis dans une cheminée, au milieu d’une hutte de boue et de chaume, entre deux mares ou plutôt deux margouillis, que ton ami, avec des sabots colossaux aux pieds et sur le dos une souquenille de toile à voiles, t’écrit ces lignes et t’embrasse…

« Au Baizil, Lycanthropolis, ce mardi 29 novembre 1836. »

Dans cette lettre, Pétrus Borel dit que le libraire Ollivier lui avait promis 200 fr. pour terminer Madame Putiphar ; les paiements devaient se faire par quart, et donnèrent bien des tribulations à ce pauvre Borel.




À sir Theophilus O’Neddy Esquire.

Je te fais passer le chap. XV de Notre Dame Putiphar ; pour le remettre, comme ses devanciers dans la carrière, à l’imprimerie Terzuolo. Je pensais t’en envoyer davantage et t’en envoyer plus tôt, mais je viens de garder le lit pendant huit jours, ce qui m’a mis beaucoup en retard. D’autre part, je me suis amusé à écrire le chap. XVII avant d’avoir mis bas le chap. XVI, qu’il faut d’abord au typographe…

Ce 14 mars 1837, au Bas-Blaizy.




Sir Theophilus O’Neddy.

Je te remercie à deux genoux de ton excellent conseil à propos de la grossière phrase de Deborah : à dia et à hurhu. Ces fautes de goût me sont assez coutumières ; j’en ai déjà pas mal derrière moi qui me poursuivent comme des remords… Je demande expressément ton attention sur le chapitre que je t’envoie. Ce que tu y trouveras de mauvais, de languissant, biffe-le, je t’en prie, avant de l’envoyer à messire Terzuolo. Je t’avais parlé l’autrefois de mon chap. XVII, que j’avais écrit avant le chap. XVI ; ce chap. XVII que je ne t’envoie pas, je l’ai lu et relu, je le lis et le relis encore, et je le trouve hors d’œuvre et médiocre ; j’en ferai un autre…

Dans le chap. XVI, si tu trouves, ce que je crains, que la rêverie et le délire de Fitz Harris soient trop longs, ôte tout ce qui pourra te sembler languissant, ou tout autre chose.

Au Bas-Blaizy, ce 7 avril 1837.

À Sir Theophilus.

Ceci est un peu de copie que ta seigneurie bien aimée voudra bien remettre en son lieu. Ce chap. XVII sera bien ce qu’il y aura de plus e…oire sur le globe ; que veux-tu ? j’ai besoin de ce jalon, de ce pivot, de ce chaînon, pour la marche de mon épopée…

Ce 2 mai 1837, du Bas-Baizil.


Au même, de Tours, 14 décembre 1837.

… Tours est une belle et agréable ville, couchée entre le Cher et la Loire, de mœurs très régulières ; où les Anglais abondent ; où les pruneaux sont inconnus ; où l’on ne fabrique pas de gros ; où dans la rue Royale, il y a un très joli perruquier qui se nomme Roméo, qui se fait nommer Roméo, devrais-je dire, le polisson !… Je travaille assez exemplairement aux dernières pages de mon livre qui paraîtra aussitôt mon retour…



  1. M. Jules Claretie : Pétrus Borel, le lycantrope, sa vie, ses écrits, etc. Paris, Pincebourde, 1865 ; in-16.