Rymes/Plus je désire, et la fortune adverse

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Plus je desire, & la fortune adverse
Moins me permect, que puisse celuy veoir,
A qui elle eust par mainte controverse

Faict mainct ennuy, si ne fust son sçavoir,
Qui des Cieulx à ce tant heureux pouvoir
De parvenir tousiours a son entente :
Dont avec luy ce soulas puis auoir,
Que, luy content, je demeure contente.


Si tu ne veulx l’anneau tant estimer,
Que d’un baiser il te soit racheptable :
Tu ne doibs pas, au moins si peu l’aymer,
Qu’il ne te soit, non pour l’or acceptable,
Mais pour la main, qui pour plus rendre estable
Sa foy vers toy, te l’à voulu lyer
D’un Dyamant, ou tu peulx desplier
Un cueur taillé en face pardurable,
Pour te monstrer, que ne doibs oublier,
Comme tu fais, la sienne amour durable.


Comme le corps ne permect point de veoir,
A son esprit, ny sçavoir sa puissance :
Ainsi l’erreur, qui tant me faict avoir
Devant les yeulx le bandeau d’ignorance,
Ne m’à permis d'avoir la congnoissance
De celuy là, que pour pres le chercher
Les Dieux avoient voulu le m’approcher :
Mais si hault bien ne m’àsceu apparoistre.