Satyres (1789)/Mlle Le Gai d’Oliva

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MLLE. LE GAI D’OLIVA.


Q’as-tu fait, d’Oliva, par quelle destinée
Paroîssant à nos yeux la Motte retournée,
Ou plu-tôt, empruntant le domino Valois,
Viens-tu d’un nouveau crime épouvanter les lois ?
Je suis jeune, dis-tu, trop sensible et trop tendre,
De la séduction je n’ai pu me défendre.
Consultez mon mémoire. Un espoir enchanteur
Aux piéges d’un méchant avoit livré mon cœur.
La Motte étoit mon guide. Au grand prêtre amenée,
Victime, je tendis ma gorge infortunée.
Mais j’atteste le ciel, qu’en ce moment fatal,
Le coup que j’ai reçu n’est point d’un cardinal.
Le conseil de Rohan, mon défenseur lui-même,
Ont tiré mon esprit de cette erreur extrême ;
Tous deux m’ont démontré que je n’ai pu rien voir ;
Target, qu’il faisoit nuit, Blondel, qu’il faisoit noir.
Voilà ce que je sais, et mon ame ingénue,
Dans cet humble récit se montre toute nue.
Je suis simple, sans art : eh ! qui jamais sut mieux
Que la triste Oliva se dévoiler aux yeux !
Croyez-en ma candeur, si naïve et si pure,
C’est le plus beau des dons que m’ait fait la nature

CAGLIOSTRO.