Seconde Lettre à M. le Vte de Chateaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits

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À MONSIEUR LE VICOMTE
DE
CHATEAUBRIAND
PAIR DE FRANCE


Monsieur le vicomte

Dans le troisième Numéro du Conservateurs, vous avez tracé, selon votre manière de voir, ou plutôt, selon votre manière d’être, le tableau de l’état intérieur de la France.

Je vais en faire l’examen vous avez été fidèle à vos intentions ; je serai fidèle à mon objet, qui est de montrer l’incohérence de vos principes, l’erreur de vos jugemens, l’injustice de vos plaintes, et d’affaiblir ainsi l’influence que vous donnent votre nom, votre ardeur, et vos talens.

Voici le premier trait de votre tableau : « Lorsque Buonaparte eut disparu, il resta, de sa tyrannie, des institutions fortes et un peuple obéissant. Avec ces deux élémens on pouvait tout créer, la liberté, comme l’esclavage. »

Créer la liberté, Monsieur ! créer l’esclavage ! croyez-vous qu’une telle puissance soit jamais à la disposition de homme ? Est-ce l’étude du cœur humain, est-ce l’histoire, qui vous ont révélé la possibilité de créer indifféremment, pour une Nation, l’esclavage ou la liberté ?

Non, Monsieur le bon sens le dit, et l’histoire le démontre : un même peuple n’est pas susceptible à la fois de deux situations opposées. Si la liberté convient à ses mœurs, à ses idées, à son industrie, la servitude lui est impossible ; s’il est ignorant, indolent et faible, la servitude est son besoin ; la lui donner est un bienfait ; il ne peut désirer, ni concevoir, ni supporter la liberté.

Depuis un demi-siècle, le Peuple Français est plein de force, d’activité et de lumières ; depuis un demi-siècle il est libre, sans qu’aucune Puissance humaine ait réussi à l’en empêcher. Sa liberté, préparée, amenée par les immenses progrès des lumières et de la civilisation, depuis le beau règne de Louis XIV, a existé de fait dès le commencement du règne de Louis XVI. Cet excellent Prince avait senti que l’on ne pouvait plus en reculer le droit : il l’offrit. Le Peuple mit à le saisir une ardeur passionnée ; les obstacles qu’il rencontra changèrent cette ardeur en impétuosité aveugle dans l’exaltation et le désordre de ses mouvemens, il dépassa le but ; il tomba dans l’anarchie. Pour étouffer celle-ci, il invoqua lui-même le Despotisme, mais le Despotisme d’un homme fils du Siècle et de la Liberté.

Cet homme concentra en lui-même tous les pouvoirs : c’est ce que vous entendez sans doute par ses institutions fortes. Contre les excès on ne marche jamais que par une opposition directe ; contre l’anarchie, il n’y a de ressource que dans la concentration.

Cet homme, pour créer sa propre puissance, pour sauver l’État, avait eu besoin d’une ambition sans limites, d’un caractère violent, tyrannique, indomptable. On ne quitte point son caractère, surtout dans le succès ; on s’y affermit au contraire. Cet homme continua de s’élancer sur sa ligne audacieuse ; il traversa la Monarchie et la Raison politique, comme le Peuple Français avait traversé la Raison sociale et la liberté. Il nous opprima, mais par les contre-coups d’une impulsion démesurée, qui nous emportait ainsi que lui-même ; il nous opprima mais au profit d’une soif ardente de conquêtes —et de gloire nationale, qui, avant lui, nous dévorait ; il nous opprima, mais en nous laissant la liberté civile, la liberté religieuse ; et c’est tout ce qu’il y a de fondamental dans la vraie liberté. Ce qu’il opprima, c’est la garantie constitutionnelle de la liberté civile et de la liberté religieuse ; ce qu’il opprima, c’est la liberté politique : il suspendit ou effaça les formes de la liberté ; et c’est ainsi qu’il tomba.

Mais ne nous abusons plus, Monsieur ; il y a tant de danger à pétrir un grand Peuple ! Rome ne fut pas esclave, pour s’être quelquefois soumise à une Dictature qui marchait dans le sens de ses mœurs, de ses idées, de ses passions même. Comme elle, au terme de nos secousses, nous avons repris la liberté. Si vous pensez que le Roi aurait pu continuer ce que vous appelez la Constitution de l’Empire ; vous pensez donc qu’a son retour la guerre extérieure nous menaçait encore, ou que l’anarchie était de nouveau prête à nous dévorer !

Non, Monsieur, la guerre était finie, et, l’anarchie détestée ; la liberté politique ne pouvait plus être suspendue : c’était notre droit, notre besoin ; le Roi, en ta proclamant n’en fit pas moins un acte de haute sagesse ; car la haute sagesse, en politique, c’est de consacrer l’œuvre du temps, sans la devancer ni la retarder.

Suivons vos pensées.

« Le Roi, remonté sur son trône, délégua l’administration de son pouvoir. Ceux qui s’en trouvèrent chargés firent des fautes de plusieurs sortes les unes par rapport aux hommes, les autres relativement aux intitutions. On aurait dû licencier l’armée : si l’on eût pris ce parti, Buonaparte n’aurait pas fait vingt lieues en France après son débarquement à Cannes. Conserver la presque totalité des administrateurs généraux, ce fut une autre erreur capitale. »

Que d’erreurs capitales, Monsieur, dans cette manière de voir ! Licencier l’armée ! expulser les administrateurs ! Avez-vous donc oublié l’effet si heureux, si frappant, que produisirent les premières paroles du Comte d’Artois ? Et n’en coûte-t-il rien à votre âme, à votre jugement, de vous mettre en si forte contradiction avec elles ?

Rien n’est changé, dit ce Prince ; il n’y a en France qu’un Français de plus. De telles expressions ne partaient pas seulement d’un cœur généreux ; à l’instant où elles étaient prononcées, elles étaient si convenables, si utiles, elles avaient un à propos si parfait, qu’elles attestaient une connaissance parfaite de notre situation et une profonde prévoyance. Elles applanirent toutes les difficultés, firent tomber toutes les défiances. La Révolution, qui ne voulait pas reculer, qui ne le pouvait plus, fut rassurée, appaisée ; ce fut avec un empressement unanimne que la France accueillit l’auguste précurseur de son Souverain ; elle fut heureuse de l’espérance que tout allait être conservé, affermi, consacré par un Français de plus. Ah ! qu’une telle espérance rendit tous les mouvemens faciles !

Avouons-le maintenant ce mot du Comte d’Artois était, en ce moment, un coup de cœur noble et sincère, et un coup de prudence très-habile mais il ne pouvait être réalisé dans toute son étendue ; l’Ordre ancien ne pouvait entièrement le ratifier. Les événemens venaient de lui donner, sur l’Ordre nouveau, un avantage temporaire cet avantage ne pouvait rester sans effets ; le Roi se montra disposé à le favoriser au degré de la possibilité, et, dans son âme judicieuse, prévoyante, la possibilité était la mesure de la justice. Il résolut de tenir la balance entre le présent et le passé ; cette résolution était de l’exécution la plus difficile, la plus délicate… il se confia trop peut-être au patriotisme de ses vues et à l’évidence de ses pensées ; il crut inutile de commander la raison la modération, la prudence ; mais, pendant les longues et cruelles années qui avaient précédé son retour, tous les Français opprimés par la Révolution n’avaient pas acquis la paix de son âme et l’étendue de ses lumières ; tous ne savaient point arrêter leurs vœux, leurs espérances, au terme ou la nécessité arrêtait leurs droits.

L’armée ne fut pas licenciée mais, disons-le avec regret, la faute fut si grande ! L’armée fut rebutée, écartée ; des Écrivains insensés osèrent même flétrir ses lauriers. On avait promis à l’ancienne garde qu’elle demeurerait sentinelle du trône et il y avait tant d’honneur auprès de sa bravoure ! On aurait eu tant de droits de compter sur sa fidélité ! On la tint éloignée, dispersée on lui donna pour nouveaux chefs, des hommes qu’elle ne connaissait pas, et qui, la plupart, n’étaient pas des guerriers. Ah ! si le Roi avait pu entendre ses frémissemens ! Mais ils étaient sourds, ils étaient sombres ; ils n’en étaient que plus effrayans.

Et l’on ne se bornait pas à exaspérer l’armée de la France ; on menaçait, on insultait, on exaspérai l’armée, bien plus nombreuse, bien plus formidable, de la Révolution. Tous les hommes qui, par leurs opinions, leur conduite, et surtout leurs acquisitions, s’étaient identifies avec elle, étaient livrés, dans certains journaux, dans certains pamphlets, aux attaques les plus outrageantes ; et l’on prenait à froid le ton du fanatisme ; et, au nom du ciel et de l’enfer, des Écrivains sans religion versaient l’anathême sur tous les changemens politiques, sur toutes les mutations de pouvoir et de propriété que la Révolution avait forcées, et qui déjà étaient consacrées par le temps !

La Révolution était-elle donc vaincue, pour que l’on songeât à reprendre toutes Ses conquêtes ? Non, Monsieur désormais, soyons sincères ; le temps en est venu. En 181 et en 1815, ce n’est pas devant l’Ordre ancien que l’Ordre nouveau a fléchi, c’est devant les armées étrangères. Pour que tous les résultats de la Révolution fussent anéantis, il aurait fallu que des Français l’eussent seuls combattue et renversée ; pour que l’Ordre ancien eût le droit de saisir, seul, tous les fruits du rétablissement des Bourbons sur le trône de France, il aurait fallu que ce rétablissement fût exclusivement son ouvrage ; et non-seulement toute l’Europe y avait contribué, mais la grande majorité des Français même y avait concouru avec abandon et franchise. Cette auguste famille reprenait la couronne, non à titre de victoire, mais à titre de confiance et de réconciliation.

Dès ce moment la révolution aurait pu être terminée, puisque l’objet essentiel de la Révolution était de fondre ensemble, dans un résultat commun, les opinions nouvelles et les opinions anciennes, les nouveaux intérêts et les intérêts anciens. Cette fusion réciproque, cette amalgame salutaire, étaient manifestement dans la pensée du Roi. Mais, ne craignons pas de le répéter, elles étaient d’une exécution très difficile ; parce que, d’une part, la nouvelle France possédait depuis plus de vingt ans, et ne voulait pas être dépossédée ; parce que, d’un autre côté, le nombre de places, et la somme généraJe des ressources à la disposition du Gouvernement, étaient singulièrement diminuées par les résultats des événemens ; ce qui faisait qu’au lieu de pouvoir donner des emplois et des récompenses, le Gouvernement ne pouvait que réduire ou supprimer. Cependant, comme cette nécessité était de toute évidence, et que le Peuple la sentait jusque dans les moindres affaires et les moindres relations, le Gouvernement l’aurait aisément persuadée, et se serait disculpé de ses rigueurs, s’il avait pu déjà montrer que, dans ses intentions et ses. affections, régnait une impartialité absolue ; s’il eût honoré l’ancienne armée, et pris en elle la confiance qui lui était due ; s’il eût fermé la bouche et arraché la plume aux brouillons politiques, qui insultaient lâchement, follement, au repos du Lion révolutionnaire, qui prenaient à tâche de ranimer sa force et d’irriter sa. fureur.. Ces malheureux Écrivains, plus insensés cependant que coupables, n’étaient que d’aveugles instrumens entre les mains de quelques fauteurs inconsidérés de l’Ordre ancien. Ceux-ci abusaient de leur force inattendue et passagère. Vivement satisfaits de l’avoir obtenue, par cela même qu’ils en avaient long-temps abandonné l’espérance, et vivement pressés d’en jouir, par cela même qu’un instinct de raison et d’expérience leur apprenait qu’ils ne pourraient la conserver, ils cherchaient, tant qu’ils pouvaient, à contraindre le Gouvernement, à l’entraîner vers le cercle étroit de leur cause, à l’y faire entrer, à l’y retenir ensuite lié et prisonnier.

Ah ! Monsieur ! vous qui parlez si souvent, et avec tant d’amertume, des hommes des cent jours, ne direz-vous jamais rien des hommes qui les ont provoqués et qui leur ont donné des armes ?

Je reprends votre tableau.

« La Chambre de 1815 fut convoquée Jamais la Providence n’avait tant fait pour le salut d’un Royaume. Après trente années de malheurs, paraissait enfin une assemblée qui voulait mettre la religion dans la morale, la morale dans les lois, la force dans le trône, la liberté chez le peuple, la justice partout. »

Voilà, Monsieur une brillante apothéose. Les hommes que vous aimez, que vous recommandez, doivent tenir fortement a vous, car vous avez, à un degré éminent, l’éloquence de l’éloge.

L’homme impartial dira, en style moins éclatant mais avec vérité : La Chambre de 1815, composée, en très-grande majorité, d’hommes que leurs qualités personnelles rendaient très-estimables, s’était placée dans la situation politique la plus désastreuse ; héritière immédiate des hommes qui, l’année précédente, avaient rendues inévitables les plus violentes catastrophes, elle suivait fidèlement leurs traces ; elle était animée du zèle le plus funeste le plus imprudent.

Voici l’abrégé de son histoire elle m’entraînera sans doute à quelques discussions importantes.

En 1815, les collèges électoraux furent convoqués immédiatement a la suite d’événemens terribles, et pendant que les armées étrangères, non-seulement occupaient une grande partie du territoire, mais le possédaient, et menaçaient d’envahir tout le reste. Cette seule circonstance détruisait toute liberté ; car les électeurs devaient, tous être dans l’impossibilité de décider si ces armées étrangères n’interviendraient pas d’une manière définitive sur le sort de la France, dans le cas où les choix des députés et les principes de ces députés ne seraient pas en concordance avec les intentions inconnues, effrayantes, de Souverains vainqueurs et irrités.

Ainsi, une seule classe d’Électeurs devait se rendre avec empressement aux assemblées électorales ; c’était celle des hommes qui, pour des considérations que je ne prétends point accuser, ne gémissaient pas de la présence de la force et des triomphes des armées étrangères. Tous les Électeurs d’un autre sentiment devaient, ou ne pas se rendre aux assemblées, ou n’y voter que dans le sens des ménagemens et de la crainte.

On voit par-là quels devaient être les principes les dispositions, l’union du plus grand nombre des députés.

Il est très-vraisemblable que le Gouvernement avait fortement hésité à faire cette convocation ; l’honneur national la jugeait si inopportune ! Mais un corps représentatif était rendu nécessaire par d’immenses besoins, et d’horribles dangers. Le Gouvernement, plus opprimé, plus malheureux que la France entière, ne pouvait, seul, tout satisfaire et tout conjurer.

Dès l’ouverture de la session, deux lois véhémentes, deux lois fortement répressives, furent proposées par les Ministres ; elles étaient nécessaires. La Violence, la cruauté des derniers événemens, la force que l’Ordre ancien en avait tirée, le ton insultant, menaçant, que prenaient de nouveau ses écrivains, avaient jeté presque tous les partisans de l’Ordre nouveau dans cette stupeur sinistre qui présage des tempêtes. Il fallait, sous peine de voir ces tempêtes bouleverser, pour la dernière fois, le sol de la patrie, il fallait que l’Ordre nouveau restât quelque temps courbé sous le joug de l’humiliation et de l’infortune ; et comme le Gouvernement ne pouvait espérer qu’il prendrait de plein gré une attitude si cruelle, Il fallait bien l’y forcer.

La loi sur les cris séditieux, que le Ministre de la justice avait présentée, fut discutée par la Chambre, qui ne la trouva point assez sévère : avant de la porter à la Chambre des Pairs, il fallut en augmenter la dureté. Ce genre de modification, qui, par lui-même, pouvait en ce moment être nécessaire, n’en produisit pas moins, sur la majorité du Peuple Français, le malheureux effet de le confirmer dans ses sentiment envers la Chambre des Députes ; il me porta plus vers eux que des regards de défiance, de terreur et de haine. Il jugea que l’application des lois répressives, peut-être même de toutes les lois criminelles, allait prendre le caractère de représailles. Une telle idée est bien fatale ; ce n’est plus alors la loi qui frappe, c’est l’homme qui se venge aux yeux du peuple, la loi est un poignard.

Le mal était : donc à son plus haut période : il appelait des précautions terribles. Une loi de sureté fut présentée par M. de Cazes, Ministre de la police ; les dispositions en faisaient frémir : aussi elle fut emportée comme d’enthousiasme ; elle n’éprouva ni modifications, ni résistance. Mais, dès le lendemain ; on vit une marche sage et habile, qui surprit l’assemblée, la mortifia même, mais qui jeta sur la France un rayon consolateur, et révéla aux hommes prévoyans un véritable homme d’État.

Monsieur, dans les grandes circonstances, dans les circonstances critiques, l’Autorité doit commencer par frapper le Peuple de l’idée qu’elle est très-énergique, qu’elle serait irrésistible ; c’est pour elle ensuite le seul moyen d’être calme sans mollesse, et indulgente sans danger.

La loi ne fut envoyée, dans les Département qu’accompagnée d’instructions qui conciliaient, du ton le plus convenable, la fermeté avec l’indulgence, et qui éclairaient les hommes chargés de l’application de cette loi, sur les moyens d’en écarter, le plus possible, le vague et l’arbitraire.

Ainsi, la loi effrayante était là contre les cas extrêmes ; et l’esprit modéré du Législateur était ta pour tout calmer, tout prévenir.

C’était une Dictature sans doute ; mais il en fallait une ; et quelle forme meilleure pouvait-on lui donner ?

Monsieur, je loue peut-être ; ce n’est pas ma faute, car je raconte. Je vais raconter encore ; rarement, peut être, ce sera la même chose que louer.

Un députe, M. Hyde de Neuville, proposa de suspendre l’institution des juges ; ce qui amenait celle de recomposer tous les tribunaux, tandis que la Constitution, en déclarant les juges inamovibles, les avait, par cela même, conservés, institués.

Je vous prie, Monsieur, de faire attention à la réflexion suivante ; ce n’est pas moi qui l’exprime ; c’est un homme dont le jugement et les sentimens ont un grand poids dans votre esprit.

En écartant ! a proposition de M. Hyde de Neuville, en la voyant adoptée par la Chambre des Députés, « la majorité de la France crut que l’on voulait gagner du temps, dans l’espoir que l’on pourrait faire, plus tard, des changemens que l’on n’osait pas encore opérer. » (Histoire de la Session de 1815, par M. Fiévée, pag. 194.)

Cette pensée de la majorité de la France était judicieuse. ainsi que la défiance qui en provenait.

M. Fiévée ajoute (page 192) : « Les députés qui vivent à Paris, et participent au Gouvernement, voulaient que l’inamovibilité fut accordée de suite, parce que, disaient-ils, tant que les juges ne seraient pas assurés de leur indépendance, ils craindraient de condamner des hommes puissans, de s’en faire des ennemis capables d obtenir leur destitution. »

Ces députés qui conformément à la définition générale que vous avez donnée de la Chambre, voulaient mettre la justice partout en formaient sans doute la majorité ! Non, Monsieur ; ils n’y étaient qu’en’très-petit nombre. La majorité acceptait la proposition de M. Hyde de Neuville ; elle voulait de la partialité dans la justice.

Heureusement, cette proposition anarchique fut rejetée par la Chambre des pairs. Les destitutions par masse sous le titre d’épuration ne purent avoir lieu que dans toutes les autres parties de l’administration publique.

Entraînée par ses dispositions naturelles, irritée ensuite, effrayée peut-être par les cris de tous les malheureux qu’elle faisait, la Chambre se trouva rapidement montée au ton de la sévérité la plus violente ; sans attendre les communications du Gouvernement, les propositions de peines et de vengeances se succédaient par torrens.

Le Roi, fidèle à cette pensée, que l’on peut écouter l’indulgence, lorsque l’on a commencé par frapper l’imagination du peuple, fit porter à la Chambre une loi d’amnistie le jour même où le Maréchal Ney venait de recevoir la mort. Le Duc de Richelieu, entouré de tous les Ministres donna, à la présentation de cette loi, une solennité auguste et il prononça le discours le plus noble, le plus sage et la discussion qui s’éleva dans l’assemblée fut un orage, une commotion !

Je suis bien loin, Monsieur, d’attaquer le caractère de tous les hommes qui, en cette circonstance, se montraient passionnés. Parmi ceux qui, dans la chambre de 1818, soutenaient avec le plus de véhémence la nécessite et la justice des punitions politiques, il y avait certainement des hommes vertueux, qui ne cédaient réellement qu’à l’impulsion de sentimens estimables: ils étaient profondément persuadés que pour raffermir la Royauté et relever la France, il fallait venger l’une et l’autre des crimes affreux que la Révolution avait produits. Mais ce n’est pas par sentiment qu’il faut délibérer dans les crises politiques, c’est par raison et par prévoyance, afin de ne pas provoquer de plus grands crimes, ou du moins de plus grands malheurs, que ceux dont on veut expier le souvenir.

D’ailleurs, dans les temps de crise politique, il arrive si souvent que les hommes qui ont mis directement la main à l’œuvrc des malheurs publics, et sur qui, pour cette raison, tombe le plus fortement l’animadversion publique, n’ont cependant agi que dans une situation secondaire, dans une situation amenée, et, par conséquent ne sont pas les plus coupables !

Parmi les hommes que la Révolutjon a rendus criminels, il en est un grand nombre que la terreur a emportés, d’autres qui ont cédé à la crainte, d’autres encore qui, de bonne foi, n’ont prétendu, en se livrant aux plus grands excès, que faire eux-mêmes des actes de justice.

Dans les temps ordinaires, un malfaiteur d’habitude, un brigand, est un être en présence duquel l’honneur, la vie, la fortune, tous les biens de l’honnête homme se trouvent compromis. Il n’en est pas ainsi, a beaucoup près, de tous les hommes qui, pendant les révolutions deviennent plus ou moins coupables. Il en est un grand nombre qui se sont montrés constamment estimables dans leurs relations civiles et domestiques ; ils ont ressemblé à tant de guerriers, pleins de loyauté, de probité envers leurs compatriotes, mais sans frein, sans humanité, sans justice envers leurs ennemis.

Les Révolutions constituent en état de guerre les sociétés qu’elles agitent ; les malfaiteurs s’y mêlent comme ils se jettent à la suite des armées ; Jourdan en 92 ! les assassins de Brune, de Ramel en 1815 ! mais les plus grands désordres ne sont point l’ouvrage de ces brigands ; les maux les plus profonds sont faits à titre de victoire et les fureurs et les passions de la victoire caractérisent alternativement les mouvemens de tous les partis. Ah ! qu’au terme de tant de tumulte, on se doit mutuellement d’indulgence ! Chaque parti offre tant de coupables !

Et ici nous devons rendre au Gouvernement un important hommage. Quelle était déjà sa pensée en 1815, au moment de la plus grande agitation des esprits ? M. le Duc de Richelieu la manifesta a la Chambre : ces mots de son discours sont si remarquables !

» Une sorte de clameur publique a indiqué les individus dont les noms sont inscrits dans l’ordonnance. Peut-être il en existe de plus criminels ; mais quand la justice publique est réduite à s’exercer sur tant de coupables, ceux qu’elle frappe doivent se résigner à leur sort, et mériter ainsi que la clémence du Roi puisse un jour l’adoucir. »

Ainsi le Roi avait pour inclination la clémence, mais sans faiblesse, sans transaction avec les principes fondamentaux de l’ordre social ; car il donnait le titre de coupables à ceux qui les avaient transgressés, même en temps d’orage ; mais dans le lointain, il présentait son indulgence à leur résignation et à leur repentir.

Malheureusement, la Chambre n’était pas dans des dispositions si salutaires, et malheureusement encore, elle en rendait l’application impossible au Roi lui-même, par l’exaltation qu’elle imprimait au parti, moins nombreux que violent, dont elle disposait. C’est ce qui explique bien des actes cruels ; c’est ce qui, d’ailleurs, ne devint que trop manifeste dans la circonstance suivante :

Pendant la discussion même de la loi d’amnistie, discussion déjà si envenimée, on apprend que M. de Lavalette s’est évadé ; le lendemain il devait être conduit à la mort. L’impression que cet événement fit sur la majorité du peuple augmenta vivement l’irritation de la Chambre des députés ; et, à son tour, l’irritation de cette Chambre augmenta vivement la fermentation générale. M. de Lavalette était aimé et estimé de toute la France, on peut ajouter, de toute l’Europe ; sa condamnation à mort avait excité un sentiment d’affliction, même dans l’âme de ceux qui pensaient que cette condamnation était justifiée par les circonstances et la politique ; mais du moins, la politique se trouvant satisfaite, l’évasion du condamné devenait, pour toutes les âmes humaines, un vrai soulagement.

Et même, pour un malfaiteur ordinaire, il faut qu’il se soit rendu coupable de crimes bien atroces, pour que l’indignation publique ne soit pas désarmée par les apprêts de son supplice et que, s’il s’échappe, elle le revendique encore. Ce n’est que dans les temps de fanatisme, soit politique, soit religieux, que l’évasion d’une victime, politique ou religieuse, peut exciter le frémissement d’un parti ; et un tel frémissement est alors l’indice certain des sentimens habituels du parti qui l’éprouve.

À la nouvelle de l’évasion de M. de Lavalette, la majorité des Français fit un cri de joie ! a minorité fit un cri d’irritation et d’alarme ; et comme cette minorité se trouvait en force à la Chambre des députés, quelle inquiétude ne devait pas se répandre ? Où devaient s’arrêter les passions, les ressentimens, les triomphes de la minorité ?

Afin que rien ne manquât à la manifestation de ses sentimens, la Chambre des députés ordonna l’impression d’un discours par lequel un de ses membres la conduisait a accuser le Garde des sceaux et le Ministre de la police de l’évasion de M. de Lavalette. Cette proposition ne fut point reproduite mais on doit remarquer que, depuis cette époque, la désunion se prononça fortement entre la majorité de la chambre et le Ministère, et que l’opinion publique se porta vers celui-ci, quoique rien ne fut moins démontré, ou même moins probable, que sa participation à l’événement. Mais les deux Ministres furent manifestement popularisés par le seul effet des soupçons que la Chambre jeta sur leurs sentimens secrets ; et, bientôt, le procès public des trois Anglais, fauteurs avoués de l’évasion, montra, d’une part, que les Ministres n’étaient pour rien dans cet acte d’humanité illégale, et, d’un autre côté, quelles étaient les dispositions générales de la Nation Française a l’égard de M. de Lavalette et de la plupart des hommes que poursuivait la Chambre des députés.

La discussion sur la loi d’amnistie se prolongea encore plusieurs jours aprè l’évasion de M. de Lavalette, et elle acheva de tracer une démarcation fatale entre tes intentions ou les sentimens de la Chambre, et les sentimens du peuple, appuyés par les intentions et les sentimens du Roi. Ce fut dans une des séances consacrées à cette discussion, que l’on entendit M. de Béthizy prononcer ces paroles extraordinaires :

« Mais, Messieurs, n’oublions jamais que la devise de nos pères est Dieu, l’honneur et le Roi ; et si l’inflexible honneur nous force un instant à dépsser sa volonté, si, mécontent de ses fidèles serviteurs, de les voir contrarier sa royale et pieuse clémence, il détourne un moment de nous ce regard de bonté, notre plus belle récompense, nous dirons comme les habitans de l’Ouest, comme les nobles soldats du trône et de l’autel, dont rien ne peut altérer l’amour pour les Bourbons : vive le Roi quand même !…"

Quelle réticence ! elle n était pas énigmatique ; et, comme nous allons le voir, toutes les résolutions de la chambre serraient à l’expliquer.

Une loi d’élection, proposée par le Ministère, fut longtemps discutée, amendée, modifiée, dénaturée ; mais ce qu’il y eut de plus remarquable dans la lutte des discussions, ce fut que la majorité demanda que la Chambre fût conservée intégralement pendant cinq ans, quoique la proposition faite par les Ministres, au nom du Roi, contînt le renouvellement par cinquième cette condition était d’ailleurs conforme à l’esprit de l’article 37 de la Charte, article ainsi conçu « Les députés seront élus pour cinq ans, et de manière que la Chambre soit renouvelée, chaque année par cinquième. »

Il était impossible de se méprendre sur le sens de cet article cependant, l’intérêt personnel l’entendit autrement ; et opiniâtreté avec laquelle la majorité voulut d’une permanence de cinq années, donna, d’une part, de l’inquiétude sur ce qu’elle voulait faire à l’aide du temps, montra, d’un autre côté, qu’elle n’attendait pas, d’un renouvellement partiel et successif, une continuité de l’esprit dont elle était animée ; connaissant les dispositions majeures et prononcées du Peuple Français, elle s’attendait, au contraire, à l’introduction successive d’un esprit opposé.

Le Roi fut réduit à faire porter à la Chambre des Pairs le projet, tel que les Ministres l’avaient présenté, en y ajoutant, mais sans les confondre, les amendemens. proposés par la Chambre des députés. Le Roi manifestait ainsi, avec dignité et clarté, son opinion personnelle. Des amendemens qui changeaient entièrement l’économie de la loi, et qui étaient contraires à la Charte, ne modifiaient pas la loi, ne la corrigeaient pas, ne la rendaient pas meilleure, ne l’amendaient pas, mais la détruisaient ; ainsi, ils ne devaient pas être liés à la loi : La Chambre des Pairs n’eut rien de plus sage à faire, dans l’état d’aigreur et d’animosité où cette malheureuse discussion avaient mis tous les esprits, que de rejeter le projet ;.ce qui, par le fait, maintenait l’intégralité de la Chambre ; mais ce qui déjà motivait sa dissolution.

Voici, Monsieur, un objet de première importance.

M. Fiévée a eu raison de dire, en faveur du Gouvernement représentatif : « Toutes les fois que la politique parle en public, elle est obligée d’être morale, et rien ne contribue davantage à former les mœurs d’une nation, »

Mais combien de fois le besoin de paraître placer le plus possible de morale dans la politique, n’entraîne-t-il pas hors de la vérité, hors de la prudence, hors de la justice, des hommes, qui ont de la conscience sans doute, mais qui ne sont pas exempts de vanité ! C’est ce que l’on a vu, en 1815, dans toutes les discussions sur les matières religieuses.

Ce que l’on a vu encore, c’est que les choses, par elles-mêmes grandes et élevées, se prêtent fortement à des mouvement oratoires, et se revêtent d’une éloquence ardente, lorsque, derrière elles, se cachent les passions de l’orateur. Bossuet ne fut jamais pompeux et animé en faveur de la Religion, si on le compare à certains députés de 1815 ; c’est que Bossuet parlait dans la simplicité de son cœur ; il était plein d’une foi réelle, sans projets politiques, sans arrière-pensée ; il croyait et il pratiquait.

À la suite d’une Révolution qui a violemment précipité la marche des choses, précisément parce que l’on a voulu l’arrêter elle-même, il n’est que trop naturel que bien des hommes, dignes d’affection et d’estime, autant par leurs fonctions que par leurs qualités personnelles, se trouvent dans une situation malheureuse. Rien n’est plus convenable que de relever, autant qu’il est possible, leur existence et leurs fonctions. Mais il faut y travailler sans humeur, sans emphase, surtout sans exagération, afin de ne pas nuire a leur cause, afin de ne pas accélérer de nouveau l’œuvre que l’on veut retarder.

Le Gouvernement, qui cherchait avec une vraie sollicitude tous les moyens praticables de soulager le clergé, n’en trouvait qu’un seul a cette époque de détresse générale ; c’était d’affecter, à l’amélioration du sort des prêtres en activité, et des institutions religieuses, le produit des extinctions des rentes viagères et des pensions ecclésiastiques.

La majorité de la Chambre repoussa ce projet ; et elle y substitua plusieurs propositions singulièrement propres a rendre à la Révolution ses alarmes et sa violence.

La première fut d’accorder légalement aux ecclésiastiques la faculté de recevoir toutes donations, de décider que le Clergé aurait l’administration des biens que ces donations lui rapporteraient, et, chose étonnante ! d’instituer, pour constater et garantir ce genre d’acquisition, des Conseils ecclésiastiques, dans lesquels n’interviendrait point l’autorité civile. On disait qu’il fallait à cet égard, s’en rapporter à la délicatesse du clergé, dont la destination est de soulager les pauvres, et non d’en faire ! Comme si le Législateur doit donner à des hommes quelconques une confiance si pleine, si généreuse ! Comme s’il est prudent de mettre des ecclésiastiques même dans une position où ils puissent, sans contrôle, sans responsabilité civile et judiciaire, céder aux instigations de l’intérêt personnel, écouter la voix des passions !

La seconde proposition était de rendre aux curés et desservans des paroisses, la tenue des registres civils. Cette faculté concordait avec la précédente ; elles tendaient ensemble à faire, de nouveau, du Clergé de France, une Magistrature dans l’État.

La troisième proposition était de rendre au Clergé les biens qui n’avaient pas été vendus. M. de Bonald disait à cette occasion : « Les biens du Clergé ont été l’effet de la piété des fidèles ; mais les richesses de la Religion, qui fondaient et soutenaient tant d’utiles institutions, étaient, plus qu’on ne pense, la cause de cette piété. »

Quel raisonnement bizarre ! La piété des fidèles avait nécessairement précédé là richesse du Clergé, puisqu’elle l’avait causée. Dans la suite, certains emplois utiles et solennels de cette richesse, avaient certainement affermi la Religion. Mais un effet qui a causé sa cause, est une chose bien étrange dans la nature !

Le dessein proclamé de la Chambre était ainsi de rétablir, autant qu’il serait possible, l’ancienne fortune territoriale du Clergé, afin de ranimer, le plus promptement possible, la piété religieuse !

Mais lorsque tous les fonctionnaires. d’un ordre quelconque, vivaient de salaires, lorsque le Roi lui-même ne soutenait la splendeur du. trône que par une liste civile, dans quelle intention réelle voulait-on rendre de nouveau propriétaire une corporation, dont les membres sont en rapports, directs, intimes, mystérieux, avec les consciences ?

Et la Constitution représentative, quelle destinée lui préparait-on ? Sans doute, la Charte, ne reconnaissant pas le Clergé comme corps politique, rendre au Clergé des propriétés, ce n’eut pas été placer, à l’instant même, un nouvel article dans la Charte c’eut été faire bien davantage. Le Clergé, redevenu propriétaire et magistrat civil, aurait tenté insensiblement de reprendre son ancien titre de premier Ordre de l’État ; c’est-à-dire qu’il aurait tenté d’effacer insensiblement la Constitution. Quand on établit un principe, on doit se préparer à ses conséquences. Quelle opposition n’y a-t-il pas. entre une Constitution représentative, essentiellement fondée sur l’égalité des droits.politiques, et l’existence, au sein de l’État, d’une puissance essentiellement indépendante, essentiellement dominatrice, puisqu’elle est à la fois temporelle et spirituelle ?

Mais, disait-on, l’Église Anglicane prête son appui aux institutions représentatives, qui cependant lui permettent d’être propriétaire.

L’Église Anglicane n’a point des dogmes, des pratiques et des prérogatives, qui lui fournissent les moyens de former un État dans l’État. Les Pasteurs Anglicans ne relèvent en rien d’un Souverain étranger ; ils relèvent en tout du Roi d’Angleterre.’Les Pasteurs Anglicans sont autorisés par les lois à se donner une famille ; ils y sont même invites par les mœurs : chacun, ainsi, s’aggrège à la société générale, à la Nation, plus fortement qu’à la société ecclésiastique, dont il fait partie. Les Pasteurs Anglicans ne tiennent point les registres de l’état civil ; ils ne peuvent point recevoir les donations testamentaires d’hommes ou de femmes qui ont des héritiers naturels ; ils ne peuvent point, soit à la faveur des approches de la mort, soit à la faveur des troubles de la vie, exercer sur les consciences un empire secret.

Soyez de bonne foi, Monsieur, et avouez que la seule faculté, rendue au Clergé, d’accepter des donations, pouvait, entre les mains d’Ecclésiastiques éloquens et habiles, être transformée en la faculté de faire rentrer, dans les domaines de l’Église, les biens dont la Révolution l’a dépouillée. Il était difficile que les acquéreurs de ces biens, et les héritiers de ces acquéreurs, ne vissent pas les arrières-résultats du projet. L’intérêt personnel donne à tous les hommes de la sagacité et de la prévoyance.

D’ailleurs, dans les temps de crise, il est des mots qui portent lumière. La majorité de la Chambre insistait vivement sur ce que l’on donnât le nom de restitution à la réintégration du Clergé dans la possession des biens non vendus ; c’était consacrer clairement l’idée de spoliation, ou même de vol, que cette majorité attachait à la possession laïque de tous les biens achetés ; c’était préparer l’opinion à exiger un jour, sous forme de restitution, l’abandon de tous tes biens vendus.

Au reste, la pensée des acquéreurs des biens ecclésiastiques pouvait-elle rester en suspens ? Lorsque la proposition de la Chambre des Députés fut portée à ! a Chambre des Pairs, elle y occasionna une discussion très-vive, dans laquelle, Monsieur, vous prîtes parti avec votre éloquence et vos opinions ordinaires : une commission fut nommée ; par l’organe de son rapporteur, elle proposa le rejet ; M. le Duc de Brissac, s’élevant contre ce rapport, dit avec trop peu de réserve :

« Parce qu’un homme s’est emparé du bien d’autrui, parce qu’il a été un voleur adroit, tranchons le mot, voudrait-on qu’on le laissât jouir paisiblement du fruit de ses larcins ? Alors ne parIons plus de religion ; elle défend le vol aux particuliers ; elle ne défend pas moins le scandale aux Gouvernemens ; et la faiblesse qui protège le crime ou qui craint de le punir, est le plus grand des scandales. »

De tels anathèmes signalent, par leur franchise et leur violence même, la conviction de l’orateur. Et cette conviction n’est point un tort de l’âme elle peut très-bien reposer sur de nobles et énergiques sentimens mais elle est une erreur de l’esprit ; et, dans les temps de crise surtout, une erreur politique devient quelquefois si fatale Voyons, Monsieur les choses telles qu’elles sont, et consultons l’histoire. Sous la première race de nos Rois, tous les services, même la solde de l’armée, étaient payés en fonds de terre substitués. C’était l’effet de la rareté du numéraire et de l’abondance des terres vacantes, prises sur l’ennemi, ou non encore défrichées. Il est indubitable que les premiers directeurs de la Révolution auraient mis en usage ce mode de paiement, s’il n’y avait pas euun autre moyen de suppléer à la rareté du numéraire ; c’est-à-dire qu’ils auraient déclaré terres vacantes, ou conquises, tous les biens du Clergé et des Emigrés ; ils les auraient distribués gratuitement aux agens immédiats de la Révolution, ou aux soldats qui composaient ses armées ce qui aurait rendu, un jour, la reprise de possession encore plus difncile ; ce qui, d’ailleurs, aurait entraîné la ruine, la dévastation d’un grand nombre de ces biens. En les donnant à des acquéreurs, ils les firent passer dans les mains d’hommes moins violens moins ardens a en tirer rapidement toute la valeur possible, moins ennemis des anciens titulaires, plus disposes à des transactions, si l’avenir les rendait possibles ; et, en effet, ces transactions auraient pu avoir lieu, si cet a venir ne s’était pas fait trop attendre ; si, dès le principe, les titulaires, récemment dépossédés, n’avaient pas annoncé qu’ils n’entendraient à aucune composition que ce serait bien assez s’ils laissaient aux nouveaux acquéreurs la liberté et la vie. Quelles armes terribles de telles résolutions ne donnaient-elles pas aux principaux factieux ? C’est sur ce terrein de l’intérêt personnel et de l’irritation populaire, si bien préparé par leurs ennemis, qu’ils dressèrent les batteries les plus formidables.

C’est surtout dana la discussion de la loi des finances que se montra le danger auquel la France était exposée par la marche et les intentions des Députés de 1815. La formation d’un budget constamment entravée dans un moment si pressant si critique, que la plus fatale de toutes les résolutions était de ne pas en prendre et les engagemens antérieurs, déjà consacrés par un commencement d’exécution, et par des lois positives remis en question, ou même rompus par une législation nouvelle !… Quelle agitation une telle conduite ne devait-elle pas imprimer à l’opinion publique !

Après avoir alarmé, par les plus étranges déclarations des plus étranges principes, tous les acquéreurs des domaines nationaux, et tous les hommes que leurs intéréts ou leurs opinions attachaient à la cause de la Révolution, on alarma encore les créanciers de l’État en leur retirant le gage de leur créance ! On chercha ainsi, en rompant tous les liens de confiance, à isoler le Gouvernement, à le laisser sans finances, sans appui étendu, solide, national !

Sans doute, c’était une nécessité très-malheureuse que celle d’offrir aux créanciers de l’État, en échange de leurs capitaux, les bois des Communes et du Clergé non encore vendus mais cette nécessité était rigoureuse ; nulle autre ressource n’était praticable et, encore une fois, la destination de cette dernière ressource avait déjà été décrétée, en 1814. par une loi formelle, acceptée par les Chambres et sanctionnée par le Roi. Comment se permettait-on de détruire cette loi, lorsque le Roi, à qui la constitution réservait toute initiative, n’en proposait point l’anéantissement, chargeait, au contraire, les Ministres de la défendre ? N’était-ce pas manifester l’intention d’arriver à cette confusion ton des pouvoirs qui précède et prépare la tyrannie ?

Et si, du moins, on n’eut voulu que réduire le Gouvernement à l’impossibilité d’agir ! i Mais, en prenant toujours, avec une ardeur fastueuse et passionnée, la défense d’une certaine masse de Français contre le Gouvernement, ne voulait-on pas enflammer celle-ci d’une ardeur séditieuse ! Ou du moins, sans en avoir formellement la volonté, n’était-on pas imprévoyant et aveugle jusques au point de suivre une marche semblable à celle de nos premiers factieux ? Ceux-ci avaient excité et armé contre l’autorité royale tous les sectateurs naturels d’un Ordre nouveau ; les Députés de 1815 excitaient et armaient contre l’autorité royale tous les sectateurs naturels de l’Ordre ancien ils allaient rapidement vers les mêmes résultats.

Honneur aux hommes courageux et éloquens, tels que M. Royer-Colard, qui, beaucoup moins intimidés par les passions de leurs adversaires, qu’effrayés à la vue certaine de nos dangers, reprochaient vivement à la majorité de la Chambre, « d’empiéter sans cesse sur la prérogative royale, d’usurper l’initiative, d’ouvrir la porte à tous les abus, de marcher au renversement de toutes les lois, de faire tomber en dissolution complète, et nos institutions, et la monarchie entière. »

Voilà, Monsieur, un résumé vrai et effrayant. Expliquez-nous maintenant, comment vous pouvez concilier votre profond attachement pour la constitution, avec votre profonde admiration pour une assemblée qui lui crachait sa véritable force ?

Qui, Monsieur, je crois l’avoir déjà démontré dans mon ouvrage sur la Sagesse en Politique sociale, c’est l’initiative royale qui fait la force essentielle de la constitution, et qui, seule pourra lui donner de la permanence. Quiconque connaît le cœur humain, et à quelles fougues d’amour-propre il est exposé dans les grandes assemblées, jugera que, dès le lendemain de l’ouverture de chaque session l’anarchie serait à nos portes, si le droit de proposer des lois n’était pas exclusivement la prérogative du monarque. En France surtout, le besoin de renommée est très-vif, très-exigeant ; et, en reconnaissant cette vérité, je suis bien loin de faire la censure du caractère français le besoin de renommée est le plus bel apanage de l’homme mais, soyons sincères dans leur ardeur pour la célébrité, les Français sont éminemment susceptibles de ce degré qui expose à bien de l’exagération à bien des imprudences. Parmi les Français doués de talens et de lumières, en est-il un grand nombre qui, si le droit leur en était laissé, consentissent à se laisser confectionner silencieusement le code de nos lois, sans attacher leur nom à un ou plusieurs articles ? Que l’on se rappelle l’assemblée constituante ! Que d’hommes arrivés a cette assemblée avec des intentions saines et pacifiques, se laissaient entraîner au-delà de leurs intentions par l’envie de faire au moins un pas au-delà de tout le monde ?

Telle est, cependant, l’impulsion fatale que prenait la Chambre de 1815. Chaque jour, elle sortait de ses attributions constitutionnelles chaque jour, elle contrôlait des opérations administratives ce qui était envahir l’administration ; chaque jour il jaillissait de son sein des propositions nouvelles adressées au Roi ou à la Chambre des pairs. Sans doute, ces propositions pouvaient être repoussées, et habituellement elles l’étaient ; mais, par la publicité des délibérations, et ensuite des journaux, elles allaient à leur véritable adresse ; elles allaient au peuple, qu’elles divisaient qu’elles agitaient. Ça nous conduisait un tel désordre ? Quand une assemblée se place, en majorité forte, sur une ligne subversive ; quand elle met son honneur à la suivre avec opiniâtreté, avec acharnement, que de tempêtes ne doit on pas attendre ?

Écoutez, Monsieur, la voix irrécusable de l’homme qui, comme vous, a cru que cet acharnement si fatal était, pour la Chambre de 1815, le plus beau titre de gloire.

M. Fiévée disait, la session terminée, et avant le 5 septembre :

… » On conviendra qu’il est impossible de révoquer en doute l’opinion dominante de la Chambre des députés et qu’espérer de la faire revenir sur un des engagemens qu’elle a pris, ce serait ne pas connaître les hommes ; peut-être même serait-ce faire la révélation imprudente, qu’on ne tient soi-même assez fortement à rien pour croire qu’il y ait des hommes qui puissent tenir à quelque chose, à l’honneur par exemple. J’espère qu’on y réfléchira plus d’une fois, avant de tenter faire rétrograder la Chambre ; et je le souhaite pour ceux qui en auraient la pensée. » (p. 578.)

Je vous le demande, Monsieur, quel parti devait prendre le Gouvernement après des paroles qui, non-seulement, avaient cette force dogmatique, cette force d’oracle, et, en même temps, cette âpreté, cette désobligeance, si ordinaires à M. Fiévée, mais qui, de plus, contenaient une vérité évidente : l’impossibilité de faire revenir la Chambre sur un seul de ses engagemens ?

Et je ferai une autre citation plus frappante peut-être : « Que la majorité de la Chambre se rassure, disait encore M. Fiévée (p. 435), et qu’elle soit bien convaincue que les relations entre les pouvoirs, leurs devoirs respectifs, s’établissent par les faits, et qu’en politique comme en littérature, les doctrines ne précèdent pas les œuvres, elles les suivent. »

Voilà, ce me semble, une révélation imprudente ; et comme elle est rendue authentique par le caractère de l’écrivain, par sa sagacité pénétrante, par ses rapports d’opinions et de sentimens avec la Chambre de 1815, dans quelle nécessité pressante ne se trouvait pas la Roi, de trancher brusquement un système d’œuvres qui tendait à établir les plus funestes doctrines à fixer, au mépris de la Charte, et en opposition avec les vœux très-prononcés de la majorité du peuple de nouvelles relations entre les pouvoirs et leurs devoirs respectifs qui, enfin, comme toute usurpation marchait vers le droit par la route du fait ? Le Gouvernement ne devait-il pas raffermir la constitution, et rassurer le peuple ? Ne devait-il pas montrer qu’il tenait fortement à l’honneur du trône, à l’honneur du peuple, à l’honneur de la constitution ? Était-ce le Roi, était-ce la Nation Française qui devaient rétrograder ? Et fallait-il ménager l’amour-propre, ou les intérêts, ou les opinions de quelques hommes, aux dépens de la patrie ?

Que maintenant, Monsieur, tout s’éclaircisse ; rien n’est plus facile que de porter la lumière, et même l’ordre, dans vos incohérences La Chambre de 1815, et l’impulsion quelle donnait aux choses tel est votre point de départ, tel est le terme ou vous voulez revenir ; tous les détours, tout le circuit pompeux de votre marche et de vos paroles, ne sauraient en cacher le but. Vous demandez que le Gouvernement se rapproche des principes et des hommes monarchiques ; le récit que je viens de faire définit ce que, par ces mots, vous entendez. Les hommes et les principes de 1815, voilà, à vos yeux, les seuls hommes et les seuls principes monarchiques ; la France et l’Europe en ont jugé autrement ; et là France et l’Europe ont pour elles l’évidence.

Je dois cependant faire un rapprochement remarquable bien différent de M. Fiévée, bien moins conséquent, et peut-être bien moins sincère, car cet écrivain a pour caractère piquant une franchise toute particulière, vous dites aujourd’hui :

« Les Ministres pouvaient conduire une telle assemblée avec un fil, la faire marcher avec un mot (quelle opinion flatteuse pour une assemblée représentative !) Ils aimèrent mieux la combattre. Quelques phrases sur la religion, un cri d’honneur, un vive le Roi ! leur assuraient une majorité puissante… »

Quoi, Monsieur ! la Chambre de 1815 se serait payée de quelques phrases sur la religion ? La religion est-elle désormais une sorte de thème, sur lequel un rhéteur puisse à volonté faire des phrases ? Et vos hommes monarchiques n’auraient-ils eu besoin de quelques phrases pour être gagnés ? Est-ce par des phrases que vous les retenez ? Est-ce la fautes de Ministres, s’ils ne savent pas en faire ?

Monsieur, c’en est fait aujourd’hui : les mots passent, et les choses restent. Nous ne sommes plus ni rhéteurs, ni poëtes, nous sommes libres et judicieux. À cela sans doute, tout n’est pas avantage ; les illusions ont souvent bien des charmes ; et, à la faveur du sommeil, elle remplissent une moitié de la vie ; mais enfin, lorsque la nuit se dissipe, et que le réveil arrive, il faut voir et agir ; il faut voir ce qui est, et agir conformément ce qui doit être ; car l’homme ne fait point la Nature, c’est la Nature qui le fait.

Vous n’êtes plus, Monsieur, sur la ligne de la Nature : je me trompe ; vos projets n’y sont plus ; mais souvent vos idées, qui y sont restées, vous y ramènent par une force indiscrète ; on vous explique aisément, aussitôt que l’on dit : Il y a en vous deux hommes l’un qui a du talent, du jugement, qui. exprime bien les choses vraies, lorsqu’il oublie son rôle et que la vérité lentraîne ; l’autre, qui a pris un rôle, et qui a été contraint de s’y assortir, parce qu’il a été loin de pouvoir en faire toutes les conditions.

L’homme en costume et en attitude dit, le plus haut qu’il lui est possible : À moi, les hommes et les principes monarchiques (les hommes et les principes de 1815), eux seuls peuvent faire marcher encore, pendant huit cents ans, la mo'narchie de saint Louis. L’homme du siècle, l’homme judicieux, laisse de côté le vague et l’emphase. Il dit avec esprit (et dans le même article} : « Jadis on pouvait être beaucoup par sa position, maintenant on n’est quelque chose que par soi-même ; jadis on voulait des titres, maintenant on demande des talens ; nouvelle espèce de noblesse qui s’étend dans l’avenir, comme l’ancienne dans le passé : celle-la compte les aïeux, celle-ci la postérité. »

Que devient la noblesse ancienne, lorsqu’on ne veut plus de titres, lorsqu’on ne demande plus que des talens, lorsqu’on ne peut plus être quelque chose que par soi-même, et lorsque c’est un Pair de France qui fait ces réflexions dans un journal ?

Et le Pair de France qui fait ces réflexion dans tm journal, quel droit conserve-t-il de s’irriter contre les faveurs que les Ministres versent sur la démocratie ?

Nous allons passer a ce grand reproche. Mais faisons encore un rapprochement il rendra, la discussion plus facile.

M. Fiévée a dit (pag~. !g) < L’esprit d’égalité, ~~6~f~ c~owt~<x~Fr<x~cc dix-huitième ~c~ n’est pas né de la Révolution .comme on a l’air d<~ le croire, mais de ï’état de la société, qui a précédé la Révolution. On se trompa beaucoup, en pensant que la Noblesse doit cesser d’inspirèr de la }atousie, dès qu’elle n’est plus qu’une distinction personne!!e; c’est positivement quand elle n’est p!us que cela, qu’une société avancée, où les avantages de fortune et d’éducation appartiennent à tout le monde, ne p6M< y~M~ ~?~~r~3f. La conclusion est dure un Philosophe qui parlerait ainsi encourrait toute l’animadversion des ~<?~~??tM p~C7K~~c~es et réellement irait au-delà de la véritc, par cela même ne serait pas Philosophe. Sans doute’, la division de la société en ordres, en classes permanentes, n’est plus, en France, une chose possible; cette diviPage:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/63

Maintenant, Monsieur, raisonnons. Si, y cpn~mp vous l’anirme~, vpus et M. Fiévée< 1~ démocratie est dans nos mœurs,. il faut bien ta n~ettre dans nos Hpis; car les loi~ qui ne sont pom~ en harmonie a~ep le~ mceurs ne pcjnvent avoir aucune durée. S~ des iots orgamques surtout, :teHes. q~~une Ipi d’élections, une loi de recrute~ n~n~ n’~tatc~t pas conformer aux n~urs gp.n~rales, eUesn~ signaleraient tpur courte e~i~ence, qu’en produisant au moins une g~a~e ag~tatiqn. ~Je ypus prie de faire aycq mpija remarque suivante. Un~ loi sur le concordat a été pr~posëc l’année c)ern~rc; et lopinio~ pu~~qu~ la disputée aussitôt d~unejruan~re Si vive~ si répulsive, .que le Gouvernement jtra pas ,çru. deypir rexpose~ à une aut~ <~is~ussi,on. Cependant, elle était SQuteRue, applau~c, invoquée par v~s te~ .gommes n~~n~rjcbtquos ~0481$, ~u. co~t~i~e~ !a to.i ,de~ ~lec~pus et lq; ~u rep~ate,ïnen.t cprpu~ aient, deyo~re pa.rt, c~~ l~,par~ (j~ J.pus les hommes inpnarç~hi~es de 18 n 5, une apposition ar-. Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/65 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/66 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/67 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/68 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/69 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/70 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/71 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/72

Il fanait bien s’attacher à cet arbre, puis~ qu’il 8 est élevé et aHcrmi il fallait biea s’écarter de l’arbre antique puisqu’il tombe. Mais s’il en est ainsi, direz-vous, il ne yestc plus qu’a décréter la République. Non, Monsieur, la République ne sera point décrétée, parce qu’elle est ausai im~. possible ~que la résurrection de l’arbre féor ~ial. I! ne sufHt pas que !a Démocratie soit <ians les mœurs d’un peuple, pour que 1 Etat put&se être constitué en République; il faut, de plus, qu’il y <)it igporance dans les esprits, ~t que, dans les habitudes de la VM, il y ait simplicité, ou même rur<Iesse. La Démocratie, la civilisation et l’instruction combinées donnent un peuple le besoin dune Monarchielibre et tempérée, d’une Monarchie constitutionnelle. Si Hnstruction n’y était pas, s’il n’y avait que Démocratie et civilisation il faudrait le Despotisme: c’est ce qui rendit César et Auguste nécessaires a Kome, ou les hautes classes seules avaient quelques Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/74 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/75 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/76 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/77 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/78 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/79 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/80 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/81 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/82 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/83 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/84 veut réussir dans une demande, il faut cacher soigneusement ce qu’on a fait pour le trône ! »

Et quelques lignes plus loin, ainsi que dans mille occasions, vous semblez prendre à tâche de relever le parti d’un homme dont la mort politique est consommée. « Buonaparte, dites-vous, tuait ceux qu’il estimait. » (Cependant il vous a laissé vivre.) « Il mettait, ajoutez-vous, du prix à la pureté de la victime ; quand il a déshonoré quelqu’un, c’est moins par sa haine que par sa faveur ! »

Que d’hommes recommandables cependant parmi ceux sur lesquels ses faveurs sont tombées ! Si l’on éprouve un embarras, c’est celui de choisir. Ne citons qu’un exemple. Ce général Drouot, que Napoléon aima, respecta, que toute l’Europe vénère et admire ; qui, dès sa plus tendre jeunesse, a présenté la réunion, si noble, si touchante, de toutes les vertus antiques, avec la générosité et l’aménité du plus aimable Français ; qui, en se chargeant de ( 8i )

~ésamner nos soldats, de calmer leur désespoir, de leur montrer l’exemple du courage le plus sublime, sauva ia France de calamités horribles! Avez-vous oublié, Monsieur, que le duc de Tarente, au moment où le général Drouot était en présence de ses juges, vint lui donner, si honorablement pour lui-même, les témoi- gnages de sa haute esHme! Et pensez-vous’ 1 que le duc de Tarente fut nétri par les hautes dignités auxquelles Napoléon l’avait élevé? Mais vous, Monsieur qui voulez, bien gratuitement, avoir été l’objet de la haine de Napoléon, soyez certain que lorsqu’il vous nomma secrétaire d’ambassade a Rome, lorsqu’il opina pour que l’on vous OMrît la piacedeChéniera l’Institut, il ne vous uécrit potnt, et i! ne’ déplut à per- aonne. Ici, je dois aller au-devant d’une idée qui se présentera peut-être aux hommes monarchiques. Ils diront, en me Usant .· Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/87 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/88 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/89 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/90 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/91 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/92

Mais enfin, le 5 septembre, la liberté commence à être rendue. Alors se développent toutes les pensées jusque-là muettes et concentrées; l’Ordre nouveau se montre avec sa force ses droits et son ardente activité. Pensez-vous réellement qu’on aurait pu le tenir plus long-temps a la chaîne? Estce avec candeur que vous demandez a qui l’on doit 7?~ Ye.9 ~cc~?~ qui ~p Votre raison ne vous dit-elle pas que déjà, depuis un demisiècle, il avait acquis et la taille et la puissance d’un Géant formidable; que le comprimer, c’était le contraindre à se montrer terrible qu’à son égard, il ne pouvait plus ctre qu’un acte de sagesse, c’était de le seconder, afin de gagner sa confiance c’était de reconnaître sa force afin de Je caimer Mais, direz-vous, pourquoi donc les Ministres se ’plaignent-iis maintenant de sa marche rapide pourquoi s’enbrcentils de la retenir? Parce qu’au-delà de cer< Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/94 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/95 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/96 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/97

» Il ne faut point, trop préoccupé du souvenir de nos temps de troubles, voir un choc dangereux dans ce qui n’est que le contact de quelques intérêts, et que le jeu naturel et prévu du Gouvernement représentatif. Les hommes qui ont médité sur la nature de ce gouvernement, ceux surtout qui, chez un peuple voisin de nous, l’ont observé dans sa marche et dans ses <léveloppemcns, ont appris à se rassurer sur son action. Nous ne rappellerons pas ici les désordres qui signaient quelquefois, en Angteterre, le retour des élections de même que, dans nos assemblées actuelles, rien n’en a onert la plus faible image, rien ne peut en faire supposer la possibilité; mais chez nous, comme chez les Anglais, il faut s’habituer a distinguer le mouvement du tumulte, et ce qui donne la vie au corps social, de ce qui pourrait y porter le trouble. Ces droits, dont l’exercice revient à des époques déterminées, on en a d’avance calculé tous les effets. Les agitations momentanées, Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/99 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/100 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/101 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/102 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/103 ( 99) tcmens de l’Est sont peuples d’hommes dont le caractère est d’une énergie soutenue, qui ne savent agir qu’avec franchise, et s’attacher que profondément. Et dans le cœur du Prince, et dans le cœur des Lorrains, toutes les préventions se dissipent; et cette légitimité constitutionnelle, que toute la France veut, que toute l’Europe consacre, se fonde sur les deux bases de toute force politique la raison et rameur. La dignité d~ l’homme veut qu’il n’y en ait plus d’autres qui soient incbran~ labiés.


À la suite de réHcxtons sur des objets s! graves,. et d’un Intérêt général, il m’est bien pén!ble d’occuper mes lecteurs d’une querelle pet-Somalie. Ma:s j’en ai pris rengagement; rho~neur mêle commandât j’ai vécu, dans un {O~’nal répandu d’odieuses Insultes t’teela, à rins~nt même ou je me présentais, avec de nouveaux droUs, àl’estime publique. Je ne dois, n: ne veux, rien abandonner de ces droits; ils sont ma seule propnéte. Mes enfans n& comptent pas sur un autre hëntage. Si, dans Famé de mes lecte~s, une impression relative à moi-même a pu émaner de récrit que je viens de leur oiTrir, et de celui qui Fa précédé, c’est celle-ci sans doute Voilà, disent-ils, un homme vrai, un homme jnncëre un homme qui puise sa chaleur dans sa conviction, et sa franchise. Ce caractère de franchise et de conviction, )e le réclame; il m’appartient; il n’a pas cesse d~ m’appartenir pendant la composition de tous tes ouvrages que j’ai publiés. Que les hommes (pu on~Jkt..coMmvragçs prononcent leur jugement avec Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/107 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/108 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/109

Ce n’est pas elle, cependant, qui devait donMcrà mon cœur la propriété la plus heureuse, et la plus chère. Peu de temps après mon arrivée à Paris, elle fut entraînée à faire un voyage en Italie. ’Au retour, elle mourut. Ma situation fut désolante; je passai deux ans accablé de tous les genres de peines; j’allais peut~tre succomber à leur excès, lorsque la plus belle dme releva ma destinée, et me dévoua toute la sienne. L’indigence fut la seule peine qui nous resta. Mon ouvrage principal ne pouvant encore être produit, je me rappelai les conseils de madame Cottin, con~rmés par ceux de ma iemme je publiai nion ouvrage surlc<! CoM~e~~ûM~ il me ren(tit favorables les bons cœurs, les Ames douées, judicieuses; mais les produits que j’éh retirai furent loin de sufnre à mon existence; et, quoique distingué par l’opinion publique~ les homims en crédit ïnc repoussaient~ les hommes en pouvoir m’abandonnaient Pn-sse par d<’s besoins qui n’ont rien d’humiliant, mais qui sont bien cruels pour un père de famiHe, je me décidai à présenter au public un ctra!t de mon journal personnel je choisis ce qui avait le plus frappé madame <Jot.tin, ce qu’elle m’avait Invite souvent a faire connaître. J’avais passé un mois a Saint-Sauveur; je détachai de Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/111 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/112 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/113 Ces petites atïeteries ridicules sont trcs-indignes du talent, de M. Azaïs. » (Je le pense également; mon goût n’était pas encore formé; mais quel ion de ménagemens et d’estime dans le critique! il ajoute ) « ïl me semble aussi qu’il y a un peu, trop de naïveté dans cette exclamation 0 wo~ JDMM/CM~W6~y?~<C~ ~MMMC~C~MtM de <<Z ~~Mrc/ Le style ne doit être ni maniéré, ni trop naïf. Ce sont là quelques défauts; mais le nombre de beautés l’emporte de beaucoup sur celui dea défauts écoutons l’auteur, etc. » ( M. Dussault fait une citation assez longue, il continue ) « II me semble qu’il y a de la fraîcheur et de l’éclat dans ce morceau. L’auteur arrive bientôt au but de son voyage et c’est là qu’il ressent des émotions très-vives, qu’il peint avec le plus grand intérêt, » (Me voici. au paragraphe qui a le plus réjoui M. de Feletz, car il l’a cité une autre fois dans le Journal des Débats, comme un modèle de sarcasme il y en a réellement un peu, mais très-’ peu; et je prie d’avance le lecteur de faire attention à la phrase qui le termine ) 1 « M. Axaïs dans quelques endroits de son ouvrage, me parait vouloir imiter Sterne, et quelquefois il l’imite trop il avait fait d’une grange son cabinet, car il ne courait pas toujours avec <eon bureau portatif. La première fois qu’il entre Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/115 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/116 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/117 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/118 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/119 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/120 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/121 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/122 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/123 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/124 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/125 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/126 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/127 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/128 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/129 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/130

Je dirai, en imitation de cette pensée L~ i’évo<~Luion française, tombeau de l’erreur et de la servitude, est un grand événement placé sur le passage de l’une à l’autre des deux grandes périodes dont l’histoire de l’espèce humaine devait être composée. A la période de recherches, de tatonnemcns, de travaux préliminaires, d’études successives, d’épreuves en tous genres, devait nécessairement, un jour s’enchaîner la période de science positive, la ~e~~r~c. Et, vers le terme de la période préparatoire toutes les études ne pouvaient être faites qu’avec une ardeur et un succès extrêmes toutes les expériences ne pouvaient se montrer que singulièrement frappantes. Et ces études, et ces expériences, devaient toutes avoir le caractère saillant et agité de dernières crises, à ia suite desquelles Fespëce humaine semblerait devoir être anéantie ou renouvelée. Ce caractère n’a point manqué à la révolution française. Uu autre signe de grande importance devait marquer la fin de la période préparatoire. Au moment où la vérité et la philosophie allaient Hxer sur la terre la raison et la liberté, toute la partie éclairée et forte de l’espèce humaine devait se pasxionncr pour !a vérité et la phUosophi~; au conPage:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/132 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/133 Page:Azaïs - Seconde Lettre à M. le Vte de Châteaubriand, pair de France, sur ses projets politiques, et sur la situation actuelle des choses et des esprits.djvu/134 paré, que la révolution a mûri, et que l’dtprit humain aujourd’hui doit examiner, discuter et pcricctionner. C’est ce que je lui demanderai bientôt, et avec espoir de l’obtenir. Mais je ne me presse point; je laisse marcher le Temps; je laisse tomber les ruines la certitude, lorsqu’elle est fondée sur l’étude et la réflexion, donne tant de patience!