Aller au contenu

Semaine théâtrale/Première représentation de la Petite Mme Dubois, aux Nouveautés

La bibliothèque libre.

BULLETIN THÉÂTRAL


Nouveautés. La Petite Mme Dubois, pièce en 3 actes, de MM. Paul Gavault et Jean Lahaix.

C’est à Soissons qu’elle vit, la Petite Mme Dubois, auprès de son mari qu’elle n’aime guère, mais qu’elle ne veut tromper à aucun prix. Et elle y a assez grand mérite, l’honnête jeune personne, car, jolie, elle est courtisée par beaucoup et serrée de tout près même par Gerbier, qu’elle aime en secret. Un incident dans la famille, la fuite d’un petit cousin qui ne veut pas se marier malgré lui, et aussi les déclarations enflammées de Gerbier, la décident cependant à secouer le joug conjugal. Elle filera, elle aussi, et, son mari forcé à demander le divorce, elle pourra convoler en justes noces avec celui que son cœur a choisi.

Tout se passe comme elle l’avait prévu, sauf, cependant, que Dubois, après avoir obtenu le divorce, ne veut pas faire signifier le jugement, en sorte que voilà des divorcés qui ne le sont pas. Si Dubois en agit ainsi, c’est qu’il s’est laissé mettre le grappin dessus par une madrée midinette parisienne manifestant l’idée bien arrêtée de se faire épouser. Dubois, convaincu qu’il a été trompé une fois, entend ne pas l’être une seconde, légalement tout au moins, et ce lui est une excellente excuse pour refuser le conjugo que cette non-exécution du jugement. Et la pauvre petite Mme Dubois, restée très honnête malgré tous les contretemps les plus fâcheux, se lamenterait indéfiniment si les circonstances ne lui venaient enfin en aide. Elle deviendra Mme Gerbier, tandis que la couturière adroite sera sacrée Mme Dubois.

La pièce de MM. Paul Gavault et Jean Lahaix — ce dernier nouveau, sans doute, au théâtre — qui a des coins de comédie tout à fait plaisants, qui est construite avec une adresse réjouissante et qui aurait gagné encore à être allégée de quelques petites longueurs aux deuxième et troisième actes, est parfaitement jouée par MM. Germain, Torin, Rozenberg, débutant avec fantaisie et vivacité sur la scène des Nouveautés, par Mmes Pernold et Rosine Maurel. La petite Mme Dubois, c’est Mlle Cassive, qui, avec de très charmantes qualités, a, dans ce rôle plutôt de tenue, à lutter contre un organe qui la prédispose aux cascadeuses où elle s’est montrée déjà supérieure. M. Colombey s’agite en un personnage qui aurait, peut-être, demandé plus de correction.

P.-É. C.