Semaine théâtrale/Reprise de la Famille Pont-Biquet au Gymnase ; Paris-Pékin au Nouveau-Cirque

La bibliothèque libre.
Heugel (no 39p. 3).

BULLETIN THÉÂTRAL


Gymnase. — La Famille Pont-Biquet, comédie en 3 actes, de M. Alexandre Bisson. — Nouveau-Cirque, Paris-Pékin, bouffonnerie à grand spectacle en 3 tableaux.

Le Gymnase a très gaiement fait sa réouverture, lundi dernier, avec la famille Pont-Biquet, empruntée à son bon ami le Vaudeville, qui, de son côté, a commencé sa saison nouvelle avec la Lysistrata de M. Maurice Donnay, de dialogue toujours lestement pimpant, d’exhibition féminine toujours aussi chatoyante.

Le succès de la fort amusante et très curieusement adroite comédie de M. Alexandre Bisson a été aussi vif que lors de sa première apparition, il y a quatre ans déjà. De la primitive distribution, voici heureusement retrouvés M. Boisselot, dont le rôle de Pont-Biquet demeure certainement l’un des meilleurs, M. Galipaux, l’amusant homme-poisson, MM. Lagrande, H. Mayer, Peutat, Mme Daynes-Grassot, de comique bien en dehors, l’agréable Mlle Bréval et la drolatique Mlle Maire. C’est M. Huguenet, transfuge de l’opérette s’adonnant définitivement à la comédie, qui, sous l’habit de l’avocat phrénologiste La Raynette, succède à M. Dupuis. Avec peut-être moins de niaise finesse et d’imprévu et, aussi, moins de procédés, M. Huguenet accuse le personnage plus bourgeois, bon enfant et bien naturel ; le public l’a accueilli de façon à lui prouver que si l’opérette le pleure, la comédie n’a qu’à se louer d’avoir su l’attirer à elle.

Malgré bourrasques, rafales, cyclones presque, le Nouveau-Cirque, grand introducteur de l’hiver parisien, nous a invité, vendredi, à venir applaudir son premier spectacle de la saison, Paris-Pékin, trois tableaux, trois stations. Première station ; une gare de la métropole où, si l’on en croit l’employé chargé de prévenir les voyageurs, il y a un train direct pour la Chine ; c’est là également que se promène, en quête d’acquéreur, l’auteur de la statue d’une célèbre danseuse, « morceau de roi ». Deuxième station : la capitale de la Chine, avec divertissements obligatoires de gentilles mousmées se trémoussant sur les airs agréables de M. Laurent Grillet. Troisième station : apothéose très réussie, avec feuilles de lotus émergeant des eaux et laissant s’épanouir, très plastiques, de jeunes personnes aux poses langoureuses ; Ménessier invenit.

Parmi les « numéros », il faut signaler la « Tête mystérieuse » par les Luttgens, les « Jeux icariens » par la Kellino family, et l’impayable Foottit faisant manœuvrer son peloton de gamins. Celui-là est, sans conteste, le « clown de la soirée ».

Paul-Émile Chevalier.