Situation des écoles en Grèce

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GRÈCE. Rapport au président sur la situation des écoles. — « En exécution des ordres de Votre Excellence, le secrétaire pour les affaires ecclésiastiques et pour l’instruction publique a l’honneur de mettre sous vos yeux, monsieur le président, les renseignemens qu’il a recueillis jusqu’à ce jour, relativement aux écoles de la langue grecque et à celles de l’enseignement mutuel qui se trouvent établies dans l’état.

» Ces renseignemens, d’une part puisés dans les rapports que les commissaires extraordinaires et les gouverneurs provisoires ont faits au gouvernement, en se conformant à la circulaire qui leur avait été adressée, en date du 3 octobre dernier, et d’un autre côté confrontés avec les catalogues des maîtres et avec les indications données par des particuliers à portée de connaître la situation de ces établissemens, ont été consignés dans un registre ad hoc. Ce registre contient le catalogue des écoles de langue grecque et de celles d’enseignement mutuel, le nom des maîtres de chacune d’elles, l’indication du traitement de ceux-ci, les fonds accordés par le gouvernement pour la fondation et l’entretien de ces établissemens, enfin les contributions payées par des particuliers.

» D’après le tableau sommaire que j’ai l’honneur de transmettre à Votre Excellence, elle verra qu’il se trouve établi,

1o dans le Péloponèse,
18 écoles pour la langue grecque, contenant 
694 élèves
25 écoles d’enseignement mutuel, contenant 
1,768
2o Dans les îles de l’archipel, y compris l’Orphanotrophe et l’école centrale,
31 écoles pour la langue grecque 
1,712
37 d’enseignement mutuel 
3,659
Total 111 écoles renfermant 
7,833 élèves

» Quant à la Grèce continentale, le lieutenant plénipotentiaire vient de fonder à Lépante une école pour la langue grecque, et l’édifice qui se construit pour le même objet à Missolonghi, aux frais du gouvernement, va bientôt être achevé. Ainsi Votre Excellence se convaincra que les Grecs, à peine rentrés, depuis son arrivée, dans leurs habitations, s’empressent partout avec une égale ardeur de concourir de tous leurs moyens à la fondation des écoles.

» Les ressources que la sollicitude de Votre Excellence a procurées à ces établissemens, les mesures qu’elle a bien voulu adopter pour les assujétir à des règles uniformes, la fondation d’une école centrale où viennent se former les instituteurs qui doivent les diriger, le zèle enfin que des citoyens hellènes, domiciliés en Grèce ou dans l’étranger, mettent à encourager l’instruction, garantissent à la nation des progrès rapides vers les lumières qui constituent le principe vital de toute société. »

C…

— Un voyageur donne aussi des nouvelles intéressantes sur l’état de l’instruction primaire. « Ce que j’ai vu, dit-il, de l’ardeur des enfans à recevoir l’instruction, et l’étonnante rapidité de leur intelligence, a dépassé tout ce qu’on m’avait dit. À Égine, où le séjour momentané du gouvernement fait affluer les nationaux, les bâtimens manquent aux écoles. J’ai vu des enfans étudier à l’ombre d’un mur, parce qu’ils ne pouvaient pas trouver place dans l’enceinte. La pénurie est si grande, qu’on voit à peine un volume entier dans une école ; les élèves se partagent les feuillets, et ceux qui ne peuvent en avoir copient leur leçon. Malgré ces difficultés matérielles, on ne saurait exprimer combien ces pauvres enfans font de progrès. On compte actuellement dans Égine vingt écoles d’enseignement mutuel de 15 à 100 enfans chacune. L’asile des orphelins, bâti par souscription pour recevoir les enfans grecs dont les parens sont morts en servant la patrie, en renferme 500. Non loin de là s’élève un collége de 120 élèves, où l’on étudie les auteurs anciens, l’histoire, la géographie et la géométrie.

» J’ai distribué dans ces divers établissemens des exemplaires du Nouveau-Testament grec, qui ont été reçus avec la joie la plus vive.

» Dans la ville d’Argos, l’école primaire contient 250 enfans ; il existe en outre une école de 20 petites filles. À Napoli di Romani, l’école est composée de 220 garçons et de 130 filles. On bâtit une maison qui en contiendra un plus grand nombre.

» À Syra, on en construit une pour 300 enfans ; à Andros, l’école contient 127 garçons et 13 filles ; à Tinos, 100 garçons et 30 filles. Celle que viennent d’ouvrir dans cette île M. King et sa femme a reçu 13 filles le premier jour, et le troisième 27. À Miconi, l’école renferme 93 garçons et 60 filles ; il y a en outre un collége de 60 enfans ; à Naxos, il y a un collége de 90 garçons, et l’école primaire contient 127 garçons et 25 filles. »