Soir d’un amour (Grégoire Le Roy)

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Parnasse de la Jeune BelgiqueLéon Vanier, éditeur (p. 205-206).


Soir d’un amour


Oh ! que de crépuscule en moi-même,…
Quelle douce pénombre équivoque !
C’est le meilleur des temps où l’on aime,
Le meilleur de l’amour que j’évoque.

Comme en une eau terne et vespérale,
Dans le miroir de mes souvenances,
Elle toute, un souvenir très pâle,
Apparaît à travers mes souffrances.

Certe, elle est douce ma solitude ;
Et douce aussi, la paix de mon âme !
Mais, je suis triste, de l’habitude
De t’avoir aimée, ô toi, la femme !

Après les adieux et la rancune,
L’Amour ne t’a pas fermé sa porte,
Et me voilà ! Je t’aime comme une
Qui serait lointaine et comme morte.


Oh ! oui qu’il pleuve encore, qu’il pleuve
En moi, le regret des bonnes heures,
Et qu’encore mon âme s’émeuve
Des tristesses pour toi, les meilleures…

Encore un peu de ce crépuscule !
De cette pluie et de cet automne !
De cette rancœur qui me recule
Vers ma vie abolie et si bonne !

Oh ! que je pleure encor, que je pleure !
Que je souffre et me lamente, moi !
Que je pleure de toi, que je meure !
Oh ! oui, que je meure un peu de toi !