Sonnet hibernal

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Les Ailes d’or : poésies nouvelles, 1878-1880Bibliothèque-Charpentier (p. 189-190).
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SONNET HIBERNAL

À RENÉ DELORME

Décembre, en déployant son manteau de froidure,
Appesantit de neige et les bois et les jours,
Étouffant la gaîté, qui fait les instants courts,
Sous le même linceul qui couvre la verdure.

Le vent qui, sur les fleurs, ferma la terre dure,
Chasse du ciel l’azur et du cœur les amours,
Sur nos rêves brisés penchant nos fronts plus lourds :
— La saison de souffrir est la seule qui dure !

Il me souvient pourtant d’avoir jadis aimé,
Avec bien plus de fleurs que n’en apporte mai,
Dans ce mois lamentable et sous ces cieux moroses.

Le printemps de la vie à l’autre est tout pareil :
Dans deux yeux adorés se levait mon soleil
Et dans mon cœur épris avaient grandi mes roses !