Sonnet mystique (Émile Van Arenbergh)

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Sonnet mystique


Je sais une chapelle, où jamais du dehors
Aucun bruit, dans la paix d’éternité, ne tombe ;
Un vieux prêtre, courbé sur des marbres de tombe,
Y chante nuit et jour les prières des morts.

Tout au fond, comme un cœur transpercé de flamberges,
Saigne un rouge vitrail, traversé de rayons ;
Dans l’air rose, l’encens fond en bleus tourbillons,
Et des larmes de feu tremblent au bout des cierges.

Là, parmi les clartés, les chants et les parfums,
À genoux désormais au pied de ses reliques,
Le vieux prêtre se meurt de voluptés mystiques.

Sous la dalle, il a mis tous ses amours défunts…
— Depuis, il garde au cœur le froid de ceux qu’il aime,
Et, debout sur ses morts, il se pleure lui-même.