Sonnet sur la maladie de sa maîtresse (« La fièvre de Philis tous les jours renouvelle »)

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Sur la maladie de sa maîtresse
La fièvre de Philis tous les jours renouvelle…


SUR LA MALADIE DE SA MAITRESSE.
Sonnet.

La fièvre de Philis tous les jours renouvelle,
Et l’on voit clairement que cette cruauté
Ne peut venir d’ailleurs que du Ciel, irrité
Que la terre possede une chose si belle.

Son visage n’a plus sa couleur naturelle,
Il n’a plus ces attraits ny cette majesté
Qui regnoit tellement sur nostre liberté
Qu’il sembloit que les cœurs n’étoient faits que pour elle.

Faut-il que cette ardeur consume nuit et jour
Celle qui d’autre feu que de celuy d’amour
Ne devoit point souffrir l’injuste violence ?

Ô dieux ! de qui le soin fait tout pour nostre bien,
Si mon affliction touche vostre clemence,
Ou donnez-lui mon mal, ou donnez-moy le sien.