Sonnets Gaillards et Priapiques/Je ne suis point content, Cloris, quoy que tu fasses,

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Sonnets gaillards et priapiquesBibliothèque internationale d’édition (p. 14).


Je ne suis point content, Cloris, quoy que tu fasses,
Qu’aussi bien que nos cœurs nos corps ne soyent unis,
Est-ce assez d’un baiser pour des maux infinis ?
Je n’en suis point content, il faut que tu m’embrasses.

Gardons nous, gardons nous de separer les Grâces,
De leur division nous serions trop punis ;
Ainsi dit à Cloris son fidele Daphnis,
En poursuivant toujours ses amoureuses traces.

Lors que le cœur épris d’un semblable désir,
La Nymphe luy répond avec un doux soupir
A ta discrétion, Daphnis, je m’abandonne ;

Nous serons l’un et l’autre aujourd’hui satisfaits,
Je ne te compte point les biens que je te donne,
Et ne me compte plus les maux que je t’ay faits.