Sonnets et Canzones (Pétrarque)/Sonnet 122

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Poésies de Pétrarque
Traduction par le comte F. L. de Gramont (Ferdinand de Gramont).
Paul Masgana, libraire-éditeur (p. 115).

SONNET CXXII.

LES LARMES DE LAURE.

Ni Jupiter ni César ne furent jamais si prêts, celui-là à foudroyer et celui-ci à frapper, que la pitié n’eût éteint leur colère et ne leur eût enlevé à tous les deux leurs armes accoutumées.

Madame pleurait ; et mon seigneur (que n’étais-je à sa place !)est allé pour la voir et pour écouter ses plaintes, afin de m’accabler de regret et de désir, et de me faire souffrir jusque dans ma moelle et mes os.

Amour m’a dépeint ou plutôt sculpté ces pleurs charmants, et il a gravé ces suaves paroles sur un diamant au milieu de mon cœur,

Où souvent il rentre avec des clés solides et ingénieuses, pour en extraire de précieuses larmes et des soupirs longs et pénibles.