Sonnets parisiens, Caprices et Fantaisies
GABRIEL MARC
SONNETS PARISIENS
CAPRICES ET FANTAISIES
PARIS
ALPHONSE LEMERRE, ÉDITEUR
31, PASSAGE CHOISEUL, 31
M DCCC LXXV
Oubliant un moment l’Auvergne, mon pays natal, je publie aujourd’hui des Rondeaux, des Triolets et. des Sonnets Parisiens.
Les lecteurs bienveillants des Soleils d’octobre me pardonneront le ton léger de ce nouveau recueil. Je le dédie à la mémoire de Henri Heine, le grand poëte
ironique, et je le place sous la protection de l’auteur des Odes Funambulesques, qui ne ni en voudra pas d’avoir glané quelques épis dans le champ semé et moissonné par lui avec tant de gloire.
Les antiques hôtels noircis par les années
Sous les coups des maçons tombent de toutes parts.
Ils gisent sur le sol et leurs débris épars
Ont l’aspect douloureux des choses ruinées.
Comme leurs habitants, ils ont leurs destinées.
Leurs murs, que décoraient les chefs-d’œuvre des arts,
Près de l’affiche énorme, étalent aux regards
Le sillon régulier et noir des cheminées.
Au milieu des débris, aux chauds rayons d’été,
Un carré de jardin par hasard respecté
Sourit, insoucieux de ces métamorphoses ;
Et, malgré l’air poudreux qui viendra les ternir,
Un rosier au soleil épanouit ses roses —
Tel parfois dans mon âme un lointain souvenir.
EFFET DE LUNE
A ANATOLE FRANCE.
La rivière aux flots bleus rêve les soirs d’été.
Elle dessine au loin sa courbe gracieuse
Pour se perdre dans l’ombre ; et le saule et l’yeuse
Reflètent leurs rameaux dans sa limpidité.
L’air est sans bruit, le ciel plein de sérénité.
La rive se recueille et dort silencieuse.
Tout repose. Voici l’heure mystérieuse
Faite de solitude et d’immobilité.
Ce calme est solennel et triste. La pensée
Vers le monde idéal flotte comme oppressée.
Parfois, pour animer ce repos accablant,
Un martin-pêcheur vole, en rasant le feuillage,
Et, sur l’onde où la lune étincelle en tremblant,
Un étroit canot glisse avec son long sillage.
Toi qui devrais bondir sur la mer, ô frégate,
A travers la mitraille et les flots irrités,
Quel triste sort te rive aux pierres des cités,
Et te pend une enseigne au front, comme un stigmate ?
Morne, ainsi qu’un oiseau retenu par la patte,
Tu regrettes l’azur et les immensités.
Le bourgeois se prélasse en tes flancs attristés,
Et ta quille a des airs navrés de cul-de-jatte.
Le batelet t’insulte et le lourd remorqueur,
En rampant devant toi, te lance un cri moqueur.
Oh ! qui pourra sonder ton destin sans exemple ?
Ta cale désormais sert aux ablutions ;
Ta proue est enchaînée, et ta hune contemple
La Caisse des Dépôts et Consignations !
Tout dort. Les ponts avec le gaz de leurs lanternes
Se reflètent dans l’eau profonde. Entre les quais,
Voguent péniblement des bateaux remorqués ;
Et voici l’Hôtel-Dieu que flanquent des casernes.
Voyez, se découpant sur des nuages ternes,
Un vague entassement d’édifices tronqués.
De vieux donjons pareils à des géants masqués.
D’ogives, de créneaux, de grilles, de poternes.
C’est l’antique Palais de justice, décor
Noir, la tour de l’Horloge et la flèche aux fleurs d’or
De la Sainte-Chapelle, et cette ombre qui perce
L’ombre nocturne, c’est — ô cruelle Thémis !
Le dôme du nouveau tribunal de commerce,
Champignon monstrueux qui rampe entre deux lys.
Comme le papillon avide d’étincelles
Autour d’un astre éblouissant,
Je vole autour de toi, je me brûle les ailes
Pour lire dans ton cœur ; mais, je meurs en lisant.
Pour fuir de Paris, cet enfer
Qui m’effarouche,
Nous prendrons le chemin de fer
Ou bien la mouche.
Nous irons à Meudon, décor
Plein de bois sombres,
À Saint-Cloud qui sourit encor
Sous les décombres.
N’aimes-tu pas mieux de Chatou
Le paysage ?
Bougival, où je devins fou
Sur ton passage ?
Quoi ! Tu dis que ça n’est pas vrai,
Et tu tressailles !
Irons-nous par Ville-d’Avray
Jusqu’à Versailles ?
HÉLÈNE
AU THÉATRE-FRANÇAIS.
TRIOLET.
Quel triste sort nous mène, hélas !
J’ai vu Favart en belle Hélène ;
Non l’Hélène de Ménélas.
Quel triste sort nous mène, hélas !
Oh ! la sagesse de Pallas !
Où sont les fileuses de laine ?
Quel triste sort nous mène, hélas !
J’ai vu Favart en belle Hélène.
- 1873.
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SUR
LES MATINÉES DRAMATIQUES
TRIOLET.
Le théâtre où fleurit Sarcey,
C’est le théâtre de Ballande.
Un temple pour le grand art, c’est
Le théâtre où fleurit Sarcey ;
Où Pagès a fait son essai,
Que La Pommeraye achalande.
Le théâtre où fleurit Sarcey,
C’est le théâtre de Ballande.
- 1874.
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Pages.
Dédicace vii
Prélude 1
Paysage 5
Le Square 7
Démolitions 9
Effet de lune 11
Les Cafés chantants 13
Le Gardien des décombres 15
A la Frégate 17
Sursum corda 19
Paysage dans Paris 21 Pages.
En bouquinant 23
Le Bateau broyeur de couleurs 25
Un tableau 27
Le Poëte et le Passant 29
Pendant le siége 31
Le Boniment 33
L’Océan littéraire 35
L’Amour 37
Ronsard 39
Le Réveil des astres 41
Madame Bordas 43
Mademoiselle Baretta 45
A Mademoiselle de Belle-Isle 47
A Lisette 49
Intimité 51
Confidence 53
Désenchantement 55
Insomnie 57
Aveu 59
Galanterie 61
Les Soupirs d’un ambulancier 65
A celle qui réclame des vers 69 Pages.
Rondel 71
Le Philtre 73
Reproche 75
A une Oublieuse 77
Madrigal 80
L’Adieu 81
L’Éventail 83
Chanson 85
La Pêche 87
Invitation a la promenade 89
Échos lointains 93
L’Entresol du Parnasse 97
Hélène au Théatre-Français 102
Monsieur Veuillot 103
Sur les Matinées dramatiques 106
Villanelle des partis politques 107
Frédérick Lemaitre 110
La Timbale d’argent 111
Héloïse et Abélard 112
La Chanson du chandelier 113
Le grand Faust 115 Pages.
Les Dramaturges 116
Au Rédacteur en chef de La Mouche 117
Guyot-Montpayrou 119
Libres penseurs 120
Les Concerts populaires 121
Le Vaudeville 122
La Jeunesse de Louis XIV 123
La Liberté des théatres 127
Jean-qui-rit 129
La Pomme au Théatre-Français 131
Finale 135