Sous l’éventail/23

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Sandoz & Fischbacher (p. xxiii).


xxiii

Mon Anniversaire

à ma sœur marie

Puisqu’en quittant les mains qui savaient me bénir
J’ai perdu le seul bien qui me fût nécessaire,
Le jour de ma naissance aura beau revenir,
Je ne fêterai plus ce triste anniversaire.

Trop souvent éprouvé pour croire en l’avenir,
Au milieu d’un passé que nul rayon n’éclaire,
De mes espoirs défunts j’ai dressé l’inventaire
Sans trouver nulle part l’attrait d’un souvenir.

À quoi bon ? c’est la vie ! À l’oubli condamnées,
Je vois s’évanouir mes stériles années
Et mes rêves nouveaux rejoignent les anciens.

Ce soir vingt-huit hivers pèseront sur ma tête ;
Et pourtant pas une heure à qui je crie : arrête !
Pas un seul jour auquel mon cœur dise : reviens !