Sous les tilleuls

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Sous les tilleuls
Traduction par Ernest Combes.
Fischbacher (p. 101-102).


SOUS LES TILLEULS

 Sous les tilleuls,
 Sur la bruyère,
On a dormi : nous étions seuls.
 Ô doux mystère
 Que dut trahir
L’herbe et les fleurs qu’on dut flétrir !
Bois ombreux ! fraîche vallée !
 Tandaradei !
Ô chanson d’amour envolée !

 Cœur tout tremblant
 Je suis venue —
Dejà m’attendait mon amant.
 Je fus reçue,
 Vierge des cieux !
À ne désirer jamais mieux.
 Ses baisers ! ô douce chose !
 Tandaradei !
Voyez comme ma bouche est rose !

 Puis il cueillit
 Des fleurs pour faire
Tout en riant un petit lit ;
 De la bergère
 Comme il rira
Le passant qui par là viendra !
 Fleur des champs, terre jonchée —
 Tandaradei !
Dit où ma tête était couchée.

 À mon côté
 J’aurais grand’ honte
Si l’on savait qu’il est resté.
 Nul ne raconte,
 Même tout bas,
Nos doux jeux, nos plus doux ébats !
 Un oiseau seul nous vit faire —
 Tandaradei !
Mais petit oiseau sait se taire.