Souvenirs d’outre-mer/14

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LES CIMETIÈRES EUROPÉENS.



Celui qui a visité les principaux cimetières d’Europe, arrive à la conviction qu’ils ne peuvent être surpassés.

Ceux de l’Italie surtout méritent une mention spéciale.

Il ne faut pas manquer de visiter le champ des morts à Turin, à Gènes et à Rome.

Pour les orner, l’on déploie toutes les ressources de l’art ; rien n’est épargné.

Des chapelles où s’étalent des marbres de couleurs variées et assorties, des parvis en mosaïque, des statues représentant le défunt, d’autres qui personnifient la veuve en deuil, priant sur les restes d’un époux, ravi à son affection, et l’ange gardien prenant part au deuil de la famille.

Les vivants rivalisent à qui rendra plus d’hommage et d’honneur à leurs morts.

Nous nous demandons ce que nous devons le plus admirer dans ces vastes nécropoles, ou la richesse étalée, ou l’ordre, la symétrie et le bon goût observés : c’est la cité des morts.

Le culte des trépassés, en grand honneur parmi toutes les nations, nous démontre clairement que la croyance à l’immortalité de l’âme, est innée dans le cœur humain.

L’érection et l’entretien des magnifiques cimetières que nous admirons en Italie, coûtent bien moins cher qu’en Amérique, le marbre s’y trouvant en abondance, et les artistes, à cause de leur grand nombre, y étant moins rétribués.

À côté du champ des morts, comme à Turin par exemple, on admire le marché aux fleurs, où les marchandes de fleurs s’empressent d’offrir gracieusement la flore la plus variée et la plus appropriée pour l’ornement des tombeaux. Il est très curieux de visiter à Rome les "columbaria", c’est-à-dire le cimetière des anciens Romains, qui avaient la coutume de brûler leurs morts et de déposer les cendres dans des urnes superbes où elles étaient précieusement conservées.

Le christianisme a cru plus sage de ne pas hâter la destruction du corps humain, cette merveille du Créateur, et de laisser au temps le soin de le réduire en poussière.


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