Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2/Le boulevard et les boulevardiers/IX

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IX

QUELQUES BOULEVARDIERS :

PAULIN-MÉNIER


Au printemps de ma vie, il y avait un cousin germain de ma mère qui, tout à fait enragé de théâtre, ne quittait pas le Boulevard du Crime. Il en avait vu toutes les pièces, il en connaissait tous les acteurs, et son jugement faisait loi dans ma famille. Or, celui qu’il préconisait entre les meilleurs de la ville, où il en florissait alors d’admirables, c’était Paulin-Ménier. Il lui soumettait tous les autres. — Je t’emmènerai un soir au Courrier de Lyon, me promettait-il, et ce comédien-là, mon petit, tu ne l’oublieras plus. Il tint sa promesse, en effet, et depuis ma quinzième année, rien de Choppard, dit l’Aimable, silhouette, geste et voix, ne s’est décoloré dans ma mémoire.

Aussi me fis-je raconter par le cousin tout ce qu’il savait de l’artiste. Populaire au Boulevard du Temple, il se plaisait à esbrouffer les bourgeois par des costumes de ville d’un bousingotisme effréné, où le rouge, le bleu, le vert, le jaune et leurs composés, se flanquaient au soleil des tatouilles symphoniques à coucher au poste en plein carnaval. Faute d’un tailleur docile à son génie pittoresque, Paulin-Ménier se les taillait, cousait et brodait lui-même, sur des patrons qu’il avait dans l’âme, d’après les maîtres de la ligne et de la couleur. Il avait, d’ailleurs, été peintre, disait-on, et il en reste toujours quelque chose, ajoutait mon parent, comme de la fièvre typhoïde.

J’en étais demeuré à ce Paulin-Ménier excentrique de 1860, horrifieur et conculcateur de la gent épicière, qui charmait mon jeune romantisme, lorsqu’un soir, à Tortoni, devant la table familière où nous nous groupions autour d’Aurélien Scholl, je ne pus me tenir de lui demander qui était cet « habitué du fond », d’une correction de mise impeccable, qui, tous les jours, ganté, corseté, cravaté par les Grâces, venait faire sa libation solitaire à la Muse verte. — L’ambassadeur du Chili, me jeta-t-il à l’oreille. — Ah ! diable ! — Oui, tiens-toi bien, il vient ici moucharder nos modes parisiennes, et il envoie la description d’avance en Bolivie. — Tu disais : Chili ? — Eh bien ! c’est la même chose. Il cumule voilà tout. — Comment s’appelle-t-il ? — Demande-le à Stevens. En qualité de Belge, Stevens tutoie tous les plénipotentiaires. — Je renouvelai donc ma question à l’illustre peintre, qui venait d’entrer et accrochait son chapeau à la patère. — Venez-vous de Falaise, ou vous payez-vous ma tête ? C’est Paulin-Ménier. — Qui, ce gentleman de gravure de mode et même de dernière mode, ce cocodès tiré à quatre épingles, frisé au petit fer, dont le « yau de poêle » jetait les mille feux réglementaires du chic, ce vieux « petit crevé », cuirassé d’amidon, blanc bordé de noir, comme une lettre de faire-part, lui, c’était lui, le chicocandard romantique de mon cousin le théâtrophile ? Mais le diplomate chilio-bolivien nous avait entendus ; à son nom il leva les yeux et salua deux fois, l’une pour Stevens, l’autre pour moi, et il n’y eut plus à douter de son entité. Une chère légende de plus s’écroula de mon château d’art.

Nous nous liâmes depuis lors, et nous faisions souvent ensemble, sur l’asphalte, les cinq cents pas de l’heure apéritive. Et quand je m’étonnais encore de son avatar : — Oui, me disait-il, en virevoltant du stick, c’est mon costume de décadence ! Je porte le deuil du boulevard.

Paulin-Ménier croyait au boulevard, et je n’ai connu qu’Albert Wolff qui y ait eu foi davantage. Ils y venaient tous les deux comme on va à la messe, et ils n’auraient pas dormi, s’ils n’en avaient entendu l’office, entre six et sept. Jusqu’en mai 1898, temps où il trépassa, à soixante-douze ans, d’ailleurs, le grand comédien y traîna chaque soir, croque-mort protestataire, son deuil philosophique de « la belle époque des gens d’esprit », au milieu des cafés fermés ou fermants, qui s’éteignaient les uns après les autres, comme les lampadaires d’un bal à l’aurore. Il s’en est allé à la bonne heure, soit avant d’être trop vieux pour enjamber des décombres, et sentant bien que son art même était passé.

— Je suis ridicule, disait-il ; je m’en rends compte, avec mon Choppard du Courrier, mon Rodin du Juif errant, et mes autres créations que, le croiriez-vous, je travaille encore. Paulin-Ménier, ah ! oui, le vieux jeu, l’antique raseur qui compose ses rôles ! As-tu fini ? Oui, j’ai fini. À vous, ceux d’Antoine et de la diction dans les bottes. Mais ne parlons pas de moi, voulez-vous ? Qu’ai-je été auprès de Frédérick, de Bocage et surtout de Monsieur Mélingue ?

Il disait : « Monsieur » Mélingue, comme s’il lui tirait son coup de chapeau, avec un respect attendri où chantait toute sa jeunesse. — Ah ! Monsieur Mélingue !

Celui-là, c’était l’artiste idéal et complet, le maître. Il l’égalait à Frédérick, au moins ; mais, pour les gens du métier, il l’emportait par la multiplicité des dons, science du pittoresque, sûreté infaillible des moyens, domination magnétique du public, que sais-je ? Il avait tout, Monsieur Mélingue, tout, tout !

— Si je vous disais qu’il n’a jamais raté un rôle, fût-ce le moins propre à son tempérament ? Il n’y en avait pas de mauvais pour lui. Comme il les campait dans l’ensemble et dans le détail ! Je me cachais dans l’ombre des répétitions pour le voir travailler, et j’en sortais malade d’admiration. Et beau, cher Monsieur, beau comme on ne l’est plus sur la terre ! Elles n’en font plus, les femmes d’à présent, de ces êtres extraordinaires que la Grèce, elle, divinisait !

— Vous le rappelez-vous, reprenait-il, avec son geste nerveux, saccadé même, mais toujours juste, sa diction profonde, à fond de texte, sa voix prenante, ses yeux impérieux, sa plastique prodigieuse, le rayonnement visible de son intelligence, la vie qui émanait de sa personne entière ? Comme il marchait, comme il mimait, quel parti il tirait des silences !

Ah ! Monsieur Mélingue ! Lui aussi, il entrait de dos et l’on n’a rien inventé au Théâtre Libre, mais ce dos, terrible ou comique, disait déjà toute la pièce. La salle clamait, croulait, bondissait, il se retournait, elle était domptée. Ainsi Neptune fait de l’orage.

— Frédérick, un génie, c’est entendu, à qui le dites-vous ? Mon Choppard f… le camp devant son Robert Macaire. Mais le comédien français, de France, celui qu’ils n’ont pas eu en Angleterre, en Italie, en Allemagne, nulle part, que Paris seul pouvait produire et qu’on ne reverra plus, c’était Monsieur Mélingue.

Je me plaisais beaucoup à le faire ainsi causer des gens et des choses d’antan, et ma mémoire a emmagasiné nombre de bonnes anecdotes qu’il me contait sur une époque aimée entre toutes et qu’encore aujourd’hui, je tiens pour la plus artistique qu’ait vue mon pays : le siècle de Victor Hugo.

— Je n’étais pas le seul, dans ma partie, à scandaliser les ventripotents du Tiers, par la truculence de mes vêtements exaspérés, mes cravates flamboyantes, en rosaces de cathédrale, mes chapeaux mexicains et mes culottes à la chienlit. Au Boulevard du Crime, nous étions tous romantiques pratiquants, nous descendions dans la rue combattre l’ennemi glabre de cette liberté dans l’art qui, pour nous comédiens, se symbolisait dans le drame. L’un de nos exercices était de fasciner les passants qu’à leur allure, nous estimions sectateurs de Scribe, de Bouffé et du répertoire prudhommesque du Gymnase. Nous marchions sur leurs talons, à pas de Mohicans, en dardant sur eux les regards du boa sur l’âne, et il fallait qu’ils se retournassent, obsédés par le maléfice, envoûtés. Là comme partout ailleurs, Monsieur Mélingue nous damait le pion en puissance visuelle. Quand il en avait entrepris un, il arrivait par attraction à le forcer à marcher à reculons, et, devant le Café Anglais, un jour, il obtint ce résultat de sorcier de voir un « épicier », englué de fluide, battre l’air des bras et choir en criant au secours. Il eut la gloire de le porter lui-même chez le pharmacien.

Quant à Victor Hugo, il n’a jamais su à quel degré il excitait notre fanatisme, et je n’ai pas encore osé le lui dire depuis son retour de l’île anglaise. Rien que pour l’apercevoir, j’allais me poster place Royale, où il demeurait alors, et j’y tournais des journées entières, l’œil fixé sur la porte de son hôtel. Quand il en sortait, je le suivais de loin, comme un spadassin, sous les arcades, sautant de colonne en colonne dans l’ombre et prêt à tuer, oui, à tuer, le premier « classique » qui lui manquerait de respect. Ah ! le bon temps, cher Monsieur !

Ce qui pimentait les évocations de ce bon temps d’une saveur philosophique pour moi extrême, c’est que Paulin-Ménier, devenu le Brummell que j’ai dit, et l’ambassadeur chilien d’Aurélien Scholl, avait, du même coup, passé dans le camp de ces classiques qu’il voulait chouriner sous les arcades. Il ne quittait plus la Comédie-Française, et, les soirs de répertoire, on ne voyait que lui dans la galerie des bustes. Il les saluait l’un après l’autre, à la façon du grand siècle, et on le prenait pour un vieux marquis céladonique du Faubourg Germain. Il rêvait d’entrer dans la troupe d’état statuaire et d’y jouer Le Misanthrope. Je n’invente rien, car il terminait tous ses récits par cette confidence palinodique et sénile, à laquelle je prêtais volontiers une oreille pieuse. L’amour du Misanthrope est le signe de la grande résignation dramatique. Il suit de près l’amour du Tartuffe, qui en est le prodrome, et le bon Choppard potassait secrètement Alceste, qu’il savait par cœur, souffleur ôté. C’est quand il voulait m’en dire une tirade que je prenais congé et le laissais à la Muse verte, qui est la dixième, connue il appert d’un groupe qu’on voit place du Palais-Royal, entre le Théâtre-Français et le café de la Régence.

Voici un feuillet de mon carnet sur l’une des créations de Paulin-Ménier. L’étude est faite à la façon des critiques d’art, et comme on traite d’un tableau ou d’une statue exposés, par mode d’analyse. Le système en vaut un autre et il a l’avantage de conserver autant qu’il est possible par transposition d’art et comme le fait la gravure, les pièces curieuses de ce musée dramatique que la mort du comédien abolit à jamais et dont le temps efface jusqu’au souvenir.

C’est un artiste rare et difficile que Paulin-Ménier. Son répertoire est peu fourni et il s’en est tenu à une dizaine de créations triées sur le volet. Il ne se prodigue pas. C’est un grand refuseur de rôles. Il a du moins la réputation d’être ainsi. Mais pour ceux qu’il accepte, il a le don de les réaliser d’une manière inoubliable, et telle que personne après lui ne se risquera jamais à les reprendre. Paulin-Ménier n’a pas d’imitateurs ; il n’a même pas de contrefacteurs. Quant à des élèves, l’idée d’en former le ferait rire.

Peut-être la maîtrise de cet artiste lui vient-elle de ce qu’il a le génie scénique d’abord, puis de ce qu’il aime son art, et enfin de ce qu’il travaille. J’imagine aisément qu’une création telle que celle de Rodin ne sort pas tout armée d’une absinthe à la suite d’une partie de dominos. Elle suppose, je dirai même elle nécessite un travail d’assimilation très profonde de l’idée de l’écrivain, une observation attentive des phénomènes contingents de la vie réelle et des méditations assez assidues sur le geste, la plastique, le costume et la diction théâtraux. Lorsque Paulin-Ménier s’ingère de vouloir nous montrer Rodin, tel qu’Eugène Sue l’a conçu, ce n’est pas un jésuite de robe courte quelconque, un passant en soutanelle, qu’il cherche à exquisser sous nos yeux, c’est tout le jésuitisme résumé à un type, une grande synthèse pittoresque ; car il est d’une génération où l’on croyait encore que l’art dramatique est un art et non pas une branche de l’industrie des belles cuisses.

Rodin est une figure terrible, une sorte de Marat du Gesù, opérant dans l’ombre, fanatique, puissant par la haine et la sordidité. Il manipule dans les ténèbres tous les serpents de l’envie, de la cupidité, de l’orgueil immense. Son idéal est ce Sixte-Quint qui, de porcher, devint pape. Retors, louche et glissant, il monte en rampant, comme une larve froide, sans laisser derrière lui les traces d’une bave qu’il avale. Il travaille dans le noir et dans le visqueux ; il a les ongles sales, éternellement, de ses besognes de taupe et de nécrophage. Il exhale l’odeur fade du vampire, il en a la face verte, les yeux de braise incandescente, la maigreur effrayante et les gibbosités indécises. Certes ! si Eugène Sue avait su tremper une pareille conception dans les eaux vivifiantes du style, ce Rodin serait immortel, comme l’est Tartuffe et comme l’est Shylock. Mais ce que n’a pas fait l’écrivain, c’est le comédien, cette fois, qui lui rend le service de le faire.

L’habillement est caractéristique : sur des jambes grêles et qui semblent hypothétiques, les pantalons se concassent et font des plis de voile qu’on referme. Ces deux échalas noueux et verruqueux prennent équilibre sur le sol par des souliers plats, que vont percer les griffes de la bête. Un affreux gilet de ton glauque s’étage à petites rides sur le squelette de la poitrine rentrée et comme défoncée. Le dos se courbe sous le poids d’une vieille houppelande marron, huileuse, tachée, flétrie, qui flotte et s’effiloche, et se rebrousse, comme le plumage d’un oiseau malade. À cette redingote est attaché un col de velours brun, qui gode derrière la tête et forme une sorte d’excroissance cartilagineuse, graissée éternellement par les poils d’un occiput en transpiration. Autour du cou, je ne sais quoi d’innommable s’enroule, moitié cravate, moitié corde de pendu, et l’absence de tout linge blanc chante partout un hymne fanatique à la saleté. J’allais oublier le chapeau, ce chapeau monstrueux, qui n’a jamais existé que dans les rêves d’un brocanteur en délire, ce chapeau sans forme et sans couleur, d’une hauteur vague, d’une coupe sans arêtes, et qui semble résoudre la quadrature du cercle sur le crâne anti-géométrique de Rodin.

L’ensemble échappe à toute description. Imaginez l’union épouvantable d’une mandrille avec un de ces vautours d’Afrique qu’on appelle « secrétaires » : le produit qui en sortira, ce sera ce Rodin de Paulin-Ménier. La tête est à l’avenant, tête parcheminée, crasseuse, hâlée par la fumée des quinquets, jaunâtre, une vessie aux plis vert-de-grisés ; des yeux luisent là-dedans, tout petits, et clignotent sous la paupière : ils louchent dans la colère, ces yeux, et entrechoquent leurs flammes électriques. Au repos ils fuient, ils fuient toujours, sombrent sous des nuées grises, émergent de l’abîme des pensées, et se dérobent encore. Sa bouche n’a pas de lèvres ; elle est formée de froncements de peaux, tirés sur son orifice édenté, un trou de venin. D’une bouche ainsi contractée il ne peut sortir que le sifflement et la bave.

Vous parlerai-je des mains, aux doigts décharnés et vêtus d’encre, aux ongles violets, aux nodosités excessives, des mains happantes, griffantes, craquantes. Comme l’artiste en a rendu les attouchements papelards et les contractions de serres ! L’étonnante réalisation !

Tout cela n’est rien encore et l’intelligence d’un tel comédien ne se borne pas à la puissance pittoresque. Avoir trouvé ce Rodin extérieur, c’est se poser un problème plus difficile que celui-là même que l’auteur vous propose : il s’agit de faire vivre le monstre et de l’animaliser. J’avais toujours cru, et avec beaucoup d’autres, que la voix du moins était immodifiable et que le plus habile ne pouvait triompher de son timbre et de ses modulations naturelles. Je m’étais trompé, et ce prodigieux réalisateur me le démontre. La voix de Rodin est celle de Rodin et non pas d’un autre. Elle est faite d’un sifflement bas, adouci, qui, dans les moments où le type se dévoile, s’exalte en façon de miaulement de hyène. Lorsque, dans la chambre rouge, le personnage, revêtu mystérieusement d’une puissance d’espionnage sans contrôle et sans frein, exhibe à d’Aigrigny le papier par lequel ses pouvoirs lui sont déférés ; lorsque, de simple et obscur jésuite de basses-œuvres, il se relève omnipotent et dominateur et dicte au gentilhomme ses ordres impérieux ; lorsqu’il lui dévoile les abîmes de son orgueil, de sa haine du genre humain, de sa virginité sinistre, un frisson vous passe dans l’épine dorsale à ses cris de chacal joyeux, et tenant son cadavre dans les crocs.

Et quel tableau encore, digne d’un Rembrandt, que celui où, jouant à l’ascétisme et au dédain des soucis terrestres, il s’attable devant son repas de pauvre, et, la tête penchée, la bouche en cul de poule, il se met à peler lentement, méthodiquement, son gros radis noir. La création est pleine de ces trouvailles expressives. Une observation cependant. À plusieurs reprises et dans les instants où, seul en scène, il se laisse aller au plaisir de voir réussir ses combinaisons, il croit devoir témoigner de ce plaisir en se frottant les mains. Ce geste détonne un peu avec le caractère. Un Rodin ne se frotte pas les mains, ce me semble ; telle n’est pas la juste manifestation physiologique de la joie chez un être de cette espèce sournoise et renfermée.

Ceux qui sortent du Conservatoire s’imaginent qu’ils ont tout appris dans cette académie, et que les rôles seuls leur manquent pour égaler leurs anciens. En attendant ces rôles, ils vont et viennent, d’un théâtre à un autre, vaniteux de leur jeunesse, occupés de leurs liaisons, cherchant qui le sociétariat, qui le mariage riche et tous les gros appointements. Les uns partent pour l’étranger, où sont les riches tabatières ; les autres courent le cachet dans les salons, et monologuisent devant des pianos consternés. On en voit de bien doués qui échouent dans les féeries, les revues, les opérettes et même les cafés-concerts. L’été venu, ils font des tournées dans les casinos, bras dessus bras dessous, avec quatre rôles dans leurs poches. Est-ce là travailler ? Est-ce là apprendre ? Est-ce là même vivre ? Direz-vous que les débuts ont été plus doux pour Paulin-Ménier que les vôtres, et qu’il a trouvé tout de suite des directeurs et des auteurs pour lui confier ses grands rôles ? Frédérick a débuté par le rôle de l’ours dans une parade de tréteaux. Mais Frédérick étudiait sans cesse. Paulin-Ménier observe sans repos : il lit, il pense, il médite, il approfondit, et lorsqu’il a un personnage à vivifier, il est comme le bon peintre ou le bon statuaire, il trouve trois cents études dans son atelier et il s’en sert. C’est le secret.